Étiquette : Mariangela Gualtieri


  • Mariangela Gualtieri |
    [Per tutte le costole bastonate e rotte]

    « Poésie d’un jour »


    choisie par Marie Fabre





    Mariangela Gualtieri par Dino Ignani (1)
    Source







    [PER TUTTE LE COSTOLE BASTONATE E ROTTE]



    Per tutte le costole bastonate e rotte.
    Per ogni animale sbalzato dal suo nido
    e infranto nel suo meccanismo d’amore.
    Per tutte le seti che non furono saziate
    fino alle labbra spaccate alla caduta
    e all’abbaglio. Per i miei fratelli
    nelle tane. E le mie sorelle
    nelle reti e nelle tele e nelle
    sprigionate fiamme e nelle capanne
    e rinchiuse e martoriate. Per le bambine
    mie strappate. E le perle nel fondale
    marino. Per l’inverno che mi piace
    e l’urlo della ragazza
    quel suo tentare la fuga invano.

    Per tutto questo conoscere e amare
    eccomi. Per tutto penetrare e accogliere
    eccomi. Per ondeggiare col tutto
    e forse cadere eccomi
    che ognuno dei semi inghiottiti
    si farà in me fiore
    fino al capogiro del frutto lo giuro.

    Che qualunque dolore verrà
    puntualmente cantato, e poi anche
    quella leggerezza di certe
    ore, di certe mani delicate, tutto sarà
    guardato mirabilmente
    ascoltata ogni onda di suono, penetrato
    nelle sue venature ogni canto ogni pianto
    lo giuro adesso che tutto è
    impregnato di spazio siderale.
    Anche in questa brutta città appare chiaro
    sopra i rumorisissimi bar
    lo spettro luminoso della gioia.
    Questo lo giuro.


    Mariangela Gualtieri, Bestia di gioia, Einaudi, collana Collezione di poesia, 2010, pp. 7-8.







    [POUR TOUTES LES CÔTES MATRAQUÉES ET BRISÉES]




    Pour toutes les côtes matraquées et brisées.
    Pour chaque animal jeté de son nid
    et broyé dans son mécanisme d’amour.
    Pour toutes les soifs qui n’ont pas été étanchées
    jusqu’aux lèvres fendues jusqu’à la chute
    et à la cécité. Pour mes frères
    dans leurs tanières. Et mes sœurs
    dans les filets dans les toiles dans les
    flammes déchaînées dans les cabanes
    et enfermées et torturées. Pour mes petites filles
    arrachées. Et pour les perles dans les fonds
    marins. Pour l’hiver que j’aime
    et le hurlement de la jeune fille
    quand elle tente en vain de s’enfuir.

    Pour tout connaître de cela et l’aimer
    me voici. Pour tout pénétrer et accueillir
    me voici. Pour ondoyer avec le tout
    et peut-être tomber me voici
    Chacun des noyaux avalés
    en moi deviendra fleur
    jusqu’au tournis du fruit cela je le jure.

    Chaque douleur sera
    ponctuellement chantée, et puis aussi
    la légèreté de certaines
    heures, de certaines mains délicates, tout sera
    admirablement regardé
    écoutée chaque onde sonore, pénétré
    dans ses nervures chaque chant chaque pleur
    tout cela je le jure maintenant que tout est
    imprégné d’espace sidéral.
    Même dans la laideur de cette ville apparaît limpide
    au-dessus des bars trop bruyants
    le spectre éclatant de la joie.
    Cela je le jure.


    Traduction inédite de Marie Fabre
    D.R. Texte Marie Fabre
    pour Terres de femmes




    ______________________________________
    NOTE de MARIE FABRE : en 1983, Mariangela Gualtieri a fondé avec Cesare Ronconi à Cesena le Teatro Valdoca, dont elle est la dramaturge. Sa production théâtrale s’est enrichie dans les années 2000 d’une activité poétique, accompagnée de lectures et de performances. Son écriture est marquée par une recherche formelle qui donne toute sa place à la musicalité du vers – on y décèle notamment une influence importante d’Amelia Rosselli. Parmi ses dernières publications : les recueils Senza polvere senza peso (2006), Bestia di gioia (2010) et la pièce Caino (2011), publiés tous trois chez Einaudi.


