Étiquette : Lumière impénétrable


  • Vangelis Kassos | Les pieds de l’amertume



    Dionysios Solomos
    Διονύσιος Σολωμός (8 avril 1798 – 9 février 1857)
    Source







    THΣ ΠΙΚΡΑΣ ΤΑ ΠΟΔΑΡΙΑ



    Διονύσιε Σολωμέ τί ϰρίμα
    χτυπούν πάνω στον τάφο σου
    της πίχρας τα ποδάρια
    ξέρω πως δεν ϰοιμάσαι
    δε σε χωράει εσένα ύπνος
    έτσι που έχεις ξαπλωμένο
    το μυαλό στην άβυσσο της μοίρας
    Διονύσιε Σολωμέ η σϰέψη σου
    σε πήρε όχι ο θάνατος







    LES PIEDS DE L’AMERTUME



    Dionysios Solomos quel dommage
    les pieds de l’amertume
    foulent ta tombe
    je sais que tu ne dors pas
    le sommeil ne saurait te contenir
    avec la tête ainsi plongée
    dans l’abysse de la Moire
    c’est ta pensée qui t’a emporté
    pas la mort




    Vangelis Kassos, Αδιαπέραστο Φως/Lumière impénétrable [Ίνδικτος, Athènes, 1998], L’Oreille du Loup, 2009, pp. 78-79. Traduction du grec par Ioannis Dimitriadis.




    Note : Dans l’abysse de la Moire est une expression inspirée d’un vers de « Saffo » [« Sappho »] (poème écrit en italien) de Dionysios Solomos :
    « Che fu Musa di Lesbo. Avea la mente.
    Nell’abisso dei fati, e mai non guarda
    Ai mari, ai monti, alle campagne intorno,
    Come fosse il creato a lei straniero. »





    VANGELIS KASSOS


    Vangelis Kassos
    Source



    ■ Vangelis Kassos
    sur Terres de femmes

    Erysichton (un autre poème extrait du même recueil)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur ainigma.net)
    Cent poèmes (Εκατό ποιήματα), de Vangelis Kassos, traduits en français par Ioannis Dimitriadis (Athènes, novembre 2012)
    → (sur Wikipedia.fr)
    la notice biographique consacrée à Dionýsios Solomós
    → (sur forthnet.gr)
    les poèmes en italien de Dionýsios Solomós





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  • Vangelis Kassos | Erysichton

    «  Poésie d’un jour  »



    MARQUE PAGE ERYSICHTON
    Image, G.AdC







    EPYΣIXΘΩN



    πού єίναι το χώμα;
    πού єίναι το χάδι;
    γєύση από πέτρα
    μovάχα χύvεται
    μες στην ψυχή
    ω Δήμητρα
    εγώ πεινώ για εαυτό
    στάχυ σφοδρό σαν ξύπνημα
    και συ με ρίχνεις
    στο κορμί
    ψίχουλο που περίσσεψε
    από της γης
    το φτωχικό τραπέζι
    ακούω σύγκορμος
    τα γοερά σου αισθήματα
    σε κυρίεψε η ζωή
    σε θόλωσε ο θάνατος
    πίσω από την ύπαρξη στέκεις
    καθώς ο φοβισμένος
    πίσω από του σπιτιού του το κατώφλι
    άφησέ με να βγω
    απ’αυτήν την άπορη γεύση
    ρίξε απάνω μου αλύπητη πείνα
    να καταπιώ σα χείμαρρος
    την αυθαίρετη ξωή μου







    ERYSICHTON


    où est la terre ?
    où est la caresse ?
    seul un goût de pierre
    emplit
    mon âme
    ô Déméter
    la faim s’empare de moi
    épi rude comme un éveil
    et toi tu me jettes
    au corps
    comme une miette tombée
    de la table modeste
    du monde
    j’écoute de tout mon corps
    tes sentiments plaintifs
    la vie t’a envahie
    la mort t’a bouleversée
    tu te tiens en retrait de l’existence
    comme quelqu’un d’apeuré
    derrière le seuil de sa maison
    laisse-moi sortir
    de ce goût insoluble
    jette sur moi une faim impitoyable
    que j’engloutisse comme un torrent
    ma vie arbitraire




    Vangelis Kassos, Αδιαπέραστο Φως/Lumière impénétrable [Ίνδικτος, Athènes, 1998], L’Oreille du Loup, 2009, pp. 52-53. Traduction du grec par Ioannis Dimitriadis.




    _______________________________________
    NOTE DE L’ÉDITEUR ET DU TRADUCTEUR

    ERYSICHTON

         Selon le mythe, Erysichton était fils de Triopas, roi de Thessalie. Pour avoir abattu les arbres sacrés du bosquet de Déméter, il fut condamné par la déesse à une faim insatiable qui l’amena à dévorer son propre corps.
         la faim s’empare de moi : phrase de Nietzsche tirée de Ainsi parlait Zarathoustra.
         et toi tu me jettes / au corps / comme une miette tombée / de la table modeste / du monde : à l’origine de ces vers se trouve la phrase de saint Jean de la Croix : « Nous apprenons que tous les êtres sur terre sont des « miettes » tombées de la table divine ».





    VANGELIS KASSOS


    Vangelis Kassos
    Source



         Vangelis Kassos est né en 1956 à Karditsa (Grèce) et vit à Athènes. Figure majeure de la poésie grecque contemporaine, il a publié plusieurs livres de poèmes  : Petites Daines (Μικρές Δορκάδες), 1979 ; Voluptés nocturnes d’un immigré (Η νυχτερινή ηδυπάθεια ενός μετανάστη), 1981 ; Au pied du silence (Στα ριζά της σιωπής), 1984 ; L’expérience de la mort (Η πείρα του θανάτου), 1989 ; Lumière Impénétrable (Αδιαπέραστο φως), 1998 ; ainsi que des essais sur la poésie comme L’Étouffement du regard ou L’Interminable Fin. Il a par ailleurs traduit en grec des œuvres d’Ezra Pound et de Paul Valéry, ainsi qu’Aurélia de Nerval.



    ■ Vangelis Kassos
    sur Terres de femmes

    Les pieds de l’amertume (un autre poème extrait du même recueil)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur ainigma.net)
    Cent poèmes (Εκατό ποιήματα), de Vangelis Kassos, traduits en français par Ioannis Dimitriadis (Athènes, novembre 2012)






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