Étiquette : Inuits dans la jungle


  • Luigi Cannillo | [L’horizon prépare de nouveaux réveils]



    Scipione 2
    Scipione (Gino Bonichi), Piazza Navona, studio, 1930
    Collection privée
    Source







    [L’ORRIZONTE PREPARA NUOVI RISVEGLI]


    XVI


    L’orizzonte prepara
    nuovi risvegli ancora privilegio
    cullarli nel silenzio
    nuovi scenari alla contemplazione
    Gli occhi restituiscono
    loro malgrado la visione al mondo,
    ne leggono il rovescio
    Senza parole potrò finalmente
    illuminare il nome in volo
    issato in tutto il suo clamore
    prima di ricondurlo al coro e alla quiete
    Sarà lo sguardo a richiamare
    a cenni paesaggi da terrazze
    ma tu che adesso non rispondi
    davanti a quella tela piangi o fuggi?



    Luigi Cannillo, Cieli di Roma, LietoColle, collana Aretusa, 2006, pagina 26.






    Cieli di Roma








    [L’HORIZON PRÉPARE DE NOUVEAUX RÉVEILS]


    XVI


    L’horizon prépare
    de nouveaux réveils privilège encore
    à bercer dans le silence
    de nouveaux décors pour la contemplation
    Les yeux restituent
    malgré eux au monde la vision,
    ils en lisent l’envers
    sans paroles je pourrai enfin
    illuminer le nom en vol
    hissé dans toute sa clameur
    avant de le reconduire au chœur et au calme
    Ce sera le regard qui appellera
    par des signes des paysages sur des terrasses
    mais toi qui maintenant ne réponds pas
    devant cette toile pleures-tu ou t’enfuis-tu ?



    Luigi Cannillo, Ciels de Rome (extraits) in « 7 poètes italiens d’aujourd’hui », Inuits dans la jungle, numéro 5, 2014, page 40. Traduction de Jean Portante.






    Inuits 5





    LUIGI CANNILLO


    Luigi Cannillo
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LietoColle)
    une lecture (en italien) de Cieli di Roma par Maria Grazia Calandrone (recension publiée dans la revue Poesia – settembre 07)






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  • Elisa Biagini | La gita



    LA GITA
    (brano)




    “Devo rassegnarmi a non poter qui
    raddrizzare nulla”
    NATHAN ZACH

    Un vento che m’impasta
    col soffione, che mi
    fonde le suole mentre
    faccio la mia
    cernita: quale sasso
    ti ricorda, il suono
    di quale sirena.


    Adesso è il tempo della
    miniera della terra
    che mi sfiora il capo,
    del parlare indurito,
    della lampada spenta.






    IMGP3828
    Ph., G.AdC





    Scale dentro la roccia
    grattano il fondo, dove
    si sudano sassi e il cuore
    gorgoglia.






    IMGP3829
    Ph., G.AdC





    Ci scendiamo in miniera
    seguendo briciole di
    pirite, ci si scende
    con gli occhi, coi ginocchi,
    ci si scende a cercare
    la traccia, la goccia
    che ha segnato la pietra
    col cadere, che fa la
    memoria traboccare.

    (ci sciogliamo
    col caldo, goccia
    a goccia, ci
    rimpastiamo
    al mare.

    ci ritroviamo,
    nodo nella
    palpebra.)

    Dentro ascolto il
    legno del sostegno,
    conto le micce che
    aprono alla vista,
    ci raduno prima
    della volata,

    ci cerco
    nel buio e nel calore.

    Ci cerco, a noi due:
    tu nube di memoria,
    io che mi sfuggo
    come di mercurio,
    tremito di termometro
    che ingoio, vetro e tutto.

    (Un treno dal buio,
    un piede per binario,
    un occhio accecato che
    ti cerca,

    un treno
    nel buio, che t’aspetta.)


    […]



    Elisa Biagini, La gita in Da una crepa, Giulio Einaudi Editore, Collezione di poesia 421, 2014, pp. 53-54.







