Étiquette : N° 41


  • Maud Thiria | Sous les fauteuils, 1


    SOUS LES FAUTEUILS, 1.



    Tu passes
    encore
    dans ta mémoire
    le long des allées
    — des allées et venues —
    bordées de détails
    petits restes
    de sensations qui te touchent encore
    au fond
    pierres roulées
    sentiers foulés
    tes petites terres
    désolées
    qui brillent encore
    dans le noir
    brindilles de feu
    où réchauffer ta peau vieillie sur le fauteuil
    en velours brun
    où tu rêves encore
    des allées
    bordant le jardin
    — des allées et venues —
    et du ravin quoi vous sépare
    derrière des couches
    en transparence
    tes souvenirs plastifiés qui remontent
    au bord
    du fauteuil jauni par le temps.



    Maud Thiria, Sous les fauteuils, revue Contre-allées, Revue de poésie contemporaine, N° 41, printemps 2020, pp. 28-29.





    Contre-allées 41 2



    MAUD THIRIA


    Maud Thiria
    Source




    ■ Maud Thiria
    sur Terres de femmes


    Blockhaus (lecture d’AP)
    [tu te demandes si] (extrait de Blockhaus)
    Brindilles (extraits)
    [chercher à prendre corps] (extrait de Mesure au vide)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site personnel de Maud Thiria)
    une notice bio-bibliographique sur Maud Thiria
    → (sur Terre à ciel)
    Maud Thiria Vinçon : poésie et traces
    le site de la revue Contre-Allées
    → (sur le site Les Découvreurs)
    une lecture du N° 41 de la revue Contre-Allées, par Georges Guillain





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  • 21 novembre 1870 | Jacques Brémond, Lettre perdue

    Éphéméride culturelle à rebours



    21 novembre 1870



    Très mince très fine missive expédiée de Paris vers Londres par la voie des airs… En pleine guerre franco-prussienne. En 1870. De Paris assiégé par les armées teutoniques. Lettre mince fine légère de cinq ou sept grammes sur une seule page de papier pelure. Obligatoire vu le moyen d’acheminement imposé par les événements, Avant l’aviation ! Avant la poste aérienne ! Paris assiégé et les montgolfières devinrent postales pour quelques milliers de lettres. L’astuce des hommes ! La compagnie des Aérostiers de Nadar et ses amis se chargèrent à merveille de cette mission. Presque tous les ballons accompagnés ou non arrivèrent à passer par-dessus les lignes ennemies et à se poser en un quelconque coin de France. Parfois un peu plus loin, en Belgique, en Finlande. Les missives alors distribuées naturellement par la Poste. Quelques-uns de ces ballons furent attaqués et descendus par les armées allemandes, d’autres se perdirent en mer. Comme celui qui transporta la lettre d’Adèle, la mère, à Claude, la fille, expédiée de Paris le 24 novembre 1870, bureau de poste Place de la Madeleine, adressée à Mademoiselle Claude, chez une amie, Madame Goupil résidant alors au Royaume-Uni. Arrivée le 12 décembre de la même année après un séjour dans les eaux glacées de la Mer du Nord, aérostat dénommé Ville d’Orléans. Tous baptisés pour marquer l’intégrité du territoire sous les bombes assaillantes. Du séjour en eaux noires et nordiques, peu de traces, simplement la disparition du timbre-poste dans le coin supérieur droit. L’employé parisien avait pourtant bien apposé le cachet de port payé PD en rouge, petit cadre rectangulaire. La lettre n’est taxée qu’à son arrivée en terre anglaise. L’administration sans doute avertie agit avec une mansuétude bien rare à cette époque. Malgré les aléas de ce transport houleux et périlleux, la Demoiselle Claude obtient des bonnes nouvelles de sa famille restée en France occupée. Ses parents lui écrivirent tous les jours par le même moyen aérien. Ils sont bien à plaindre, ils attendent « le grand coup qui les délivrera » lui écrit sa « vieille petite mère Adèle » qui lui recommande d’être « tranquille et bien raisonnable » et lui dit le bien-être de ses oncle et tante… etc… etc. Léger babillage même en temps de guerre ! Il faut bien passer le temps quand on est prisonnier des prussiens ! Petite bourgeoisie qui sait lire et écrire, qui poste son courrier vers la fille protégée mise à l’abri à Londres, peut-être…



    Jacques Brémond, Lettres perdues, Courriers accidentés, Rougier V. éd., Collection Plis urgents, n° 41, complément de la revue ficelle, 2016, pp. 7-8-9.






    Jacques Brémond, Lettres perdues





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Vincent Rougier)
    la fiche de l’éditeur sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur le site de la revue Traversées)
    une note de lecture de Xavier Bordes sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur lelitteraire.com)
    une note de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret sur Lettres perdues de Jacques Brémond





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