Étiquette : Marie-Christine Masset


  • Marie-Christine Masset | Dans la blancheur de l’horizon


    IN THE WHITENESS OF THE HORIZON




    Those who strike
    the grasses at night
    with their long sticks
    say the waters
    never sleep.

    The words they utter
    are like a trickle
    of red blood.

    Clothing their eyelids,
    they stun the rivers
    and make dreams drift
    in a broken lifeline.

    Under the flesh,
    a landscape comes alive
    in the darkness, neither double,
    nor path. Insane
    the one who then hears
    child’s laugher resonate
    and in the trembling
    of dawn writes it
    on the ground.







    DANS LA BLANCHEUR DE L’HORIZON




    Ceux qui frappent
    les herbes la nuit
    de leurs longs bâtons
    disent que les eaux
    ne dorment jamais.

    Les mots qu’ils prononcent
    ressemblent à un fil
    de sang rouge.

    En fermant les paupières,
    ils étourdissent les rivières
    et font dériver les rêves
    dans une ligne de vie brisée.

    Sous la chair,
    s’anime un paysage
    dans ombre, ni double,
    ni chemin. Fou
    celui qui entend alors résonner
    un rire d’enfant
    et dans le tremblé
    de l’aube l’écrit
    sur la terre.




    Marie-Christine Masset, L’Oiseau Rouge | The Red Bird, Oxybia Éditions, 06520 Magagnosc, 2020, pp. 152-155. Traduction d’Andrea Moorhead.






    Marie-Christine Masset  L'oiseau rouge




    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Masset





    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes


    [Le chemin ne changera rien]
    Visage natal
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Rêve




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’Agence régionale du Livre | Provence-Alpes-Côte-d’Azur)
    une fiche sur L’Oiseau Rouge | The Red Bird





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  • Kevin Gilbert, Le Versant noir

    par Joëlle Gardes

    Kevin Gilbert, Le Versant noir,
    Le Peuple est légendes et autres poèmes,

    édition bilingue, Le Castor Astral, 2017.
    Traduit de l’anglais (Australie) par Marie-Christine Masset.
    Avant-propos d’Eleanor Gilbert.
    Introduction de Kevin Gilbert.



    Lecture de Joëlle Gardes



    Le Versant noir est le titre du deuxième poème de ce beau et puissant recueil. Il donne son nom à l’ensemble, sous-titré Le Peuple est légendes et autres poèmes. C’est la voix de son peuple opprimé, celui des Aborigènes d’Australie, que Kevin Gilbert y fait entendre. Comme il l’explique dans une introduction, qui succède à l’avant-propos d’Eleanor Gilbert (l’un comme l’autre donnent des indications précieuses sur le travail du poète), « Le Versant noir peut être considéré comme un ensemble de portraits oraux d’opprimés, de patriotes, de libérateurs, criant leurs souffrances et leur détermination dans les vents du temps ». « Le versant noir, dit le poème, est le juste versant », car c’est celui de la couleur noire, la couleur de la peau de ceux dont ni les droits ni même l’existence n’ont été reconnus. En 1988, l’Australie a fêté le bicentenaire de l’établissement de la colonie et c’est à cette occasion que le recueil a été rassemblé. C’est contre les ordres du roi George qu’elle s’était établie sans qu’aucun traité n’ait été signé avec les indigènes, terra nullius, terre de personne, si bien que les Aborigènes, privés de tout, ne reconnurent jamais la colonisation. Même si une restitution partielle de leur terre eut lieu, certes tardivement, à partir de 1976, même si la fiction juridique de terra nullius a été rejetée, le mot d’ordre a longtemps été « l’Australie aux blancs », et l’on connaît la triste histoire des enfants arrachés à leur famille pour être assimilés, en quelque sorte blanchis. Une reconnaissance symbolique a eu lieu en 2008 lorsque le Premier ministre s’est excusé pour le tort commis aux Aborigènes. Kevin Gilbert (1933-1993) était mort depuis des années.

    Kevin Gilbert était membre de la nation aborigène Wiradjuri, l’un des 250 groupes qui occupaient l’Australie avant la colonisation. Sur la tragique situation de son peuple, il a écrit de nombreux ouvrages de dénonciation. The Blackside est le premier de ses ouvrages traduit en français. Il faut remercier pour cette traduction le Castor Astral et surtout la traductrice, Marie-Christine Masset.