    Da una crepa








    L’EXCURSION
    (extrait)




    « Je dois me résigner à ne pouvoir ici
    rien redresser »
    NATHAN ZACH




    Un vent qui me pétrit
    dans le pissenlit, qui fait
    fondre mes semelles pendant
    que je fais mon
    tri : quelle pierre
    te rappelle, le son
    de quelle sirène.

    Maintenant est le temps de
    la mine de la terre
    qui m’effleure la tête,
    du parler endurci,
    de la lampe éteinte.

    Escaliers à l’intérieur de la roche
    grattent le fond, où l’on
    sue des pierres et le cœur
    gargouille.

    Nous y descendons dans la mine,
    en suivant des miettes de
    pyrite, on y descend
    avec les yeux, les genoux,
    on y descend chercher
    la trace, la goutte
    qui a marqué la pierre
    avec la chute, qui fait
    déborder la mémoire.

    (Nous nous diluons
    avec la chaleur, goutte
    à goutte, nous
    nous mélangeons
    à la mer.

    Nous nous retrouvons,
    nœud dans la
    paupière.)






    IMGP3826
    Ph., G.AdC





    Dedans j’écoute le
    bois du soutien,
    je compte les mèches qui
    ouvrent la vue,
    je m’y joins avant
    l’envol,

    j’y cherche
    dans l’obscurité et la chaleur.





    IMGP3827

    Ph., G.AdC





    J’y cherche, nous deux :
    toi nuée de mémoire,
    moi qui m’échappe
    comme du mercure,
    tremblement de thermomètre
    que j’avale, verre et tout.

    (Un train de l’obscurité,
    un pied pour chaque voie,
    un œil aveuglé qui
    te cherche,

    un train
    dans l’obscurité, qui t’attend.)

    [… ]



    Elisa Biagini, « Sept poètes italiens d’aujourd’hui » in Inuits dans la jungle, Numéro 5, 2014, pp. 26-27-28. Poème traduit de l’italien par Jean Portante.





    ______________________________
    NOTE d’AP : une anthologie bilingue (italien-anglais) des poèmes d’Elisa Biagini a paru en 2013 chez Chelsea Editions sous le titre The Guest in the Wood: A Selection of Poems 2004-2007, et a obtenu le prix BTBA 2014 (Best Translated Book Awards for poetry).







    Inuits 5






    ELISA BIAGINI


    Elisa Biagini 2




    ■ Elisa Biagini
    sur Terres de femmes

    Nel bosco | Dans le bois (note de lecture d’AP)
    [Les nuits se ferment] (poème extrait de Depuis une fissure)
    Depuis une fissure (note de lecture d’AP)
    Sotto i castagni (extrait du recueil L’ospite) (+ notice bio-bibliographique)
    Elisa Biagini au Centre d’Études Poétiques de l’ENS de Lyon (chronique de Marie-Ange Sebasti)
    Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci (trois poèmes extraits de Nel bosco, avec leur traduction en français par AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Da una crepa
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait d’Elisa Biagini (+ un poème extrait du recueil L’ospite, un poème extrait d’Acqua smossa et un poème extrait de Da una crepa. Traduction inédite d’AP)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    le site personnel d’Elisa Biagini
    → (sur Lyrikline)
    dix poèmes d’Elisa Biagini dits par Elisa Biagini (+ traduction française)
    → (sur Italies)
    Anthologie bilingue d’Elisa Biagini, par Estelle Ceccarini
    → (sur Italies)
    La poésie d’Elisa Biagini, images de l’intime et démystification du monde, par Estelle Ceccarini
    → (sur Poetry International Web) une
    bio-bibliographie d’Elisa Biagini (+ de nombreux poèmes)
    → (sur Nazione Indiana)
    Domande da una crepa: intervista a Elisa Biagini
    → (sur le site de Chelsea Editions)
    une page sur Elisa Biagini






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  • Antonella Anedda | Archipel



    ARCIPELAGO (UN COLLASSO)
    Triptyque photographique, G.AdC







    ARCIPELAGO (UN COLLASSO)




    Rosso e grigio, una corona spezzata di granito e sale

    un soffio nel cuore di ogni scoglio.


