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  • Nicolas Pesquès , La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix |

    # Une jubilation de « joie noire »#

    Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau,
    huit, neuf, dix

    André Dimanche Éditeur, 2011.



    Lecture d’Angèle Paoli

    Du jaune initial de Juliau  . au jaune final de l'exaltation .
    Ph., G.AdC






    # UNE JUBILATION DE « JOIE NOIRE » #




          « Juliau n’est naturel que si je me tais
    ni ne le regarde
    naturel par insensibilité
     », écrit Nicolas Pesquès dans les dernières pages de J10.


    Pourtant, à lire le dernier recueil de Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix ― quatre livres en un volume de deux cent quatorze pages ―, il semble que la colline ― son jaune, ses genêts, son animalité ― poursuit son travail de creusement dans la sensibilité du poète. Sans épuisement de l’écriture.


    Ainsi la colline de Juliau tiendra-t-elle toujours son alter ego dans sa tenaille ; et toujours Nicolas Pesquès poursuivra son chant dans la paille jaune de Juliau. Rien jamais, ni la souffrance ni le jouir, ne pourra détourner le poète de la colline originelle. Paradoxe de la colline toujours présente au plus fort de l’absence, dans cette tension à double tranchant, double entrée prise entre nécessité de s’éloigner et appel du jouir. Paradoxe aussi de l’écriture qui tient dans la même tension à double tranchant entre le fait qu’elle ne convient pas, qu’elle est inapte à dire « J », et qu’elle est pourtant inéludable.


    « Le langage n’étant plus que ce qui creuse sans convenir », il faudrait chercher autre chose, un au-delà des mots, « quelque chose qui ne dépendrait pas du langage ? » Peut-être la couleur ? Mais que peut « la vénérable » ? La réponse est peut-être dans l’érotisation de la colline :


           « jaune de j bandé
           jus de genêt
     »


    Reprendre avec Nicolas Pesquès la « descension » de Juliau, face nord, c’est renouer avec « l’énigme intime » du poète et, avec lui, reprendre « l’essai d’écre » interrompu par le temps de la séparation dévolu à l’écriture.


    Ultime volet du Juliau de Pesquès, La Face nord de Juliau huit, neuf, dix s’étend sur deux années, de 2006 à 2007. Partie la plus importante de l’ouvrage, J10 occupe 9 chapitres, répartis en deux temps. Les quatre premiers chapitres se déroulent sur deux saisons, de novembre 2006 à août 2007. La suite de J10 ― cinq chapitres ― de septembre à décembre 2007. Quant à J8, deux mois à peine lui sont consacrés ― février-mars 2006 ― ; et un été (2006) suffit à couvrir les trente-deux pages de « l’essai d’écre » de J9.


    D’une saison à l’autre, Juliau veille, à l’affût, et tient le poète au collet. Si trop s’éloigne de la colline, Juliau le rappelle à lui. Avec « son jaune tectonique coulissant » et son « j » de jouir. Écrire Juliau comme, pour Cézanne, peindre la Sainte-Victoire. « J » de Juliau, comme jaune genêt est un chant chamanique, repris, séparé de la scission de la couleur d’avec la colline. Toujours recommencé pour « d’autres approches, d’autres contagions ». Dans quelle faille « d’écre » l’écriture s’est-elle glissée entre J10 et J8-J9 qui le précèdent ? Quel nouveau réseau d’écriture la « descension » a-t-elle suscité chez le poète ? « j’ai voulu en avoir le cœur net », conclut le poète à la fin de son ouvrage.


    C’est sur la séparation définitive que s’ouvre le premier chant de J8. Mort de Juliau, ou peut-être mort de la mère ?


           « Comme si elle était


           là, devant,


           le 2 septembre
           debout et
    morte »



    J8 commence dans le désordre du désespoir et du rejet



           « gale du chêne
           jaune émétique
           mère défaite
     »


    La douleur de la séparation se lit jusque dans la ponctuation adoptée par le poète. Les trois points de suspension qui séparent visuellement une strophe de la strophe suivante impriment le silence intérieur nécessaire entre les blocs de mots. Ils sont le témoignage sensible d’une ellipse. Une aposiopèse. Plus loin dans J8, le poète propose du silence une autre lecture qui justifierait une relecture du recueil :


           « des mots séparés par des blancs
           la place réservée à l’amour
     »


    Même morte la colline est là, qui annonce le « genêt d’outre-tombe » final, et impose au poète la nécessité têtue d’écrire, de poursuivre l’entreprise d’écriture de Juliau : « écrire bute sans cesser ».


