Étiquette : Maura Del Serra


  • Maura Del Serra, Prix international Mario Luzi 2011



         Maura Del Serra, l’une des voix les plus profondes de la poésie italienne contemporaine, s’est vu décerner le Prix International Mario Luzi 2011 (sixième édition) pour l’ensemble de son œuvre poétique, à l’occasion de la publication du recueil Tentativi di certezza. La cérémonie officielle de remise du prix a lieu à Rome ce jour, 24 juin 2011 (18.30-20.00, Palazzo della Provincia di Roma | Palazzo Valentini – Via IV Novembre, 119/a). Le recueil Tentativi di certezza (dont est extrait le poème ci-dessous) rassemble les poèmes écrits de 1999 à 2009. Le prix Alessandro Tassoni 2011 a aussi été décerné à Maura Del Serra pour ce même recueil.








    Une fleur de la m-moire
    Image, G.AdC






    Kore a Demetra, uscendo dall’Ade


    a mia madre




    Ora sei lieve.
    E mi tieni traslucida la mano dal profondo
    senza spezzarla, come quand’ero una bambina
    e tu una disperata, orfana creatura
    trafitta dall’avverso destino del tuo grembo.
    Adesso che sei fiore della memoria, io posso
    intatta riconoscerti senza angoscia e sventura :
    la catena di sangue ricongiunta
    darà limpido fuoco stellare d’altra vita.
    Per questa grazia, eternamente insieme
    in ginocchio tocchiamo la terra mattutina.




    Maura Del Serra, Dediche in Tentativi di certezza, Poesie 1999-2009, Marsilio Editori, Venezia, 2010, p. 75.







    Coré à Déméter, sortant de l’Hadès


    à ma mère




    À présent tu es légère.
    Des profondeurs tu me tiens translucide la main
    sans la briser, comme lorsque j’étais une enfant
    et toi une désespérée, créature orpheline
    meurtrie par le destin contraire de ton giron.
    Maintenant que tu es une fleur de la mémoire, je peux
    intacte te reconnaître sans angoisse ni chagrin :
    la chaîne du sang renouée
    donnera un feu clair au scintillement d’une autre vie.
    Pour cette grâce, ensemble pour l’éternité
    nous touchons à genoux la terre du matin.



    Traduction inédite d’Angèle Paoli.





    MAURA DEL SERRA

    Maura Del Serra



    ■ Maura Del Serra
    sur Terres de femmes

    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes 2011)
    olla kalà
    une traduction de « L’or des mots » d’Angèle Paoli par Maura Del Serra


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Nuovo Rinascimento)
    une note bio-bibliographique sur Maura Del Serra
    → (sur Nuovo Rinascimento)
    une anthologie de poèmes de Maura Del Serra (PDF)
    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
    une page sur Maura Del Serra





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  • Maura Del Serra | olla kalà


    Far danzare il ruscello
    Ph., G.AdC




    OLLA KALÀ



    Basta un ciottolo aguzzo a far danzare il ruscello,
    basta un sole rinato a far togliere il mantello
    che la bufera al corpo più serrava;
    basta un’anima schiava a soffocare gli dèi,
    una gioia sfrenata per incendiare i monti
    e una guerra di sogni a far esplodere i ponti:
    ma solo l’alabastro del destino
    scolpito in specchio della volontà
    suona sotto il martello del vecchio scalpellino:
    “Tutto va bene – tutto il bene è bello –
    O.K. – olla kalà


    Maura Del Serra
    Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)






    Faire danser le ruisseau
    Ph., G.AdC




    OLLA KALÀ



    Il suffit d’un caillou pointu pour faire danser le ruisseau,
    il suffit qu’un soleil renaisse pour ôter le manteau
    que la tempête plaquait au corps ;
    il suffit d’une âme esclave pour étouffer les dieux,
    d’une joie effrénée pour incendier les monts
    d’une guerre de rêves pour faire sauter les ponts :
    mais seul l’albâtre du destin
    sculpté dans le miroir de la volonté
    résonne sous le marteau du vieux tailleur de pierre :
    “Tout va bien – tout bien est beau –
    O.K. – olla kalà


    Traduction inédite d’Angèle Paoli





    MAURA DEL SERRA

    Maura Del Serra



    ■ Maura Del Serra
    sur Terres de femmes

    Maura Del Serra, Prix international Mario Luzi 2011 (+ un poème extrait de Tentativi di certezza)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes 2011)
    olla kalà
    une traduction de « L’or des mots » d’Angèle Paoli par Maura Del Serra


