Étiquette : Nantes


  • Jean-Claude Pinson,

    par Angèle Paoli

    Jean-Claude Pinson, Là (L.-A., Loire-Atlantique)
    Variations autobiographiques et départementales,
    suivi de Frères oiseaux,
    éditions joca seria, Nantes, 2018.



    Lecture d’Angèle Paoli




    Écrire à la suite ou en marge des Variations autobiographiques et départementales de Jean-Claude Pinson est, me semble-t-il, une entreprise bien ambitieuse. Et risquée. Néanmoins, à la densité de cet ouvrage (qui ne comporte pourtant que vingt entrées + une) vient s’adjoindre un plaisir sans cesse renouvelé par la surprise que de page en page suscite la lecture ; et le désir de se couler entre les lignes d’une prose éblouissante est le plus fort. À la longueur du sous-titre, lequel donne de l’ouvrage une orientation de lecture à double entrée, s’oppose la brièveté adverbiale du titre LÀ, dont la graphie majuscule et en blanc sur la première de couverture attire d’emblée le regard et le fixe, durablement. Une échelle à deux lettres s’imprime sur un fond de carte à tramé jaune orangé, enjambe l’espace, guide le déchiffrement explorateur. Entre les deux jambes du À (de ) se détache le nom de la ville de Nantes (en noir, localisé par une puce carrée rouge). Tout autour de la grande ville s’amoncellent d’autres toponymes (de corps typographiques variables) qui entraînent tantôt vers l’intérieur des terres ‒ Vendée, Saint-Colomban, Nozay (plus au Nord), Châteaubr(iant), tronqué et presque en dehors de la carte ; ou au contraire vers le bleu de l’océan. Où s’ancre le tropisme Sud de l’écrivain. Saint-Nazaire, Saint-Brévin-les-Pins, Saint-Michel-Chef-Chef, Pornic s’échelonnent sur la côte. Avec, comme pour départager la Loire-Atlantique de la Bretagne, le cours de la Loire qui, depuis l’estuaire, rejoint Nantes. Autant de noms qui me sont depuis longtemps familiers, qui confirment que le « là » du titre est bien une promesse de lecture « départementale », telle qu’annoncée par l’auteur. Pour ce qui est de l’« autobiographique », il suffit de lire l’incipit de l’ouvrage pour se convaincre de l’importance de cette dimension particulière. Originaire par sa famille de cette région où il est né, une région qu’il n’a que très peu quittée, et provisoirement — « ce ne furent que trajets limicoles, au bord de l’eau toujours, tantôt douce tantôt salée » —, Jean-Claude Pinson vit aujourd’hui au lieu-dit Le Cormier-L.-A. Loire Atlantique, d’où il écrit. De ce lieu « là » et d’aucun autre.

    « Là. — Là que j’ai vu le jour. Que je cesserai, probablement, de le voir. Là que. Rien que là. Pas là-bas. Là tout court — c’est-à-dire ici. Où je suis, habite, écris. »

    Ici où il a « grandi, étudié, milité, déchanté, marché, pédalé, roulé,
    ramé (dans tous les sens du terme)… »

    Conscient qu’il explore sans cesse les moyens de rendre compte par l’écriture de la « géographie pathétique » de sa région, Jean-Claude Pinson — qui se définit comme « un pur produit de L.-A. », mais « nantais évasivement » — s’interroge :

    « Comment ai-je pour ma part habité la Loire-Atlantique ? Ne l’ai-je pas trop habitée pour qu’y soit préservée cette part de rêve dont parle Gracq ? Ou plutôt ne l’ai-je pas trop peu habitée, interposant, l’âge adulte venu, entre les lieux et moi, de puissants filtres idéologiques et livresques, qui longtemps ont agi comme autant de philtres de désamour (ou du moins d’indifférence) à leur égard ? »

    Quelques pages en amont, dans le premier chapitre intitulé « L.-A, mode d’emploi », Jean-Claude Pinson expose définitions et objectifs, méthodologie qui sous-tendent réflexion et écriture. Notamment dans le sous-chapitre « Autoportrait au département ».

    « Une autobiographie qu’on pourrait dire également à double foyer, en ce que la considération du département fournit au propos autobio son principal contrepoint. C’est toujours in situ que j’ai voulu parler de ma vie, et c’est toujours in visu (sous l’angle d’inclinaison de mon existence) que j’évoque les lieux où j’ai vécu ‒ Parce qu’il est toujours bon de se situer, de dire d’où l’on parle, et parce que les lieux en question m’ont durablement marqué de leur empreinte, quand bien même j’ai voulu leur imposer des lunettes déformantes et m’en abstraire à grand renfort de théories et fantasmes (de théories virant vite au fantasme).

