Étiquette : Laurent Grisel


  • Laurent Grisel, Un inno alla pace (16 volte) ― Voce di donna




        Ci-dessous, Voix de femme in Un hymne à la paix (16 fois) de Laurent Grisel ―, dans une traduction inédite (en italien) de Beatrice Monroy. Traduction que nous a aimablement transmise Laurent Grisel.







    China_leshan-buddha
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    VOCE DI DONNA


    A ccogliamo la pace, le apriamo le braccia –
    allegri: lasciare le fabbriche d’armi,
    niente più casse di granate;uscire in pieno giorno,
    il cielo è senza aerei.

    E ‘sti ragazzi che la guerra c’ha
    resi, stranieri, mutilati tutti,
    li prendiamo tra le nostre braccia.
    Si vive con. Si rivive con.

    Andare liberamente tra le rovine,
    cercare liberamente di che nutrirsi,
    vestire, cullare – rannicchiarsi, riposarsi –
    spalancare le braccia, abbracciare,
    ricevere baci, amare,
    stringere forte.

    Si va nella pace

    per nausea del sangue versato,
    per stanchezza d’avere tanti di quei morti da sotterrare e d’essere
    ancora vive
    per desiderio di silenzio,

    per voglia di dormire –

    per risvegliarsi,
    per mettersi, a pulire il pavimento, a grattare via il sangue nero,
    per lasciare perdere le rovine e profittarne, per fare dei nuovi piani, un ponticello,
    piantare un giardino che non sarà devastato –

    per avere il tempo,
    per andare alla ricerca di coloro che restano – chi è sopravvissuto ?
    per vendicarsi, interrogare, perseguitare,
    gettarli in prigione, loro –

    per prendere tempo,
    per fare dei piani – lontani e vicini,
    per dire al bambino nato :
    tu sì avrai del tempo –

    per dire, affinché tutti dicano :
    c’è sconfitta
    generale.
    Non si festeggia d’avere vinto :
    nessuno ha vinto.
    Perduto, noi abbiamo tutto perduto, tutti hanno perduto,
    non c’è vittoria.
    Si festeggia: nessuna vittoria;
    non si festeggia d’essere stati vincitori.

    Si festeggia: tutti vinti.
    Si festeggia: alfine non ci saranno più vincitori, mai.

    Si fanno dei bambini che vivranno.




    Traduzione di Beatrice Monroy
    Traduction inédite de Beatrice Monroy
    Tutti i diritti riservati/Tous droits réservés







    GRISEL MONROY








    VOIX DE FEMME


    On accueille la paix, on lui ouvre les bras –
    allègres : quitter les usines d’armes,
    plus de caisses d’obus ; sortir en plein jour,
    le ciel est sans avions.

    Et ces gars que la guerre nous a
    rendus, étrangers, mutilés tous,
    on les prend dans nos bras.
    On fait vie avec. On refait vie avec.

    Aller librement dans les ruines,
    chercher librement de quoi nourrir,
    habiller, bercer – se blottir, se reposer –
    ouvrir grand les bras, embrasser,
    recevoir les baisers, aimer,
    serrer fort.

    On va dans la paix

    par écœurement du sang versé,
    par lassitude d’avoir tant de morts à enterrer et d’être encore vivantes,
    par désir de silence,
    par envie de dormir –

    pour se réveiller,
    pour s’y mettre, à nettoyer le plancher, à lessiver le sang noirci,
    pour faire tomber les ruines et en profiter, faire de nouveaux plans, une passerelle,
    planter un jardin qui ne sera pas dévasté –

    pour avoir le temps,
    pour partir à la recherche de ceux qui restent – qui a survécu ?
    pour se venger, enquêter, poursuivre,
    les jeter en prison, eux –

    pour prendre le temps,
    pour faire des plans – loin et proches,
    pour dire à l’enfant né :
    toi tu auras le temps –

    pour dire, pour que tous disent :
    il y a défaite
    générale.
    On ne fête pas d’avoir gagné :
    personne n’a gagné.
    Perdu, nous avons tous perdu, tout le monde a perdu,
    il n’y a pas de victoire.
    On fête : pas de victoire ;
    on ne fête pas d’avoir été vainqueurs.
    On fête : tous vaincus.
    On fête : enfin il n’y aura plus de vainqueurs, jamais.