    Sono caduta sotto poche nuvole
    un giorno di piena primavera
    con un cespuglio piegato sotto il corpo
    e l’intero promontorio sulla nuca.
    Avevo la sabbia nelle orecchie, la zampa
    del cane incerta sulle tempie.
    Uno smottamento simile a quello che conosciamo in sogno
    l’istante in cui il moto sembra trovare l’enigma dello spazio.


    Tutte le isole volavano
    riproducendo con esattezza il vuoto tra le pietre
    riempiendosi di vento a ogni sosta
    i sassi scattavano fischiando
    come fionde fino al gelo dei piedi
    e il fiato era un tronco con foglie da inghiottire
    a occhi stretti, fino alle radici.


    Prima ci fu la casa, grigia, perfetta dentro il sole
    assi sconnesse, vecchi chiodi, una sedia,
    poi quel fischio misto a voci
    due bambini e la lingua del cane
    come un tocco d’infinito sulla gola.
    Forse fu questo che mostrò al destino
    come ancora mi ardesse la linea della vita


    quando la mano scorticata si mosse
    a scacciare una mosca
    che puntò decisa verso il cielo.




    Antonella Anedda, “Maddalena” in Il Catalogo della gioia, Donzelli editore, Collana Donzelli Poesia, 2003, pp. 108-109.







    ARCHIPEL (UN COLLAPSE)



    Rouge et gris, une couronne brisée de granit et de sel
    un souffle dans le cœur de chaque écueil.


    Je suis tombée sous peu de nuages
    un jour de plein printemps
    avec un arbuste plié sous le corps
    et l’entier promontoire sur la nuque.
    J’avais du sable dans les oreilles, la patte
    incertaine du chien sur les tempes.
    Un éboulement semblable à celui que nous connaissons dans le rêve
    l’instant où le mouvement semble trouver l’énigme de l’espace.


    Toutes les îles volaient
    reproduisant avec exactitude le vide entre les pierres
    se remplissant de vent à chaque halte
    les pierres bondissaient en sifflant
    comme des frondes jusqu’à la glace des pieds
    et le souffle était un tronc avec des feuilles à engloutir
    avec des yeux étroits, jusqu’aux racines.


    Avant il y avait la maison, grise, parfaite dans le soleil
    axes déconnectés, vieux clous, une chaise,
    puis ce sifflement mixte de voix
    deux enfants et la langue du chien
    comme une touche d’infini sur la gorge.


    Peut-être est-ce cela qui a montré au destin
    comment encore brûlait pour moi la ligne de la vie


    quand la main écorchée s’est mise
    à chasser une mouche
    qui pointait décidée vers le ciel.




    Antonella Anedda, in « 7 poètes italiens d’aujourd’hui », Inuits dans la jungle, Numéro 5, janvier 2014, pp. 21-22. Présentation et traduction de Jean Portante.





    _________________________
    NOTE d’AP : Antonella Anedda a publié en 2013 : Isolatria. Viaggio nell’arcipelago della Maddalena (Laterza, Collana Contromano).







    Inuits 5






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Avant l’heure du dîner (+ une notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





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  • Luis Alberto de Cuenca | El albatros de Coleridge







    EL ALBATROS
    Source







    EL ALBATROS DE COLERIDGE


    A José Ángel Valente. In memoriam


    Sólo el mar, y esta sed inextinguible,
    y un montón de cadáveres a bordo,
    y la ausencia de Dios.
    No sé por qué
    me tienen que pasar a mí estas cosas.
    Verdad es que di muerte a aquel albatros
    que me quería y al que yo adoraba,
    el albatros de nieve que venía
    a comer en mi mano y a contarme
    historias de gigantes primigenios
    y de diosas de trenzas de esmeraldas;
    pero es habitual que acabe uno
    matando lo que ama (Wilde lo dijo).
    Verdad es que he pecado gravemente
    contra ti, atiborrándome de libros
    y poniéndome ciego de experiencias
    ajenas, a través de la lectura,
    que me han dado las claves de tu odio;
    pero eso ocurre cuando juntas agua
    y aceite, o cuando metes en el baño
    al dragón y a San Jorge, o cuando intentas
    que dos locos furiosos no se peguen.
    Verdad es, sobre todo, que estoy solo
    en este mar de risa innumerable
    que se burla de mí y me zarandea
    a su placer, como si fuera el Dios
    que se fue y que castiga mis pecados
    por persona interpuesta. Verdad es
    que el albatros de Coleridge me quería
    y que yo lo maté.



