Étiquette : Pier Paolo Pasolini


  • Michèle Finck | [Pier Paolo Pasolini, Mamma Roma]





    Mamma-roma-pier-paolo-pasolini-1962
    “A mà… mamma… sto a morì… A mà perché me stanno a fa così?”
    « Mamma, mamma, je meurs. Pourquoi ils font ça ? »








    [PIER PAOLO PASOLINI, MAMMA ROMA]



    Pier Paolo Pasolini

    Mamma Roma

    Anna Magnani, Ettore Garofolo

    Mamma Roma. Prostituée et Pietà. Visage
    De sainte. Nimbé par le noir et blanc. Prostituée
    Et Pietà. Aspire à la rédemption. Par son fils.
    Pour son fils. Cri de la Magnani : « Ettore, Ettore. »
    Marche la prostituée filmée en travelling arrière
    Dans le noir zébré par les lumières de la ville. Marche
    La mère vers le fils. « Ettore, Ettore. » Marche.
    Où le fils ? Avec les voyous. Dans les terrains vagues
    Où se mêlent gratte-ciels et ruines d’aqueducs de la Rome
    Antique. « Ettore, Ettore. » Quelle rédemption
    Pour les pauvres ? Prostituée et Pietà. Marche.






    Mamma Roma Fine






    Gros plan sur le visage de Mamma Roma. Larmes.
    De joie. Fierté pour le fils, serveur dans un restaurant,
    Porteur à la Caravage d’une corbeille de fruits.
    Gros plan sur le visage de Mamma Roma. Larmes.
    De douleur. Fils coupable a volé. Fils en prison.
    Chant IV de L’Enfer de Dante dans une salle d’hôpital.
    « Mamma, mamma, je meurs. Pourquoi ils font ça ? »
    Fils à l’agonie est attaché à son lit. « Ettore,
    Ettore. »
    Ré mineur. Abîmes de Vivaldi.
    Lamentation sur le Christ mort de Mantegna ?
    Raccourci perspectif du corps du fils à la morgue.
    Grands pieds avec deux trous, stigmates.
    Vierge en pleurs s’essuie le visage. Stabat Mater.






    Mamma Roma Fine 2






    Michèle Finck, « V Cinémathèque des larmes » in Connaissance par les larmes, éditions Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, volume 233, 2017, pp. 139-140.







    Finck 3






    MICHÈLE FINCK


    Finck Guidu
    Image, G.AdC




    ■ Michèle Finck
    sur Terres de femmes

    Connaissance par les larmes (lecture d’AP)
    [Chostakovitch, Tsvetaïeva, Akhmatova] (poème extrait de La Troisième Main)
    La Troisième Main (lecture d’Isabelle Raviolo)
    Pitié (poème extrait de L’Ouïe éblouie)
    [Cette fois nous parvenons à travailler] (poème extrait de Poésie Shéhé Résistance)
    Sur un piano de paille (lecture d’AP)
    Variation 9 :: À Glenn Gould 1981 (poème extrait de Sur un piano de paille)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une notice bio-bibliographique sur Michèle Finck
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page sur Connaissance par les larmes de Michèle Finck



    ■ Voir | écouter encore▼

    → (sur Terres de femmes)
    22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
    → (sur YouTube) la séquence finale de Mamma Roma =>


    Séquence finale de Mamma Roma





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  • Pier Paolo Pasolini, La Rage (extraits)




    Libération de la Tunisie



    Ce sont les jours de la joie,
    les jours de la victoire.

    Gens de couleur,
    la Tunisie vit sa libération.

    Des années de misère
    de labeur et d’erreur se préparent.

    Une mutation de l’histoire se prépare
    qui amènera peut-être régression et corruption.

    Gens de couleur,
    c’est dans l’espoir que l’homme n’a pas de couleur.

    Gens de couleur, c’est dans la joie
    que l’unique couleur est la couleur de l’homme.






    Libération du Togo



    Joie après joie,
    victoire après victoire !

    Gens de couleur, une nouvelle nation
    d’Afrique est indépendante !

    Une liberté élémentaire
    avec tout un chemin encore à parcourir.

    Gens de couleur, c’est dans la dignité
    que l’homme n’a pas de couleur.

    L’unique couleur de l’homme
    est dans la joie de se confronter à sa propre obscurité.






    Libération de Cuba. Images de jeunes filles en fête



    Joie après joie,
    victoire après victoire !

    Gens de couleur,
    Cuba est libre.

    Gens de couleur, c’est dans l’innocence
    que l’homme n’a pas de couleur.

    C’est dans la victoire que l’unique couleur
    est la couleur de l’homme.



    Pier Paolo Pasolini, La Rage, 24b, 24d, 24e, Éditions Nous, Collection Now, 2014, pp. 54-56-58. Traduit de l’italien par Patricia Atzei et Benoît Casas. Introduction de Roberto Chiesi.







