Étiquette : Lili Frikh


  • Lili Frikh | Corps



    CORPS



    Des cernes sur les quais.
    Morphine. Cocaïne. Cortisone. Opium.
    La voix de Momo. La grâce de Modi. L’oreille coupée. Un trou inconnu entre la quatrième et la cinquième vertèbre. Un trou de survie. Tu viens pas avec. Un trou à faire. Dilatation des pupilles. Contraction des étoiles.
    Un trou à faire un trou dans les yeux.
    Une blessure sans limite.
    Un trou à faire la lumière.
    La lumière d’où ?
    Les petits bateaux qui vont sur l’eau ont plein de jambes plein de nerfs suspendus dans le Bleu.
    La peau découpée dans le rouge des frontières.
    C’est quoi le corps ?
    Des cernes sur la poupée.
    Le sexe de Dimitri. La bouche du parking.
    Des mains avec plusieurs fois la force d’étrangler.
    Des frissons à faire disparaître
    le ventre du supermarché.
    Un baiser de toi.
    La sensation de l’invisible.
    Des heures nues. Pas de visite. Plus d’essence.
    Chemin de croix minuscules dessiné par un gamin de cinq ans. Le chocolat. Le bol autour du crâne.
    Passion pour les oiseaux qui marchent.
    Présence du fond. Du fond même.
    Présence du fond même du présent.
    Présence.
    Corps.



    Lili Frikh, « EJ-913-UF », Tôle froissée, La rumeur libre éditions, Collection de poésie nouvelle série, n° 55, F-42540 Sainte-Colombe-sur-Gand, 2018, pp. 31-32.






    Lili Frikh  Tôle froissée




    LILI FRIKH


    Lili Frikh
    Lili Frikh au festival Voix vives,
    de Méditerranée en Méditerranée, Sète 2015





    ■ Lili Frikh
    sur Terres de femmes

    Le large (extrait de Carnet sans bord)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    la fiche de l’éditeur sur Tôle froissée de Lili Frikh





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  • Lili Frikh | Le large




    LE LARGE



    Il faudra que je parle d’écrire… Et que ce soit parler pas écrire… Que j’avoue… Et j’avoue… Être peu sensible aux formes de l’écrit… Être prise sans filet dans le mouvement de l’écriture. Cette différence que je sens que je fais entre les deux… Elle m’écarte… Elle me sépare… Elle me fait mal au milieu… Mais les mots sont sans abri. Ils n’ont pas de domicile fixe. Je les couche sous la couverture comme des chiens affamés. « Couchez… Allez… Couchez là… Ici… Non là… Là… Voilà… Pas bouger… »
    Mais ils ne restent pas sur le papier. Ils prennent le large
    Écrire est déployé sans forme attachée
    Écrire est une langue de grand départ
    Aucune ligne d’arrivée




    Lili Frikh, Carnet sans bord, La rumeur libre éditions, Collection de poésie nouvelle série, n° 40, 2017, page 26. Sélection Prix des Découvreurs 2019.






    Lili Frikh  Carnet sans bord




    LILI FRIKH


    Lili Frikh
    Lili Frikh au festival Voix vives,
    de Méditerranée en Méditerranée, Sète 2015





    ■ Lili Frikh
    sur Terres de femmes

    Corps (extrait de Tôle froissée)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    la fiche de l’éditeur sur Carnet sans bord de Lili Frikh





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