    Dans la brièveté de J8 s’inscrit l’idéal de la colline. Sa résistance. Juliau s’insurge. De même, le poète. Sa méthode est celle du refus. Du rejet de toute forme d’assimilation :


           « ne jamais s’appuyer sur quoi que ce soit
           qui aide à confondre les mots et les choses
     ».


    Pas de comparaison possible avec. Pas d’identification.


           « identique est un adjectif disparu »


    Même si JAUNE a à voir avec la mère, et avec elle, aux origines. Pas de comparaison, partant, pas de comme. Le poète convoque plutôt la synecdoque. Figure essentielle de J8, explicitement nommée, la synecdoque, par imbrication contenant/contenu, par engendrement de l’une par l’autre, dit le fusionnement colline-mère-colline.


           Jaune, « âme tournesol
           d’où la mère en colline
     ».


    L’absorption de l’une par l’autre se vit en même temps qu’une même volonté de « dessaisissement », une même douleur coupure-séparation. Et si J8 n’était là que pour dire la mère, présence-absence, « J » « préterre »/prétexte à l’espace mère ? Et l’écriture de Juliau, un autre moyen de « lui parler comme à un autre pan de la vie » ? Omniprésence de la mère − «  à la mère et au couteau » ; « mère et grammaire défaites » ; « pente, vent, mère, nuage/des organismes éphémères » − disséminée dans les poèmes de J8.


    Paradoxalement, à la manière d’un ouvrier qui travaille son matériau à l’aide d’outils, d’un alpiniste qui s’assure de son ascension avec piolets, grappins, pitons et prises, le poète grammairien assure sa progression dans le jaune de Juliau avec les étais qui lui sont propres : ses « et » d’appui – « l’amour du et dans le vide de la langue » –, ses « biais », son « fixatif », sa « synecdoque ». Introduire une logique – jusque dans le refus de sa « légende », avec le jaune comme garant –, pour donner corps. Même si le poète s’insurge contre la sacro-sainte « divinité » sujet-verbe, c’est à la grammaire que Juliau doit de prendre corps :


           « le corps est perdu s’il quitte la grammaire ».


    « Où séparer si séparer commence ? » Séparer, scinder, découper, trancher. Tel est le leitmotiv qui court legato d’un livre à l’autre de Juliau. Tailler, jusqu’à réduire Juliau et son jaune à l’extrême minceur d’une seule consonne. « J ». Mais, du jaune initial de Juliau ― dans sa révélation de genêt ― au jaune final de l’exaltation/exultation du jouir de Juliau, il y a une évolution qui passe par la répétition du même dans ses différences et dans ses variations, voire dans ses contradictions : ― « Juliau : sa fraîcheur, son usure » ―, jusqu’au retour à l’origine, à la scission et à la perte qui en résulte :


           « perdre pour ressentir

           la séparation de tout ce qui nous touche
     »


    « Mais séparer n’est pas détruire », confie aussi le poète. Séparer est indissociable de l’écriture et des contradictions qui l’accompagnent. Écre. Se soumettre à la « dure dent de dire », poursuivre la quête entre « outrage du cul-de-sac d’écrire » et sidération que cela puisse être, encore, « un quart de siècle et plus » ; mettre la couleur au centre, aller d’une rive à l’autre du séparé. Sans perdre de vue la préoccupation première : la concentration, la concision, le coupant. Car favoriser le « genêt à la pointe sèche », c’est résister à la tentation du fusionnel, résister à la féminité de la colline, à ses forces séductrices et trompeuses. La seule possibilité d’« écre » se vit dans la distance et, au-delà, dans l’écart, dans la faille creusée par l’entaille, dans cette « déchirure du langage » qui n’appartient qu’au poète. C’est dans cette faille que se trouve le gisement des mots susceptibles de faire lever Juliau jusqu’à la brûlure.

