Étiquette : Isabelle Alentour


  • Isabelle Alentour, Makapansgat

    par Philippe Leuckx


    Isabelle Alentour, Makapansgat,
    éditions La tête à l’envers, 2021.
    Peinture de couverture de Cécile A. Holdban.



    Lecture de Philippe Leuckx


    Que la perception d’une pierre-visage donne lieu à une phénoménologie poétique du quotidien, c’est la trouvaille heureuse de ce livre, dont le point de départ est ce galet australopithèque qui représente un visage.

    Quand l’âge vient et que la solitude pèse, on aimerait tant « conserver » des visages pour anéantir l’absence qui gagne.

    Dans ce recueil tendu comme une corde de tendresse à l’adresse du monde, la poète consigne un quotidien revisité par la grâce d’une attente, d’une forme. Qui sait ? D’un inconnu qui viendrait dans sa vie.


    Certains jours je n’ai pas le courage de penser

    J’observe le monde

    J’aimerais savoir nommer chaque chose



    Ma main tout près de lui

    sans le toucher

    mon regard au contraire


    La poète qui se tient « à l’aplomb de la blessure » sait atteindre le visage de l’autre, le marquer au sceau de l’inédite confiance ; elle fait halte dans la nuit pour que tout puisse revenir ; elle en garde « de petits cristaux de sel » et ce goût de l’enfance, du « partage de [s]on rire dans les embruns ».



    Quatre parties dans le recueil comme une progressive appropriation de l’autre, avec les questions, les réponses, les tressaillements ; l’écriture alterne les « je », « tu », les impératifs doux, l’intimité des formes et de l’écoute du plus âpre en nous :


    Entre les lèvres du regard

    la vitre embuée de nos solitudes


    Dans un sens de l’altérité retrouvée, le poème signe son périple : du galet initial à la conque que le poème offre quand il panse la solitude éprouvée.



    Un très beau livre, dont on sort revivifié.




    Philippe Leuckx
    D.R. Texte Philippe Leuckx
    pour Terres de femmes







    Alentour 3




    ISABELLE ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Alentour portrait 2





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    Louise (lecture d’AP)
    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Lac étal comme un épuisement] (extrait de Je t’écris fenêtres ouvertes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La tête à l’envers) la page de l’éditeur sur Makapansgat d’Isabelle Alentour
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [dont un mini-entretien avec Roselyne Sibille]





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  • Isabelle Alentour | [Je me sens vieillir]


    VIEILLIR ... (1)
    Montage photographique, G.AdC





    [JE ME SENS VIEILLIR]




    Je me sens vieillir – j’ai l’impression que la vie échappe
    Je n’ai pas l’éternité
    Sans savoir pourquoi je coupe toujours
    mes biscuits en deux avant de les manger
    J’achète mes vêtements en double
    J’ai toujours une chambre prête à la maison

    Je marche ensemble — je ris ensemble — je chantonne
    ensemble, et puis
    je hausse les épaules
    tout cela n’a pas de sens

    Il est clair que rien de cela n’a de sens

    cependant

    j’attends
    Je ne sais rien de la lettre
    qui compose le mot
    qui compose la phrase
    qui compose l’histoire

    Je ne sais rien de l’idée
    de l’intelligence
    ou de la pensée
    je ne suis qu’un galet

    Mais je suis prêt à tout dire
    à tout écrire
    je suis prêt à tout lire et à tout écouter

    Je peux même me risquer à évoquer la mort
    la baptiser attente
    ou ignorance
    la nommer éternité
    taire mon propre nom




    Isabelle Alentour, III, « Est-ce toi » ?, Makapansgat, éditions La tête à l’envers, 2021, pp. 48-49. Peinture de couverture : Cécile A. Holdban.





    Alentour 3




    ISABELLE ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Alentour portrait 2





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    Louise (lecture d’AP)
    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Lac étal comme un épuisement] (extrait de Je t’écris fenêtres ouvertes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [dont un mini-entretien avec Roselyne Sibille]





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  • Isabelle Alentour | [Jamais d’abord, ni contre]





    [JAMAIS D’ABORD, NI CONTRE]




    Jamais d’abord, ni contre, la densité d’un corps et le geste qui efface.

    Qui tient au poids du silence.