    […]

    Un tel titre (« Autoportrait au département ») a cependant l’avantage de souligner que le sujet n’est pas seul et célibataire, mais solidaire d’un contexte et d’un monde, celui qu’apporte avec lui l’objet. C’est ce contexte que j’ai voulu évoquer ; c’est la corrélation d’un je subjectif et du objectif (“objectal”) où il se trouvait vivre qui m’importait : L.-A. comme un alter ego et soi-même comme un département. »

    Jean-Claude Pinson matérialise par un triangle géographique son territoire : Nantes/Saint-Nazaire // Saint-Nazaire/ Tharon-Plage // Tharon-Plage/ Nantes, définissant chacun de ces pôles en leur attribuant une dimension socio-culturelle et philosophique spécifique. Saint-Nazaire correspondant, selon lui, à la « ville de l’Idée (de l’Idée intransigeante et prolétarienne, rétive à tout arrondissement des angles), tandis que Nantes est la ville de la Culture et du “poétariat” (substitué au prolétariat). Tharon-Plage la sablonneuse, de son côté, bercée par le refrain des marées chantant l’éternel retour de la Nature d’avant et d’après l’homme, propose le trompe-l’œil d’un locus amoenus (d’un lieu amène et idyllique) où finir paisiblement sa vie. »

    Chaque chapitre, vingt au total plus Un ‒ « Frères oiseaux » ‒ se subdivise en sous-chapitres introduits par un titre en italiques. Unité et diversité, c’est dans cette matrice que se trament et se forment les « variations ». C’est à l’intérieur de ce binôme fort que se noue et se dénoue la pensée de Jean-Claude Pinson ; laquelle digresse avec rigueur et de manière entraînante, s’enrichit au cours de la réflexion de tableaux inattendus où se mêlent souvenirs d’enfance et de jeunesse ‒ ainsi du chapitre plein d’humour consacré à ses grands-parents paternels, « Vie de Suzanne et de Louis », histoire d’une mésalliance, zizanies dans le couple, portrait de l’un et de l’autre, elle, la belle, qui aspire à monter à Paris, lui, « simple paysan vendéen », « maraichin noiraud » que Jean-Claude Pinson assimile, à grands renforts d’imaginaire, à « un surréaliste inconnu et sans manifeste » ‒, lectures et voyages intérieurs, errances sur les bords de Loire ou balades à pied le long de la côte.

    Formé à la philosophie, armé d’une solide pensée politique ainsi que d’une solide culture générale, Jean-Claude Pinson, amateur depuis sa jeunesse de Free Jazz, déploie une traversée du siècle, sans cesse revisitée à l’aune du territoire départemental. Bouleversements et révolutions sont circonscrits en un lieu unique (ou quasi) que l’écrivain érudit, ex-maoïste militant (version « marxiste-léniniste ») et héritier d’une famille anticléricale et anti-vendéenne, connaît comme sa poche et affectionne depuis son plus jeune âge, en dépit des nombreux conflits et antagonismes auxquels le jeune homme puis l’adulte et enfin l’écrivain à dû se frotter. Ainsi l’écriture et les analyses qui composent cet « essai » d’un genre singulier entraînent-ils le lecteur dans une subtile tension spatio-temporelle en même temps que toutes les considérations reconduisent sans cesse vers la région de la Loire-Atlantique originelle. Analyses nourries et conduites à partir de la fréquentation assidue de poètes ou d’auteurs choisis qui président à l’exploration. « Au plus près, avec beaucoup d’ailleurs aussi », comme l’écrit Jean-Claude Pinson dans la dédicace qu’il m’a adressée. Et si l’on s’arrête un instant sur l’extrait de Description d’Olonne de Jean-Christophe Bailly, cité en exergue du même chapitre premier, le lecteur attentif est séduit par les mots qui mettent en évidence la correspondance entre les démarches similaires des deux écrivains, celle de Jean-Claude Pinson et celle de Jean-Christophe Bailly :

    « En procédant par approches successives, il me semblait que je pouvais du moins trouver un équilibre entre le caractère nécessairement autobiographique d’un livre de souvenirs et les motifs plus neutres ou aériens d’une sorte de monographie. »

