Étiquette : Isabelle Macor


  • Jakub Kornhauser | Carré noir sur fond blanc I (Malevitch)





    Carré noir sur fond blanc
    Kazimir Malevitch, Carré noir sur fond blanc, 1915
    Huile sur toile, 79,5 × 79,5 cm
    Musée d’Etat russe, Saint-Pétersbourg, Russie. (BRIDGEMAN ART)
    Source







    CZARNY KWADRAT NA BIAŁYM TLE I (MALEWICZ)



    Pochód przedmiotów : żelazka, kieliszki, buty. Tym razem to nie miasto, raczej jakieś magazyny wśród pól. Ludzie bez twarzy, gdzieniegdzie czerwone domy i salwy śmiechu. Wstawaj, krzyczą, przynieś to wreszcie! Szybko układam konserwy jedne na drugich, wszystko się wali. Próbuję jeszcze raz, ale okazuje się, że muszę schwytać susły, które zagnieździły się w kotłowni. Nie mam pojęcia, gdzie jest kotłownia, chcę zapytać dziadka, ale śpi. Szukam okna, żeby się rozejrzeć, ciemno. Beton i kominy, gnijące makiety osiedli : próbuję odcyfrować rozkład jazdy, jest poplamiony rosołem. Manifestanci trąbią, zostawiają białe ślady. Mam świadomość nocy, którą opiewają sztandary z wełny. Huk konserw budzi dziadka i noc, pochód krąży wokół magazynu.





    CARRÉ NOIR SUR FOND BLANC I (MALEVITCH)



    Cortège d’objets : fers à repasser, verres, chaussures. Cette fois-ci, ce n’est pas une ville, plutôt des entrepôts parmi les champs. Des gens sans visage, çà et là des maisons rouges et des salves de rires. Lève-toi, crient-ils, tu nous l’apportes, enfin ! Vite j’empile les conserves, les unes sur les autres, tout s’écroule. J’essaie encore une fois, mais il s’avère que je dois attraper les loirs qui se sont nichés dans la chaufferie. J’ignore où se trouve la chaufferie, je veux demander à grand-père mais il dort. Je cherche une fenêtre pour essayer d’y voir quelque chose, il fait noir. Du béton et des cheminées, des maquettes de lotissements qui pourrissent : j’essaie de déchiffrer les horaires, la fiche est tachée de bouillon. Les manifestants klaxonnent, laissent des traces blanches. J’ai conscience de la nuit que célèbrent des bannières de laine. Le fracas des conserves réveille grand-père et la nuit, le cortège tourne autour de l’entrepôt.



    Jakub Kornhauser, « Le carré blanc/ Biały kwadrat », La Fabrique de levure, Éditions LansKine, Collection « Ailleurs est aujourd’hui », Domaine Polonais, 2018, pp. 38-39. Traduction et introduction d’Isabelle Macor.






    Jakub Kornhauser  La Fabrique de levure 2






    JAKUB   KORNHAUSER



    Jakub Kornhauser
    Source



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  • Ewa Lipska | Vertige amoureux [Zakochanie]



    ZAKOCHANIE




    Tych dwoje
    pod czułą narkozą niebios.

    W podróżach przez legendy
    homilie i anegdoty.
    Zasnęli wreszcie
    w czarnej pelerynie hotelu
    o którym rozpisują się
    plotkarskie media.

    Wybudzić ich z miłości
    pragnie krzykliwa błyskawica.
    A zazdrosne życie w żałobie
    Kręci się koło recepcji jak pies.

    Ale tych dwoje
    pod czułą narkozą niebios.
    Szczęśliwi na zawsze.
    Ze śmierci wypluwają
    jedynie pestkę.






    Lipska_Czytnik linii papilarnych_m







    VERTIGE AMOUREUX




    Ces deux-là
    sous la tendre anesthésie des cieux.

    Voyagent à travers les légendes
    les homélies et les anecdotes.
    Ils se sont endormis enfin
    dans la noire pèlerine de l’hôtel
    au sujet duquel
    ne tarissent pas
    les rumeurs médiatiques.

    Les éveiller de l’amour
    se dit l’éclair d’un cri.
    Tandis que la vie en deuil jalouse
    tourne en rond à la réception comme un chien.

