Étiquette : Nathalie Riera


  • Nathalie Riera | [Trame blondoyante la prairie des mots]



    [TRAME BLONDOYANTE LA PRAIRIE DES MOTS]




    Trame blondoyante la prairie des mots après l’érosion. Toujours avec le poème faire bain de langue. La ciselure de ce que nous écrivons. Jusqu’à la transparence. La musique de ce que nous écrivons est le bois noir d’une basse de viole. Le bruissage d’un drap. Nous souvenir que c’est août, l’ectasie des syllabes jusqu’à l’étoilement venue la nuit. Nous redire Turin à partir du même canevas.

    L’œil photographique pour rendre grâce. Le corps même de ce que je suis, un détroit d’ombre et de lumière sur la chair franchie, affranchie jusqu’au secret d’une pierre de lune. Ne meurent pas les images, j’entends d’elles encore leur musique, des éclats dedans nos yeux.

    La violette ou la rose ou l’iris se rappeler l’amour un long poème sa terre de bruyère ou corne en forme de lyre ou cachemire son tissu de lumière ou serge de laine ou treillis de mille petites fleurs la Violette ou la Rose ou l’Iris des finesses inattendues.

    L’œil photographique pour rendre grâce. Tous ces visages : de Cardinale à Loren à Antonelli à Vitti à Mangano. Giorno & notte, sempre amore. Nous ne connaîtrons de Turin que la Mole Antonelliana qui s’érige comme un bétyle.

    18/04/2016




    Nathalie Riera, Instantanés des géographies de l’amour… [2014-2016], II, L’Atelier Les Carnets d’Eucharis, Collection « Au pas du Lavoir », 2020, page 18.





    Nathalie Riera  Instantanés




    NATHALIE  RIERA



    Nathalie Riera Gudu
    Image, G.AdC





    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    Là où fleurs où flèches (extrait de GPU 6 | ground power unit)
    Variations d’herbes (note de lecture d’AP)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)




    ■ Voir aussi ▼


    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)






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  • Nathalie Riera | [elle a pleuré imploré la main absente]



    39


    [ELLE A PLEURÉ IMPLORÉ LA MAIN ABSENTE]




    Elle a pleuré imploré la main absente : c’est étrange de penser que l’amour n’offre pas tout et ainsi préfère-t-elle alors l’amour dans sa fermeté de garder son origine un amour jamais destitué de sa propre éclosion toujours prêt à demeurer dans son apparition première parce qu’il ne peut souffrir de rien toujours sauvé toujours à surgir comme quelque chose qui a gardé sa propre liberté une eau qui nourrit l’arbre


    alors elle écrit que c’est dans cette indemne liberté qu’elle veut mourir à aucun autre endroit grandir d’une page à l’autre les feuilles vertes de l’amour mourir à cet endroit de ce qu’elle a gardé et qui vit encore


    c’est ce que l’on ne garde plus qui meurt comme tout ce que l’on ne regarde plus




    Nathalie Riera, Paysages d’été, Éditions Lanskine, 2013, page 67.






    Paysages d'été





    NATHALIE  RIERA



    Nathalie Riera Gudu
    Image, G.AdC





    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    Variations d’herbes (note de lecture d’AP)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    Là où fleurs où flèches
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Les Carnets d’Eucharis, le site de Nathalie Riera)
    une lecture de Paysages d’été par Richard Skryzak
    → (sur Recours au poème)
    une lecture de Paysages d’été par Marie-Hélène Prouteau





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  • Nathalie Riera, Variations d’herbes [lecture]

    Nathalie Riera, Variations d’herbes
    Les éditions du Petit Pois, Collection Prime Abord,
    Béziers, 2012.



    Lecture d’Angèle Paoli


    Maillol MOMA  the River
    Ph., G.AdC (juillet 2010)






    AU BOIS SACRÉ DE SON CORPS




          Dans les pliures ivoire des cahiers volants de Variations d’herbes se déploie un chant d’amour. Amour de la vie et de la nature, plaisir de l’éros, glissent à travers les poèmes-vagues de ce petit opus, séparés par des stries ondulées qui pourraient évoquer « les crinières de blé », ou le mouvement du vent dans le chignon défait de la belle, Bois sacré de son corps.


