Étiquette : Nicolas Dieterlé


  • 28 août 1963 | Naissance de Nicolas Dieterlé

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 28 août 1963 naît Nicolas Dieterlé. Issu d’une famille protestante, Nicolas Dieterlé grandit au Ghana puis au Cameroun, où son père est chirurgien dans un hôpital de brousse. L’année 1973 est marquée par le retour en France. Nicolas Dieterlé fait ses études secondaires à Grenoble. Il entreprend ensuite, en 1981, des études à l’École du Louvre puis s’inscrit à l’Institut des Sciences Politiques de Paris, d’où il sort diplômé en 1986.


    Entre temps, il voyage et se rend plusieurs fois en Irlande et à New York. En 1989, il se lance dans le journalisme. Il devient rédacteur en chef adjoint de Valeurs Vertes, journal consacré à l’environnement. Il effectue plusieurs séjours en Afrique, au Bénin et au Cameroun. Journaliste indépendant, il collabore à Témoignage Chrétien et à Actualité des Religions. Il se consacre à ses passions — l’écriture et le dessin — tout en poursuivant sa quête spirituelle.


    En 2000, Nicolas Dieterlé s’installe dans un village de l’arrière-pays niçois (Villars-sur-Var), où il se donne la mort le 25 septembre 2000.


    « Je veux mourir. Trop de souffrances. Mais je ne regrette rien. Pas d’amertume. Jusque dans la mort, je bénis la Vie qui surpasse la vie », écrit Nicolas Dieterlé dans son Journal spirituel, à la date du 19 septembre 2000.







    JOURNAL 1999 (extrait)




    « il m’arrive, alors que je marche simplement au bord du fleuve, de rencontrer l’espace, le véritable, comme un grand pouls battant. Et je suis pris en lui, dans son corps souple, sphérique, je deviens un de ses membres — moi qui étais séparé, isolé. Je perds toute orientation habituelle, prosaïque, et me dirige selon des critères nouveaux : une feuille m’attire comme un drapeau planté dans une terre parallèle ; je reconnais soudain dans ce tronc bossué un visage au mufle épais que j’ai toujours côtoyé, sans le savoir ; les rides de l’eau sont des sémaphores. Je suis une piste imaginaire (imaginaire ?) et sinueuse dont les lacets ont la fantaisie — et la grande rigueur — d’une danse. Ce n’est plus qu’un jeu où je suis absorbé. Je me perds en lui, et suis sauvé.


    Et c’est alors que, progressivement et avec une grande sûreté, naît l’écriture, comme du nuage naît la pluie lente et blanche


    le rouge-orange de ces briques et le vert frais de cet arbre s’épousaient étroitement


    dans l’air passent des senteurs de miel. L’ombre devient plus dense. Les feuilles flamboient comme des soleils. Les abeilles mélodieuses


    désormais, tout est vert ou presque. Seuls quelques arbres isolés résistent encore à l’avancée du vert, en particulier ce grand, cet immense arbre qui se tient au milieu du parc voisin comme un étrangleur, avec ses mains violentes et lumineuses. Je me suis assis face à lui, tandis qu’à ma droite, un coin de ciel orange entre les feuillages vibrait longuement. Puis j’ai vu les chats habituels, ombres fugitives


    le blanc qui est entre les petits textes présentés ici est comme le néant qui enveloppe nos heures et grâce auquel ces derniers trouvent leur admirable équilibre fugace. Ainsi quand je termine un fragment par « les abeilles mélodieuses » sans rien après, on a l’impression que ces mots — et la réalité indiquée par eux — sont littéralement lapés par le vide qui suit, comme par une langue blanche, et en même temps quelque chose en nous admet volontiers — et même avec exaltation — que c’est d’être effacées ainsi que rend après coup les abeilles vraiment mélodieuses sur la page […] »




    Nicolas Dieterlé, Journal 1999, in Diérèse, N° 59/60, Printemps/été 2013, pp. 119-120.