    L’éclat de son cri gagne la langue du poète et sans doute le poète lui-même.

    Une jubilation de « joie noire » frissonne dans le souffle de l’écriture.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix




    NICOLAS PESQUÈS


    Pesquès portrait
    Ph. © Jean-Marc de Samie




    ■ Nicolas Pesquès
    sur Terres de femmes


    Gilles Aillaud (extrait de Sans Peinture)
    après Privas. Nicolas Pesquès (I). « du geste une écriture », par Yves di Manno
    après Privas. Nicolas Pesquès (II). J9, Prémisses de lecture d’une « énigme intime », par Angèle Paoli
    Juliau//ascension face nord (lecture d’AP sur La Face nord de Juliau deux, trois quatre cinq, six)
    21 août 1995 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau trois, quatre (extrait)
    Comment recoller ce que la langue détache (extrait de La Face nord de Juliau, cinq)
    15 mai 1886 | Mort d’Emily Dickinson (+ extrait de La Face nord de Juliau, sept)
    [Courir la pente] (extrait de La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix)
    Intérieur nuit (Juliau 11)
    La Face nord de Juliau, treize à seize (lecture d’AP)
    28 février | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau (onze à seize)
    21-22-23 octobre 2013 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau dix-sept, dix-huit
    La caisse claire (journal d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Nicolas Pesquès
    → (sur Poezibao)
    La Face nord de Juliau, six, de Nicolas Pesquès (lecture d’Angèle Paoli)
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une
    fiche bio-bibliographique sur Nicolas Pesquès





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  • après Privas…

    Nicolas Pesquès (II). J9, Prémisses de lecture d’une « énigme intime », par Angèle Paoli

    Parcours singuliers,
    Privas, 19-20 mars 2010

    Nicolas Pesquès




    J 9, PRÉMISSES DE LECTURE D’UNE « ÉNIGME INTIME »



         Entrer dans le monde de Juliau et dans l’écriture de Nicolas Pesquès (quel que soit le recueil auquel le lecteur s’attache) demande un travail de dé-lecture de soi. Dès lors que l’on risque une traversée de l’œuvre écrite de La Face Nord de Juliau et de l’écriture qui travaille à la dire « transitivement », il faut accepter de se dé-prendre des modes de lecture qui sont les nôtres pour tenter d’appréhender ce qui se joue dans/avec la déclinaison polymorphe et plurielle des Juliau. Et au-delà du « monolithe » Juliau, interroger l’écriture énigmatique de Nicolas Pesquès, jusque dans les résistances qu’elle oppose à la lecture.

         « La face nord de Juliau. Une colline rude et rugueuse au-delà des prairies. Qui ne se livre qu’à celui qui attend, qui se morfond dans l’écriture, qui questionne, qui s’éprend », écrit Jacques Dupin dans les pages qu’il consacre à Nicolas Pesquès dans M’introduire dans ton histoire (P.O.L, 2007).

          D’un recueil à l’autre de La Face Nord de Juliau (pour moi de Juliau 2 à J6) le « monolithe » bifrons, colline/écriture, offre, dans le ressassement du même, des variations qui sans cesse échappent, sans cesse entraînent, à partir du même socle, vers un ailleurs imprévisible qu’aucune lecture n’épuise jamais.

         Après le Poème Land Art de Juliau Six/Surjaune — qui pousse l’écriture jusque dans l’expérience des limites en installant Juliau dans le motif de la peinture et de la couleur [Surjaune, Installation/ Surjaune, Œuvre/ Surjaune, Dissolution] — attendant patiemment la sortie de Juliau 7 (Rehauts 22 ), je découvre avec les Parcours singuliers de faire part que nous en sommes arrivés à J9.






    en installant Juliau dans le motif de la peinture et de la couleur
    Ph., G.AdC






    Essai d’Ecre


         C’est donc à partir des extraits de ce Juliau neuf — tout neuf — que je suis partie pour renouer, de manière fragmentaire/fragmentée, avec l’univers inépuisable des Juliau. Pour m’arrimer à cette « énigme intime » qui se lit dans l’écriture de J9.

