Étiquette : Philippe Jaccottet


  • Fabio Pusterla | Caparìca



    Longeant la mer, un homme marche sans bouche, cicatrice de sable, sur des kilomètres et des kilomètres.
    Aquatinte numérique, G.AdC





    CAPARÌCA

    à Mattia



    Forse la febbre, o un effetto della luce. Caparìca
    è qui, comunque, case in fila, sfarinate.
    Una mercedes verde alza la polvere, posteggia,
    e chi ne scende è un gobbo che s’avvia.
    Barache, condomini. Qualche cane. Lungo il mare
    va un uomo senza bocca, cicatrice
    di sabbia, per chilometri e chilometri.
    E non posso risponderti che questo : vertigini,
    una calma simulata. O anche : l’assenzio.
    Sopra la spiaggia dei poveri
    cade una roccia gialla.






    CAPARÌCA

    a Mattia



    Peut-être la fièvre, ou un effet de la lumière. Caparìca
    est ceci, tout de même, rangées de maisons, décrépies.
    Une Mercedes verte fait voler la poussière, se gare,
    un bossu en descend et se met en chemin.
    Baraques, copropriétés. Quelques chiens. Longeant la mer,
    un homme marche sans bouche, cicatrice
    de sable, sur des kilomètres et des kilomètres.
    Et je ne peux te répondre que ceci : vertiges,
    une tranquillité simulée. Et aussi : l’absinthe.
    Une roche pauvre surplombe
    la plage des pauvres.



    Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Éditions Empreintes, Poche Poésie, Moudon (Suisse), 2002, pp. 202-203. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer.





    Les choses sans histoires






    UN UOMO QUALUNQUE


        « Voici un poète de maintenant, un poète de notre monde, proche et vrai. En même temps, un “ uomo qualunque ”, ou peu s’en faut : qui a femme et enfants, qui enseigne à des enfants (et à qui les enfants enseignent les plus belles leçons) ; qui ne se prend jamais pour un génie, qui ne rêve ni de transe, ni d’extase ; qui a mieux à faire qu’à réinventer la littérature ; qui a “ quelque chose à garder, à protéger ” dans les mots : le sens même de la vie, brillant comme l’eau qui court. […]

        Il regarde le monde qui l’entoure, ce pays d’alpes et de piémont où il y a de la roche et des glaciers, des vallées encaissées ; et, aussi bien, des grèves de lac et de terrains vagues envahis peu à peu de détritus, comme promis à la ruine, des eaux où la célèbre anguille de Montale, chez lui, ne se débat plus que “ pour arracher / un instant à l’asphyxie ”.

        Il sait, au moins par ouï-dire, ce que c’est que la guerre, les guerres sans cesse recommencées ; il en a vu les traces ; il est familier de cette nuit profonde qui n’effraie pas que son enfant. La menace est partout, sous toutes ses formes. Mais, de tout cela d’obscur, d’étouffant souvent, il ne tire pas d’élégies (ce n’en est plus l’heure) ; moins encore, de discours : il ne se rangera jamais au parti des “ constructeurs de drapeaux ”. Tout, à travers sa voix ferme, sobre, admirablement maîtrisée, est toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux. »


    Philippe Jaccottet, préface d’Une voix pour le noir de Fabio Pusterla, Poésies 1985-1999, Éditions d’en bas, Lausanne, 2001, pp. 5-6.




    FABIO PUSTERLA



    Fabio Pusterla
    Source



    ■ Fabio Pusterla
    sur Terres de femmes

    Arte della fuga
    Au-delà des vagues
    Corps d’étoiles
    Due rive
    Entre-deux
    Esquisse en poudre de gypse, 6
    La fugitive
    Une vieille (+ bio-bibliographie)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Fine Stagione)
    plusieurs poèmes de Fabio Pusterla (en italien et en français)



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  • Mahmoud Darwich | Je demeure vivant

    «  Poésie d’un jour  »





    Te_souvienstu_du_chemin_de_notre_ex
    Ph., G.AdC







    JE DEMEURE VIVANT



    Je demeure vivant dans ton immensité
    Tu ne m’as pas parlé comme une mère à son enfant malade
    J’ai souffert de la lune de bronze sur les tentes bédouines
    Te souviens-tu du chemin de notre exil vers le Liban
        lorsque tu m’oublias, et
    Oublias le sac de pain ?
    Et le pain était le blé
    Je ne criai pas de peur de réveiller les gardes
    Le parfum de la rosée me posa sur tes épaules
    Gazelle
    Qui, là-bas, perdit son gîte et son mâle




    Mahmoud Darwich, La terre nous est étroite, in Philippe Jaccottet, Un calme feu, Fata Morgana, 2007, page 47.





    MAHMOUD DARWICH


    Mahmoud-Darwish




    ■ Mahmoud Darwich
    sur Terres de femmes

    Des vœux
    Si le jeune homme était un arbre





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