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  • 5 janvier 2000 | Robert Marteau, Le Temps ordinaire

    Éphéméride culturelle à rebours




    Entendre par tous ceux qui ont part au soleil Et voient dans la lumière un jour engendrer l'autre
    Ph., G.AdC






    [QUE C’EST DIFFICILE À FAIRE SANS ROUGE]



    Que c’est difficile à faire sans rouge ni
    Bleu ni aucune couleur, avec seulement
    Les mots qui n’ont aucune réalité que le souffle
    Et que pas tout le monde en tel temps et en tel
    Espace est censé accueillir selon leur sens :
    Aussi qui propose un nouvel état des lieux
    Par le truchement du prisme et de l’arc-en-ciel
    Quoique muet a la part belle : il peut se faire
    Entendre par tous ceux qui ont part au soleil
    Et voient dans la lumière un jour engendrer l’autre ;
    Et vient s’épanouir près de l’iris l’arum
    Et d’autres fleurs aux tons violents qui résonnent
    Contre le vert végétal ; et là déplié, un linge
    Sur l’allusion faite au désir suspendu.



    (En regardant Matisse, mercredi 5 janvier 2000)




    Robert Marteau, Le Temps ordinaire, Éditions Champ Vallon, 2009, page 152.



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    Note d’AP : le 6 novembre dernier, à la foire du livre de Brives, Robert Marteau a reçu le Prix Mallarmé 2010 pour son recueil Le Temps ordinaire.






    « JOURNAL EN SONNETS D’UN ALCHIMISTE »


        Né en 1925 en Poitou *, naturalisé canadien après de longues années passées dans ce pays, Robert Marteau est aujourd’hui à la tête d’une oeuvre considérable, essentiellement poétique, qui comprend aussi quatre romans, des livres de critique d’art et des volumes de journal intime. Depuis Fragments de la France (éd. Champ Vallon, 1990), dont le titre souleva quelques sottes polémiques (tant il semblait alors inadmissible qu’un poète osât se dire amoureux de la France), et surtout depuis Liturgie (éd. Champ Vallon, 1992), Robert Marteau, de retour chez nous depuis 1984, poursuit un vaste « journal en sonnets » nourri de promenades, de lectures, de prières, de peinture, de musique aussi. Composés en vers de douze syllabes dont le rythme ne se plie que rarement à la césure du vieil alexandrin, ces « sonnets » sont sans rimes, de sorte qu’un puriste serait tenté de parler plutôt de strophes de quatorze vers ; mais la loi ancienne du sonnet — un jeu d’antithèses qui s’achève sur une « pointe » — est bien présente dans ces strophes puissantes (plus de 500 composées sur deux ans, toutes datées) où le sentiment païen de la nature se nourrit des mythes éternels sans renier l’héritage chrétien. Féru d’alchimie, Marteau croit à la vertu du Nombre et au pouvoir des grandes figures de l’imaginaire. Il conçoit son poème comme une liturgie quotidienne, un hommage rendu à l’infini du monde où il s’agit d’admirer, de célébrer, et de « s’exercer en chantant à mourir » (14 septembre 2000). Sa poésie nourrie de traditions symboliques dont la source remonte à l’Égypte antique demande attention, recueillement, écoute : elle ignore toute petitesse, toute mesquinerie ; elle est une belle lueur confiante dans nos ténèbres, la parole vive d’un veilleur fidèle aux valeurs de l’Esprit.


    Jean-Yves Masson, Le Magazine littéraire, janvier 2010.



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    * Note d’AP : Robert Marteau est mort le 16 mai 2011 à Paris.






    ■ Robert Marteau
    sur Terres de femmes

    16 juillet 1999 | Robert Marteau, Le Temps ordinaire



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Le Tiers Livre)
    Robert Marteau, in memoriam



    ■ Matisse
    sur Terres de femmes

    31 décembre 1869 | Naissance d’Henri Matisse
    11 juillet 1904 | Matisse à Saint-Tropez
    6 janvier 1963 | Inauguration du musée Matisse à Nice



    ■ Voir encore ▼

    → le site du
    Musée Matisse du Cateau-Cambrésis
    le site du musée Matisse de Nice






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