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  • Jean-Louis Rambour | poèmes-diapos


    POÈMES-DIAPOS (3)




    Les deux segments du fléau ressemblent aux aiguilles
    de l’horloge. Sauf que celle pour les heures tourne
    beaucoup plus vite que celle des minutes,
    elle tourne, claque, injecte le temps, le dépasse :
    cela devient folie, cruauté. Le fléau
    passé sur le blé d’un chariot donne la taille
    d’une vie humaine. À peine né et déjà
    le cœur froid. Dix ares, pas davantage, résument
    la collection des peurs et des éclats de rire,
    le compte de gauloises, d’enfants et de femmes.



    ***



    Bien sûr qu’au début on est un humble apprenti :
    la taille du marbre ne s’improvise pas.
    On n’est pas Michel-Ange, on n’est pas François Rude.
    On ne taille pas dans le marbre statuaire,
    pas de Pietà, ni de pêcheur napolitain :
    on découpe, dresse, frotte, supprime, ajoute,
    on doucit, on polit. Cette plaque sera
    pour le pilier sud de l’Arche de la Défense,
    peut-être pour un escalier, la cheminée
    d’un hôtel, la tombe d’un enfant mort trop tôt.



    ***



    Quant au métier d’écrire des lignes de mots
    le travail fait peur. On a des lèvres, des mains
    pour certaines phrases, d’autres pas. On ne sait
    quoi dire au silence blanc d’une salamandre.
    On fait défiler les diapos d’un projecteur
    comme les feuilles glissent noircies de dessous
    l’imprimante. Ou l’inverse. On fait aussi la grève
    et défile dans sa chambre. On pense compter
    pour un peu dans la richesse du monde, on plie
    son échelle avant d’aller trop haut, trop fragile.




    Jean-Louis Rambour, Le Travail du monde, 100 poèmes-diapos, éditions L’herbe qui tremble, 2020, pp. 15, 42, 122. Peintures de Jean Morette.






    Rambour-le-travail-du-monde




    JEAN-LOUIS RAMBOUR


    Jean-Louis_Rambour NB
    Ph. © Jean-Louis Rambour
    – CC BY-SA 3.0
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Jean-Louis-Rambour
    → (sur le site des éditions L’herbe qui tremble)
    la fiche de l’éditeur sur Le Travail du monde de Jean-Louis-Rambour





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  • Christophe Mahy | [Le vent tient toujours sa promesse]


    [LE VENT TIENT TOUJOURS SA PROMESSE]





    Le vent tient toujours
    sa promesse
    d’automne et de pluie
    moi je me promets ce soir
    de réapprendre la nuit
    et les ombres convoquées
    par vous et par moi
    Depuis que vous n’êtes plus là
    je continue à vous écrire
    poste restante
    et je fais naufrage
    à jour passant.



    […]



    J’attends longtemps
    que les lumières rouies
    dévêtent l’arbre seul
    dans ma mémoire
    et sous le ciel enfin
    immobile
    je prête serment
    au silence
    qui m’accorde
    un nouveau sursis
    à fonds perdu.



    Le nom des villes
    ne me dit plus rien
    c’est seulement un mirage
    à peine un vertige
    au bord du voyage
    que la vie m’impose
    c’est le vide
    des arrière-saisons que je fuis
    et que je retrouve
    sans pour autant que ma parole
    ne consente
    à devenir poème.




    Christophe Mahy, Arrière-plans, éditions L’herbe qui tremble, 2020, pp. 89, 92, 93. Peintures de Jean Morette.






    Christophe Mahy  Arrière-plans




    CHRISTOPHE MAHY


    Christophe Mahy NB 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions L’herbe qui tremble)
    la page de l’éditeur sur Christophe Mahy





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