    Dès l’ouverture de Variations d’herbes, la beauté rapide des chevaux engage la poésie de Nathalie Riera dans une course à vivre en harmonie avec une nature libre, dégagée d’entraves vaines. On pourrait croire à une traversée parfaite des chevaux dans le paysage, à la fusion idéale du cheval avec son amazone, si la femme n’était une amante de feu que le moindre geste, le moindre effleurement des doigts et des langues lance sans faux-fuyant ni atermoiement dans l’ardente effusion de l’amour :


    lui dit : est lisse l’air de ta peau, hiéroglyphes tes lèvres où je m’attarde.


    Et elle :

    presque une danse           

    que nul n’oublie
    je viens du feu
    tiré du travail de mains jamais lasses


    Et eux deux, dans la symbiose des corps aimants :


    « (nos corps, je me relève, tu te redresses)


    tout apaisement est fruit, le bon est notre demeure (viens !
    donne-moi, tu aimes ça, portée par ce qui te plaît) »


    Liés à cette triade, les « mots à venir » ― dont la lenteur à poindre exaspère parfois la poète friande ― lance sur les voies du poème celle qui n’a pas « d’histoire à raconter ». Étonnante composition de textes brefs, Variations d’herbes joue sur l’alternance des caractères en italique et en romain, joue des interlignages, mais aussi des parenthèses et des esperluettes, ensemble d’une écriture « botanique » portée par « l’amande la menthe » et toujours, dans un angle [in angulo], survient « la liesse des chevaux liés au monde ».


    Les titres des poèmes, aux caractères sans empattement ― avec ou sans sous-titres, numérotés ou non ― sont à eux seuls variations ou louvoiements énigmatiques de phonèmes, de couleurs – noire ou grisée [alta voce ou voci grige a cappella] ―, d’options typographiques (avec ou sans capitale à l’initiale du mot-titre). À quel souci particulier de géométrie répondent ces dissemblances ? Rien de tangible qui permette de lever le mystère. Dès lors, se laisser porter par les variations polyphoniques de la partition, annoncées dès la vignette grise et verte encollée sur l’aplat violine d’une couverture à double rabat. Se laisser porter par cette lenteur fluide des mots, là où la poète les voudrait « guêpes galops et vent », se couler avec elle dans l’espérance qui vit dans « une poignée de terre », traverser « le livre des eaux » dans la présence discrète et bienveillante du vert, « poésie parmi les lampes et les plantes ».


    Toute la beauté du monde est au cœur des poèmes ― contrepoint de rythmes et d’images ―, comme elle l’est aussi dans les choix esthétiques de ce très élégant petit recueil. La beauté tient au corps de celle qui aime à faire palpiter la beauté au cœur de sa vie et des mots. Puisque beauté il y a.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Nathalie Riera, Variations d'herbes





    NATHALIE  RIERA



    Nathalie Riera Gudu
    Image, G.AdC





    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    Là où fleurs où flèches (extrait de GPU 6 | ground power unit)
    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)




    ■ Voir aussi ▼


    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)
    → (sur le site des Éditions du Petit Pois)
    une notice bio-bibliographique sur Nathalie Riera
    → (sur La Pierre et le Sel)
    une chronique de Sabine Péglion sur Variations d’herbes





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  • Nathalie Riera | in angulo



    Dans une confusion d’esprit  vers l’automne dans l’ombre hors de l’enclos
    Diptyque photographique, G.AdC






    in angulo



    en replis les mélodies
    liesse des chevaux liés au monde
    remonte
    après la mort
    après la faim


    l’amande la menthe


    où s’élève et retombe
    la poussière des terres du sud
    dans une confusion d’esprit
    vers l’automne
    dans l’ombre hors de l’enclos


    ce que j’entends vient des lèvres sans mot
    robe de couleurs au fond de la grange


    _______________________


    je n’ai pas d’histoire à raconter
    mes flèches ne sont pas d’un bois léger




    Nathalie Riera, Variations d’herbes, Les Éditions du Petit Pois, Collection Prime Abord, Béziers, 2012, page 10.