    Mais ces deux-là
    sous la tendre anesthésie des cieux.
    Heureux pour toujours. De la mort ils recrachent
    le noyau seulement.




    Ewa Lipska, Lecteur d’empreintes digitales [Czytnik Linii Papilarnych, éditions Wydawnictwo Literackie, Cracovie, 2015], édition bilingue, éditions LansKine, Collection « Ailleurs est aujourd’hui », 2017, pp. 44-45. Traduction et introduction Isabelle Macor.






    Lipska Lanskine





    EWA LIPSKA


    Ewa Lipska Portrait





    ■ Ewa Lipska
    sur Terres de femmes

    La mémoire [Pamięć] (extrait de L’Amour, chère Madame Schubert… [Miłość, droga pani Schubert…])
    Nature morte [Martwa Natura] (extrait de Rumeur [Pogłos])



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    → (sur le site des éditions LansKine)
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    → (sur Recours au Poème)
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  • Ewa Lipska | La mémoire [Pamięć]



    Liska Droga







    PAMIĘĆ



    Droga pani Schubert, nie wiem, dlaczego nie rozpoznła mnie pani we śnie. Musiałem się przedstawiać i wręczałem pani zaszyfrowane wizytówki. Powoływałem się na blizny na produszce i na miasta, przez które biegły nasze telegraficzne struny głosowe. Zdawałem relacje z naszych aromatycznych koncertów. Cynamon. Imbir. Opisywałem znaki szczególne chwil: wszystkich naraz i każdej z osobna. A pani patrzyła na mnie pod światło, które ode mnie uciekało, gasło… I wtedy właśnie obudził mnie kaszel.






    LA MÉMOIRE



    Chère madame Schubert, je ne sais pas pourquoi vous ne m’avez pas reconnu en rêve. J’ai dû me présenter et je vous ai remis des cartes de visite codées. J’en ai appelé à mes cicatrices mon oreiller et aux villes à travers lesquelles passaient les fils télégraphiques de nos cordes vocales. J’ai relaté nos concerts aromatiques. Cannelle. Gingembre. J’ai décrit les signes particuliers des instants : pris tous ensemble et chacun à part. Vous me regardiez dans le contrejour qui me fuyait, s’éteignait… Et c’est alors qu’une toux m’a réveillé.



    Ewa Lipska, L’Amour, chère Madame Schubert… [Miłość, droga pani Schubert…, Wydawnictwo Literackie, Cracovie, 2013], Lanskine, “Collection Ailleurs est Aujourd’hui” — Domaine polonais, 2015, pp. 42-43. Édition bilingue. Traduction d’Isabelle Macor.





    Lipska 1





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    ■ Ewa Lipska
    sur Terres de femmes

    Nature morte [Martwa Natura] (extrait de Rumeur [Pogłos])
    Vertige amoureux [Zakochanie] (extrait de Lecteur d’empreintes digitales [Czytnik Linii Papilarnych])



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  • Ewa Lipska | Nature morte [Martwa Natura]





    Ewa Lipska








    NATURE MORTE [MARTWA NATURA]




    La nature morte commence à se gâter.
    Les vis des iris rouillent. Des fruits
    de Chardin Courbet Cézanne
    émane une odeur écœurante.
    La toile perd la vue.
    Dans un verre la pierre du vin.
    Noirceur insupportable.

    Visions prophétiques
    des dictateurs de la mode :
    Advient l’époque des éclairs.
    Le cor d’harmonie soufflera
    plantes batraciens terrestres et mammifères.

    Le temps se fera de plus en plus rare.
    De plus en plus court. De moins en moins.

    Alors sors de ton sac notre amour.
    Et dépêche-toi. Le lambeau d’ultramarine
    annonce que nous arriverons juste à temps pour le rire.



    Ewa Lipska, Rumeur [Pogłos, Wydawnictwo Literackie, Kraków, 2010], suivi de Chère Madame Schubert, Éditions LansKine, 2015, page 26. Traduit du polonais par Isabelle Macor.







    Rumeur 2





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    La mémoire [Pamięć] (extrait de L’Amour, chère Madame Schubert… [Miłość, droga pani Schubert…])
    Vertige amoureux [Zakochanie] (extrait de Lecteur d’empreintes digitales [Czytnik Linii Papilarnych])



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