    Dans les textes ici rassemblés défilent plusieurs personnages, réels ou symboliques, qui prennent la parole comme Oncle Paddy :

    Je suis Paddy le noir. Je cueille le raisin

    Et j’attrape les lapins

    D’un extrême à l’autre

    Du bon jus de fruits sur mes mains une semaine

    L’autre des intestins puants de lapins

    ou à qui il s’adresse comme « Hugh Ridgeway / Chrétien / Sobre / Noir / Décédé » (« Hôpital Taree »). Ou bien encore, il décrit les souffrances de tel ou tel, humble ou plus connu pour son engagement, comme « Sur la mort d’une patriote », celle de l’activiste Pearl Gibbs :

    debout en force les patriotes et les prophètes

    vont parler comme Pearl l’a fait pour

    la vie précieuse la justice le peuple

    Parfois, c’est un traître à la cause qui est invectivé ou durement critiqué :

    Regarde-le mon frère

    Regarde l’arriviste noir

    […]

    Léchant souriant mentant

    Suçant les Blancs…

    Quand les enfants pleurent

    Et meurent jours et nuits

    Cette poésie engagée, militante, aux antipodes de ce qui se pratique chez nous, donne un choc salutaire. Jamais didactique, elle est parfois élégie, éloge, diatribe, poème d’amour, discours pour les droits de l’homme, mais aussi souvent récit. Ceci nous rappelle également que la poésie n’est pas simplement méditation et qu’elle a besoin de chair.

    « Kiacatoo » décrit l’attaque d’un camp et le massacre des habitants, « Le désir de Gularwundul », la mort d’une petite fille faute de « l’eau propre / coulant directement / d’un robinet dans un bidon », qui avait pourtant été promise. Les déplorables conditions de vie ou de survie sont largement évoquées, d’autant plus intolérables quand elles ont lieu sur le terrain même des missions qui devraient lutter contre elles :

    Bien sûr la mission où je vis c’est un dépotoir

    De vieilles cabanes que les chiens reniflent

    Des bébés noirs qui meurent dans les ordures

    L’homme blanc est alors pris à partie : Homme blanc

    Reviens voir l’entaille

    Que tu as faite dans la poitrine

    De la terre en coupant la tête du Noir

    Ces poèmes pratiquement sans couleurs autres que le noir et le blanc, réalistes et symboliques, ne montrent aucun pathos mais expriment une immense colère devant le « rapt du pays / le vol et les privations ». Dans cette écriture sobre et précise, de temps à autre, une image apparaît, saisissante : « votre style / votre botte coloniale masque / votre patte fourchue. »

    Outre l’émotion que l’on ressent devant ces textes retenus mais puissants, l’intérêt naît des réalités et des légendes évoquées. Les termes aborigènes foisonnent, opportunément expliqués par les notes de la traductrice : le bora, lieu d’initiation sacrée, les instruments de musique, les kylles et le dijeridoos, le coolamon, petit ustensile qui sert à transporter l’eau…

    Le Temps-des-Rêves, Dreamtime, qui renvoie à l’âge d’or perdu, « parti y a longtemps », est plusieurs fois rappelé, par exemple dans « L’atelier de mon père », ou dans « Corroboree » : le titre du poème désigne la cérémonie permettant l’interaction des Aborigènes avec ce Temps. Le colon a détruit les légendes, comme celle du Bunyip, créature mythique dont la proie favorite est la femme, la « lubra », il a rompu le lien avec le sacré. C’est un des reproches que le poète lui adresse dans « Le Peuple est légendes » :

    Tue la légende

    Massacre-la

    Avec ton athéisme

    Ton hypocrisie fraternelle

    […]

    Pour

    Former le moule d’un homme

    À ton niveau et à ton image

    Homme blanc

    ou dans « Renversement » :

    l’avidité et la haine sont à présent la règle

    Où jadis toute vie sacrée

    était aimée

    Compassion et colère naissent de la description de la femme, la lubra, contrainte à « vendre [s]a chatte pour un dollar » (« L’autre versant de l’histoire »), afin de faire vivre ses enfants ou du Jacky, le noir qui abandonne la dignité de son peuple et qui boit pour oublier, comme l’ont fait et le font la plupart des autochtones dans les pays colonisés, à commencer par les Indiens :

    Donne-moi une petite pièce pour du pinard

    Frère

    […]

    Je ne suis pas ivre par choix, je suis un Noir

    Frère

    Si je voulais être ivre par choix

    Frère

    Et me coucher dans le caniveau

    Pas parce que je suis un homme noir,

    Mais par choix

    Alors tu aurais le droit de ricaner avec mépris.

