Étiquette : Mina Loy


  • 27 décembre 1882 | Naissance de Mina Loy

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 27 décembre 1882 naît à Londres Mina Gertrude Löwry, connue sous le nom de Mina Loy.

    « Immense poète, figure irrésistible des avant-gardes italienne, française et américaine — de Marinetti à Duchamp, de Djuna Barnes à Arthur Cravan qu’elle épousera —, avant-gardes qu’elle traverse et survole de son intelligence ironique. Entre 1914 et 1919, elle déploie dans ces manifestes écrits au scalpel une pensée radicalement utopiste et subversive. » (Loy, Manifeste féministe, Éditions Nous, 2014)





    MANIFESTE FÉMINISTE
    (extrait)



    Le mouvement féministe tel qu’il est constitué à présent est
    Imparfait


    Femmes si vous souhaitez vous accomplir — vous êtes à la veille d’un soulèvement psychologique dévastateur — toutes vos illusions domestiques doivent être démasquées — les mensonges des siècles sont à congédier — Êtes-vous préparées à cet arrachement — ? Il n’y a pas de demi-mesure — NUL coup de griffe à la surface du monceau d’ordures de la tradition ne conduira à la Réforme, la seule méthode est une
    Démolition Absolue


    Cessez de placer votre confiance dans la législation économique, les croisades contre le vice & l’éducation égalitaire — vous glosez à côté de la Réalité.
    Des carrières libérales et commerciales s’ouvrent à vous —
    Est-ce là tout ce que vous voulez ?


    Et si vous désirez honnêtement atteindre votre niveau sans préjudice — soyez
    Courageuses & reniez
    d’emblée — ce pathétique boniment-cri de guerre la Femme est l’égale de l’homme

    elle ne l’est PAS ! car


    L’homme qui vit une vie où ses activités se conforment à un code social le protégeant de l’élément féminin —
    —— N’est pas masculin


    Les femmes qui s’adaptent à l’évaluation théorique de leur sexe en tant qu’impersonnalité relative, ne sont pas davantage
    Féminines.
    Renoncez à chercher dans l’homme comment découvrir ce que vous n’êtes pas — cherchez au-dedans de vous-mêmes pour découvrir ce que vous êtes dans les conditions actuelles — vous avez le choix
    entre Parasitisme,
    & Prostitution ou Négation


    Les hommes & les femmes sont ennemis, de cette inimitié de l’exploité pour le parasite, du parasite pour l’exploité — pour le moment ils sont à la merci de l’avantage que chacun tire de la dépendance sexuelle de l’autre—. Le seul point où les intérêts des sexes se fondent — est l’étreinte sexuelle.



    Mina Loy in Loy, Manifeste féministe & écrits modernistes [Jargon Society, 1982], Éditions Nous, 2014, pp. 15-16-17-18. Traduction et préface d’Olivier Apert.





    MINA LOY


    Mina Loy 2





    ■ Mina Loy
    sur Terres de femmes


    L’amour est des corps (+ notice bio-bibliographique)
    Chants d’amour pour Joannes
    Pétunia blanc




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    Arthur Cravan, poète et boxeur (Surpris par la nuit, France Culture), où l’on peut entendre un long extrait d’une lettre d’Arthur Cravan à Mina Loy





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  • Mina Loy | Chants d’amour pour Joannes



    Mina Loy
    Image, G.AdC






    LOVE SONGS TO JOANNES


    XIII


    Come to me        There is something
    I have got to tell you        and I can’t tell
    Something taking shape
    Something that has a new name
    A new dimension
    A new use
    A new illusion

    It is ambient               And it is in your eyes
    Something shiny        Something only for you
                      Something that I must not see

    It is in my ears     Something very resonant
    Something that you must not hear
    Something only for me
    Let us be very jealous
    Very suspicious
    Very conservative
    Very cruel

    Or we might make an end of the jostling of aspirations
    Disorb inviolate egos

    Where two or three are welded together
    They shall become god

    Oh that’s right
    Keep away from me     Please give me a push
    Don’t let me understand you     Don’t realise me
    Or we might tumble together
    Depersonalized
    Identical
    Into the terrific Nirvana
    Me you―you―me



    Mina Loy, Songs to Joannes, XIII, in The Lost Lunar Baedeker: Poems of Mina Loy, selected and edited by Roger L. Conover, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1996.






    CHANTS D’AMOUR POUR JOANNES


    13.


