Étiquette : Jacques Brémond


  • Antoine Emaz | Poème-lettre



    Mur-separe-mexique-etats

    « on viendra au jour
    avec seulement
    dedans
    le temps ou l’air

    on sera devenu
    assez léger
    pour passer »

    Ph. Paul Ratje, Archives Agence France-Presse
    Source








    POÈME-LETTRE




    on est allé jusqu’à ne plus savoir
    comment
    plus loin

    un mur
    indéfiniment

    un jour
    on ira
    plus loin

    d’ici là
    le temps
    comme pauvre
    et la force prise dans l’attente
    tendue
    sans bouger

    on reste
    en face

    à la longue
    ça devrait
    déplacer
    le pays

    ou bien
    jusqu’à ne plus tenir
    n’être plus tenu

    un matin il y aura
    une mémoire d’eau
    une vaste pluie devant
    rien d’autre

    on viendra au jour
    avec seulement
    dedans
    le temps ou l’air

    on sera devenu
    assez léger
    pour passer




    Antoine Emaz, «  Poème-lettre  » [Jacques Brémond-Atelier des Grames, 1995], Caisse claire, Poèmes 1990-1997, Éditions Points, 2007, pp. 89-90. Anthologie établie par François-Marie Deyrolle. Postface de Jean-Patrice Courtois.






    Antoine Emaz  Caisse claire





    ANTOINE EMAZ


    Antoine Emaz portrait
    D.R. Ph. Dominique Houyet




    ■ Antoine Emaz
    sur Terres de femmes


    Cambouis
    Je travaille et je vois, après
    [Le faiseur]
    Un lieu, loin, ici (poème extrait de Personne)
    Plaie, XV
    Poème des dunes
    La poésie ?
    Soirs






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  • 21 novembre 1870 | Jacques Brémond, Lettre perdue

    Éphéméride culturelle à rebours



    21 novembre 1870



    Très mince très fine missive expédiée de Paris vers Londres par la voie des airs… En pleine guerre franco-prussienne. En 1870. De Paris assiégé par les armées teutoniques. Lettre mince fine légère de cinq ou sept grammes sur une seule page de papier pelure. Obligatoire vu le moyen d’acheminement imposé par les événements, Avant l’aviation ! Avant la poste aérienne ! Paris assiégé et les montgolfières devinrent postales pour quelques milliers de lettres. L’astuce des hommes ! La compagnie des Aérostiers de Nadar et ses amis se chargèrent à merveille de cette mission. Presque tous les ballons accompagnés ou non arrivèrent à passer par-dessus les lignes ennemies et à se poser en un quelconque coin de France. Parfois un peu plus loin, en Belgique, en Finlande. Les missives alors distribuées naturellement par la Poste. Quelques-uns de ces ballons furent attaqués et descendus par les armées allemandes, d’autres se perdirent en mer. Comme celui qui transporta la lettre d’Adèle, la mère, à Claude, la fille, expédiée de Paris le 24 novembre 1870, bureau de poste Place de la Madeleine, adressée à Mademoiselle Claude, chez une amie, Madame Goupil résidant alors au Royaume-Uni. Arrivée le 12 décembre de la même année après un séjour dans les eaux glacées de la Mer du Nord, aérostat dénommé Ville d’Orléans. Tous baptisés pour marquer l’intégrité du territoire sous les bombes assaillantes. Du séjour en eaux noires et nordiques, peu de traces, simplement la disparition du timbre-poste dans le coin supérieur droit. L’employé parisien avait pourtant bien apposé le cachet de port payé PD en rouge, petit cadre rectangulaire. La lettre n’est taxée qu’à son arrivée en terre anglaise. L’administration sans doute avertie agit avec une mansuétude bien rare à cette époque. Malgré les aléas de ce transport houleux et périlleux, la Demoiselle Claude obtient des bonnes nouvelles de sa famille restée en France occupée. Ses parents lui écrivirent tous les jours par le même moyen aérien. Ils sont bien à plaindre, ils attendent « le grand coup qui les délivrera » lui écrit sa « vieille petite mère Adèle » qui lui recommande d’être « tranquille et bien raisonnable » et lui dit le bien-être de ses oncle et tante… etc… etc. Léger babillage même en temps de guerre ! Il faut bien passer le temps quand on est prisonnier des prussiens ! Petite bourgeoisie qui sait lire et écrire, qui poste son courrier vers la fille protégée mise à l’abri à Londres, peut-être…



    Jacques Brémond, Lettres perdues, Courriers accidentés, Rougier V. éd., Collection Plis urgents, n° 41, complément de la revue ficelle, 2016, pp. 7-8-9.






