Étiquette : Isabelle Garron


  • Isabelle Garron | [On est toujours là]




    [ON EST TOUJOURS LÀ]



    On est toujours là.

    Les marcheurs, des chiens, des joggeurs font bouger l’immobilité de la dune.
    Seule une haie de pieux en bois la sépare de la ligne parfaite du ciel.
    On dirait une arête de poisson      échouée depuis des siècles
    enfin     pas exactement mais un peu.
    Elle ramasse un os de seiche.

    Rouler avec la rumeur des vagues de l’autre côté de la dune est possible.

    Et mêler la rumeur au crissement des cailloux sous les roues du vélo
    sur le parcours de santé,      c’est écrire : le réel
    une bande littorale ou zip inversé
    du réel sans autre appui
    que la lande

    qui va et vient sous les apparitions du soleil.

    Il est     des réels où traîner, où rouler loin     des vieilles
    dames avec leur cabas     avec leurs histoires
    d’édredon     de chimères d’océan     loin
    de la mémoire de leurs marins
    et tout     et tout


    Et tout ; et rien.




    […]



    Isabelle Garron, « Le vent » in Bras vif, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2018, pp. 54-55.






    Isabelle Garron





    ISABELLE GARRON


    Isabelle Garron





    ■ Isabelle Garron
    sur Terres de femmes

    Ce schiste sur les hauteurs, 4
    Suite 4 (extrait de Corps fut)
    ]. la position du soleil (extrait de Qu’il faille + une notice bio-bibliographique)





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  • Bernard Chambaz | Ressac



    RESSAC




    I

    Image de neige
    sous de sombres et splendides marronniers
    vent de force 3
    classicisme
    Crier :
    Tout est trop tard


    II

    L’incohérence
    le tour de France à bicyclette
    le rire l’effroi l’azur Raymond Queneau


    III

    Ostie Verkhoiansk Tombouctou
    Nous sommes là :
    Comme une grue (jaune) remonte
    Des ossements de lune
    Enfouis plus dessous que la mer


    IV

    Dehors on entendait le couchant
    je t’aime
    hasard naufrage &
    le plus grand poème par-dessus bord
    jeté





    Bernard Chambaz, « Rumeur », & le plus grand poème par-dessus bord jeté, Seghers éd., Collection Poésie dirigée par Mathieu Bénézet et Bernard Delvaille, 1983, pp. 60-61, in Yves di Manno & Isabelle Garron, Un nouveau monde, Poésies en France. 1960-2010, Un passage anthologique, Éditions Flammarion, Collection Mille & une pages, 2017, pp. 897-898.






    Chambaz 2




    BERNARD  CHAMBAZ


    Bernard-chambaz





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Encres vagabondes)
    un entretien avec Bernard Chambaz (propos recueillis par Brigitte Aubonnet, mai 2015)





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  • Jean Tortel | Jeter le mot



    JETER LE MOT
    (EXTRAIT)




    La parole n’est pas ailleurs
    Le lys le sang la pierre sont là
    Avec leur odeur leur force
    Je t’aime autant que le blé
    Fort à l’odeur de lance

    Nulle autre neige nul autre poids
    Hors d’elle je m’embarrasse
    Et je m’en vais de nous

    Celui qui parle ne se trompe pas
    Je parle Est-ce que je parle
    Un navire est perdu

    Lointaine et proche
    Tout est miroir
    Lointaine et proche et toi
    Confondue mais présente
    Toujours légèrement plus proche
    Que toute parole

    Qu’elle naisse de toi
    Qu’elle te fasse vivre
    Je prononce ton nom
    Qui la suscitera

    Je dis herbe ou miroir
    La parole est surprise
    Même dans ton sommeil
    Elle n’a point d’abri

    Je ne sais si c’est toi
    Qui parais la première
    Flammé douceur verger
    Je ne distingue pas



    Jean Tortel, « Jeter le mot », Naissances de l’Objet, Cahiers du Sud, 1955 in Yves Di Manno & Isabelle Garron, « Prémices d’un nouveau monde prosodique », Un nouveau monde, Poésies en France, 1960-2010, Flammarion, Collection Mille&unepages, 2017, pp. 158-159.