    NOTE d’AP : ancienne élève de l’École normale supérieure (Lettres et Sciences humaines), Marie Fabre est agrégée d’italien. Après un « master 2 » à l’université de Bologne sur Italo Calvino et Elio Vittorini, elle a soutenu en décembre 2012 (sous la direction de Christophe Mileschi, à l’Université Stendhal – Grenoble 3) une thèse de doctorat sur les rapports entre utopie et littérature chez ces mêmes auteurs. Depuis 2013, Marie Fabre est maître de conférences en études italiennes à l’ENS de Lyon. Marie Fabre a aussi récemment participé à un dossier “Amelia Rosselli” pour la revue littéraire Europe (n° 996 | avril 2012) [pp. 216-223] et traduit en français l’intégralité des Variazioni Belliche d’Amelia Rosselli (Ypsilon, 2012).






    MARIANGELA GUALTIERI


    Gualtieri
    Source



    ■ Mariangela Gualtieri
    sur Terres de femmes

    Caino | Prologo
    Giorno d’aspromonte (poème extrait de Senza polvere senza peso)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Imperfetta Ellisse)
    une note de Giacomo Cerrai sur Mariangela Gualtieri, finaliste du Prix Ceppo 2011 de Pistoia (+ bio-bibliographie)
    → (sur poiein.it)
    un article (en italien) de Rossano Astremo sur la poésie de Mariangela Gualtieri (« piccolo immenso corpo poetico »)
    → (sur YouTube)
    une interview de Mariangela Gualtieri
    → (sur YouTube)
    une autre interview de Mariangela Gualtieri (dont de nombreux poèmes dits par l’auteure)





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  • Mariangela Gualtieri | Giorno d’aspromonte



    A chi chiediamo?
    Ph., G.AdC





    [GIORNO D’ASPROMONTE]



    Giorno d’aspromonte dove salgo
    caricata con un peso un peso
    che non si appoggia. Giorno
    del mio stretto di magellano nel petto
    con quel boccone che non s’inghiotte
    giorno della testa poggiata alla mano.

    Usciamo. Chiediamo che passi
    tutto lo star male. A chi chiediamo?
    Alla vigna che è tutta
    uno scoppio di foglie nuove
    al ramo dell’acacia con gli spini
    all’edera e all’erba
    sorelle imperatrici che sono
    manto disteso e potentissimo trono.

    E che cosa chiediamo?
    Una piena falcata d’amore,
    una giusta battaglia, aculei nella voce,
    narcisi e rose

    essere radiosonda
    del niente che trasforma
    il trascendente in cose.




    Mariangela Gualtieri, Ai miei maestri immensi, 2001-2002, in Senza polvere senza peso, Einaudi, collana Collezione di poesia 344, 2006, pagina 64.





    Mariangela-gualtieri-01
    Source






    [JOUR D’APREMONT]



    Jour d’apremont que je gravis
    chargée d’un poids d’un poids
    qui ne se dépose pas. Jour de mon
    détroit de magellan dans la poitrine
    avec cette bouchée qui ne descend pas
    jour du front sur la main.

    Sortons. Demandons que passe
    tout ce malaise. À qui demander ?
    À la vigne qui est toute
    explosion de feuilles nouvelles
    à la branche de l’acacia avec ses épines
    au lierre et à l’herbe
    sœurs impératrices qui sont
    le manteau étendu et le trône puissant.

    Et que demander ?
    Une pleine enjambée d’amour,
    une juste bataille, aiguilles dans la voix,
    narcisses et roses,
    être la sonde radio
    du rien qui transforme
    la transcendance en choses.




    Mariangela Gualtieri, in Po&sie n° 110, « 1975-2004 | 30 ans de poésie italienne », 2, Belin, 2005, page 338. Traduction de Martin Rueff.





    Que demander
    Ph., G.AdC






    MARIANGELA GUALTIERI


    Gualtieri
    Source



    ■ Mariangela Gualtieri
    sur Terres de femmes

    Caino | Prologo
    [Per tutte le costole bastonate e rotte] (poème extrait de Bestia di gioia)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur radio3.rai.it)
    le poème « Giorno d’aspromonte » dit par Mariangela Gualtieri
    → (sur Les Carnets d’Eucharis, le site de Nathalie Riera)
    un autre poème de Mariangela Gualtieri
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    une note de Giacomo Cerrai sur Mariangela Gualtieri, finaliste du Prix Ceppo 2011 de Pistoia (+ bio-bibliographie)
    → (sur poiein.it)
    un article (en italien) de Rossano Astremo sur la poésie de Mariangela Gualtieri (« piccolo immenso corpo poetico »)
    → (sur YouTube)
    une interview de Mariangela Gualtieri
    → (sur YouTube)
    une autre interview de Mariangela Gualtieri (dont de nombreux poèmes dits par l’auteure)





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