    Luis Alberto de Cuenca, Sin miedo ni esperanza, Visor Libros, 2002, in Los mundos y los días, poesía 1970-2005, Visor Libros, Colección Visor de Poesía, 2012.







    Cuenca, los-mundos-y-los-dias








    L’ALBATROS DE COLERIDGE



    Rien que la mer, et cette soif inextinguible,
    et un tas de cadavres à bord,
    et l’absence de Dieu.
    Je ne sais pourquoi
    ces choses-là doivent m’arriver.
    Il est vrai que je donnai la mort à cet albatros
    qui m’aimait et que j’adorais,
    l’albatros de neige qui venait
    manger dans ma main me raconter
    des histoires de géants primitifs
    et de déesses aux tresses d’émeraudes.
    Mais c’est habituel que l’on finisse par
    tuer ce que l’on aime (Wilde le dit).
    Il est vrai que j’ai péché lourdement
    contre toi, me gavant de livres
    et devenant aveugle d’expériences
    étrangères, à travers la lecture,
    qui m’ont donné les clés de ta haine ;
    mais cela arrive lorsque tu mélanges l’eau
    et l’huile, ou que tu mets dans le bain
    le dragon de saint Georges, ou quand tu essaies
    que deux fous furieux ne se battent pas.
    Il est vrai, surtout, que je suis seul
    dans cette mer de rire innombrable
    qui se moque de moi et me secoue à son gré,
    comme si c’était le Dieu
    qui s’en est allé, qui châtie mes péchés
    par personne interposée. Il est vrai
    que l’albatros de Coleridge m’aimait
    et que je l’ai tué.



    Luis Alberto de Cuenca in « 25 poètes d’Espagne », Inuits dans la jungle, numéro I, Revue annuelle de poésie internationale, Le Castor Astral, juillet 2008, pp. 83-84.






    Inuits 1







    LUIS ALBERTO DE CUENCA


    Cuenca
    Source



    Né le 29 décembre 1950 à Madrid, licencié en lettres classiques en 1973, Luis Alberto de Cuenca devient docteur ès-lettres classiques en 1976. Sa passion pour les livres lui a valu d’occuper de hauts postes, comme celui de directeur de l’Institut de Philologie (1992-1993), de directeur du département des publications du CSIC (Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 1995-1996), de directeur de la Bibliothèque Nationale d’Espagne (1996-2000) et de Secrétaire d’État à la Culture sous le gouvernement Aznar (2000-2004). C’est un érudit traducteur d’Homère, d’Euripide, de Callimaque, de Charles Nodier et de Gérard de Nerval. En 1986, il obtient le Prix national de la critique pour son recueil poétique La caja de plata et, en 1987, le Prix national de traduction. Il est notamment l’auteur de Mitologías (2001), Sin miedo ni esperanza (2002), Vamos a ser felices y otros poemas de humor y deshumor (2003), El enemigo oculto (2003), El puente de la espada: poemas inéditos (2003), De amor y de amargura (2003), Diez poemas y cinco prosas (2004), Ahora y siempre (2004), Su nombre era el de todas las mujeres y otros poemas de amor y desamor (2005), La vida en llamas (2006) prix Ville de Melilla 2005, Los mundos y los días, poesía 1970-2005, 2012.



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur escritores.org)
    une bio-bibliographie (en espagnol) de Luis Alberto de Cuenca
    → (sur A media voz)
    une page sur Luis Alberto de Cuenca (comprenant de nombreux poèmes)





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