    Ainsi croise-t-on en chemin, à quelques pages d’intervalle, Mallarmé et Jean-Christophe Bailly ; Romain Gary et Jules Vallès, Arthur Rimbaud et Michel Chaillou ; Julien Gracq et Pascal Quignard. Pour ne citer que quelques noms. Ou encore celui de Luis Mizón. À la demande du poète chilien, Jean-Claude Pinson se lance dans une improvisation sur Hölderlin. C’était à Saint-Nazaire, dans les années 1980, lors d’une rencontre au MEET (Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire), qui venait de voir le jour. Quel rapport entre Hölderlin et Saint-Nazaire ? se demande Jean-Claude Pinson. Le fleuve, bien sûr. La belle Garonne pour le poète allemand ‒ Andenken. La Loire pour Jean-Claude Pinson. Dans le même chapitre ‒ « Au bord de l’eau » ‒, l’écrivain évoque alternativement les promenades en compagnie de sa grand-mère paternelle (passage qu’il conclut en confiant : « Je n’avais pas conscience que l’échappée vers le fleuve était aussi une façon pour l’aïeule de fuir les remous qui agitaient un couple grand-parental lui très désenchanté ») ; la pêche aux anguilles, lamproies et murènes, pratiquée sur « la plate » en compagnie de son grand-père et de ses frères. La réflexion prend plus loin un tour philosophique dans Métaphysiques estuariennes :

    « Panta rei, tout coule, tel est l’adage qui condense la philosophie du devenir d’Héraclite. Ou encore, tout passe, tout change, rien ne demeure. On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. Tout être, toute chose, est voué à la disparition, à la mort. Le temps n’est pas réversible, on ne reviendra pas en arrière, on ne renaîtra pas. »

    Pour ce qui est de Hölderlin, la fascination qu’exerce le fleuve sur le poète allemand est « affaire poétique […] S’en aller vers l’Est, comme le Danube, c’est pour lui s’en aller vers les Scythes et l’Orient, vers l’Originaire (un supposé Originaire majuscule), tandis qu’à Bordeaux, où il passe quelques mois en 1802, il voit s’ouvrir à lui, césure décisive, toute l’aventure du Nouveau Monde, à l’Ouest. »

    Pour Jean-Claude Pinson, comme pour Jean-Claude Bailly, « les fleuves induisaient dans les paysages une sorte de pensée, ayant le temps pour domaine, tout le temps… » (in Description d’Olonne).

    On le voit dans cet exemple, le champ culturel de Jean-Claude Pinson est un champ largement ouvert. Rien ici dans la pensée qui se réclame peu ou prou du repliement régionaliste et identitaire. Si le terreau familial de Jean-Claude Pinson est celui de la terre et du monde ouvrier, « l’arrière-pays mental » de l’écrivain est tout autre. En témoigne le chapitre de clôture de l’ouvrage, un « Hymne à la joie au lieu-dit Le Cormier », inspiré par la relecture des Petites œuvres morales de Giacomo Leopardi. Cette « prose de caractère réflexif, philosophique »… « pleine de fraîcheur et d’élan » est une invitation à poursuivre le « motif » que le poète de Recanati fait lever dans la pensée de Jean-Claude Pinson. Motif à plusieurs dessins : Lire/ écrire ; « paysage intérieur et paysage extérieur/ joie des oiseaux » / « vie universelle »… Installé dans son hamac tendu à ciel ouvert entre deux pins, l’auteur se laisse bercer par sa lecture, laquelle va déboucher sur l’écriture de ce chapitre. Sa rêverie, nourrie par la rumeur du vent dans les branches et par le chant des oiseaux (par le rire des mouettes aussi), plonge l’auteur dans un demi-sommeil qui le guide dans une méditation joyeuse sur « les oiseaux, nos semblables, nos frères ». Non point méditation franciscaine béate cependant, car « l’Éloge des oiseaux » de J.-C. Pinson, tout comme celui de Leopardi, sans se départir de l’enthousiasme propre au genre qu’ils ont choisi, ne perd pas de vue celui du maître dont il épouse la pensée ; et s’il y a une vision anthropomorphique chez l’un comme chez l’autre, « Frères oiseaux » n’en demeure pas moins une réflexion sur la place de l’homme dans l’univers, son anthropocentrisme dans la Création étant relégué à la périphérie au profit de l’oiseau. Une réflexion métaphysique propre à redessiner « les contours d’une existence à contre-courant d’un dolorisme chrétien dont Leopardi a voulu desserrer la trop puissante emprise. » Réflexion que Jean-Claude Pinson, anticlérical et athée, n’a pas eu de mal à épouser.