    Pasolini_larage_b




    PIER PAOLO PASOLINI


    Pasolini
    Source



    ■ Pier Paolo Pasolini
    sur Terres de femmes

    5 mars 1922 | Naissance de Pier Paolo Pasolini
    22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
    2 novembre 1975 | Mort de Pier Paolo Pasolini
    Al principe
    A na fruta (+ bio-bibliographie)
    El cuòr su l’aqua
    Le chant des cloches
    [Ma io parlo… del mondo] (extrait de Poésie en forme de rose)
    Pier Paolo, le poète assassiné



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Nous)
    la fiche de l’éditeur sur La Rage de Pasolini





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  • Pier Paolo Pasolini | [Ma io parlo… del mondo]



    Les premières marques d’une vieillesse féroce
    Source






    [MA IO PARLO… DEL MONDO]



    Ma io parlo… del mondo ― e dovrei,
    invece ― parlare dell’Italia, e anzi,
    di una Italia, di quella di cui sei,

    con me, destinatario dei miei versi, figlio:
    fisica storia in cui ti circostanzi.
    L’ho chiamato « innocente », il mondo, io,

    io, in quanto cieco, figlio martoriato.
    Ma se guardo intorno questi avanzi
    d’una storia che da secoli ha dato

    soltanto servi… questa Apparizione
    in cui la realtà non ha altro indizio
    che la sua brutale ripetizione…

    che scena… espressionistica! Penso a un giudizio
    subìto senza senso… le toghe… le tristi autorità del Sud…
    dietro i visi dei giudici ― in cui il vizio

    è un vizio di dolore, che denuda
    ambienti miserandi ― non si leggeva che impotenza
    a uscire da un’oscura realtà di parentele, da una cruda

    moralità, da una provinciale inesperienza…
    Quelle fronti da Teatro dell’Arte,
    quei poveri occhi di obbedienti onagri

    intestarditi, quelle orecchie basse,
    quelle parole che per mascherare
    il vuoto si gonfiavano a recitare una parte

    di paterna minaccia, di indignazione floreale!
    Ah, io non so odiare: e so quindi che non posso
    descriverli con la ferocia necessaria

    alla poesia. Dirò solo con pietà di quella faccia
    di calabrese, con le forme del bambino
    e del teschio, che parlava dialettale

    con gli umili, scolastico coi grandi.
    Che ascoltava attento, umano,
    e intanto, negli ineffati e nefandi

    fori interiori, covava il suo piano
    di timido che il timore fa spietato.
    Ai lati, altre due faccie ben riconoscibili,

    faccie che per strada, in un bar affollato,
    sono le faccie deboli, poco sane,
    di precoci invecchiati, di malati

    di fegato: di borghesi il cui pane
    certo non sa di sale, non ignobili, no,
    non prive affatto di sembianze umane

    nel pungente nero degli occhi, nel pallore
    delle fronti martoriate dalla prima
    feroce anzianità… Un quarto inviato del Signore

    ― certo ammogliato, certo protetto da un giro
    di rispettabili colleghi nella sua città
    di provincia ― rappreso in un sospiro

    di malato nei visceri o nel cuore ―
    se ne stava in un banco isolato: come sta
    chi si prepara a un premeditato disamore.

    E davanti a questi, il campione: colui che ha
    venduto l’anima al diavolo, in carne e ossa.

    […]



    Pier Paolo Pasolini, La realtà in Poesie in forma di rosa, Garzanti Editore, 1964, 1976.






    [MAIS JE PARLE… DU MONDE]



    Mais je parle… du monde — et je devrais
    plutôt — parler de l’Italie, et même
    d’une certaine Italie, de celle dont tu es,

    avec moi, destinataire de mes vers, le fils :
    histoire physique dans laquelle tu te circonscris.
    Je t’ai appelé « innocent », le monde, moi,

    Moi, en tant qu’aveugle, fils martyrisé.
    Mais si je regarde autour ces restes
    d’une histoire qui depuis des siècles n’a donné

    que des esclaves… cette Apparition
    où la réalité n’a pas d’autre indice
    que sa brutale répétition…

    quelle scène expressionniste ! Je pense à un jugement
    subi, privé de sens… les toges… les tristes autorités du Sud…
    derrière les visages des juges — dont le vice

    est un vice de douleur, qui dénude
    des milieux misérables — ne se lisait qu’impuissance
    à sortir d’une obscure réalité de parentés, d’une crue

    moralité, d’une provinciale inexpérience…
    Ces fronts de Commedia dell’Arte,
    ces pauvres yeux d’onagres obéissants

    entêtés, ces oreilles basses,
    ces mots qui pour masquer
    le vide s’enflaient pour jouer un rôle

    de menace paternelle, d’indignation Art nouveau !
    Ah, je ne sais pas haïr : et je sais donc que je ne peux pas
    les décrire avec la férocité nécessaire