    Tout ce dont la langue fut coupée.

    Tout ce qui se putréfie d’être tu.

    Écrire.

    Peu.

    Donner un nom à ce qui échappe : le trop intime, le monstrueux.

    Écrire avec la retenue des forêts.

    Sans souffrance inutile pour les arbres manquants.

    En dessous des épaules démarrent les brumes.

    Coagule le sang.

    Rien ne s’ouvre qui permette l’avant.

    À mon poignet un autre mutisme.

    Ça ne finit pas, non, ça ne finit pas.

    (Ne pouvoir écrire, seconde mort)





    Douleur       
    dédouble
    chaque
    minute
    casse en deux chaque
    sourire
    ou bourgeon enivré de printemps


    Nul arbre où grimper
    (cabane où s’abriter)
    nulle pluie où tomber
    ni moineau vers le sud pour s’envoler

    Dehors
    le soleil (cet insouciant)
    continue de tourner





    Ne prononcez pas ces mots.

    La seconde mort.

    Celle qui se troue d’un blanc après que tout est fini.

    L’oubli des victimes.

    Non, ne vous fatiguez pas à prononcer ces mots.

    Les égouts de l’histoire s’en chargeront.




    Isabelle Alentour, « V – Comme dans un rêve », Ainsi ne tombe pas la nuit, Éditions iXe, Collection racine de iXe, 2019, pp. 52-54.






    Ainsi ne tombe pas la nuit 2




    ISABELLE  ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Isabelle Pellegrini





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    [Lac étal comme un épuisement] (extrait de Je t’écris fenêtres ouvertes)
    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    Louise (lecture d’AP)
    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie] (poème inédit, 2013)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions iXe) la fiche de l’éditeur sur Ainsi ne tombe pas la nuit d’Isabelle Alentour
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [+ mini-entretien avec Roselyne Sibille]
    → (sur Ce Qui Reste) une page sur Isabelle Alentour





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  • Isabelle Alentour, Louise

    par Angèle Paoli

    Isabelle Alentour, Louise,
    éditions LansKine, 2019.



    Lecture d’Angèle Paoli




    ELLE INVENTE POUR ELLE « UN BERCEAU QUI CONTIENDRAIT LE CIEL »




    Louise. Derrière la simplicité, derrière l’aménité d’un prénom — qui donne son titre au dernier recueil d’Isabelle Alentour — se profile la complexité d’une femme. La complexité aussi d’une vie. D’une vie de femme. Marquée dans sa jeunesse par une indicible tragédie personnelle qui laissera marquée au fer l’adolescente qu’elle fut. C’est de la vie de cette femme que la poète fait le récit, alternant prose poétique et poèmes dans une langue diaphane, limpide. La force de ce recueil tient à mes yeux dans l’ingéniosité dont fait preuve Isabelle Alentour, qui conjugue dans son écriture tragique et lumière.

    C’est avec la mort que s’ouvre l’histoire de Louise. C’est avec la mort que cette histoire se clôt. Au commencement cinq vers pour dire le passage entre un avant et un après. Un passage « calme » et « feutré » qui s’opère dans la douceur. Une même douceur se dit dans le dernier vers, ouvert vers la lumière, isolé par un long blanc d’interlignage.

    « Alors la belle clarté, alors la belle sérénité du matin. »

    La présence de la lumière facilite l’émergence du souvenir de l’autre que l’on a peut-être accompagné jusque vers l’autre rive. Et plus loin encore, bien au-delà du souvenir, puisque c’est de partage et d’une continuité d’échange qu’il s’agit entre une vivante et une morte :

    « [C]’est comme être avec toi », répète la poète sur trois vers (plus un 4e isolé) pour ponctuer son propos.

    Entre ces deux moments extrêmes — celui du caveau et celui de l’adieu final —, la poète retrace une vie. Elle tente d’en (r)assembler les fragments éclatés. Comme dans toute vie, il y a des seuils il y a des passages, souvent douloureux. Ici, un premier seuil entre l’enfance rieuse, solaire, fruitée, caressante, odorante de Louise ; et son adolescence traumatisée par l’expérience sordide vécue dans sa chair. Plus tard, entre sa vie passée en HP et sa mort.