    Dieterlé





    NICOLAS DIETERLÉ


    Dieterlé Portrait
    Source



    ■ Nicolas Dieterlé
    sur Terres de femmes

    28 septembre 1995 | Nicolas Dieterlé, La Pierre et l’Oiseau



    ■ Voir aussi ▼

    le site La pierre et l’oiseau (Association des amis de Nicolas Dieterlé)
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Nicolas Dieterlé, « crucifié sur un cristal » (une contribution d’Isabelle Lévesque)
    un site personnel consacré à Nicolas Dieterlé
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une bio-bibliographie de Nicolas Dieterlé





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  • 28 septembre 1995 | Nicolas Dieterlé, La Pierre et l’Oiseau

    Éphéméride culturelle à rebours
    « Poésie d’un jour »



    Une réalité qui n'échappe pas absolument au contraire du raisonnable
    Ph., G.AdC





    28 septembre


         Notre vie n’est-elle pas faite à l’instar du nuage ? Ne se modifie-t-elle pas selon des lois qui nous paraissent capricieuses, mais qui sont en réalité d’une logique musicale ? Et ne sommes-nous pas, nous-mêmes, gouvernés par une évidence pareille au vent des hauteurs, et dont la sagesse extraordinaire, l’omniscience, l’infinie clarté du regard, sont le plus souvent méconnues par notre être superficiel, tant son aveuglement est grand ? Mais dans nos profondeurs, nous reconnaissons la rigueur de sa direction, rigueur qui est celle d’un amour sans bornes, infaillible, quoiqu’elle ait toutes les apparences du plus extrême dérèglement. Dans nos profondeurs, nous savons de science sûre que cette folie apparente est l’habitacle précieux où réside la sagesse altière, pilote de notre destinée. D’ailleurs pourrions-nous aimer, de tout notre être, une réalité qui n’échappe pas absolument au contraire du raisonnable ? Pourrions-nous suivre corps et âme une réalité mesurée dans ses mouvements, prévoyante, économe ? Aussi l’évidence qui nous meut a-t-elle pris un masque de folie pour être à même de nous séduire. Elle a bariolé sa face à grands coups de pinceaux multicolores, en prenant à ce jeu, à cette ruse, un plaisir extraordinaire. Et elle tourne vers nous ce visage enluminé, superbe de déraison. Et nous sommes prêts à tout pour la suivre, nous nous mourons d’amour pour elle. Cette mort est notre vie.
        En même temps, la folie, l’absurdité apparente du monde, est la protection que se donne l’évidence. Car sa pudeur est infinie. Sa délicatesse en est la cause. Si frêle, si précieuse. Une étincelle est moins subtile. C’est pourquoi il lui faut une intimité sans pareille, une intimité qui est l’essence des intimités.




    Nicolas Dieterlé, La Pierre et l’Oiseau, Journal spirituel, 1994-2000, Éditions Labor et Fides, Collection « Petite Bibliothèque de Spiritualité », 2003, pp. 55-56. Préface de Michel Cornuz.




    NOTE d’AP : le n°57 (été 2012) de la revue littéraire Diérèse est consacré à Nicolas Dieterlé. Ce numéro comporte une présentation de Nicolas Dieterlé par Isabelle Lévesque et 28 pages de textes inédits (poèmes et fragments de Journaux). Le n° 59 (dont la sortie est annoncée pour le printemps 2013) lui sera aussi dédié. Il sera plus développé que le précédent et comportera de nombreuses monographies sur (et autour de) Nicolas Dieterlé.






    La Pierre et l'Oiseau





    NICOLAS DIETERLÉ


    Dieterlé Portrait
    Source



    ■ Nicolas Dieterlé
    sur Terres de femmes

    28 août 1963 | Naissance de Nicolas Dieterlé



    ■ Voir aussi ▼

    le site La pierre et l’oiseau (Association des amis de Nicolas Dieterlé)
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Nicolas Dieterlé, « crucifié sur un cristal » (une contribution d’Isabelle Lévesque)
    un site personnel consacré à Nicolas Dieterlé
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une bio-bibliographie de Nicolas Dieterlé





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