    Variations d'herbes





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    Nathalie Riera Gudu
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    ■ Nathalie Riera
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    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    Là où fleurs où flèches (extrait de GPU 6 | ground power unit)
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    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)
    → (sur le site des Éditions du Petit Pois)
    une notice bio-bibliographique sur Nathalie Riera





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  • Nathalie Riera | [dévêtue la main]


    Feeling is first







    [DÉVÊTUE LA MAIN]


    VIII


    dévêtue la main
    peindre le cœur peindre ce qui fait silence

    dans le bruissement des buissons brouhahas des couleurs
    & large est l’éclat largo è lo scoppio & dans le gris
    la Beauté se brûle au venin

    et je peins avec mon silence sans paix sans remède

    tableaux du monde qui me fait trembler
    ma main de terre nue di terra nuda ma main d’herbe
    labile

    dans le sous-bois (dans) l’antre (dans) le ventre
    (dans) la matrice (dans) la géomancie (dans)
    l’aquarium (dans) le maelstrom (dans) le gel (dans)
    le ciel (dans) le mur (dans) le fondu
                                                dans les jasmins de la toile

    tableaux des jardins de clameurs




    Nathalie Riera | Marie Hercberg, Feeling is first (Senso è primo), Le Réalgar éditions, Collection 1 et 1, 2011.




    NOTES d’AP : * pour se procurer cet ouvrage, contacter la Galerie Le Réalgar au 06 87 60 22 34 ou écrire à
    Galerie Le Réalgar 23, rue Blanqui – 42000 Saint-Étienne [lerealgar@gmail.com] (Prix: 4€)
    ** Marie Hercberg expose jusqu’au 10 mars 2012 à la Galerie Sordini, 51 rue Sainte, 13001 Marseille. Tél./fax 04 91 55 59 99. Entrée libre du mardi au samedi de 14h30 à 19h00 et sur rendez-vous.






    NATHALIE RIERA


    Nathalie Riera
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    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    Variations d’herbes (note de lecture d’AP)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    Là où fleurs où flèches
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)




    ■ Voir aussi ▼


    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)
    le site de Marie Hercberg
    → (dans Les Carnets d’Eucharis)
    la préface de Pascal Boulanger pour Puisque beauté il y a
    → (sur YouTube)
    Nathalie Riera lisant des extraits de Puisque beauté il y a à la Halle Saint Pierre, le 28 novembre 2010
    → (sur Cœuritoire)
    des extraits des Carnets de campagne de Nathalie Riera
    → (sur Francopolis)
    un autre poème (« Sauvages sont les fraises ») de Nathalie Riera
    → (sur publie.net)
    ClairVision de Nathalie Riera (en téléchargement)
    → (sur agora.qc.ca)
    une notice bio-bibliographique sur Nathalie Riera



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  • Nathalie Riera | Là où fleurs où flèches



    LÀ OÙ FLEURS OÙ FLÈCHES [extrait]




    1 entre couleurs et noir-blanc
    Ph., G.AdC



    Relentless caper for all those who step
    The legend of their youth into the noon
    Hart Crane, Legend



    tout bas défaire le chignon dans la cambrure et la bascule des mots
    dans le vœu de ne pas emmêler sous les épigrammes du soleil
    lui dit : est lisse l’air de ta peau, est joie la question de l’amour,
    hiéroglyphes tes lèvres où je m’attarde, te garder Ange de ma chambre


    ce qu’elle a perdu dans la voix     jusqu’à la couleur de ses cheveux
    et le deuil de ses vêtements


    mon visage vers la mer
    vague après vague
    je vous lis vous déchiffre l’argot de vos amours rose ronce roc & faïence des lectures & les fleurs ont augmenté leurs corolles
    entre couleurs et noir&blanc la mémoire est chambre dans ses graphies informes

    mon autobiographie est faite de muscles et d’affects
    écriture sans hermétisme sans engagement
    l’encore plus fleuri en amont du bruit

    aux syllabes volatils des ornements défaits du corsage tourner les pages caresser le cuir du langage et les voyelles de jouir font tinter ta gorge

    l’écriture ma botanique mes renouées des ruisseaux mes poivres d’eau
    les acryliques du verbe bondissent mes graves et mes aigus feulement
    des flux et replis mes panthères de pierres
    le voci grige1 n’ont pas vie de liesse alors ad alta voce2 se répète se blesse l’éclat au pré fleuri de la robe au beau vert de la nudité aux pétales de la langue dans un son prolongé




    2 les acryliques du verbe
    Ph., G.AdC



    ______________________

    1. Les voix grises
    2. à haute voix




    Nathalie Riera, in GPU 6 | ground power unit, 2010, pp. 18-19.