    Quant à moi, lectrice passionnée de ce livre, moi qui ne suis ni ne me prétends pourtant ni philologue ni philosophe ni métaphysicienne, j’ai aimé m’adonner au plaisir de ce texte, tout en m’étant livrée à l’exercice difficile de tenter d’en approcher la plus « substantifique moelle », mais me disant surtout que cet ouvrage, comme quelques rares autres livres de même tenue, demeurera désormais l’un de mes livres de référence dans les rayonnages de ma bibliothèque.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Jean-Claude Pinson  Là





    JEAN-CLAUDE PINSON


    Jean-Claude Pinson
    Source





    ■ Jean-Claude Pinson
    sur Terres de femmes


    [Bucoliques feuillées] (extrait de )
    Gagarine de la marine (extrait d’Alphabet cyrillique)
    Pastoral (lecture d’AP)
    Poéthique (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    le site officiel de Jean-Claude Pinson





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  • Amina Saïd | [si long fut l’exil du jour]



    [SI LONG FUT L’EXIL DU JOUR]




    Si long fut l’exil du jour
    qu’il se confond désormais avec la nuit

    désarroi des saisons empilées
    comme des vertèbres

    le temps des rumeurs est revenu
    temps des refus des peurs des agressions
    des haines entretenues

    les fils dévorent les mères
    les enfants ne comptent plus leurs doigts
    les oiseaux quittent les corps

    sur les trottoirs pavés d’yeux
    et de mauvais présages
    les femmes sont lapidées
    avec les pierres de leurs seins

    dans les terrains vagues du présent
    brûlent l’herbe de la colère
    et les rêves avortés

    nous ne savons plus
    où est notre nord notre sud

    nous entrons dans le silence du cri




    Amina Saïd, Chronique des matins hantés, Éditions du Petit Véhicule, Collection « La galerie de l’or du temps », Nantes, 2017, page 66. Peintures Ahmed Ben Dhiab.






    Amina Saïd  Chronique des matins hantés




    AMINA SAÏD


    Amina Saïd
    Ph. Michel Durigneux
    Source





    ■ Amina Saïd
    sur Terres de femmes


    alors au pied d’un arbre (extrait de Tombeau pour sept frères)
    amour notre parole (extrait de De décembre à la mer)
    [de ce côté-ci du monde ou de l’autre](extrait de Clairvoyante dans la ville des aveugles)
    Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil)
    [écrire] (extrait de Dernier visage avant le noir)
    enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde)
    Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé)
    l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique]
    Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Amina Saïd (+ deux poèmes d’Amina Saïd)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions du Petit Véhicule)
    la fiche de l’éditeur sur Chronique des matins hantés






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  • Amina Saïd | [de ce côté-ci du monde ou de l’autre]



    Je perçois dans les mots ombre et lumière
    Ph., G.AdC








    [DE CE CÔTÉ-CI DU MONDE ET DE L’AUTRE]





    de ce côté-ci du monde ou de l’autre
    je vois l’inconcevable réalité je vois l’invisible

    sans que n’en soit troublé l’ordre naturel
    des choses je suis entre deux mondes
    je n’ai plus ni temps ni lieu ni nom

    que le souffle m’habite
    et le paysage en moi fait signes

    je vois ce que de moi-même je ne verrais pas
    j’entends ce que de moi-même je n’entendrais pas

    je perçois dans les mots ombre et lumière
    et chacun exprime davantage que ce qu’il signifie

    ombre et lumière passé présent et avenir

    étrangère à tous seule quand donc suis-je
    au plus près d’être moi-même ?



    Amina Saïd, Clairvoyante dans la ville des aveugles, Dix-sept poèmes pour Cassandre, cahier d’arts et de littératures Chiendents, n°93, Éditions du Petit Véhicule, Nantes, septembre 2015, page 13.






    Chiendents 93




    AMINA SAÏD


    Amina Saïd
    Ph. Michel Durigneux
    Source





    ■ Amina Saïd
    sur Terres de femmes


    alors au pied d’un arbre (extrait de Tombeau pour sept frères)
    amour notre parole (extrait de De décembre à la mer)
    Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil)
    [écrire] (extrait de Dernier visage avant le noir)
    enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde)
    Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé)
    l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique]
    Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP)
    [si long fut l’exil du jour](extrait de Chronique des matins hantés)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Amina Saïd







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  • Chambre d’enfant gris tristesse

    par Marie-Hélène Prouteau

    Chroniques de femmes – EDITO/SOMMAIRE



    Chronique de Marie-Hélène Prouteau



    Olga Boldyreff
    Olga Boldyreff, Les Jouets à Moscou, 2013.






