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  • Jacques Abeille | Noirs



    Tu t’avances dans un monde illisible
    Ph., G.AdC





    NOIRS




    Il y aura un ciel blanc trop grand

    tu t’avances dans un monde

    illisible — personne n’a dérobé

    le nid des mésanges — et ses

    nuages épais comme dans la

    main d’un chêne




    Le vent        le vent

    les corbeaux sont fous — une

    aile noire te masque et le temps

    passe — le moment venu tu n’as

    pas su descendre — toutes tes

    conquêtes tiennent dans une

    boîte d’allumettes




    Une bille       une coquille de noix

    trois points de nuit au blanc

    de l’œil — la langue collée au tronc

    de l’églantier — une épine sous

    l’ongle — emporté par le mascaret

    de son parfum — roulé — dans le

    sommeil paradoxal




    Les fleurs d’ail          des cris derrière la haie

    du gravier tes bataillons en

    marche — la pluie revient et

    te décolore — cloué à la porte

    d’une grange



    Jacques Abeille, « Ce qu’il reste d’un jeune homme qui maigrissait » in Petites proses plus ou moins brisées, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen n° 222, 2015, pp. 29-30-31-32. Prix Jean Arp de Littérature Francophone pour l’ensemble de son œuvre.






    Jacques Abeille, Petites proses plus ou moins brisées







    JACQUES  ABEILLE


    Jacques Abeille
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page sur Petites proses plus ou moins brisées



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