    NATHALIE  RIERA



    Nathalie Riera Gudu
    Image, G.AdC




    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)




    ■ Voir aussi ▼


    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)
    → (sur publie.net)
    ClairVision de Nathalie Riera (en téléchargement)



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  • Salah Stétié | Une lampe sous l’orage

    (contribution de Nathalie Riera)

    Chroniques de femmes – EDITO/SOMMAIRE

    Salah Stétié, En un lieu de brûlure,
    éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 2009.



    Lumiere affranchissement
    Ph., G.AdC







    UNE LAMPE SOUS L’ORAGE


    Contribution de Nathalie Riera





    « Dans une époque où le nom même de l’Être, celui du sens et de l’essence sont devenus objets de répulsion, de dérision et finalement d’une étrange amnésie, Salah Stétié ose dire que seule une poésie prenant appui sur les grandes interrogations fondamentales est susceptible d’éclairer la condition des hommes et de nous prémunir contre ces maladies mortelles que sont les certitudes sans horizon, les cynismes affamés, les divertissements de littérateurs enfilant des perles d’insignifiance, ou l’abandon blasé à l’esclavage de l’immédiat. » [1]

    La récente publication d’En un lieu de brûlure (éditions Robert Laffont, oct. 2009) est l’occasion de consacrer ces quelques lignes à une personnalité intellectuelle aussi éminente et lumineuse que Salah Stétié, poète libanais de tradition culturelle sunnite, né à Beyrouth le 28 décembre 1929.

    Celui qui avoue son arabité lui être corps et cœur, et qui milite activement pour une Méditerranée « frémissante de grands mythes », éprouve une vraie fascination pour la vertu de transparence de la langue française. Autant que le poète a foi en la lumière de la langue, en ses « chevaux tremblants ». Lumière de l’affranchissement.

    Si Salah Stétié n’hésite pas à se positionner comme « double exilé », ou comme « invité de la langue française », il met volontiers en exergue sa grande amitié pour la poésie et pour les grands poètes européens que sont Pierre-Jean Jouve, René Char, Henri Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Yves Bonnefoy, E. M. Cioran… et son si cher Georges Schehadé, sans oublier sa grande affection pour Gérard de Nerval.

    Deux figures majeures marqueront la vie intellectuelle du poète : Gabriel Bounoure (lors de leur rencontre à l’École Supérieure des Lettres de Beyrouth, en 1947), puis Louis Massignon (au Collège de France). De l’un comme de l’autre, il recevra une véritable initiation à la littérature européenne. L’Eau froide gardée est le premier recueil publié en 1973, que Pierre Brunel [2] considère d’aussi grande facture que le recueil d’Yves Bonnefoy Du mouvement et de l’immobilité de Douve. À l’occasion des quatre-vingts ans du poète, il convient de dire que Salah Stétié a construit une œuvre de poésie et de prose des plus cohérentes et des plus généreuses. Aucune place à l’enflure, à la gloriole, au lyrisme ravi, à l’intellectualisme maniéré, mais place à la finesse et à la fraîcheur, à la « beauté convulsive » et à la tension de la célébration. Salah Stétié déplore cette guerre de l’homme contre l’Être, c’est-à-dire contre ce qui détourne l’humain de sa vérité tragique. Et face à la dévastation, qui nous fait rompre avec notre ouverture à l’Être, il convient de demeurer dans la vigilance et dans la résistance contre le formalisme, l’anecdotique, la pensée en régression, la métaphysique de pacotille, et contre tout ce qui participe insidieusement à l’extension du désastre.


