Étiquette : Olav H. Hauge


  • Olav H. Hauge | Nous ne voguons pas sur la même mer



    ME SIGLER IKKJE SAME HAVET



    Me sigler ikkje same havet,
    endå det ser so ut.
    Grovt timber og jarn på dekk,
    sand og sement i romet,
    djupt ligg eg, seint sig eg,
    stampar i broddsjø,
    uler i skodde.
    Du sigler i ein papir båt,
    og draumen ber det blå seglet,
    so linn er vinden, so var er bylgja.







    NOUS NE VOGUONS PAS SUR LA MÊME MER



    Nous ne voguons pas sur la même mer,
    trompeuses sont les apparences.
    Ferrailles et grumes sur le pont,
    sable et ciment dans mes soutes,
    je m’enfonce, je suis lent,
    je foule les vagues houleuses,
    je hulule dans la brume.
    Toi tu vogues sur un bateau de papier,
    ta voile bleue gonflée de rêves,
    si tiède le vent, délicate la vague.




    Olav H. Hauge, Bateau de papier, édition bilingue, Éditions érès, Collection PO&PSY dirigée par Danièle Faugeras et Pascale Janot, Toulouse, 2014, s.f. Sélection de 28 poèmes établie et traduite du norvégien par Anne-Marie Soulier. Photographie de Sandrine Cnudde.







    Olav H. Hauge, Bateau de papier






    OLAV H. HAUGE


    Olav_h_hauge
    Ph. Jan Kløvstad, Samlaget
    Source



    ■ Olav H. Hauge
    sur Terres de femmes

    Bashô
    Le pays bleu



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions érès)
    une fiche sur Bateau de papier
    → (sur Ici et là, le site de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines)
    une lecture de Bateau de papier par Hervé Martin
    → (sur Recours au poème)
    une lecture de Bateau de papier par Andreea Lemnaru





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  • Olav H. Hauge | Le pays bleu

    Topique : Bleu
    «  Poésie d’un jour  »



    Le_pays_bleu
    D.R. Ph. angèlepaoli






    LE PAYS BLEU


    Ici, je suis en sûreté ; ici les chênes encerclent les murs,
    ici, les passes scintillent au bas des montagnes
    usées par la mer. Si je suis devant la vitre,
    les grands chênes
    sont d’une profonde couleur d’huile
    comme une peinture ancienne.
    Dans l’émail bleu du ciel,
    des nuages oubliés
    viennent de la mer.

    Feuillage de chêne dans le soleil d’automne !
    Pays bleu, pays montagneux, pays de mer !
    qui vieillit à côté de moi,
    paré de couleurs lumineuses,
    éclatantes.

    Aujourd’hui, l’air est frais, des flocons de neige.
    Telles des griffes, les branches nues cherchent à saisir
    les dernières traces de chaleur et d’ozone.
    Je vais dans le pays bleu
    sous des blocs qui tombent.
    Un jour Yggdrasil sera nu.





    DET BLÅ LANDET


    Her er eg trygg, her er det eiker kring murane,
    her blenkjer sundi bak havslitne fjell.
    Stend eg innafor glaset,
    har dei veldige eikene
    ein djup oljetone
    som eit gamalt målarstykke,
    på den emaljeblå himmelen
    stend attgløymde skyer
    i jag fra havet.

    Eikelauv i haustsol !
    Blålandet, berglandet, havlandet
    og aldrar attum meg
    i tung fargebragd
    og gløding.

    I dag er det kjøld og snøflingror i lufti,
    dei nakne greinene grip som klør
    etter varme og siste oson.
    Eg gjeng i det blå landet
    under fallande blokkor.
    Og ein dag er Yggdrasil snaud.


    Olav H. Hauge, Cette nuit l’herbe est devenue verte (anthologie), Editions Rafael de Surtis, Collection Pour une Rivière de Vitrail, 81170 Cordes-sur-Ciel, 2007, pp. 34-35. Édition bilingue. Traduction du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix. Préface de Régis Boyer.