         Je ne sais ce qui s’est passé entre J6 et J9. Mais je ne peux m’empêcher de me demander par quels ressorts d’écriture, par quelles nouvelles épreuves de « sécrétions* bifurquantes » (J4, page 131), par quels dessaisissements successifs (stratégies méthodologiques) Nicolas Pesquès en est arrivé à cette suite de poèmes qu’il a intitulée Essai d’Ecre. Peut-être la lecture de cet Essai d’Ecre m’apportera-t-elle quelque embryon de réponse sur cette nouvelle Ascension de Juliau/Sensation de Juliau. Car

         « la colline revient avec ses masques neufs
         durcis par la visibilité » (écrit le poète en J4, page 95)

    * Etymologiquement : séparations


         Le titre ouvre sur une énigme. Essai d’Ecre. Je pense au col de l’Ecre, bien connu des cyclistes, dans l’arrière-pays niçois. Mais cette piste me paraît improbable. Je n’ai pas rencontré ce nom propre au cours de mes lectures des Juliau.
         Le verbe Ecre existe-t-il ? S’agit-il d’un archaïsme, d’un infinitif ardéchois dont l’existence m’est inconnue ? Je tâtonne d’« écre » à être, d’« écre » à ocre, mais l’« ocre cadenassée sous le ventre de la perdrix » (« Les mois jaunes » de J5, page 33) est absent de l’Essai d’Ecre. En revanche, je déterre « aigre » qui oriente ma prononciation vers « ècre » et non « écre » et « crème » qui confirme le È et me conforte dans mon essai d’écumage de cette petite suite en J9.

         J’interroge le texte. Ecre ponctue la « suite » de poèmes présentés ici, dans ces Parcours singuliers. Le mot apparaît dans des unités grammaticales diverses, à l’intérieur de syntagmes variables et dans des contextes différents. Celui du paysage dans lequel s’inscrit la colline — « l’écre élémentaire » de Juliau, celui de sa féminité qui se lit dans sa « gorge d’écre », celui également du langage qui – pareil aux « étais osseux » soutenant la colline —… tente de retenir « l’écre sans retour ».

         La relecture de J4 me met sur une autre voie.

         Je trouve dans Descro (décrire) un J4 chargé d’imprécations :

         « J4 exècre     communique    exècre » (page 98).

         Peut-être J9 ne conserve-t-il du latin classique « ex/secrari », que le radical. La seule marque du consacré amputé de l’exécration.

         Difficile de déterminer l’identité précise de l’« écre ». Soumis à l’essai, « Ecre », à l’image de Juliau, varie, ne libère qu’en partie son énigme et ne se livre que progressivement, en cours de lecture. « Opus incertum est la forme intrinsèque » de l’aventure de ma lecture.

         Tailler un Juliau neuf, c’est inévitablement chercher une langue au « cœur d’écre ».

         Écrire Juliau c’est, selon le poète, être à l’état d’essai. Essai d’encre. Essai d’Ecre.
         Ainsi peut-on lire :
         « Écre c’est écrire au jaune de J ». Écrire passerait-il par une double amputation ? Celle de Juliau réduit à sa seule initiale ? Celle du verbe écrire, amputé de son suffixe verbal ? « Expérience d’écrire sans ».
         « Ecre », est-ce écrire amputé de son « ire », délesté de la colère implicite contenue dans l’infinitif ?
         « Amputation » provisoire puisque le verbe écrire se reconstitue et se déplie à travers la définition qu’en donne le poète:

         « Ecre c’est écrire au jaune de J ». Jaune de Juliau. Revoilà posée, en quelques mots, resserrés dans cette définition, toute «  l’énigme intime » de Juliau. Juliau/Jaune/Écrire. Qui dit Juliau dit Jaune. Jaune des blés et des genêts ou jaune du « regain sec ». Qui dit Juliau et jaune dit écrire. « Ecrire est inclus dans la couleur ». Depuis toujours. Seule la couleur a changé. Le vert des premiers Juliau a laissé la place au jaune. « Jaune organique, au même titre que le genêt » (J6, page 22). De ce mystère qui lie Nicolas Pesquès à sa colline, l’artiste à sa stèle naît l’étonnement attendri du poète qui écrit en J2 :