    Lampe infléchie parmi les écritures
    À cause du renversement nocturne
    De branche verte ― et ses roses séchées.
    Rocaille haute que torture une pensée
    Fermée sur la poésie de mille olives
    Feintes par l’arbre en attente de blessure
    ― Selon l’antique prophétie éblouissant
    Les chèvres de subtilité du sel


    L’Être poupée, XXXIII



    Dans Les Parasites de l’improbable, qui regroupe des textes inédits [3], Salah Stétié se demande si notre modernité est réellement excessive, et de quelle nature est son rapport au désir. À cette « modernité ravagée de tics », la réponse ne s’attarde pas : « Excessive, notre modernité ? Elle n’aurait été, aux yeux ravagés de Nietzsche, l’eût-il connue, qu’une serre à cultiver des fleurs mineures, provocatrices d’un style de scandale somme toute acceptable et intégrable. » Et ce qu’il faut entendre par « désir », précise t-il, ce n’est certainement pas « ce désir affecté et tout compte fait limité et médiocre, épuisé, essoufflé, dont nous rebattent les oreilles tant de petits romans excités de notre modernité pauvrement désirante et souffreteusement érotique, bien éloignée, en tout état de cause, de la tentation panique et de l’intensité imaginative, seuls moteurs de la vie en sa haute projection poétique. » Lieu de l’urgence sont l’amour et le désir, nous dit le poète, et il n’est pas déplacé d’affirmer que c’est à Jouve que la poésie de Stétié doit non pas sa sensualité, mais plutôt « une légitimation advenue et une confirmation du fait que la voie du poétique devait tenir compte de tous les mouvements profonds de la chair, des pulsions les plus noires, ainsi que de la splendeur avouée du corps, du « vrai corps » adorable et périssable ». [4]

    Son éminence, Salah Stétié ne la tient pas seulement de ses innombrables lectures, de sa passion ou de son obsession de la parole poétique, il la tient avant toute chose de son goût et de son respect pour l’absolu. Ainsi cette humble résolution à dire le peu, cette offrande d’un chant sans artifice, cette connaissance par les gouffres pour s’opposer à tous les faux jardins de la consolation. Ainsi ce silence dont on ne cesse d’accueillir les mots, fruit d’or de la parole. Car, en poésie, il n’est pas question de parler ni de se taire, pas plus que de répondre, nous dit Stétié, mais seulement de questionner sans fin. Le questionnement n’est-il pas déjà une forme de savoir ?

    En un lieu de brûlure nous offre un poète homme de deux rivages, qui ne se révèle pas seulement lecteur attentif des plus importants poètes des temps classiques ou des temps contemporains de sa génération. Une sorte de providence lui aura surtout offert complicité et proximité avec la poésie des hommes, dont celle de Pieyre de Mandiargues, de Jouve, de Cioran, et de tant d’autres alliés, aussi farouches furent-ils, quand l’art et la poésie ne sont plus affirmation et beauté de l’existence, mais ne servent qu’à de bien sombres perditions au compte de ceux qui ne savent trouver jouissance que dans les scories du scandale. Ainsi, comment ne pas approuver Cioran, cité par Stétié, dans sa manière de définir les poètes, et sans que cela mette en doute son profond attachement à la poésie :

    « Je viens de parcourir un livre de X, avec la plus grande répulsion. Je ne peux plus supporter l’inflation poétique. Chaque phrase se veut une quintessence de poésie. Cela fait artificiel, cela n’exprime rien. On pense tout le temps à l’inanité des mots recherchés. ― Depuis longtemps déjà, j’abhorre tous les « styles » ; mais celui qui me semble de loin le pire, c’est celui des poètes qui n’oublient jamais qu’ils le sont. » [5]


    Nathalie Riera
    © Nathalie Riera, 2010



    [1] Marc-Henri Arfeux, Salah Stétié, éditions Seghers, 2004, page 13.
    [2] Pierre Brunel, « Salah Stétié sur sa rive » (en guise de préface), in Salah Stétié, En un lieu de brûlure, éditions Robert Laffont, 2009.
    [3] Salah Stétié, « Les parasites de l’improbable », in Salah Stétié, En un lieu de brûlure, éditions Robert Laffont, 2009, page 884.
    [4] ibid., page 927.
    [5] ibid., page 971.






