Étiquette : Madame de Campan


  • 29 décembre 1721 | Naissance de Madame de Pompadour

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 29 décembre 1721 naît à Paris Madame de Pompadour.








    Boucher, Madame de Pompadour
    François Boucher,
    Madame de Pompadour, v. 1758.
    Huile sur toile
    Édimbourg, National Gallery of Scotland.
    Source







    LA POMPADOUR


        Fille de François Poisson, écuyer de Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans, et de Louise-Madeleine de la Motte, Jeanne-Antoinette Poisson, épouse à dix-neuf ans Charles Guillaume Le Normant, seigneur d’Étioles. Après la mort de la duchesse de Châteauroux, la bourgeoise Jeanne-Antoinette Poisson Le Normant d’Étioles, nouvelle favorite de Louis XV et sa maîtresse pendant cinq ans, s’installe à Versailles. Plus qu’un événement, cette installation constitue une mini-révolution. Psychosociale et esthétique. Avec l’entrée en scène à la cour de la belle dame française, les goûts et les mœurs de la ville font irruption au palais. Reconnue comme l’une des femmes les plus spirituelles de Paris, rôdée aux salons les plus en vue de ce temps, les salons de Mme Geoffrin et de Mme De Tencin, Jeanne-Antoinette Poisson, amie de Voltaire, de Fontenelle et de Crébillon père, devient marquise en juillet 1745. Maîtresse du roi jusqu’en 1751, « la Pompadour » continue d’organiser les plaisirs royaux, d’aménager les jardins de Versailles ainsi que les nombreuses demeures et propriétés que le roi lui a fait la faveur de lui offrir. Parmi ses résidences figure l’hôtel d’Évreux (l’actuel Palais de l’Élysée). Mme de Pompadour est à l’origine de l’édification du Petit Trianon à Versailles et de l’École militaire à Paris. Généreuse, « la Pompadour » faisait bénéficier ses amis, artistes et gens de lettres, des largesses du roi. Amie des philosophes, elle protège l’Encyclopédie et réconcilie Louis XV avec Voltaire. Le père de Candide hérite, grâce à ses soins, de la charge d’historiographe (1745) ainsi que d’un siège à l’Académie française (1746). Au lendemain de sa mort, survenue en 1764 des suites d’une congestion pulmonaire, Voltaire écrit de la Pompadour : « Dans le fond de son cœur, elle était des nôtres ; elle protégeait les lettres autant qu’elle pouvait ». Madame de Pompadour lègue à son frère et à Louis XV toute sa fortune, un patrimoine savamment géré.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    ENFIN, IL EST EN MA PUISSANCE


    EXTRAIT DES MÉMOIRES DE MADAME CAMPAN




        « La nomination de Mme Le Normant d’Étioles, marquise de Pompadour, à la place de dame du palais de la reine, offensa la dignité autant que la sensibilité de cette princesse. Cependant les hommages respectueux de la marquise, l’intérêt qu’avaient des grands qui briguaient ses faveurs de la faire traiter avec indulgence par la reine, les respect de Marie Leczinska pour les volontés du roi, tout concourut à ce que la marquise fût assez bien vue par cette princesse. Le frère de Mme de Pompadour reçut du roi des lettres de haute naissance et fut nommé surintendant des bâtiments et jardins. Souvent il faisait offrir à la reine par la marquise sa sœur les fleurs, les ananas, les primeurs les plus rares venant des jardins de Trianon et de Choisy. Un jour que la marquise était entrée chez la reine, portant une grande corbeille de fleurs qu’elle tenait avec ses deux bras sans gants par signe de respect, la reine admira tout haut la beauté de la marquise et par des éloges détaillés qui auraient convenu autant à une production des arts qu’à un être animé, elle semblait vouloir justifier le goût du roi. Le teint, les yeux, les beaux bras de la favorite, tout avait été le sujet d’éloges faits avec le ton de supériorité qui les rend plus offensants que flatteurs, lorsque la reine pria la marquise de chanter dans l’attitude où elle était, désirant entendre cette voix et ce talent dont toute la cour du roi avait été charmée au spectacle des petits appartements et réunir à la fois le plaisir des oreilles à ceux des yeux. La marquise, tenant toujours son énorme corbeille, sentait parfaitement ce que cette invitation avait de désobligeant et cherchait à s’excuser sur l’invitation de chanter. La reine finit par le lui ordonner ; alors elle fit entendre sa belle voix, en choisissant le monologue d’Armide : Enfin il est en ma puissance. Toutes les dames présentes à cette scène eurent à composer leur visage en remarquant l’altération de celui de la reine. »


    Mémoires de Madame Campan, Première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mercure de France, Collection Le temps retrouvé, 1988 , pp. 476-477. Edition présentée par Jean Chalon.