    On fait des enfants qui vivront.



    Laurent Grisel, Un hymne à la paix (16 fois), publie.net, Collection Zone risque, 2010, pp. 8-10.






    Grisel, Hymne à la paix, 2





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Laurent Grisel, Un hymne à la paix ― Voix de femme
    le site de Beatrice Monroy
    → (sur publie.net)
    le texte intégral d’Un hymne à la paix (16 fois) (téléchargement, présentation et extraits)
    → (sur le site de Laurent Grisel)
    histoire et présentation du texte
    → (sur remue.net)
    Traversées grammaticales vers une parole et une paix en commun, une lecture d’Un hymne à la paix (16 fois) par Dominique Dussidour
    → (sur remue.net)
    54. L’hymne à la paix de Laurent Grisel, une recension de Jean-Marie Barnaud
    → (sur Poezibao)
    une lecture d’Un hymne à la paix (16 fois) par Antoine Emaz
    → (sur remue.net)
    Laurent Grisel / Changeons d’espace et de temps – suite 1, « Depuis toujours »

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  • Laurent Grisel, Un hymne à la paix ― Voix de femme



    On ne fete pas d-avoir gagn- personne n-a gagn-.
    Ph., G.AdC





    VOIX DE FEMME


    On accueille la paix, on lui ouvre les bras –
    allègres : quitter les usines d’armes,
    plus de caisses d’obus ; sortir en plein jour,
    le ciel est sans avions.

    Et ces gars que la guerre nous a
    rendus, étrangers, mutilés tous,
    on les prend dans nos bras.
    On fait vie avec. On refait vie avec.

    Aller librement dans les ruines,
    chercher librement de quoi nourrir,
    habiller, bercer – se blottir, se reposer –
    ouvrir grand les bras, embrasser,
    recevoir les baisers, aimer,
    serrer fort.

    On va dans la paix

    par écœurement du sang versé,
    par lassitude d’avoir tant de morts à enterrer et d’être encore vivantes,
    par désir de silence,
    par envie de dormir –

    pour se réveiller,
    pour s’y mettre, à nettoyer le plancher, à lessiver le sang noirci,
    pour faire tomber les ruines et en profiter, faire de nouveaux plans, une passerelle,
    planter un jardin qui ne sera pas dévasté –

    pour avoir le temps,
    pour partir à la recherche de ceux qui restent – qui a survécu ?
    pour se venger, enquêter, poursuivre,
    les jeter en prison, eux –

    pour prendre le temps,
    pour faire des plans – loin et proches,
    pour dire à l’enfant né :
    toi tu auras le temps –

    pour dire, pour que tous disent :
    il y a défaite
    générale.
    On ne fête pas d’avoir gagné :
    personne n’a gagné.
    Perdu, nous avons tous perdu, tout le monde a perdu,
    il n’y a pas de victoire.
    On fête : pas de victoire ;
    on ne fête pas d’avoir été vainqueurs.
    On fête : tous vaincus.
    On fête : enfin il n’y aura plus de vainqueurs, jamais.

    On fait des enfants qui vivront.


    Laurent Grisel, Un hymne à la paix (16 fois), publie.net, Collection Zone risque, 2010, pp. 8-10.






    Grisel, Hymne à la paix, 2





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur publie.net)
    le texte intégral d’Un hymne à la paix (16 fois) (téléchargement, présentation et extraits)
    → (sur le site de Laurent Grisel)
    histoire et présentation du texte
    → (sur remue.net)
    Traversées grammaticales vers une parole et une paix en commun, une lecture d’Un hymne à la paix (16 fois) par Dominique Dussidour
    → (sur remue.net)
    54. L’hymne à la paix de Laurent Grisel, une recension de Jean-Marie Barnaud
    → (sur Poezibao)
    une lecture d’Un hymne à la paix (16 fois) par Antoine Emaz
    → (sur remue.net)
    Laurent Grisel / Changeons d’espace et de temps – suite 1, « Depuis toujours »

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