    Salah Stétié  En un lieu de brulure





    SALAH STÉTIÉ (1929-2020)


    Salah Stétié portrait
    Source




    ■ Salah Stétié
    sur Terres de femmes


    Méditation sur la mort d’une figue (extrait de Fiançailles de la fraîcheur)
    Mes oiseaux, mes enfants (autre extrait de Fiançailles de la fraîcheur)
    Tranchant de l’aube
    Le Voyage d’Alep, XII




    ■ Voir aussi ▼


    le site officiel de Salah Stétié





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  • Nathalie Riera | Carnet de campagne II




    Dans les arbres qui nous enseignent les branches et leurs coups d-archets
    Ph., G.AdC







    CARNET DE CAMPAGNE II (extrait)



    I




         Dans la voix du poète, comme une peur de mourir de sécheresse. Et puis ce regard qui cherche à déserter ce qui l’envahit.

         La page encore trop habitée.

         Et lorsque la rage est d’être seulement une tendance qui fait fureur, ayant perdu son art de faire remuer et non salir les lèvres.

         Et lorsque les gestes d’offrir et d’accueillir sont totalement bannis.

         Davantage que lire un poème, lire un poète nous ouvre la plus libre des routes, malgré les enclos. Et ce que nous avons à craindre de cette ouverture véhémente : son souci de pacifier ou de rendre solidaire ce qui en nous demeure en proie à l’indéterminé, l’équivoque, le honteux, l’entortillé ; ce qui en nous est douceur et démesure, félicité et utilité, ratures et rictus.

         Ce que j’aime entendre d’un poème : des notes d’air et de basalte ; des désirs de disculpations, des virevoltes de danseurs ; des déserts de cailloux ; notes noires et blanches de nos joies.


    ***
    *



         Forcer la note fait mourir le poème, le fait mentir aussi, et finalement, me fait dire que le poème n’a jamais existé.

         Le parcours du poème n’est pas de se réduire à une secrète recherche d’harmonie, ni de consigner le malheur, ou de s’adonner à la fuite de ce qui nous désespère. En poésie, il y a ce mur couvert de lierre, ou cette branche esseulée qui porte encore le poids des fruits, ou cette rosée des yeux, ou cette blancheur incantatoire du chemin où nous marchons sans jamais cesser de nous retourner, ou ce parfum de fleurs balbutiantes, tout cela qui participe de notre présence au monde, parmi le clair et l’abrupt.

         Alors, pour quelle raison écrire, si ce n’est pour alléger la lumière, et que les mots s’effacent.


    ***
    *



    II



         Des chuchotis d’insectes le papier que tu froisses, le craquèlement de tes lèvres : ce que tu cherches à écrire, alors que tu ne sais encore rien du froid et de ses crimes.

         Un bruit d’abeille la mer et l’aube, écrire pour tout ce qui est terre, et fragile. Ainsi nos feuilles rugissantes dans les poussières sonores des cités, ou dans les arbres qui nous enseignent les branches et leurs coups d’archets.

         Et mes souvenirs blancs comme du jasmin.



    Nathalie Riera, « Carnet de campagne II ― La rosée sur les roses l’enfance » ,  Puisque beauté il y a, Éditions Lanskine, 2010, pp. 41-42, 44-46. Préface de Pascal Boulanger.




        « L’écriture de Nathalie Riera retient les sensations traversées afin qu’elles ne basculent pas dans l’indifférencié. Cette écriture, à travers proses ou vers amples, est simple et transparente.
        L’ordre et la simplicité ont toujours ouvert les routes du rêve (Ungaretti cité par Nathalie Riera). On sent qu’elle a besoin de l’écriture pour ne pas brûler dans la proximité des choses.
        Il se peut d’ailleurs qu’elle n’écrive pas mais dessine. Tant ses textes semblent suinter sur la page, dans cette eau fleurie des sentes.
        Tout se dérobe-t-il, désormais, à notre approche ? Mais les robes de l’enfance, à chaque fois retrouvées, sont toujours présentes. Ceux qui écrivent et tentent d’habiter poétiquement le monde le savent. Ne font-ils pas le don d’eux-mêmes qui fait écho au don de l’existence ?
        Nathalie Riera est dans la joie à être – tout simplement – seule ou avec l’aimé, avec une manière, une habilité, une fantaisie, une invention de vivre.
    Il n’est pas de poésie sans hauteur  écrit-elle. Autrement dit, pas de poésie et de demeure sans ciel. » (Pascal Boulanger)





