Étiquette : I Compianti


  • Maria Pia Quintavalla | Caro Padre




    Correggio_deposition
    Correggio, Compianto sul Cristo morto
    Huile sur toile, 159 x 184 cm
    Galleria Nazionale di Parma, Parma







    CARO PADRE



    Caro padre
    dal cappello e cappotto infagottato,
    come un uomo dell’ultima guerra
    che fu soldato, maestro povero,
    poi deportato; infine fu salvato
    e ritornato, qui generò la sua secondagenita
    uscita da un getto d’amore imprevisto,
    un interruptus che mia madre non pensava,
    facendola pregna —

    Caro padre,
    senza nessun foulard o corona,
    si mantenne agli studi mentre lavorava,
    che sgobbando ricordava
    cosa è fame

    Che la fame provò
    il tormento della tentazione a morire
    scappando a piedi
    dal campo di lavoro, con i russi alla calcagna,
    i tedeschi col fucile spianato;
    che incontrò China e visse
    più di un sogno, una pittura come beltà
    paesaggio che attendeva,
    che della miseria fece modestia e vanto
    tacitando la paura,
    che rivoltò cappotti e tasche
    per dare il pane a China, creatura
    di regale aspetto mentre lui rude,
    dal profilo adunco, che allattava

    per non essere affamatore
    diventò affamato.



    Maria Pia Quintavalla, “I Congedi (preparative, saluti), Parte III” in I Compianti, Passeggiata con Correggio, Effigie edizioni, 2013, pp. 84-85.







    CHER PÈRE



    Cher père
    enfagoté dans ton chapeau et ta capote,
    comme un homme de la dernière guerre
    qui fut soldat, instituteur sans le sou,
    puis déporté ; qui au final fut sain et sauf
    et de retour, engendra sa fille cadette
    des suites d’un jet d’amour accidentel,
    un interruptus auquel ma mère ne s’attendait pas,
    qui l’engrossa —

    Cher père,
    sans aucun foulard ni couronne,
    qui poursuivit ses études tout en travaillant,
    et qui tout en trimant n’oubliait jamais
    ce qu’est la faim

    Qui souffrit de la faim
    des affres de l’envie d’en finir
    s’échappant à pied
    du camp de travail, les russes aux trousses,
    les allemands et leur fusil à baïonnette ;
    qui rencontra China et vécut
    bien plus qu’un rêve, un tableau de toute beauté
    un paysage en suspens,
    qui fit de la misère humilité et fierté
    passant la peur sous silence,
    qui retourna capotes et poches
    pour donner du pain à China, une créature
    au port royal alors que lui était rude,
    le profil taillé au couteau, qui offrait le manger

    pour ne pas être un affameur
    il devint affamé.



    Traduction inédite d’Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Maria Pia Quintavalle, I compianti







    MARIA PIA QUINTAVALLA


    Quintavalla
    Source



    Maria Pia Quintavalla est née à Parme. Elle vit aujourd’hui à Milan où elle anime des ateliers d’écriture en partenariat avec l’Université d’État de Milan, l’Université des femmes et la Société Humanitaire. Elle est l’auteure de nombreux recueils poétiques et anthologies et a remporté un grand nombre de prix (Tropea, Cittadella, Alghero Donna, Nosside, Gold winners Nosside, Marazza Borgomanero, Montano, Città S.Vito, Contini Bonacossi, Alto Ionio, …) et a été plusieurs fois finaliste du prix Viareggio. Parmi ses œuvres les plus récentes figurent : Corpus solum (Archivi del Novecento, 2002), Album feriale (Archinto, 2005), Selected poems (Gradiva ed., NYC, 2008), China (Effigie, 2010).

    L’ouvrage ci-dessus, I Compianti, est inspiré par deux œuvres artistiques de tout premier plan : Compianti sul Cristo morto (1524), une peinture d’Antonio Allegri, plus connu sous le nom du Corrège, et Compianto di terracotta (1477), une sculpture de Guido Mazzoni. La première œuvre est conservée à la Pinacothèque nationale de Parme ; la seconde en l’église Santa Maria degli Angeli de Busseto.



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Lucaniart Magazine)
    un entretien (en italien) avec Maria Pia Quintavalla



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