    Naissances de l'objet 2






    JEAN TORTEL


    Jean Tortel
    Ph. : Jean Marc de Samie
    – tous droits réservés
    Source





    ■ Jean Tortel
    sur Terres de femmes

    [Et de l’eau | Avant la nuit] (extrait de Relations)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur remue.net)
    Jean Tortel | Fragment personnel, par Philippe Rahmy
    → (sur universalis.fr)
    une notice sur Jean Tortel





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  • Isabelle Garron | Suite 4



    Plus noirsque l-olive sur l-arbre - l-oursin au fond | du seau
    Diptyque photographique, G.AdC







    Suite 4 (extrait)




    retour] .dernier bain de saison
    premier pas sur la terre

    neuve dans les dédales
    leurs peaux sont

    brunes





    les filles du port vont autant
    qu’elles possèdent les yeux
    plus noirs

    que l’olive sur l’arbre
    l’oursin au fond
    du seau





    Nos peaux s’apparentent à celles
    des serveuses de leurs

    époux

    en cuisine, en bateau
    aux comptoirs des

    cabanes

    un lieu d’où tu ne
    m’as point

    écrit





    en cette journée prolongée
    quelque chose de séparé
    de certain et d’inclassable
    a enfin lieu de sorte
    que la rive du voyage
    se rapproche aussi
    de la fin du voyage
    que le temps est
    court celui par
    lequel l’oracle attendu
    par un monde qui
    nous abrite
    et quelle joie nous
    guette .si possible
    en plein jour.





    Isabelle Garron, Corps fut, Suites & leurs variations (2006-2009), Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2011, pp. 137-138-139-140.






    Isabelle Garron, Corps fut






    ISABELLE GARRON


    Isabelle GARRON, ph. Pruvot Flammarion NB




    ■ Isabelle Garron
    sur Terres de femmes

    [On est toujours là] (extrait de bras vif)
    Ce schiste sur les hauteurs, 4
    ]. la position du soleil (extrait de Qu’il faille + notice bio-bibliographique)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    une lecture de Corps fut par Auxeméry
    → (sur le site de France Culture)
    Isabelle Garron dans l’émission Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (18 juin 2011)
    → (sur YouTube)
    une lecture d’extraits de Corps fut par Isabelle Garron





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  • Isabelle Garron | Ce schiste sur les hauteurs, 4

    « Poésie d’un jour
    (Pour faire défiler les poésies jour après jour,
    cliquer sur les flèches de navigation)





    Tu_aurais_ecrit
    Ph., G.AdC







    Pour Esther
    (dans l’été 2007)


    4.

    Le temps tourne. la forêt s’estompe.   par un fragment
    se dit un plan ― non négligeable. et trois projets
    dans l’appareil  .un mont .un canal

    ― l’odeur du camphre, peut-être

    elle   .peut-être pas   ― elle, ― suis-je ? au lieu ?  .au point
    d’entrée ?   .devant le cirque ? les rites circulaires.
    les agoras de ta langue. ? je   ― demeure sans

    réponse. .aussi l’ascension

    ― reprendre   .l’impact de nos pas sur ces bris de
    tuile.   .l’idée ancienne d’un appentis.aux
    frontières des premières nuits.   Toi,

    tu aurais écrit ― au seuil,    peut-être


    Isabelle Garron, Ce schiste sur les hauteurs, 4, Revue Nu(e) 39 Esther Tellermann, 2008, page 96. Numéro coordonné par Laurent Fourcaut.





    ■ Isabelle Garron
    sur Terres de femmes

    [On est toujours là] (extrait de bras vif)
    Suite 4 (extrait de Corps fut)
    ]. la position du soleil (extrait de Qu’il faille + notice bio-bibliographique)





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  • Isabelle Garron/]. la position du soleil

    «  Poésie d’un jour  »



          Ce_que_linconnu__hante
    Ph., G.AdC






                                                                                         ]. la position du soleil


                                     la reverrai-je  &  l’ombre

                                     avec tes gestes

                                     qu’elle tatoue

                                                                                         .. panier.  figue blette

                                                                                         parmi celles que ..