    (« Pas choisi »)

    Mais au-delà de leur aspect circonstantiel, ce sont toutes les formes d’oppression qui sont dénoncées. Le présent quasi constant, l’absence de repères historiques précis, en dehors de quelques poèmes, soustraient le texte à un enracinement trop précis, anecdotique, et lui confèrent une valeur universelle. Et la forme est ici essentielle. Dans la simplicité des mots et des phrases, la densité, la brutalité de ces poèmes nous bouleversent, nous arrachent un moment à nos conformismes et à nos égoïsmes de nantis. La belle et fidèle traduction, au plus près de l’original, de Marie-Christine Masset permet de saisir toute la dure saveur du texte et sa portée.

    Le recueil se termine sur le poème « Arbre », mais, plus qu’un poème de clôture, il ouvre magnifiquement sur une forme d’espoir :

    Je suis l’arbre

    la terre dure affamée

    la corneille et l’aigle

    le soleil la gun et la mer

    je suis l’argile sacrée

    qui forme le sol

    les herbes les vignes et l’homme

    je suis toutes choses crées

    je suis toi

    et tu n’es rien

    mais par moi l’arbre

    tu es



    Joëlle Gardes
    D.R. Texte Joëlle Gardes
    pour Terres de femmes






    Versant-noir-325x462.jpg 2




    KEVIN GILBERT


    Kevin Gilbert
    Source




    ■ Kevin Gilbert
    sur Terres de femmes ▼

    → The Blackside (poème extrait du Versant noir)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Castor Astral)
    la fiche de l’éditeur sur Le Versant noir





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  • Kevin Gilbert | The Blackside




    THE BLACKSIDE




    It’s good to be
    the Blackside
    for we know that in this land
    the fire-hardened tree survives
    where others — yew and poplars
    the fir and mighty oak
    have never quite adapted
    to the heat and fire smoke.

    It’s good to be the Blackside
    fitting in with nature’s plan
    where she selected colour
    for this masterpiece of land
    and blended it superbly
    with smokes of loving care
    for each country has its colour
    stark and strong and naked, bare.

    It’s good to be the Blackside
    even though external change
    we tallow-wood and ironbark
    are native, that’s our point:
    imported trees are alien
    and the fairest English rose
    even after generations
    still remains an English rose.

    It’s good to be
    the Blackside
    when there’s justice on our side
    empowered by the spirit
    and a firm and humble pride
    in being on the Blackside
    with nature and her might
    the Blackside is the rightside
    for this land: the colour’s right.






    LE VERSANT NOIR




    C’est bon d’être
    le Versant noir
    parce qu’on sait que dans ce pays
    l’arbre trempé par le feu survit
    quand les autres — l’if et les peupliers
    le sapin et les puissants chênes
    ne se sont jamais vraiment adaptés
    à la chaleur au feu et à la fumée

    C’est bon d’être le Versant noir
    en harmonie avec le désir de la nature
    quand elle a choisi la couleur
    de ce chef-d’œuvre de pays
    et l’a merveilleusement mêlée
    à des traits d’amour profond
    chaque pays a sa couleur
    inflexible et forte et nue, dépouillée.

    C’est bon d’être le Versant noir
    malgré les changements venus d’ailleurs
    nous eucalyptus bois de suif et écorces de fer
    sommes d’ici, c’est notre point de vue :
    les arbres importés sont étrangers
    et la plus belle rose anglaise
    même après des générations
    restera toujours une rose anglaise.

    C’est bon d’être
    le Versant noir
    quand la justice est là pour nous
    insufflée par l’esprit
    et cette fierté forte et humble
    d’être du Versant noir
    avec la nature et sa puissance
    le Versant noir est le juste versant
    car ce pays : le droit de la couleur.