         « Je m’étonne de la longévité du charme qui nous lie » (11) et un peu plus loin : « Ecrire est la marque de cet étonnement ». Et qui dit jaune dit « réjouir ». Par assimilation harmonique, graphique, et en amont, par écho sensoriel.
         « jaune conjugué
         présent au chiffon
         synonyme de réjouir » (page 129)

          La question posée par et dans les précédents recueils, revient, obsédant leitmotiv qui parcourt l’œuvre de bout en bout : comment écrire Juliau ? Ou le des-écrire ! Jaune permet-il de dire Juliau ? Ou au contraire de le désenclaver du langage, de l’en séparer ? Ces questions récurrentes ramènent Juliau 6/Surjaune en filigrane sous les chiffons de J9. Comment transformer le poème en paysage et le paysage en poème ? Comment se défaire de l’écriture et de la colline, comment vivre la séparation sans que cette séparation soit vécue comme la mort ?

          Mais ici dans J9, un nouveau questionnement survient. Qui s’impose avec force :

         Faut-il, pour parvenir au cœur de Juliau amputer le verbe écrire ? Pour parvenir au cœur du mot, pour retrouver son énigme primipare, son « écre élémentaire », faut-il l’amputer d’une part de lui-même ? L’Ecre hésite, au bord du bégaiement, quasi onomatopéïque « et que ça que ça ». Il ramène le projet d’écrire J9 à une remontée vers l’écriture d’origine, une écriture « sans », capable de livrer Juliau « sans équilibre ni couleur ». C’est une fois encore tenter la dessiccation extrême, celle qui va rendre Juliau à l’intime de son énigme. « Ecre » conserve en son resserrement « des sons happés par composition de terre »
         Juliau, réduite à la seule lettre J, ramenée à la seule consonne de son initiale, qui constitue à elle seule un tout, un tout énigmatique rejoint la couleur qui est sienne.
         Dans son intimité première, dans son énigme originelle, d’avant la terre :

         « jaune préterre
          jaune avant l’article »

         « L’écre élémentaire » et la colline, images en miroir, participent d’une même autonomie, d’une même réduction à l’essentiel d’« un seul jaune peint ». Juliau contient en son « radieux carré » un « monde entier », pris « entre buis et genêts ». Et rassemble, dans cette miniaturisation de l’univers, les extrêmes — « masse d’astre »/ « toute une vie » —, concentre « le dense et le détail, avec une espèce d’énigme intime comme chose et mot exactement ». Expérience d’écriture de la précision d’où naît le vertige. Et au final, une forme de bonheur.

         « Bonheur est le nom de la plus grande distance aimée »

         C’est ce que je retiens pour le moment de ma « lecture d’écre » de J9.


    Angèle Paoli
    Privas, mars 2010
    D.R. Texte Angèle Paoli




    NICOLAS PESQUÈS


    Pesquès portrait
    Ph. © Jean-Marc de Samie




    ■ Nicolas Pesquès
    sur Terres de femmes


    Gilles Aillaud (extrait de Sans Peinture)
    après Privas. Nicolas Pesquès (I). « du geste une écriture », par Yves di Manno
    Juliau//ascension face nord (lecture d’AP sur La Face nord de Juliau deux, trois quatre cinq, six)
    21 août 1995 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau trois, quatre (extrait)
    Comment recoller ce que la langue détache (extrait de La Face nord de Juliau, cinq)
    15 mai 1886 | Mort d’Emily Dickinson (+ extrait de La Face nord de Juliau, sept)
    La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix (lecture d’AP)
    [Courir la pente] (extrait de La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix)
    Intérieur nuit (Juliau 11)
    La Face nord de Juliau, treize à seize (lecture d’AP)
    28 février | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau (onze à seize)
    21-22-23 octobre 2013 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau dix-sept, dix-huit
    La caisse claire (journal d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Nicolas Pesquès
    → (sur Poezibao)
    La Face nord de Juliau, six, de Nicolas Pesquès (lecture d’Angèle Paoli)
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une
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