    Approche     J’ai quelque chose
    À te dire     que je ne puis dire
    Quelque chose prenant forme
    Quelque chose au nom inédit
    Une nouvelle dimension
    Une nouvelle jouissance
    Une nouvelle illusion

    Cela est ambiant               Et dans tes yeux
    Quelque chose brillant     Quelque chose pour toi seul
                                    Quelque chose que je ne dois pas voir

    Cela est dans mes oreilles     Quelque chose de l’écho
    Quelque chose que tu ne dois pas entendre
                                     Quelque chose pour moi seule

    Accordons-nous d’être vraiment jaloux
    Vraiment suspicieux
    Vraiment traditionnels
    Vraiment cruels

    Ou bien alors mettrons-nous un terme à la cohue des aspirations
    Retournerons-nous à nos egos intacts

    Si deux ou trois fusionnent
    Ils deviennent divins

    Oh tu as raison
    Reste loin de moi               Écarte-moi je t’en prie
    Ne me laisse pas te comprendre     Ne me satisfais point
    Ou bien devrons-nous nous perdre ensemble
    Dépersonnalisés
    Identiques
    Au sein du terrifiant Nirvana
    Moi toi―toi―moi




    Mina Loy, Chants d’amour pour Joannes 1915-1917 (13), in Le Baedeker lunaire, Poèmes 1, L’Atelier des Brisants, Collection Comme dirigée par Bernard Noël, 2000, pp. 54-55. Traduit et présenté par Olivier Apert.





    MINA LOY


    Mina_loy_2



    ■ Mina Loy
    sur Terres de femmes

    L’amour est des corps (+ notice bio-bibliographique)
    Pétunia blanc
    27 décembre 1882 | Naissance de Mina Loy



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site du galeriste Francis F. Naumann)
    une page Mina Loy
    → (sur Modern American Poetry)
    On Love Songs/Songs to Joannes, by Peter Quartermain
    Arthur Cravan, poète et boxeur (Surpris par la nuit, France Culture), où l’on peut entendre un long extrait d’une lettre d’Arthur Cravan à Mina Loy





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  • Mina Loy | Pétunia blanc

    «  Poésie d’un jour  »



    Petunia_blanc_2
    Ph., G.AdC






    PÉTUNIA BLANC


    Une étoile de nuage
    sur le toit
    une trompette
    mélodieuse et mauve
    une fleur ondulante
    exhale l’aurore
    de son cœur
    en couloir d’abeille.

    Un pétunia lumineux
    au rythme de la faible pulsion
    du jour torride
    éclaire souplement
    la peinture blanche
    de la terrasse,

    le grand jet de grès
    précipité
    des villes.




    Mina Loy, La Rose métisse, L’Atelier des Brisants, 40000, Mont-de-Marsan, 2005, page 145. Traduit de l’anglais par Olivier Apert.






    NOTICE BIOGRAPHIQUE


        Mina Gertrude Lowy, dite Mina Loy, est née le 27 décembre 1882 à Londres, où elle passe ses premières années entrecoupées d’études artistiques à Munich. Elle vient à Paris en 1903, se marie (avec Stephen Haweis dont elle aura deux enfants : Joella, en 1907, Giles en 1908), peint, rencontre Apollinaire, Picasso, Gertrude Stein. De 1906 à 1916, elle vit et expose à Florence où elle fréquente les futuristes, puis se rend à Greenwich Village (New York) où elle fait notamment connaissance de Marcel Duchamp, Man Ray et Djuna Barnes, et se prend de passion pour le poète-boxeur proto-dadaïste Arthur Cravan qu’elle épouse au Mexique, et dont elle aura une fille, Fabienne Benedict Lloyd (Mina Loy prendra Arthur Cravan pour modèle de son roman, Insel ou portrait de l’artiste en tête de mort, publication posthume). Arthur Cravan ayant énigmatiquement disparu dans le Golfe du Mexique en 1918, elle part à sa recherche pendant cinq ans. En vain.
        De 1923 à 1930, elle vit et écrit à Paris, grâce au soutien financier de Peggy Guggenheim. De 1931 à 1936, toujours à Paris, elle travaille pour son gendre Julien Levy (dont la galerie new-yorkaise avait été inaugurée en novembre 1931 au 602 Madison Avenue) et devient l’agent artistique de plusieurs artistes : Braque, Chirico, Ernst, Giacometti, entre autres. Ce sont ensuite, de 1936 à 1953, à New York, des années de silence, de marginalité et d’écriture. Elle finit par se retirer à Aspen dans le Colorado où elle meurt le 25 septembre 1966.





    MINA LOY


    Mina_loy_2



    ■ Mina Loy
    sur Terres de femmes

    L’amour est des corps
    Chants d’amour pour Joannes
    27 décembre 1882 | Naissance de Mina Loy
    → (dans la Galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Mina Loy



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site du galeriste Francis F. Naumann)
    une page Mina Loy
    Arthur Cravan, poète et boxeur (Surpris par la nuit, France Culture), où l’on peut entendre un long extrait d’une lettre d’Arthur Cravan à Mina Loy





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