    CHAMBRE D’ENFANT GRIS TRISTESSE



    Cette nuit, je repense à un tableau d’Olga Boldyreff, Les Jouets à Moscou (2013), que j’ai vu aujourd’hui dans l’exposition de l’artiste à Nantes, « Promenade dans le monde étrange de Dostoïevski ». Il représente les jouets personnels de l’écrivain. Ce tableau, quel choc ! La mélancolie à l’affût chez l’enfant Dostoïevski m’a sauté au visage. Comme si la main du peintre l’avait saisie par les ongles sur sa palette pour la coller sur ce mur.

    Le mystère de cette chambre d’enfant vide m’a frappée. Il y a seulement trois jouets, posés bien droits, dans la même direction, presque perdus dans l’espace nu de la pièce. Un petit soldat de bois, une minuscule statuette, un cheval à roulettes vers lequel converge le regard. Peints en aplats et hiératiques comme chez les peintres primitifs ou dans l’art de l’icône. Les jouets semblent vainement attendre. En voyant la chaise tronquée dans l’angle, je n’ai pu m’empêcher de chercher un visage, un signe, maternel ou amical de compagnon de jeux. Mais non, c’est une chambre avec figures absentes : Olga Boldyreff a peint un abîme de solitude. La luminosité est douce, pourtant, couleur de ciel d’hiver. Au premier plan, une tache claire m’a intriguée, des pages manuscrites, peu ordinaires en un tel lieu.

    J’ai tout de suite été saisie par ce gris qui domine tout le tableau. Un gris majuscule, à couper le souffle. Comme si les couleurs avaient fui, celles d’une pivoine, pourquoi pas, d’un citron ou d’une écharpe de soleil. Une tonalité grise unique, claire ou foncée, avec des dégradés gris beige, gris bleu, gris violet, qui sont autant de tremblements presque irréels. Gris de brouillards, de nuages, de neige entassée le long des trottoirs de Moscou où naît Dostoïevski. Gris poussière des vêtements élimés des pauvres. Les humiliés, les offensés, de l’hôpital Marinskaïa où réside la famille et que le jeune Fiodor, en cachette de son père, aime observer à travers les grilles du parc.

    C’est une chambre sans fouillis d’enfant. Sans jolies billes d’agate, crayons à coloriage, bout de bois ou belle pierre, ces petits riens qu’on entasse à cet âge, pour sa fabrique de rêves. Ici toute distraction, tout contact avec le monde extérieur est sévèrement interdit par le père. J’ai eu l’impression d’une éclipse de vie. Les fous rires, le chant qui montent de l’enfance manquent affreusement. Très tôt, celui qui vit là, en vase clos, privé d’amis, s’est muré dans le silence et la solitude. L’enfance a été la part manquante.

    L’habitant délicat de cette chambre a plus affaire avec l’invisible qu’avec les jeux de son âge. On devine que cette petite âme est captive de tourments et d’élans inquiets qui ne laissent place pour rien d’autre. Je l’imagine, yeux gris de brumes. Celles de Saint-Pétersbourg où il arrive à quinze ans. J’ai l’impression que ce gris vaporeux, Olga Boldyreff l’a capté et déposé sur les choses de cette chambre. Comme si, grâce à ce halo, elle voulait mettre à distance ce trop-plein d’émotions de l’enfant. Chez elle, le gris n’est plus matière, il est silence ouaté, voile de songe.

    Ces jouets solitaires, elle parvient à en rendre la disgrâce désolée. Ces objets disent autre chose qu’eux-mêmes, c’est l’enfance et la joie confisquées qu’ils jettent à nos yeux écarquillés. Le père, médecin, sujet à de brusques accès d’abattement, tyrannique, ne supporte ni les jeux d’enfants ni même le bruit d’une mouche pendant sa sieste. Défendu de bouger, de le déranger sous peine de cris et de réprimandes. La mère très aimée, la toute douce, est épuisée par les grossesses et la tuberculose. Ce matériau étonnant, l’enfance empêchée, Olga Boldyreff l’a fixé sur la toile. Ça prend à la gorge, comme le cri d’Ivan Karamazov : « Mais les enfants ? Les enfants ? Comment justifier leur souffrance ? […] ce garçon de huit ans n’a pas eu le temps de grandir ». Je pense soudain à d’autres enfants. En Syrie aujourd’hui, dans les villes bombardées.