    NATHALIE  RIERA



    Nathalie Riera Gudu
    Image, G.AdC





    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes


    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    [Trame blondoyante la prairie des mots] (extrait d’Instantanés des géographies de l’amour… )
    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    Variations d’herbes (note de lecture d’AP)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    Là où fleurs où flèches
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    page aphone où tout est voix (poème inédit)





    ■ Voir aussi ▼


    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)
    → (dans Les Carnets d’Eucharis)
    la préface de Pascal Boulanger pour Puisque beauté il y a
    → (sur YouTube)
    Nathalie Riera lisant des extraits de Puisque beauté il y a à la Halle Saint Pierre, le 28 novembre 2010
    → (sur la République des Lettres)
    un article de Claude Darras sur Puisque beauté il y a
    → (sur le blog de La petite librairie des champs)
    un autre extrait de Puisque beauté il y a
    → (sur Ré pon nou)
    un autre extrait (« Carnet de campagne I ― Nous sommes l’amour ») de Puisque beauté il y a
    → (sur Cœuritoire)
    d’autres extraits des Carnets de campagne de Nathalie Riera
    → (sur Francopolis)
    un autre poème (« Sauvages sont les fraises ») de Nathalie Riera
    → (sur publie.net)
    ClairVision de Nathalie Riera (en téléchargement)
    → (sur agora.qc.ca)
    une notice bio-bibliographique sur Nathalie Riera



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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Pascal Boulanger | Art jésuite


    San Carlino alle quattro fontane  F. Borromini  Architecte. Photo - ROMA en  FEV 2006
    Ph., G.AdC






    ART JÉSUITE

    À Nathalie Riera




    Avant l’heure
                               cheveux blancs
                               muses en lambeaux

    Celui qui tombe son pas n’est pas sûr

    Une flèche bondit de l’arc et s’enfuit
    elle change de ciels & de maisons
    puisque le destin ne précède pas l’histoire
    & qu’un nid d’oiseaux
    peut très bien se nicher dans la mer

    Un homme masqué
    passe la fenêtre
    tous ses chemins sont en vie
    il est touché quand il touche
                                                 les femmes voluptueuses
    & les anges
                                                 qui planent sur l’église baroque

    Le pas franchi
    un ciel se dérobe sous un autre
    l’œil éclate dans la blancheur des pierres

    Des dieux railleurs aux muscles ronds
    se tordent en élans fiévreux

    Sur l’étoffe d’un marbre
    une bouche dessine un jardin



    Pascal Boulanger
    Texte inédit (D.R.)




    ■ Voir aussi ▼

    (dans Les Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera) un entretien avec Pascal Boulanger

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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Gérard Cartier, Tristran

    Chroniques de femmes – EDITO/SOMMAIRE

    Gérard Cartier, Tristran,
    éditions Obsidiane, 1er trimestre 2010


    PORTRAIT DE GERARD CARTIER
    Image, G.AdC






    UN RÉCIT SAUVAGE TRACÉ À LA POINTE SÈCHE

    Lecture de Nathalie Riera

    «… la nécessité d’une poésie (…) à savoir un état fidèle à l’impact de la réalité extérieure et sensible aux lois intérieures du poète. »

    Seamus Heaney (Discours du Nobel, éditions La Part Commune, 2003, page 53)

        Après de nombreux livres de poésie, dont Le Petit Séminaire (Poésie/Flammarion, 2008), Gérard Cartier fait paraître Tristran, un nouveau recueil publié aux éditions Obsidiane.

        Tout au long de ce récit sauvage tracé à la pointe sèche, le poète nous met en garde : On ne doit pas/des passions/faire littérature. Le projet poétique de Gérard Cartier : tenir un chemin d’écriture où, comme le « poète de l’Ulster » et ami Seamus Heaney, croire en la poésie, non pour se détourner de la violence du monde, mais parce qu’on doit croire en elle à notre époque et en toute époque, en raison de sa fidélité à la vie.

        Retrouver dans le poème le viatique de la langue, quand la langue est substance de la pensée, la seule chose qui peut encore demeurer au cœur de l’aube ravagée et ses rhapsodes meurtris. Le livre devient alors un jardin de célébration aux vertus primitives. Le livre est voyage, quand il revient au poète de célébrer les noms sortis de la mémoire : nom puissant que celui de Tristran, et le chant léger de deux voyelles que celui d’Ysé. Reconvoquer l’origine du conte celtique, depuis un néant de tourbe et de brume. Lettres effacées, pages maculées, début arraché, le poète est habité de l’éclat et de l’écharde. Dès le commencement du récit, en l’été d’un autre siècle, le corps du poète est le corps du livre, où il n’est pas seulement question de pages et de mots, mais d’argile et de chair tremblantes.