        Le 10 octobre dernier, un hommage a été rendu à Olav H. Hauge (18 août 1908 – 23 mai 1994) au Festival du Livre de Pise (Pisa Book Festival) à l’occasion du centenaire de la naissance d’Olav H. Hauge. En présence de l’ambassadeur de Norvège en Italie et d’un des traducteurs du poète, Fulvio Ferrari. Ci-après, Le pays bleu, traduit en italien par Fulvio Ferrari :






    LA TERRA AZZURRA


    Qui sono al sicuro, qui ci sono querce intorno ai muri,
    qui scintilla lo stretto tra monti corrosi dal mare.
    Se me ne sto in piedi alla finestra
    le querce immense hanno
    una profonda tonalità oleosa
    come un dipinto antico,
    sul cielo di smalto azzurro
    nubi ritardatarie
    si rincorrono dal mare.

    Querce nel sole d’autunno!
    Terra azzurra, terra di monti, terra di mare
    ed ere alle mie spalle
    in una festa di colori
    e ardore.

    Oggi ci sono freddo e fiocchi di neve nell’aria,
    i rami nudi si protendono come artigli
    verso il caldo e l’ultimo ozono.
    Mi inoltro nella terra azzurra
    sotto le foglie che cadono.
    E un giorno sarà spoglio Yggdrasil.

    Traduzione di Fulvio Ferrari


    Olav H. Hauge, La terra azzurra, a cura di Fulvio Ferrari, Crocetti Editore, Milano, à paraître début décembre 2008. Introduzione di Idar Stegane.






    PAYS BLEU


        La Norvège d’Olav H. Hauge (1908-1994) est celle que l’on connaît le mieux à l’étranger, cette géographie spectaculaire de l’ouest du pays, dont les fjords sont l’image touristique obligée et bleue, la région aussi ― on le sait moins ― des grandes demeures tristes des drames réalistes ibséniens.
        Comme celle de tant de lyriques nordiques de son siècle, comme celle de Tor Jonsson à Lom ou de Knut Ødegard à Molde […], il s’agit d’une poésie ancrée (forankret), qui sonde un même lieu. De fait, Hauge a moins voyagé que Tarjei Vesaas hors du Telemark, et sa poésie tente, au fil des heures, des saisons et des ans, de rendre quelque chose d’un lieu aimé. Hauge est aussi un poète plus secret, moins connu. Il aura notamment fallu l’effort d’un autre norvégien, son cadet moderniste Jan Erik Vold, né en 1939, pour le faire connaître dans son propre pays.
        Les Anglo-Saxons ont de l’avance : dues à Robert Bly ou surtout à Robin Fulton, des anthologies de ses textes ont paru en anglais tandis que, à notre connaissance, il s’agit ici des premières traductions * dans notre langue des vers de Hauge, qui a par ailleurs écrit cinq gros volumes de son journal.
        Une nouvelle fois, à l’heure où l’on célèbre bien témérairement, et sans aucun recul, les vertus supposées du roman policier nordique, la poésie norvégienne ― de laquelle il faudra bien se résoudre, et pourquoi pas ici même, à publier une anthologie ― reste la fleur inconnue. Les vers de Hauge le disent à l’envi : c’est en poésie qu’un pays aussi poétique que la Norvège peut espérer être rendu. Dans sa vérité.


    Eva Sauvegrain et Pierre Grouix, postface (extrait), op. cit. supra.




    ________________________________________
    * NOTE d’AP : un autre recueil d’Olav H. Hauge vient de sortir ce mois-ci aux éditions Bleu autour dans la collection D’un lieu l’autre : Nord profond. Traduit du néo-norvégien par François Monnet. Photographies de François Monnet. Un poème extrait de ce recueil a été mis en ligne sur Terres de femmes en décembre 2008.






    OLAV H. HAUGE


    Olav_h_hauge
    Ph. Jan Kløvstad, Samlaget
    Source



    ■ Olav H. Hauge
    sur Terres de femmes

    Bashô
    Nous ne voguons pas sur la même mer (poème extrait de Bateau de papier)





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