Étiquette : n° 6


  • Edoardo Sanguineti, Laborintus II



    Edoardo Sanguineti  Laborintus II
    Source







    LABORINTUS II
    (estratto)




    proprium opus humani generis totaliter accepti
    est actuare semper totam potentiam intellectus possibilis:
    per prius ad speculandum
    et secundario propter hoc ad operandum
    per suam extensionem
    et quia quemadmodum est in parte sic est in toto
    et in homine particulari contingit
    quod sedendo et quiescendo
    prudentia et sapientia
    ipse perficitur
    patet quod genus humanum
    in quiete sive tranquillitate pacis
    ad proprium suum opus
    quod fere divinum est
    iuxta illud «minuisti eum paulo minus ab angelis»
    liberrime atque facillime se habet
    unde manifestum est quod pax universalis
    est optimum eorum que ad nostram beatitudinem ordinantur
    hinc est quod pastoribus de sursum sonuit
    non divitiae non voluptates non honores non longitudo vitae non sanitas non robur non pulchritudo
    sed pax






    LABORINTUS II
    (extrait)




    l’œuvre propre du genre humain pris dans son ensemble
    est de transformer sans cesse en acte toute la puissance possible de l’intellect :
    en premier lieu pour spéculer
    et en deuxième lieu opérer en conséquence
    pour son extension
    et puisqu’il en va ainsi du tout comme de ses parties
    et qu’il advient à l’homme particulier
    qui sait s’asseoir et se reposer
    de s’accomplir lui-même
    par prudence et sagesse
    il est clair que le genre humain
    dans le repos c’est-à-dire tranquillité de la paix
    trouve très librement et facilement
    à se donner à son œuvre propre
    laquelle est presque divine
    selon la parole « à peine le fis-tu moindre que les anges »
    d’où il est évident que la paix universelle
    est la meilleure des choses ordonnées pour notre béatitude
    d’où vient que des hauteurs retentit aux bergers
    non pas richesse ni voluptés ni honneurs ni longueur de vie ni santé ni force ni beauté
    mais paix



    Edoardo Sanguineti, Laborintus II, Revue littéraire L’Ours Blanc, n° 6, éditions Héros-Limite, 1205 Genève, mars 2015, pp. 14-15. Traduction française de Vincent Barras.




    _____________

    NOTE DU TRADUCTEUR (extrait) : le poème Laborintus II est constitué d’un montage complexe de passages tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Étymologies d’Isidore de Séville, de la Vita Nova, du Banquet, du traité De la Monarchie et de l’Enfer de Dante, de commentaires médiévaux sur la Divine Comédie de Benvenuto da Imola et de Pietro Alighieri, fils de Dante, des Cantos d’Ezra Pound, des Four Quartets de Thomas S. Eliot, mêlant ces fragments composés en des langues diverses à des extraits de ses propres recueils Laborintus (1954) et Purgatorio de l’Inferno (1963) ainsi qu’à des parties originales.

    Loin d’être un simple collage de citations, un banal syncrétisme, ce poème impose le principe d’un décalage et d’une confrontation généralisée : entre les différentes langues utilisées, entre l’emploi du latin, langue « morte » et « liturgique », et celui des langues vivantes, entre la langue de Dante et l’italien contemporain, entre les blocs sémantiques juxtaposés avec leurs inflexions contradictoires, entre les niveaux phonétique et typographique. En résulte une écriture âpre et tendue, instrument organisateur du discours poétique à l’énergie éruptive et chaotique, une écriture servie, qui plus est, par la disposition typographique rigoureuse, entendue comme une prosodie spatiale.