    Analepses et prolepses se suivent, se juxtaposent, qui suggèrent les brisures de la mémoire et du corps, les fêlures, les failles, indélébiles, inguérissables. Ainsi alternent les flashbacks, les moments accordés aux souvenirs heureux et les incursions dans le présent. En italiques se disent les jours paisibles d’antan :

    « À l’ombre d’un tilleul la mère somnole,

    enveloppée dans ses laines.

    À ses pieds l’enfant joue. »

    Différents « je » s’entrecroisent, celui peut-être de la poète qui suit son amie Louise dans l’HP où elle accompagne ses patients. Louise, âgée, au « visage de brioche », au regard qui absorbe l’autre et le transfigure, aux souvenirs cabossés, aux secrets tenus enclos dans le mutisme. Louise et son « soleil noir ».

    Au fil des pages, l’histoire de Louise prend forme, son visage se recompose à mesure que se dévoilent les meurtrissures. Avec toujours la même douceur qui se dit encore et toujours dans la lenteur. Les mots choisis, leur répétition, leur musicalité justement dosée, confèrent au poème sa beauté. Et enveloppent Louise de toute l’émotion dont elle est détentrice, celle-là même qui émane d’elle. Une beauté simple qui rend presque hors d’atteinte toute mise en mots autre que celle d’Isabelle Alentour.

    Soudain le rideau se déchire. N’est-ce pas plutôt la poète qui intervient pour qu’enfin la parole se libère ?

    « Lentement je déchire le rideau.

    Efface le monde d’un trait de sommeil et te rejoins dans ton soleil noir. »

    Le rideau tiré, les deux mondes brusquement se séparent. Entre rêve et réel. Le rideau s’ouvre sur une page blanche. Il se passe quelque chose. « Quelque chose échappe, je ne sais encore quoi. » Cet autre chose, c’est un j/e éclaté.

    Ainsi l’autre « je » s’est-il un jour morcelé, qui donne son titre à la partie la plus développée du recueil. Scindé en deux, le j/e éclate, la voyelle se séparant de la consonne : j/e. Le décor a changé qui disjoint le réel du rêve. L’enfance perdue et l’HP. Louise : « ventre fauve » ; Louise sa « folie » ; Louise « ventre de fille ébréché ». Louise prise entre ses souvenirs solaires (en italiques) et sa vie de recluse parmi d’autres semblables. La « folle » se souvient, qui voudrait ouvrir les yeux de sa mère sur le réel de ce qu’elle a vécu : « Maman, vois l’erreur sur ce nom qui me cloue ! ». Louise parle, Louise crache ses mots, chapelets de « caillots », qui s’échappent chaque lundi de son « être morcelé ». La « pierre manquante » fait soudain irruption sur la page, qui, d’un poème à l’autre, prend forme, se développe. La pierre manquante, c’est le v.i.o.l. Louise a quatorze ans lorsqu’elle fait l’expérience du viol. Le mot n’arrive que tard sous la plume de la poète. En amont se vit la terreur de l’enfant, la peur de cet autre qui est son beau-père, sa présence « répugnante » et le ravage qu’il inflige à la toute jeune fille qu’elle est. Mère absente, assommée dans son sommeil par les calmants. Impossible de lui confier cette obsession de chaque soir. Impossible de la secouer par des supplications silencieuses : « Qu’as-tu fait de ton enfant, dis, qu’en as-tu fait ? » Impossible d’ailleurs pour l’enfant de mettre en mots « la chose » qu’elle subit, nuit après nuit. Louise de jadis aux robes virevoltant dans le soleil, découvre la réclusion. Le verrouillage. Le refus. Cerveau segmenté. L’innommable résiste au dire. Seuls persistent la peur, la honte, l’incompréhension, le refus, le cauchemar, l’horreur, la bestialité de l’autre. Le sentiment d’avoir été détruite-désarticulée-déconstruite-salie-abîmée. Avec le viol perpétré chaque soir s’en est allée l’enfance, s’en sont allés les rêves, emportés par un en-deçà inaccessible. Comment vivre dès lors ?

    Faire silence sur l’indicible.

