Étiquette : Jean-Baptiste Para


  • Vera Pavlova | [Un testament]



    [Завещание]



    Завещание — план прожитой жизни.
    Над своим гробом не хочу слышать
    си-минорный прелюд Рахманинова, allegretto
    из Седьмой Бетховена, ничего из любимого
    Чайковского. Хочу: А-dur-ный фортепианный
    Моцарта, adagietto из Пятой Малера
    и Девятую Брукнера, часть третью.
    А впрочем, можешь завести, что хочешь:
    кто плачет, тот и заказывает музыку.







    [UN TESTAMENT]



    Un testament est le schéma d’une vie achevée.
    Autour de mon cercueil je ne veux pas qu’on joue
    le prélude en si mineur de Rachmaninov, l’allegretto
    de la Septième de Beethoven, aucun air
    du bien-aimé Tchaïkovski. Je désire entendre
    la sonate pour piano en la majeur de Mozart,
    l’adagietto de la Cinquième de Malher
    et la Neuvième de Bruckner, troisième mouvement.
    Au demeurant, fais comme bon te semble :
    C’est à celui qui pleure de commander la musique.



    Vera Pavlova, L’Animal céleste, L’Escampette Éditions, 2004, page 45. Anthologie traduite du russe par Jean-Baptiste Para & Hugo Para.





    Вера Павлова


    Vera_pavlova_1
    Image, G.AdC



    ■ Vera Pavlova
    sur Terres de femmes

    Ce n’est pas moi (+ une notice bio-bibliographique)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Je voudrais t’écrire une lettre…



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Poetry Magazines)
    une interview de Vera Pavlova (« How do you relate to the expression: “women’s poetry”? »)
    → (sur le site de TV5 Monde)
    une courte interview de Vera Pavlova
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes dits par Vera Pavlova
    → (sur vimeo.com)
    de nombreux poèmes dits par Vera Pavlova






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  • Lucio Mariani | Quali barbari



    QUALI BARBARI


    Che aspettiamo, raccolti nella piazza?
    Oggi arrivano i barbari.
                                  

    COSTANTINO KAVAFIS


    Non calano dai monti dei Balcani
    tracce umane ignorate dalla storia
    né abbandonano più remote sponde
    per affrontare il mare, aggrovigliati
    come resti dell’ultimo pescame
    su carrette sospinte dai respiri.
    Se appena a terra vanno praticando
    costumi ignoti e differenti riti
    se balbettano per idiomi astrusi
    se hanno altri colori della pelle
    e ti chiedono pane per la strada
    trascinando le lacere creature
    a cui ogni cane abbaia,
    non sono quelli i barbari, puoi credermi.



    I barbari
    vivono in sonno dentro ad ogni uomo
    latenti e armati abitano anche in voi
    se ne stanno acquattati in mezzo al cuore
    dei più miti compagni e dei fratelli
    dei miei adorati figli e dei nipoti.
    La barbarie s’accartoccia nei corpi
    nascosta fra grovigli e gangli oscuri
    langue nel nostro sangue e al primo nulla
    punge e ispina sia l’osso che la vena
    esce rabbiosa e va rasente i muri
    a procurare pena con la mossa
    d’una violenza appresa nella culla
    quando impastiamo l’anima nel buio
    coltivando il talento da rapace
    sull’esempio di pessimi maestri.


    Barbara è questa carne universale
    che nasce al male dalla nostra carne.







    QUELS BARBARES


    Qu’attendons-nous, rassemblés sur la place ?
    On dit que les barbares seront là aujourd’hui.


    CONSTANTIN CAVAFIS


    Ils ne descendent pas des montagnes des Balkans
    traces humaines ignorées par l’histoire
    ils n’abandonnent pas de lointains rivages
    pour affronter la mer agglutinés
    comme les restes de la dernière pêche
    sur les charrettes poussées par des halètements.
    S’ils ont la peau d’une autre couleur
    et pratiquent dès qu’ils ont touché terre
    des coutumes inconnues et des rites différents
    s’ils balbutient d’obscurs idiomes
    et te demandent du pain dans la rue
    en traînant des créatures en guenilles
    derrière lesquelles aboie le premier chien venu,
    ce ne sont pas eux les barbares, crois-moi.



    Les barbares
    sommeillent à l’intérieur de chaque homme
    latents et armés ils logent aussi en vous
    ils se blottissent dans le cœur
    des plus doux compagnons et des frères
    chez mes enfants adorés et chez mes neveux.
    La barbarie se love dans les corps
    elle se glisse dans les tissus et les ganglions
    elle languit dans la lymphe et au premier néant
    elle dresse son dard et fore les veines et les os
    toute à sa rage elle rase les murs
    et s’en va répandre l’affliction avec les gestes
    d’une violence apprise au berceau
    quand l’âme que l’on pétrit dans le noir
    cultive un talent de rapace
    selon l’exemple des plus exécrables maîtres.


    Barbare est cette chair universelle
    qui s’éveille au mal en notre propre chair.




    Lucio Mariani, Restes du jour, édition bilingue, Cheyne Éditeur, Collection D’une voix l’autre dirigée par Jean-Baptiste Para, 2012, pp. 70-71-72-73. Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para. Préface de Dominique Grandmont.






    Lucio Mariani, Restes du jour





    LUCIO MARIANI


    Lucio Mariani
    Source



    ■ Lucio Mariani
    sur Terres de femmes

    Il sigaro toscano (+ une notice bio-bibliographique)



    ■ Voir aussi ▼

    le site (en italien) de Lucio Mariani (dont un entretien avec Jean-Baptiste Para)
    → (sur Recours au poème)
    Notes pour une poésie des profondeurs [9] par Paul Vermeulen (recension de Restes du jour)





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