    Ours blanc 2




    EDOARDO SANGUINETI


    EDOARDO SANGUINETI
    Image, G.AdC




    ■ Edoardo Sanguineti
    sur Terres de femmes


    Ballade des femmes
    Corollaire (lecture de Marie Fabre)
    [ma come siamo, poi, noi ?] (extrait de Corollaire)
    je t’explore, ma chair
    Wirrwarr
    18 mai 2010 | Mort d’Edoardo Sanguineti




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site de Jacques Demierre)
    Edoardo Sanguineti | Luciano Berio, Laborintus II (interview de Vincent Barras & Jacques Demierre + concert du mardi 15 janvier 2013 par Vincent Barras & Jacques Demierre, Ensemble Contrechamps, Ensemble Séquence)
    → (sur le site Luciano Berio)
    Laborintus II (note de Luciano Berio)
    → (sur YouTube)
    Edoardo Sanguineti | Luciano Berio, Laborintus II (concert du 30 septembre 2009 à la Cité de la Musique)
    une bio-bibliographie d’Edoardo Sanguineti sur le site du cipM (centre international de poésie Marseille)
    → (sur YouTube) une interview d’Edoardo Sanguineti (Source : Feltrinelli editore)





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  • Jean Métellus | Voix du passé



    Couleur prune ou importune
    Source






    VOIX DU PASSÉ



    Plus ne me suffit ma voix
    Ni dans le rêve
    Ni dans la vie
    D’autres voix s’imposent
    D’autres paroles marronnes sonnent
    Sonnent pour affirmer l’éternité
    Où tremble la solitude


    Couleur prune ou importune
    Dans la nuit
    Sur des lettres décolorées
    Sur des mots nus et des sons éclatés
    Aux liquides rares et discrètes
    Sur un tambour sans prétention
    Aux allures militaires
    Traitant les notes allègrement
    S’en va la voix, s’efface le crayon
    Ne reste plus que l’imprononçable
    Voix témoin de l’aventure d’un peuple
    D’une pensée prune ou importune
    D’une pensée fantôme
    D’une pensée d’homme




    Jean Métellus in « Dossier Jean Métellus », revue Phœnix, cahiers littéraires internationaux, juin 2012 ― n° 6, page 16.





    NOTE d’AP : la deuxième livraison des cahiers littéraires internationaux Phœnix (juin 2012 – n° 6) s’articule autour d’un dossier consacré à Jean Métellus. L’élaboration de ce dossier a été confiée à Jeanine Baude : celui-ci comprend notamment une introduction à la poétique de Jean Métellus : « Braises de la mémoire » et un entretien avec Jean Métellus (outre des articles de Claude Mouchard, de Ginette Adamson, de Patrizia Oppici, de Joëlle Gardes et d’Haun Sassy, et une « Lettre à Jean Métellus » de Bruno Doucey).





    JEAN MÉTELLUS


    Jean Métellus
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Jean Métellus
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Jean Métellus





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  • Corse_3 Inlassables…

    Le clocher -gr-ne ses heures. vagues de chaleur le silence soudain . drosse le maquis
    Ph., G.AdC






    INLASSABLES…



    Le chant crépite dans sa gorgée
    friselis de froissement d’ailes
    ferveur fébrile sous les feuilles
    la vie fugitive doigts feutrés


    inlassables les mélodies
    comment mettre sous syllabes
    en couleurs en notes en mots
    les sons échappent dérobent leur sens
    aux sentiments inépuisables
    pépites d’or


    les oiseaux et la tour
    le cliquetis d’armes dans les meneaux
    quatre notes sous silence
    quatre notes sans portée
    la même intensité insoluble
    du désir bruissant d’herbes folles


    le clocher égrène ses heures
    chant de l’été frondaisons douces
    l’immobilité du soleil
    dans le chemin des branches
    le mâle est-ce lui qui lance ses trilles
    à la croisée
    nul ne répond
    si ce n’est un chien isolé dans son aire
    vagues de chaleur le silence soudain
    drosse le maquis


    l’oiseau solitaire se tait
    la tour oscille sous le ciel
    pavois mouvant âge figé
    dans les gemmes moussues
    un milan plane
    glanant des signes indicibles
    les hauts tourbillons de cercles nus
    un papillon danse blanc dans les cistes
    corolles dépliées tendres frissons


    les lansquenets de l’amiral
    ferraillent en toi
    Doria mystérieux épris
    d’éclairs de sang de feu
    tu dessines les chants d’ici


    les lamenti émaillés
    de graminées


    de pleurs
    de miel




    Angèle Paoli, in Thαumα, Revue de philosophie et poésie, n° 6, « Oiseaux », La Compagnie des Argonautes, 1er trimestre 2010, pp. 46-47.




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