        À ma naissance/Un ange amer a présidé.

        Écrire Tristran dans la joie déchirante, sans la promesse d’un soulagement. La lumière n’a pas le pouvoir de la fulmination, sans secours dans un monde de tombeaux et de stèles. L’amour une faute et un châtiment… Mais rien ne sépare les amants, leur folle passion aux lettres immortelles… ils célèbrent/Dans l’indigence leur épiphanie. Toujours ce qu’il reste de feu contre le froid de l’épreuve, et ce que l’on peut percevoir de floraisons futures.

         Embrasser la faute, la chérir. Toute la force de ce recueil : laisser/Aux amants des siècles futurs une louange sans flétrissure. L’écriture est longue pérégrination. Tristran est l’hiver du poète, un climat de lecture qui met le lecteur à l’épreuve : ce qui descend vers les tombes profondes, ce qui remonte vers les roses éclatantes. Calligraphie des métamorphoses, bibliothèque des formes et des couleurs, sous le ciel des amants périssent les palabres, les éblouissances du langage. Ne demeurent que les herbes les plus pauvres.

        Ils s’aiment, c’est-à-dire, rien à vaincre mais tout à surmonter. Chante le monde à l’Ange écrit R.M. Rilke, et dans Le Livre d’Heures : On sent l’éclat d’une nouvelle page/où tout encore peut devenir.

    Ils se sont tus dans un hoquet                      et le chagrin nous saisit                      à genoux dans un marais acide               qui dissout les passions                 et conserve les corps                 pour l’édification                 des générations à venir              tourbe épaisse où tout revient                                     et le poison qui coulait dans leurs veines
                  passe aux fleurs éclatantes                     aux épines                     aspiré par les racines noires                           colorant les baies des fossés                              les mousses
                 et les pierres…


    (Gérard Cartier, Tristran, extrait de la séquence 5 – La mort – .VII, page 113)


    Nathalie Riera
    D.R. Texte Nathalie Riera, avril 2010





        Gérard Cartier est ingénieur (le tunnel sous la Manche, le Lyon-Turin) et poète. Ses premiers livres tirent leur motif de l’Histoire : la déportation de Robert Desnos (Alecto !, Obsidiane, 1994) et la résistance en Vercors (Introduction au désert, Obsidiane, 1996 ; Le Désert et le Monde, Flammarion, 1997 – Prix Tristan-Tzara). Ses recueils récents composent une autobiographie fantasque (Méridien de Greenwich, Obsidiane, 2000 – Prix Max Jacob), imaginaire (Le Hasard, Obsidiane, 2004) ou peut-être véritable (Le Petit Séminaire, Flammarion, 2008).
         Gérard Cartier a traduit le poète irlandais Seamus Heaney (La Lanterne de l’aubépine, Le Temps des Cerises, 1996). Il est par ailleurs, avec Francis Combes, l’initiateur de l’affichage de poèmes dans le métro parisien qui se poursuit depuis 1993.





    ■ Gérard Cartier
    sur Terres de femmes

    .La duplicité. (poème extrait des Métamorphoses)
    Les Métamorphoses (lecture de Maëlle Levacher)
    Le philtre (extrait de Tristran)
    Tristran (lecture de Nathalie Riera)
    [Terra nullius] (extrait de L’Ultime Thulé)
    Le Voyage de Bougainville (lecture d’AP)
    .Par moi on va dans la cité dolente… (poème extrait du Voyage de Bougainville)
    Le Voyage de Bougainville (lecture de Marie-Claire Bancquart)
    Le philtre (extrait de Tristran)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (dans la sonothèque de la revue Secousse)
    des extraits d’une première version du Voyage de Bougainville, lus par l’auteur



    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes

    Là où fleurs où flèches
    page aphone où tout est voix (anthologie poétique de Terres de femmes)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)


    ■ Voir aussi ▼

    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)



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