    Comment traverser un tel désert ? Je n’ai pas entendu l’enfant chantonner. Il doit regarder la neige tomber sans bruit. Des heures entières. Ou bien il lit. Tant d’émotivité chez lui, et, par moments, ces absences. Certaines nuits, il chavire dans les terreurs. Oh ! Cette impression de mourir qui revient à chaque crise d’angoisse.

    Quelque chose sera-t-il sauvé de cette douleur première ? Il faut bien grandir. Quels chemins ? Dieu ? La statuette, une petite madone dirait-on, le suggère. Mais, toujours cette fatigue du doute chez lui, Dieu est autant une question qu’une réponse. Il y a la révolte qui peut mener au bagne en Sibérie. Il y a l’écriture où Dostoïevski tentera d’exorciser le noir qui brûle son cerveau. Ou bien les deux.

    L’enfance n’est plus depuis longtemps. C’est une autre enfance qui est en jeu ici, celle de la création du grand romancier. En voyant ces feuillets épars, au premier plan, je songe à un manuscrit de roman. Une forêt de papier où la vie vivante, malgré tout, résiste et verrouille la douleur. Par magie s’éveille sous mes yeux ce qui dort dans ces pages. La chambre s’emplit soudain de présences de la nuit. Je crois apercevoir des personnages en vêtements de brume. À côté de Sonia, la petite prostituée, Raskolnikov, hagard, gémit dans sa marche de somnambule. Non loin, passe le ténébreux Stavroguine, en proie à ses démons, et qui traîne son ennui de vivre.

    C’est dans la solitude glacée de la chambre que ce monde a commencé à naître, plein de mille déchirements fébriles qui hanteront les pauvres fous sortis plus tard de l’imagination de l’écrivain. Raconter des histoires à la hauteur des catastrophes qu’il aura vécues. Maria Fiodorovna, sa mère, meurt très tôt dans sa vie, son père aussi, probablement assassiné par des serfs en colère. Lui, subira un simulacre d’exécution, puis le bagne et la « maison des morts ». Écrire pour confier cette douleur à ses doubles infernaux.

    En débusquant l’âme de cette chambre, le peintre fait planer en creux l’ombre de Dostoïevski et de ses personnages. On reste saisi par l’effet d’un tel concentré de souffrance, comme si l’on assistait à un drame dans la rue sans rien pouvoir y faire. La force du tableau d’Olga Boldyreff est là : il nous met aux prises avec l’envers secret d’une blessure, ces pages où des mots verront le jour.



    Marie-Hélène Prouteau
    Texte inédit
    D.R. Marie-Hélène Prouteau
    pour Terres de femmes








    OLGA BOLDYREFF


    Olga Boldyreff, avril 2004
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    le blog personnel d’Olga Boldyreff
    En voyage/entre-deux : Formes d’expression de la pensée nomade dans l’œuvre de Boldireva/Olga/Boldyreff, par Edith Doove [PDF]






    MARIE-HÉLÈNE PROUTEAU


    Marie-helene-prouteau
    Source




    ■ Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes

    Le cœur est une place forte (lecture d’AP)
    L’Enfant des vagues (lecture d’AP)
    Nostalgie blanche. Livre d’artiste avec Michel Remaud
    [Monde des limbes pris dans les houles] (extrait de La Vibration du monde)
    La Ville aux maisons qui penchent (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Marie-Hélène Prouteau




    ■ Autres chroniques et lectures (25) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Yves Elléouët, Dans un pays de lointaine mémoire
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Cécile Guivarch, mots et mémoire en double
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres

    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
    Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul Dakeyo
    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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  • Josyane De Jesus-Bergey | [Plaies de la terre]



    [PLAIES DE LA TERRE]



    Plaies de la terre
    Dirais-tu
    Qui parle d’arbres
    Où vont nos racines
    Tout se mélange

    L’ombre et le sable
    Dans une poursuite
    Mémoire du sol

    Et ce nous qui s’accroche
    Dans ces saisons de feu.



    Josyane De Jesus-Bergey, poème inédit extrait de Rien d’autre (ouvrage en construction, 2014), in Un jour comme les autres, Chiendents, Cahier d’arts et de littératures, n° 62, Éditions du Petit Véhicule, Nantes, décembre 2014, page 23.