    ■ Madame de Campan
    sur Terres de femmes

    15 février 1710 | Naissance de Louis XV (extrait des Mémoires de Madame Campan)


    ■ Voir/écouter ▼

    → (sur YouTube)
    le monologue d’Armide (Enfin il est en ma puissance), extrait de la tragédie lyrique Armide (LWV 71) de Lully, créée en 1686 (Armide : Stéphanie d’Oustrac ; Les Arts Florissants, direction William Christie. Chorégraphie de Jean-Claude Gallotta. Enregistré en octobre 2008 au Théâtre des Champs-Elysées, Paris) [pour un extrait plus long, cliquer ICI]
    → (sur YouTube)
    le monologue d’Armide (Enfin il est en ma puissance) de Gluck, interprété par Véronique Gens [opéra Armide, de Gluck (1777). Livret de Philippe Quinault]




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  • 15 février 1710 | Naissance de Louis XV

    Éphéméride culturelle à rebours



        Le 15 février 1710 naît à Versailles Louis XV le Bien-Aimé, roi de France (1715-1774).






    Louis_xv
    Image, G.AdC






    PORTRAIT DU ROI PAR MADAME CAMPAN


         J’avais quinze ans lorsque je fus nommée lectrice de Mesdames. Je dirai d’abord ce qu’était la cour à cette époque.
        Marie Leczinska venait de mourir ; la mort du dauphin avait précédé la sienne de trois ans ; les jésuites étaient détruits, et la piété ne se trouvait plus guère à la cour que dans l’intérieur de Mesdames ; le duc de Choiseul régnait.
        Le roi ne pensait qu’au plaisir de la chasse ; on aurait pu croire que les courtisans se permettaient une épigramme, quand on leur entendait dire sérieusement, les jours où Louis XV ne chassait pas : « Le roi ne fait rien aujourd’hui. »
        Les petits voyages étaient aussi une affaire très importante pour le roi. Le premier jour de l’an il marquait sur son almanach les jours de départ pour Compiègne, pour Fontainebleau, pour Choisy, etc. Les plus grandes affaires, les événements les plus importants ne dérangeaient jamais cette distribution du temps.
        L’étiquette existait encore à la cour avec toutes les formes qu’elle avait reçues sous Louis XIV ; il n’y manquait que la dignité ; quant à la gaieté, il n’en était plus question ; de lieu de réunion où l’on vit se déployer l’esprit et la grâce des Français, il n’en fallait point chercher à Versailles. Le foyer de l’esprit et des lumières était à Paris.
        Depuis la mort de la marquise de Pompadour, le roi n’avait pas de maîtresse en titre ; il se contentait des plaisirs que lui offrait son petit sérail du Parc-aux-Cerfs. Séparer Louis de Bourbon du roi de France, était, comme on sait, ce que le monarque trouvait de plus piquant dans sa royale existence. Ils l’ont voulu ainsi ; ils ont pensé que c’était pour le mieux. C’était sa façon de parler quand les opérations des ministres n’avaient pas de succès. Le roi aimait à traiter lui-même la honteuse partie de ses dépenses privées. Il vendit un jour à un premier commis de la guerre une maison où avait logé une de ses maîtresses ; le contrat fut passé au nom de Louis de Bourbon ; l’acquéreur porta lui-même au roi, dans son cabinet particulier, un sac contenant en or le prix de la maison. […]
        Tous les soirs à six heures, Mesdames interrompaient la lecture que je leur faisais, pour se rendre avec les princes chez Louis XV : cette visite s’appelait le débotter du roi et était accompagnée d’une sorte d’étiquette. Les princesses passaient un énorme panier qui soutenait une jupe chamarrée d’or ou de broderie ; elles attachaient autour de leur taille une longue queue et cachaient le négligé du reste de leur habillement par un grand mantelet de taffetas noir qui les enveloppait jusque sous le menton. Les chevaliers d’honneur, les dames, les pages, les écuyers, les huissiers portant de gros flambeaux les accompagnaient chez le roi. En un instant tout le palais habituellement solitaire, se trouvait en mouvement ; le roi baisait chaque princesse au front, et la visite était si courte que la lecture, interrompue par cette histoire, recommençait souvent au bout d’un quart d’heure : Mesdames rentraient chez elles, dénouaient les cordons de leur jupe et de leur queue, reprenaient leur tapisserie, et moi mon livre…


    Mémoires de Madame Campan, Première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mercure de France, Collection Le temps retrouvé, 1988, pp. 20-24. Édition présentée par Jean Chalon.





    Le_foyer_de_lesprit_et_des_lumires_
    Image, G.AdC




    ■ Madame de Campan
    sur Terres de femmes

    29 décembre 1721 | Naissance de Madame de Pompadour (extrait des Mémoires de Madame Campan)



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