                                                                                         ]― nous de retour

                                                                                         tu disposes


                                    dans l’ocre du tian.



                                                                              ***


                                                            

                                                                  . position du soleil

                                                                 ocre du tian

                                                                 . ce que l’inconnu

                                                                 hante




    Isabelle Garron, Qu’il faille, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2007, pp. 124-125.





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    ISABELLE GARRON


    Isabelle_garron_bis
    Source



        Née à Lille en 1968, Isabelle GARRON est maître de conférences en Sciences de l’Information et de la communication à l’Université d’Évry-Val d’Essonne et membre du GRIPIC (Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur les Processus d’Information et de Communication), EA Université Paris IV-Sorbonne. Le 15 décembre 2000, elle a soutenu une thèse de doctorat sur LA PART TYPOGRAPHIQUE : de la place de la typographie dans la mise en page du poème moderne (réflexion autour de la mise en page du poème moderne ; de l’image poétique à l’image prosodique). En 2001, elle a réédité à l’identique aux éditions Le Théâtre typographique La Lucarne ovale [1916] de Pierre Reverdy. En 2002, elle publie son premier recueil Face devant contre dans la collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves Di Manno (Face before against, Linuss ed., New York, 2008. Traduction de Sarah Riggs), puis, en janvier 2007, Qu’il faille (publié avec le concours du Centre National du Livre), et enfin, en mars 2011, Corps fut. Ces trois recueils étant conçus dans l’esprit d’une trilogie. Sept ans plus tard, elle publie (dans la même collection) bras vif (octobre 2018)
        Isabelle Garron collabore à différentes revues poétiques (Petite, Rehauts, Action Restreinte, Action Poétique, la Polygraphe, FPC) et anthologies (Autres territoires, Farrago, 2003 ; 49 poètes, un collectif, Flammarion, 2004). Elle est aussi membre de l’OUTY, association de typographes à Paris.
        En 2017, elle a coordonné avec Yves di Manno l’édition d’Un nouveau monde : poésies en France 1960-2010 (Flammarion, collection « Mille & une pages »).





    EXTRAIT DE PRESSE


        « L’écriture d’Isabelle Garron s’inscrit dans la lignée d’Anne-Marie Albiach et de Danielle Collobert : narration abstraite, elliptique, beaucoup de blanc sur la page et des décrochements typographiques qui scandent et découpent la linéarité des phrases. Poésie en apnée où le souffle compte autant que le sens, « le narratif y est posé à l’origine d’une histoire impossible à reconstituer sans repentir, l’ellipse un souffle alternatif qui fait advenir un feuilletage et définit les strates, les phases d’exhumation de la langue… Je m’imagine que la véritable narration qui hante le texte poétique est celle d’un événement très ancien qui erre comme une vieille âme ou plane comme un oiseau de proie jusqu’à trouver l’expression qui relatera les faits, les forces et l’humanité charriés par ce moment de vie révolu. »
        L’engagement d’Isabelle Garron renvoie à une conscience aiguë de l’altérité, de l’adresse, de l’accueil, « dans ce vertige infini qu’est l’autre lorsqu’il se présente à soi ». Qu’il faille, son dernier recueil, se présente comme la transposition envoûtante d’un journal de bord avec ses arrêts, reprises, dérushages, au détour d’espaces géographiques non définis, mais que l’on perçoit comme exotiques ― l’Asie, l’Afrique ― dans le brouillage du souvenir retravaillé :
        « Je travaille à une forme qui se refuse à se couler dans une énonciation figée, qui se défend de s’assoupir dans une représentation conservatrice du poème. »
    (Véronique Pittolo, « Une autre vision du monde » in L’Humanité du 2 juin 2007).




    ■ Isabelle Garron
    sur Terres de femmes

    [On est toujours là] (extrait de bras vif)
    Ce schiste sur les hauteurs, 4
    Suite 4 (extrait de Corps fut)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans Le Matricule des Anges) un
    article sur Qu’il faille
    → (sur Poezibao) un
    article de Florence Trocmé sur Qu’il faille





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