    Kevin Gilbert, Le Versant noir, Le Peuple est légendes et autres poèmes, édition bilingue, Le Castor Astral, 2017, pp. 32-33-34-35. Traduit de l’anglais (Australie) par Marie-Christine Masset. Avant-propos d’Eleanor Gilbert. Introduction de Kevin Gilbert.






    Versant-noir-325x462.jpg 2




    KEVIN GILBERT


    Kevin Gilbert
    Source




    ■ Kevin Gilbert
    sur Terres de femmes ▼

    Le Versant noir (lecture de Joëlle Gardes)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Castor Astral)
    la fiche de l’éditeur sur Le Versant noir





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  • Marie-Christine Masset | Visage natal




    Limon
    “je ferai glisser pour toi le sable
    et ses dessins-mondes”
    Source







    [VISAGE NATAL]



    Ocre pour ocre
    Fleuve pour fleuve
    je ferai glisser pour toi le sable
    et ses dessins-mondes.
    Tu entendras ce passage
    de la nuit vers le jour
    quand le visage des ancêtres
    plonge dans l’eau avec fracas
    et vole comme un poisson bariolé
    dans le ciel des rêves.
    Ce qui ne se voit pas
    t’apprendra à parler.
    Tu n’auras plus à toi
    que la langue des autres
    et ses soleils pour se mouvoir
    comme un petit serpent amoureux.
    Ocre pour ocre
    Fleuve pour fleuve,
    quand tu seras au loin,
    le limon et ton visage natal
    vivront la même histoire.



    Marie-Christine Masset, De l’autre côté du monde in revue Phœnix Cahiers littéraires internationaux, « Partage des voix », Printemps 2016 – Numéro 21, pp. 88-89.





    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Marie-Christine Masset




    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes


    [Le chemin ne changera rien]
    Dans la blancheur de l’horizon (extrait de L’Oiseau Rouge | The Red Bird)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Rêve







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  • M. Baumier et G. Garnier-Duguy, Poème Ultime Recours

    par Marie-Christine Masset

    Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy,
    Poème Ultime Recours /
    Une anthologie de la poésie francophone contemporaine des profondeurs,

    Recours au poème éditeurs, 2015.




    Lecture de Marie-Christine Masset


    Ces deux citations : Je crois que la poésie ne va au front de rien, sinon à la profondeur de tout (Juarroz) et Révolutionnaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la, vous ne la trouverez nulle part ailleurs (Makhno), en liminaire de cette anthologie, donnent la teneur de l’ouvrage. On ne saurait en éclairer la démarche : sa force est de n’en avoir aucune, ce qui ne signifie pas incohérence et éparpillement. Il s’agit ici d’un chemin, d’une brèche, d’un tracé où se croisent, se retrouvent, se rencontrent, s’entremêlent parfois de nombreux poètes (51). Quelques noms : Baudry, Boudou, Boulic, Dauphin, Dugardin, Farina, Guignard, Huot, Maison, Mathé, Raoul, Salameh, Venturini… Oui, ce livre est révolutionnaire, nulle place n’y est faite à l’autre monde, celui du mercantilisme, des idéologies, dogmes, diktats culturels, réseaux, écoles, courants. Se respire l’air vivifiant de la liberté. Il ne fait acte d’aucune complaisance et s’il devait s’agir d’un brûlot, ce serait une étoile. Les voix entrent en résonance : Ici, nous réunissons un ensemble de poètes qui ― nous semble-t-il ― présentent dans leurs écritures comme dans leurs silences, mais ici les deux mots sont presque synonymes, des axes de vie complémentaires […] C’est en ce sens que les poètes ici réunis font de notre point de vue « famille ». La poésie est du domaine de l’être, est-il écrit dans la préface. Cet être pourrait être nommé lyrisme noir, ou bien encore outrepoésie, pour reprendre l’expression de Soulages outrenoir. En effet, les voix ici présentes n’ont de cesse de pénétrer les arcanes du monde qui nous entoure. Tout est matière à poésie quand le regard parvient à saisir le noir, tout le noir, et ses mystères, c’est alors la lumière qui est dite :


    Au seuil des portes du silence

    dans le noir plus noir que le noir

    jaillit lumière d’ange

    Alain Santacreu



    Un monde une nuit un mot

    Au sombre sommet du jour

    Nous valait ce charme

    Bruno Thomas



    et le noir de l’oiseau désigné

    Judith Chavanne


    noir je neige illuminé

    Alain Raguet



    Christophe Dauphin l’écrit : Au fond de quelques hommes / il y a toi //, cet humanisme de l’intériorité (Bernard Grasset) est libéré des scories de l’égo, il s’agit d’une descente ascensionnelle au sein de l’être, et, si douleur il y a, le poète, à l’écoute du moindre signe, s’approche au plus près de la beauté et de ses manifestations, mêmes invisibles, le poème s’élève alors en chant commun.