    Chiendents





    JOSYANE DE JESUS-BERGEY


    Josyane de Jesus Bergey



    ■ Josyane De Jesus-Bergey
    sur Terres de femmes

    Les Amulettes
    [Encore un peu] (extrait de La Déconstruction du vide)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    On ne parle plus du loup



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la revue Texture)
    une note de lecture de Michel Baglin sur Un jour comme les autres
    → (dans Lucarnes)
    de nombreux poèmes de Josyane De Jesus-Bergey
    → (dans Wikipedia) un article sur Josyane De Jesus-Bergey
    → (sur le site du Printemps des poètes)
    la fiche de la Poéthèque consacrée à Josyane De Jesus-Bergey






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  • La croisière immobile

    par Marie-Hélène Prouteau

    Chroniques de femmes – EDITO/SOMMAIRE



    Chronique de Marie-Hélène Prouteau



    Nantes, La Tour de Bretagne
    Source





    LA CROISIÈRE IMMOBILE [#NANTES]




    C’est un de ces moments qui font une trouée dans le quotidien. Quelle impulsion soudaine m’a entraînée au 32e étage de la Tour de Bretagne ? En haut, la passerelle circulaire donne une vue de 360 degrés sur Nantes. Il vente comme au sommet d’un phare. J’aime cette brusque élévation où je reçois la ville dans la paume des mains, tout étant à portée dans ces souffles d’altitude. Point de longue-vue grossissante. Il y a seulement le ciel immense, le vent. Dans ces promesses d’élans marins, la ville semble s’immerger pour une croisière immobile. À cent vingt mètres de haut, le changement d’échelle comprime d’un coup l’espace et le temps. Le port est aussi proche que le stade de la Beaujoire. J’éprouve un choc, il y a dans ces dimensions bouleversées un va-et-vient qui décentre et brouille ma perception familière. Je ne sais plus où sont le proche, le lointain, l’ancien, le nouveau. Sortilège de cette rêverie d’envol, je vois défiler les images, les Anneaux de Buren, la statue de Louis XVI, les tramways, la Cité radieuse du Corbusier, le monument dédié aux Cinquante otages, la Tour L.U. Je laisse aller mon attention flottante.

    Dans l’éloignement, des illusions d’optique se jouent, des escaliers ne mènent nulle part, des façades sont au bord du vide comme dans un dessin d’Escher. Bizarrement, le Château des Ducs de Bretagne est posé tout près du nouveau Palais de Justice. Il suffit d’un saut de puce pour traverser trois siècles, les Machines de l’Île côtoient la vieille prison dont la vue d’en haut fait ressortir la découpe panoptique. Comme si le Nantes qui m’est familier avait effacé ses repères habituels et m’offrait ceux d’une ville insolite de Delvaux. Les angles, les volumes s’écrasent, l’Hôpital a la taille d’une boîte d’allumettes. Je comprends la géométrie entre les vivants et les morts : il y a des lignes brisées qui vont tout droit et enjambent les fractures du temps. Un étrange cadastre s’établit sous mes yeux qui pratiquent le télescopage. Je perçois dans l’air de mystérieux appels, comme une injonction à prêter l’oreille. Au musée des Beaux-Arts, le Joueur de vielle de Georges de La Tour chante pour l’éternité la mélopée de la vie vulnérable des gens à la rue, au temps du Grand Siècle ou des agences de notation, qui sait.

    À la hauteur où je me trouve, la ville métamorphosée est à la taille de la petite géante et de ses compagnons inventés par Royal de Luxe, la troupe de théâtre de rue. Je vois maintenant la petite géante courir sur les quais avec un rire qui ouvre la porte de nos rêves. J’aperçois de minuscules points, les habitants. Des lilliputiens dont les princes sont ces géants mus par de savantes machineries. Quelle est l’échelle des vraies valeurs, des vraies grandeurs ? semblent-ils dire. Pris dans la poussière du temps, les drames, les déconfitures sont légères esquilles. Entre ciel et terre, Nantes respire à bonne hauteur, elle a vocation de patience. Son pas est lent, la ville fait la part des choses, indifférente aux emblèmes éphémères dont s’entiche la postmodernité. Elle a son temps à elle : celui de ses cathédrales, l’une de pierres où les anges font entendre leur petite musique incertaine, et l’autre, ruche laborieuse, emplie de limaille de fer et de savoirs ouvriers. Je crois entendre des voix venues de loin. Est-ce Feodor Atkine qui joue Othello dans l’« Atelier AP3 » ? C’est peu après la fin de la Navale. Des métallos ont accueilli la troupe de La Chamaille dirigée par Hervé Tougeron qui va donner une autre vie à ce lieu appelé la Fabrique des sourds où l’on martelait les tôles de la dure nécessité. C’est quelque chose d’inespéré ces voix de comédiens. Le chant de la vie sublimée.