    « Lisser lac,

    faire taire tout bruit. »

    C’est tout cela que la poète accueille auprès de Louise. Portée par une infinie tendresse. Avec sa parole, avec son silence, elle lui fait place en poésie, de la manière la plus humaine et la plus douce. Elle invente pour elle « un berceau qui contiendrait le ciel. »


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Louise Alentour





    ISABELLE ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Isabelle Pellegrini





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Lac étal comme un épuisement] (extrait de Je t’écris fenêtres ouvertes)
    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LansKine) la fiche de l’éditeur sur Louise
    → (sur le site des éditions la Boucherie littéraire) plusieurs extraits de Je t’écris fenêtres ouvertes
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [+ mini-entretien avec Roselyne Sibille]
    → (sur Ce Qui Reste) une page sur Isabelle Alentour





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  • Isabelle Alentour | [Heures douces d’un après-midi d’été]




    [HEURES DOUCES D’UN APRÈS-MIDI D’ÉTÉ]




    Heures douces d’un après-midi d’été.

    Vaste demeure traversée de cloisons.

    À l’ombre du tilleul la mère somnole,

    enveloppée dans ses laines.

    À ses pieds l’enfant joue.

    Dans un coin sa poupée, une jambe

    déboîtée.

    À peine une ombre jetée au soleil.




    Pour ne pas m’enliser dans l’été j/e vagabonde, de bâtisse en bâtisse,
    dans les chambres des gens, dans leurs vies et leurs têtes.
    Mais toujours revient cet immense problème des limites.
    (C’est la partie la plus difficultueuse de l’équation, il me faut bien l’admettre.)

    Car gérer autant d’intérieurs a de fâcheuses implications : impossible de les organiser sans que rien ne sorte de la toile.
    Habilement j/e corrige quelques angles, vérifie quelques nœuds.

    Mais les pensées, c’est comme des photons lumineux, elles n’en font qu’à leur tête, leurs pupilles sont plus excitées que des électrons et leurs noyaux battent comme des portes.




    Quelquefois un mot grossier, échappé d’une bouche, me cingle.

    Un mot mort, presque mort mais qui entaille la longue veille.
    Celle des gamines désarmées aux rubans mal noués.
    Celle des brûleurs de lois aussi.
    À la peau aussi lâche qu’une prière susurrée en bouche molle.

    Tout ventre de fille ébréché est un pays envahi.





    Isabelle Alentour, Louise, Éditions LansKine, 2019, pp. 20-22.






    Louise Alentour





    ISABELLE ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Isabelle Pellegrini





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    Louise (lecture d’AP)
    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Lac étal comme un épuisement] (extrait de Je t’écris fenêtres ouvertes)
    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LansKine) la fiche de l’éditeur sur Louise
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [dont un mini-entretien avec Roselyne Sibille]





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  • Isabelle Alentour | [Lac étal comme un épuisement]




    [LAC ÉTAL COMME UN ÉPUISEMENT]



    Lac étal comme un épuisement
    cherche une place dans la nuit

    eau dormante
    eau mourante
    absorbe l’or des mots
    qui hier encore
    nous embrasaient





    Mon cœur à travers la croisée qui rejoint les étoiles
    là où je te pense
    là où      nue
    je te découvre me                          manquant

    et mon bras sans penser qui s’élève et ce geste une main qui approche la peau sans savoir et ce doigt qui effleure d’abord comme s’il n’osait pas ne se souvenait pas et puis qui                             et ce doigt qui se pose sur la bouche et qui touche et qui glisse une lèvre la deuxième et savoure et puis caresse encore et ranime de loin de très loin souvenir enchanté

    le baiser

    La première lettre m’accorde à la nuit

    la seconde crève le silence
    et me parle de ce qui
    de toi

    s’avance et me défait



    Isabelle Alentour, « Seule » in Je t’écris fenêtres ouvertes, Éditions la Boucherie littéraire, Collection « La feuille et le fusil », 2017, s.f.






    Isabelle Alentour  Je t'écris fenêtres ouvertes





    ISABELLE  ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Isabelle Pellegrini





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    Louise (lecture d’AP)
    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions la Boucherie littéraire) plusieurs extraits de Je t’écris fenêtres ouvertes
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [+ mini-entretien avec Roselyne Sibille]
    → (sur Ce Qui Reste) une page sur Isabelle Alentour





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