    La page blanche

    rappelle que la neige

    trahit les terriers

    Albert Guignard



    Le mal progresse, il accepte la défait

    dans la gloire des roses trémières

    sur le soir.

    Pascal Boulanger



    Jean-Luc Maxence écrit dans Au tournant du siècle Regard critique sur la poésie contemporaine (éd. Seghers) : Globalement, la première décennie du XXIe s. marque avec force le grand retour de l’écoute de soi, cette poésie des profondeurs […] illustre avec bonheur l’expression d’un certain « refoulé ». Refoulé, encre noire où il s’agit non seulement d’aller à la connaissance de soi, mais d’extraire un sang pur qui donnera sa matière au poème et sens à la vie. Poésie d’une authentique présence au monde, cette anthologie a la force d’éclairer en chacun l’arbre suprême (Flamand). Elle ne se referme pas, c’est en cela aussi qu’elle est révolutionnaire. Tomas Tranströmer (prix Nobel 2011) écrivait : mes poèmes sont des lieux de rencontre. Ici aussi ces lieux de rencontre opèrent leurs miracles, petits et grands, dans cette poésie si justement nommée.



    Marie-Christine Masset
    D.R. Texte Marie-Christine Masset
    pour Terres de femmes







    UltimeRecours
    Source





    ■ Voir aussi ▼

    la page de l’éditeur sur Poème Ultime Recours / Une anthologie de la poésie francophone contemporaine des profondeurs





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  • Marie-Christine Masset | Rêve





    La fente des roches
    « Aspiré, le blanc du jour

    glisse dans la fente des roches,

    invisible courant du destin.
     »

    Ph. angèlepaoli








    RÊVE



    Aspiré, le blanc du jour

    glisse dans la fente des roches,

    invisible courant du destin.

    Et nous parlons en langue poème

    quand s’approche le feu,

    cet autre pays où serpentent

    des rêves bleu-ciel, des rêves rouge-sang.



    Il était une fois des hommes.
    Ils étaient clairs eau douce,
    ils étaient tristes chanson perdue.
    (Avant l’aube, ce qui s’absentait,
    cognait lourd dans le cœur,
    certains en sont morts).



    Et nous sommes dans ce pays,
    blanc de mots, blanc de paix.
    Sur notre peau,
    le souffle chaud
    d’une bête, du soleil, d’une étoile,
    dessine la fente d’une roche.
    Et s’approche le feu…




    Marie-Christine Masset
    extrait inédit de Yarraan
    pour Terres de femmes (D.R.)





    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Vignette MARIE-CHRISTINE MASSET




    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes

    [Le chemin ne changera rien]
    Visage natal





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  • Marie-Christine Masset | [Le chemin ne changera rien]


    [LE CHEMIN NE CHANGERA RIEN]




    Il faut tu le sais au ciel un l-ger gris
    « Il faut tu le sais
    au ciel un léger gris
    aux yeux une certaine crainte
    pour approcher les oiseaux au nid
    »
    Ph., G.AdC






    Le chemin ne changera rien
    Tes yeux sont prêts
    à traverser la douceur
    les marais éloignés
    les villes blanches

    Calcite bleue
    la mer te parle
    t’enchante peut-être
    N’oublie du gué
    que la menace du vent

    Il faut tu le sais
    au ciel un léger gris
    aux yeux une certaine crainte
    pour approcher les oiseaux au nid

    Dans la nuit
    à pétrifier la lumière
    s’écroulent comme des serpents morts
    les enceintes autour de tes rêves

    Au petit jour
    tu te rappelles chaque image




    Marie-Christine Masset, Et pourtant elle tourne, L’Harmattan, 2007, page 35.





    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Vignette MARIE-CHRISTINE MASSET





    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes


    Dans la blancheur de l’horizon (extrait de L’Oiseau Rouge | The Red Bird)
    Visage natal
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Rêve





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