    Tout est ambivalent et Nantes le sait mieux que n’importe quelle cité. Le souffle de l’océan dilate ses rues. La mer s’y laisse seulement deviner, comme une amante distante. L’amour de loin, celui qui fait rêver les coureurs d’aventures. À petits bruits, la marée pénètre deux fois par jour dans la ville. Elle diffuse un précipité d’effluves bizarres qui brouille l’esprit des gens et, signe d’insolente jeunesse de la ville, est le ferment d’une inventivité en ébullition. Telle celle de ce jeune médecin qui va en hâte à la clinique ophtalmique qu’il vient d’ouvrir : « Aux plus déshérités, le plus d’amour », dit-il. Ce n’est pas la devise du Samu social mais celle d’Ange Guépin, ce médecin nantais, célèbre philanthrope du XIXe s.

    Vers le port, un instant, j’ai cru sentir un tremblement de ciel. D’une des hautes fenêtres de la rue Kervégan me parvient un colloque ordinaire. Le riche armateur se penche vers le prélat de la paroisse : « Vous en convenez, mon père, ce Code Noir est une bonne chose. Soyez tranquille pour le toit de l’église ». C’est si banal, la traite. Mille ondes de douleur flottent des cales qui ont chargé au loin leur fret d’hommes au corps d’ébène. Quels visages leur donner ? Dans les trous noirs de la raison, les morts anonymes n’en ont pas, ceux qui montent de la fosse du passé, comme ceux qui agonisent sans papiers, dans les soutes des avions d’aujourd’hui. Qui sait si cette part d’ombre de Nantes n’a pas fait pleurer les statues du Jardin des Plantes ?

    Maintenant, je m’absorbe dans la féerie des toits où les gris battent la chamade. La livrée terne du tuffeau souillé et du ciment, dégradés sans poésie, invite à chercher les couleurs de la vie au-delà des méridiens. Ici, les couleurs se méritent, rapportées des confins avec les arbres aux fleurs inconnues. J’aperçois la fresque Le Toucan, rue Fanny Peccot, où explosent l’indigo et le rose indien. Il y a du Henry Thoreau chez Alain Thomas, le peintre ami des fleurs et des espèces menacées. Mais son Walden est un jardin des Tropiques aux couleurs exubérantes. C’est ainsi, dans cette ville qu’on dit grise, un oiseau de paradis aux fruits vermeils fait la vie plus belle.

    Ici et là, Nantes déjoue les tempêtes et pose des jalons qui rallument les étoiles. Il me semble entrevoir, au musée des Beaux-Arts, la petite chandelle du Songe de saint Joseph de Georges de La Tour et son clair-obscur qui fait palpiter l’espoir.

    Et puis il y a la voix du philosophe Paul Ricœur, au Temple protestant, qui lit un extrait de l’Édit de Nantes pour le 400e anniversaire de l’événement. J’accompagne mes étudiants. Si la mémoire est nécessaire, nous dit cette parole généreuse, les hommes ont aussi besoin de l’oubli, sinon ils demeurent enfermés dans les barbelés de la haine. Message bien peu accordé à notre époque.

    Au bout de mon extase paysagère, la ville me donne l’impression de prendre la tangente, corps de songe superbement immatériel. Ancrée au sol mais parée pour tous les départs, elle ne cesse de prendre le large. Indifférente à nos balbutiements, Nantes poursuit son chemin à sa hauteur. Par temps clair, on voit la mer.



    Marie-Hélène Prouteau, « La croisière immobile », in revue Place Publique n° 40, Dossier « Nantes et Saint-Nazaire, les villes vues d’en haut », juillet-août 2013.






    Place publique #40





    MARIE-HÉLÈNE PROUTEAU


    Marie-helene-prouteau
    Source




    ■ Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes

    Le cœur est une place forte (lecture d’AP)
    L’Enfant des vagues (lecture d’AP)
    Nostalgie blanche. Livre d’artiste avec Michel Remaud
    Voir Pont-Aven (extrait de Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible)
    [Monde des limbes pris dans les houles] (extrait de La Vibration du monde)
    La Ville aux maisons qui penchent (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Marie-Hélène Prouteau




    ■ Autres chroniques et lectures (25) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Chambre d’enfant gris tristesse
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
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    Cécile Guivarch, mots et mémoire en double
    Denis Heudré, sèmes semés
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    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
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    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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