    Jacques Brémond, Lettres perdues





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Vincent Rougier)
    la fiche de l’éditeur sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur le site de la revue Traversées)
    une note de lecture de Xavier Bordes sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur lelitteraire.com)
    une note de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret sur Lettres perdues de Jacques Brémond





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  • 28 août 1993 | Thierry Metz, Sur un poème de Paul Celan

    Éphéméride culturelle à rebours




    Thierry Metz, Sur un poème de Paul Celan.

    Variations à partir du poème de Paul Celan : « Il y avait de la terre en eux » (dans une traduction de Jean Daive), écrites par Thierry Metz « comme un signe d’après départ, pour dire l’honneur, l’amitié, le bonheur aussi d’avoir à faire mémoire. »

    Ci-dessous, un des douze poèmes de cet ensemble.





    SI CE N’ÉTAIT QUE CE MOT : RICERCARE



    Si ce n’était que ce mot : ricercare
    si ce n’était que nous, aujourd’hui, groupés dans le chant
    de six bergers qui ne se verront jamais,
    étagés dans la montagne,
    vêtus de bleu sur la neige,
    la voix toujours noire

    si ce n’était que cela :
    que l’abandon d’une recherche
    que l’abondance d’un sang,
    jusqu’où ira ce qui est vrai
    puisque tout s’appuie sur de l’accompli ?


    Périgueux le 28/08/93



    Thierry Metz, Sur un poème de Paul Celan, Éditions Jacques Brémond, Collection Le premier cent, 1999, s.f. Encres de Jean Gilles Badaire.






    IL Y AVAIT DE LA TERRE EN EUX



    Il y avait de la terre en eux, et
    ils creusaient

    Ils creusaient et creusaient, ainsi s’en fut
    leur jour, leur nuit. Et ils ne louaient point Dieu
    qui, entendaient-ils, voulait tout cela
    qui, entendaient-ils, savait tout cela.

    Ils creusaient et n’entendaient plus rien,
    ils ne devenaient point sage, ni inventaient aucun chant,
    ne créaient aucune langue.
    Ils creusaient.

    Advint un silence, advint aussi un orage,
    advinrent toutes les mers.
    Je creuse, tu creuses, et semblablement creuse le ver,
    et ce qui chante là-bas dit : ils creusent.

    O l’un, ô nul, ô personne, ô toi :
    où cela allait-il, puisque cela n’allait nulle part ?
    Ou tu creuses et je creuse, et je me creuse jusqu’à toi,
    et à nos doigts s’éveille l’anneau.



    Paul Celan. Éditions Mercure de France, 1990. Traduction de Jean Daive.





    Thierry Metz, Sur un poème de Paul Celan, Éditions Jacques Brémond, Collection Le premier cent, 1999. Encres de Jean Gilles Badaire.




    THIERRY METZ


    Thierry Metz 2
    Source




    ■ Thierry Metz
    sur Terres de femmes


    [Braise matinale]
    [De jour en jour][Giorno dopo giorno] (extrait de L’homme qui penche | L’uomo che pende)
    [Je m’en remets aux feuillages] (extrait de Tel que c’est écrit)
    [Je suis tombé] (extrait du recueil Terre)
    Le Drap déplié (extraits)
    [Vers la bien-aimée]
    4 juillet | Thierry Metz, Le Journal d’un manœuvre





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  • Corse_3 Jean-François Agostini |
    [Un bruit de chaîne court sur la mer]




    L'intrus
    Ph., G.AdC





      [UN BRUIT DE CHAÎNE COURT SUR LA MER]


    15:39

    Agostini2



    Jean-François Agostini, « En déplaçant l’échelle », in Généalogie de l’algue, Éditions Jacques Brémond, 2011, page 57. Prix de la Ville de Béziers 2010.





    JEAN-FRANÇOIS AGOSTINI


    Vignette JF. Agostini




    ■ Jean-François Agostini
    sur Terres de femmes

    [Décembre]
    Face au mur
    JFA | Haïku
    Nager… (+ notice bio-bibliographique)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Poésie française)
    quelques poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique, Numéro 45 – décembre 2008)
    d’autres poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur Levure littéraire n° 1)
    plusieurs poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur la revue numérique de littérature Secousse, Cinquième Secousse, Éditions Obsidiane, octobre 2011)
    En déplaçant l’échelle (quatre poèmes de Jean-François Agostini)
    → (sur Gattivi Ochja)
    plusieurs poèmes de Jean-François Agostini traduits en corse par Stefanu Cesari





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