Étiquette : Pia Tafdrup


  • Pia Tafdrup | Flamme de coquelicot



    FLAMME DE COQUELICOT




    Je suis le sablier où le sable
    ne se dépose pas pour dormir.
    Je souhaite reposer sur un courant sauvage,
    écouter le rythme de ton sang,

    le battement de ton cœur.
    Je souhaite une étreinte
    qui ne façonne pas l’être étreint

    selon celui qui étreint.
    Je souhaite croire en
    ce qui ne peut être anéanti

    et qui n’anéantit pas.
    Je suis l’aile et le départ
    d’une vie au point d’arrêt.
    Le rêve d’une rencontre

    existe
    flamme de coquelicot dans un champ de blé.
    Le rêve d’atteindre
    une mémoire partagée

    sans se perdre soi-même.
    Je voudrais tellement croire, c’est possible
    mais ça l’est peut-être

    uniquement dans un poème ?
    Au commencement, la langue et les lèvres se contentent
    de le murmurer

    au travers d’une fissure du temps.





    Pia Tafdrup, Le Soleil de la salamandre, Éditions Unes, 2019, page 56. Traduit du danois par Janine Poulsen.






    Pia Tafdrup  Le Soleil de la salamandre




    PIA TAFDRUP


    Pia_tafdrup
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    ■ Pia Tafdrup
    sur Terres de femmes


    Pouls imaginaire (poème extrait des Chevaux de Tarkovski)
    Baptême (poème extrait de La Forêt de cristal)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Unes)
    la fiche de l’éditeur sur Le Soleil de la salamandre
    le site de Pia Tafdrup






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  • Pia Tafdrup | Baptême




    Bapteme Collage diptyque
    L’œil de l’homme. Il me voit
    et me souhaite de chavirer, de tomber
    dans des ténèbres où nous allons nous rencontrer

    Diptyque photographique, G.AdC






    DÅB



    Mandens øje. Han ser mig
    og ønsker mi gen kæntring, et mørke
    hvor vi skal mødes
    et bjerg der griber
    fast og stille

    Vandet der er godt
    for glemsel og flydende sten
    i det døber han mig
    Sætter mig fri
    under sin tyngde
    Jeg synger —
    dækket af sand eller dråber

    Natten er uventet mild
    og navne brænder ikke op
    forsvinder ikke som aske
    kastet på floden
    i gyldent
    — farvel






    BAPTÊME



    L’œil de l’homme. Il me voit
    et me souhaite de chavirer, de tomber
    dans des ténèbres où nous allons nous rencontrer
    une montagne qui enserre
    forte et paisible

    L’eau est bonne
    pour l’oubli et les pierres qui flottent
    il m’y baptise
    Me libère
    sous son poids
    Je chante —
    couverte de sable
    ou de gouttes

    La nuit est d’une douceur inattendue
    et les noms ne brûlent pas
    ne disparaissent pas comme des cendres
    répandues sur le fleuve
    en un geste doré —
    d’adieu



    Pia Tafdrup, La Forêt de cristal [Krystalskoven, Borgen, 1992], Circé/poésie n° 7, 2000, pp. 16-17. Traduit du danois par Carl Gustaf Bjurström.






    Pia Tafdrup




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    Flamme de coquelicot (poème extrait du Soleil de la salamandre)




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  • Pia Tafdrup | Pouls imaginaire



    Le monde existe.
    Collage diptyque, G.AdC







    POULS IMAGINAIRE




    Le triangle des cris d’oiseaux,

    un portail ouvert.
    Entrer nu
    dans le monde, le quitter
    nu.
    Le corps de mon père est parti,

    incinéré et éloigné
    de la surface de la terre.
    Un pouls gravé dans des pierres et
    des routes

    qui avancent en se ramifiant.
    Nous ne partageons pas
    la mort ―
    mais mon père est dans mes pensées

    comme toujours,
    il continue à recevoir des factures et des lettres.
    Les meubles sont là où ils ont toujours été,
    les objets
    sont toujours « les siens » :
    les vêtements (encore imprégnés de son parfum),
    les chaussures (avec les contours de ses doigts de pied),
    les boutons de manchette, la montre,
    les livres, le coupe-papier, les lunettes,
    l’étui avec la rose, l’étui avec la rose.
    Quand on ouvre les tiroirs du bureau

    ils sont remplis
    de lumière perdue.
    Le monde reste là,

    même après
    le départ de mon père.
    Écriture de cendres. Journées de cendres. Floraisons de cendres.
    Résonance claire.
    Le monde existe.



    Pia Tafdrup, Les Chevaux de Tarkovski, Éditions Unes, 2015, pp. 92-93. Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen.




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    Baptême (poème extrait de La Forêt de cristal)
    Flamme de coquelicot (poème extrait du Soleil de la salamandre)




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