Étiquette : Mi fermo un momento a guardare


  • Roberto Roversi | Mi fermo un momento a guardare

    « Poésie d’un jour »
    choisie par Thierry Gillybœuf



    Baisse le rideau de l’enfer
    Ph., G.AdC






    MI FERMO UN MOMENTO A GUARDARE



    Non correre. Fermati. E guarda.
    Guarda con un solo colpo dell’occhio
    la formica vicino alla ruota dell’auto veloce
    che trascina adagio adagio un chicco di pane
    e così cura paziente il suo inverno.
    Guarda. Fermati. Non correre.
    Tira il freno alza il pedale
    abbassa la serranda dell’inferno.
    Guarda nel campo fra il grano
    lento e bianco il fumo di un camino
    con la vecchia casa vicina al grande noce.
    Non correre veloce. Guarda ancora.
    Almeno per un momento.
    Guarda il bambino che passa tenendo la madre per mano
    il colore dei muri delle case
    le nuvole in un cielo solitario e saggio
    le ragazze che transitano in un raggio di sole
    il volto con le vene di mille anni
    di una donna o di un uomo venuti come Ulisse dal mare.
    Fermati. Per un momento. Prima di andare.
    Ascoltiamo le grida d’amore
    o le grida d’aiuto
    il tempo trascinato nella polvere del mondo
    se ti fermi e ascolti non sarai mai perduto.






    JE M’ARRÊTE UN MOMENT POUR REGARDER



    Ne cours pas. Arrête-toi. Et regarde.
    Regarde d’un seul coup d’œil
    la fourmi près de la roue de l’auto rapide
    qui tire tout doucement une miette de pain
    et prépare ainsi patiemment son hiver.
    Regarde. Arrête-toi. Ne cours pas.
    Tire le frein et lève le pied
    baisse le rideau de l’enfer.
    Regarde au milieu du champ de blé
    la fumée lente et blanche d’une cheminée
    avec la vieille maison près du grand noyer.
    Ne cours pas vite. Regarde encore.
    Ne serait-ce qu’un instant.
    Regarde l’enfant qui passe en tenant sa mère par la main
    les couleurs des murs des maisons
    les nuages dans un ciel sage et solitaire
    les filles qui passent dans un rayon de soleil
    le visage aux veines millénaires
    d’une femme ou d’un homme venu comme Ulysse de la mer.
    Arrête-toi. Juste un instant. Avant de partir.
    Écoutons les cris d’amour
    ou les appels au secours
    le temps traîné dans la poussière du monde
    si tu t’arrêtes et écoutes jamais tu ne seras perdu.



    Traduction inédite de Thierry Gillybœuf.




    _________________________________________________
    NOTE d’AP : ce poème inédit de Roberto Roversi (Bologne, 28 janvier 1923 – Bologne, 14 septembre 2012) a été spécialement écrit à l’occasion de la Giornata mondiale della lentezza 2008 (25 février 2008) [Journée internationale de la lenteur].





    ROBERTO ROVERSI

    Roberto Roversi
    Source



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur wikipedia.it)
    une notice (en italien) sur Roberto Roversi
    → (sur YouTube)
    Dammi il Tiro – Lucio Dalla su Roberto Roversi *
    → (sur le site de La Repubblica [bologna.repubblica.it])
    une interview (en italien) de Roberto Roversi (27 juin 2011)
    → (sur Dormira jamais)
    « Roberto Roversi. La vérité de la poésie », par Carlo Bordini (un article publié dans l’Unità du 16 septembre 2012, et traduit en français par Olivier Favier)
    → (sur le site de Carlo Ruggiero)
    « Roberto Roversi: la poesia è una risposta alla realtà » (interview de 2005)


    * NOTE d’AP : Roberto Roversi est le parolier de nombreuses chansons de Lucio Dalla.





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