Étiquette : Olivier Bastide


  • Olivier Bastide | S’asseoir, debout, marcher




    Exploration minutieuse des recoins
    « Cela passe par l’exploration minutieuse des recoins »
    Ph., G.AdC







    S’ASSEOIR, DEBOUT, MARCHER



    Cela fait un certain temps déjà que bruissent autour de moi mondes et contredanses. Je le sais quand mon front s’alourdit, quand s’affirme avant toute autre chose le sentiment de chute. Je me repère alors aux yeux de cette femme, qui valse seul et qui, tour après tour, semble dicter ma conduite de son regard direct.
    Elle n’existe pas ! Elle n’existe pas ! Je dois frotter fort mon front de mes mains ; je dois circonscrire ce petit mal avant de trébucher les pieds gourds de peur.
    Cela passe par l’exploration minutieuse des recoins, le soin apporté au remue-ménage. Quelle est cette question qui se pose sans cesse, revient, s’oublie, revient, s’oublie mais laisse son souffle déposé un peu partout ?



    Olivier Bastide, « Néanmoins funèbre » in La Figure et l’Élan, Éditions Alcyone, Collection Surya, 2016, page 15.






    Olivier Bastide, La Figure et l’Élan






    OLIVIER BASTIDE


    Olivier Bastide
    Ph. angèlepaoli



    ■ Olivier Bastide
    sur Terres de femmes

    BestiAire



    ■ Voir aussi ▼

    Dépositions (le site d’Olivier Bastide)
    → (sur le site des éditions Alcyone)
    la page de l’éditeur sur La Figure et l’Élan





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  • Marta Canfield | Pantelleria



    Pantelleria 2






    PANTELLERIA


    Era la terra in mezzo ai mari
    un circolo imperfetto
    di poche montagne e di altipiani
    profonde valli strette
    senza spiagge con golfi di scogliere
    e con archi di pietra
    fra le pietre notturne
    del principio vulcanico.

    C’erano stati il fuoco e l’eruzione sotto il mare
    il portentoso muggire del toro
    avvinghiato nel centro di un’insolita stella
    senza luce
    la luce nel suo grembo marino
    teso e pregno
    gemendo nel partorire una cuspide intera
    di tormentate rocce
    senza fiumi o sorgenti
    senza spiagge né coste
    di dolcezza
    montagna senza pace
    la valle stretta
    e quegli archi di pietra
    sul mare dell’origine.

    Poiché ancor prima dell’eversione
    c’era stata la calma millenaria
    sommersa appagata
    nel sonno privo d’aria
    nel silenzio profondo scrupoloso
    dell’Angelo piegato
    la testa nascosta fra le ali
    a doppio paio
    a doppio bianco sconfinato
    in così lunga attesa
    in tanta mestizia persistente.


    Marta Canfield, Nero cuore dell’ alba, Multimedia Edizioni, Salerno, 1998, in Semicerchio, Rivista di poesia comparata, XL, 2009, p. 29.






    PANTELLERIA


    Au milieu des mers était la terre
    cercle imparfait
    de peu de monts et de plateaux
    étroites vallées profondes
    aucune plage mais des criques à falaises
    et des arches de pierre
    entre les pierres nocturnes
    à l’aube volcanique.

    Sous la mer il y avait eu le feu et l’éruption
    le prodigieux mugissement du taureau
    pris au centre d’une étoile insolite
    sans lueur
    le clair dans le ventre marin
    tendu et gravide
    plaintes d’enfanter un pic entier
    de rochers tourmentés
    sans fleuves ni sources
    sans plages ni côtes
    amicales
    montagne sans paix
    vallée étroite
    et ces arches de pierre
    sur la mer originelle.

    Puisque bien avant la subversion
    il y avait le calme millénaire
    submergé satisfait
    dans un sommeil privé d’air
    dans le silence profond et scrupuleux
    de l’Ange ramassé,
    tête cachée dans ses ailes,
    à double paire
    à double blanc infini
    dans une si longue attente
    dans une si persistante mélancolie.


    Marta Canfield, in Semicerchio, rivista di poesia comparata, XL, « Lettere sulle mura/Bigongiari e la Francia », 2009, p. 29. Traduction d’Olivier Bastide.

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  • Olivier Bastide | BestiAire



    L-ASTICOT
    Image, G.AdC






    L’ASTICOT



    Faut-il croire les brumes
    de pierrailles ? L’asticot
    persiste dans sa dénégation.
    Il joint à la parole le geste
    lent des mythes. Quand
    se lève le vent, il accompagne
    au trépas les vertueux.






    L-ARAIGN-E
    Image, G.AdC






    L’ARAIGNÉE



    À pattes pleines, l’araignée
    troue les chagrins
    filandreux. Elle fixe sa
    houle sous les poutres
    fiévreuses. Méticuleuse,
    elle cloue ses faveurs à son
    désir avant d’ensevelir
    l’aveugle, le fou, l’impérial
    innocent des greniers.






    L-ANICROCHE
    Image, G.AdC






    L’ANICROCHE



    J’ai ferré une anicroche près
    des bosquets, curieuse
    bestiole au bec poilu. J’ai
    tenté l’embarras, joué
    l’étonné. Je pars au vent
    crépu sa gueule sous le bras.



    Olivier Bastide, BestiAire, Les Solicendristes, 2002, pp. 9-11-14.






    OLIVIER BASTIDE


    Olivier Bastide 3
    Ph. angèlepaoli



    ■ Olivier Bastide
    sur Terres de femmes

    S’asseoir, debout, marcher (extrait de La Figure et l’Élan)



    ■ Voir aussi ▼

    Dépositions (le site d’Olivier Bastide)







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