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Nuovo Rinascimento)
    une note bio-bibliographique sur Maura Del Serra
    → (sur Nuovo Rinascimento)
    une anthologie de poèmes de Maura Del Serra (PDF)
    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
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  • L’or des mots | L’oro delle parole



        Le poème ci-dessous est récemment paru en français dans Thαumα, Revue de philosophie et poésie (n° 5, « La joie », La Compagnie des Argonautes, février 2009, pp. 249-250-251). La traduction que je mets ici en ligne est celle effectuée le vendredi 24 avril par Maura Del Serra (professeure de littérature comparée à l’Université de Florence) au cours d’un atelier interactif de traduction, dans la Salle Bigongiari de la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia, à l’occasion d’un jumelage poétique entre la commune de Pistoia et le Scriptorium de Marseille.






    La gioia di appartenere al mondo
    Ph, G.AdC



    L’OR DES MOTS


    Bleu violine la mer
    miroir de lumière
    ou peut-être de pluie

    mirage des mots nus

    ― mousses odorantes
    émaillées de douceur ―

    enchevêtrements de routes
    diluées là-bas

    ― loin ―

    sous des cieux indécis
    nappes de brume blanche
    à perte de regard

    ― et ton regard

    épris de rêves illicites

    voilures de l’eau
    qui délestent les terres
    aplanissement des tracés
    des contours
    des crêtes et lacis

    ― et ton sourire

    plein d’un ailleurs
    indicible d’émoi

    où donc sont les oiseaux

    ― les arbres dorment repliés
    dans l’arrondi de leur silence ―

    immobilité sans frisson

    sinon celui que te donne
    la joie d’appartenir au monde
    du retrait invisible de l’âme

    il pleut au large

    lattes dansantes de soleil
    versées à grande eau
    à l’horizon des monts

    cercles de couleur

    modulés par les flots
    plus noirs plus mauves
    non plus noirs

    c’est l’orage qui lève
    aux abords du rivage
    cueille les voix
    dispersées de la vague

    mille éclats rajustés
    dans l’éclat minutieux
    d’un grain d’eau qui s’ébroue
    dans le creux de la roche

    triangle de désir

    qui bruit
    sous l’or des mots


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    L’ORO DELLE PAROLE


    Azzurro viola-porporino il mare
    specchio di luce
    o magari di pioggia

    miraggio delle parole nude

    ― muschi odoranti
    smaltati di dolcezza ―

    groviglio di strade
    diluite laggiù

    ― lontano ―

    sotto cieli indecisi
    coltri di brume bianche
    a perdita d’occhio

    ― e il tuo sguardo

    invaghita di sogni illeciti

    velature dell’acqua
    che alleggeriscono le terre

    appiattimento dei tracciati
    dei contorni
    delle creste e degli intrichi

    ― e il tuo sorriso

    colmo d’un altrove
    indicibile di emozione

    dove sono gli uccelli

    ― gli alberi chini dormono
    nel sorriso tornito silenzio ―

    immobilità senza brivido

    se non quello che ti dà
    la gioia di appartenere al mondo
    del recesso invisibile dell’anima

    al largo piove

    sciabole danzanti di sole
    rovesciate in profluvio
    sull’orizzonte dei monti

    cerchi di colore

    modulati dai flutti
    più neri più violetti
    non più neri

    è il temporale a nascere
    sugli approdi della riva
    a cogliere voci
    disperse dell’onda

    mille bagliori armonici
    nel minuzioso bagliore
    di un granello d’acqua che si crolla
    nelle cavità della roccia

    triangolo di desiderio

    che fruscia
    sotto l’oro delle parole.


    Traduction inédite de Maura Del Serra
    (gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
    Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009)





    Note d’AP : Maura Del Serra est lauréate du Prix international Mario Luzi 2011 pour son recueil de poésie Tentativi di certezza (Poesie 1999-2009), Marsilio, Venezia, 2010.





    Nuova Biblioteca San Giorgio di Pistoia
    Nuova Biblioteca San Giorgio di Pistoia.
    Architectes : Pica Ciamarra Associati
    (Massimo Pica Ciamarra, Luciana De Rosa, Claudio De Martino)
    D.R. Photos et dessin





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