    à la poésie. Je parlerai seulement avec pitié de ce visage
    de Calabrais, avec les formes de l’enfant
    et de la tête de mort, qui parlait en dialecte

    avec les humbles, dans un style scolaire avec les grands.
    Qui écoutait avec attention et humanité,
    et en même temps, dans les fors intérieurs

    tacites et indicibles, couvait son plan
    de timoré que la peur rend impitoyable.
    À ses côtés, deux autres visages bien reconnaissables,

    visages qui dans la rue, dans un bar plein de monde,
    sont les visages faibles, malsains,
    de vieux avant l’heure, de malades

    du foie : de bourgeois dont le pain
    n’a certes pas le goût de sel, pas ignobles, non,
    pas entièrement privés d’un semblant d’humanité,

    dans le noir transperçant des yeux, dans la pâleur
    des fronts martyrisés par les premières
    marques d’une vieillesse féroce… Un quatrième envoyé du Seigneur

    — évidemment marié, évidemment protégé par une clique
    de collègues respectables dans sa ville
    de province — figé dans un soupir

    de malade de digestion et de cœur —
    se tenait isolé sur un banc : comme quelqu’un
    qui se prépare à un désamour prémédité.

    Et devant eux, le champion : celui qui a
    vendu son âme au diable, en chair et en os.

    […]



    Pier Paolo Pasolini, La réalité (extrait) in Poésie en forme de rose, édition bilingue, Rivages poche | Petite Bibliothèque, 2015, pp. 124-125-126-127-128-129. Traduit de l’italien, annoté et préfacé par René de Ceccatty.





    Pier Paolo rose 2






    PIER  PAOLO  PASOLINI


    Pasolini
    Source



    ■ Pier Paolo Pasolini
    sur Terres de femmes

    5 mars 1922 | Naissance de Pier Paolo Pasolini
    22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
    2 novembre 1975 | Mort de Pier Paolo Pasolini
    Al principe
    A na fruta (+ bio-bibliographie)
    El cuòr su l’aqua
    Le chant des cloches
    Pier Paolo, le poète assassiné
    La Rage (extraits)



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  • 5 mars 1922 | Naissance de Pier Paolo Pasolini

    Éphéméride culturelle à rebours


    Le 5 mars 1922 naît à Bologne Pier Paolo Pasolini.






    Pasolini  portrait collage

    Portrait collage, G.AdC






    Pier Paolo est le fils ainé du couple Pasolini. Son père, Carlo Alberto Pasolini, lieutenant d’artillerie, tient ses origines d’une vieille famille noble de la Romagne, liée à l’histoire des États de l’Église. En revanche, Susanna Colussi, sa mère, est issue d’une solide famille de paysans frioulans, depuis toujours attachés à la terre, aux travaux des champs et aux récoltes.

    Pasolini dira de sa famille :

    « Je suis né dans une famille typiquement représentative de la société italienne : un produit de l’unité italienne… »

    Le couple Pasolini s’installe à Casarsa (Frioul) avant de déménager pour Bologne. Puis pour Parme. Pour les Pasolini en perpétuel déplacement, Casarsa reste le point de ralliement auquel Pier Paolo restera toujours attaché. C’est pour lui le monde de l’enfance, des vacances l’été, des expériences inoubliables, des premières amours. Casarsa, lieu de la nostalgie et des blessures qui en sont la source.

    Pour subvenir aux besoins de sa famille criblée de dettes, Susanna reprend à Casarsa son métier d’institutrice.

    Dès 1929, Pier Paolo consigne dans un carnet des poèmes accompagnés de dessins. Mais il échoue à son examen d’admission au collège de Sacile.

    De 1932 à 1935, la famille vit à Crémone. Pasolini compose des pièces héroïques inspirées d’Homère et de Jules Verne. Il fréquente ensuite le lycée de Bologne, découvre Rimbaud, passe en 1939 son baccalauréat à la session d’automne. Puis s’inscrit à la Faculté des lettres. Il s’intéresse à l’histoire de l’art et suit les cours de Roberto Longhi, spécialiste de Caravage et du caravagisme. En 1941, son père, envoyé se battre au Kenya, est fait prisonnier. La famille quitte Bologne, devenue trop dangereuse, pour Casarsa. Elle s’installe dans la maison du grand-père maternel Meni Colùs. Pier Paolo Pasolini compose en frioulan, la langue de ses ancêtres, des poèmes qu’il transpose en italien. L’ensemble paraîtra chez un petit éditeur de Bologne, dans un recueil intitulé Poesie a Casarsa. Avec ses amis passionnés comme lui de langue et de littérature, il crée « l’Academiuta de lengua furlana » et la revue Il Stroligut. Écrire en dialecte frioulan répond chez Pasolini à la tentative de priver l’église de l’hégémonie culturelle qu’elle exerce sur le peuple.

    En 1943, Pasolini, contraint de s’enrôler, est appelé à Livourne. En septembre, il déserte. Après un séjour à Casarta, il se rend à Versuta où il ouvre avec sa mère une école indépendante. Il écrit des poèmes qui figureront dans le recueil La meglio gioventù (La Meilleure Jeunesse). Le 12 février 1945 son frère Guido (né à Belluno en 1945), entré dans la résistance communiste, meurt assassiné par la faction slovène de son parti. Cet événement tragique bouleverse la vie de Pasolini et de sa mère, tous deux détruits par le chagrin. Les liens entre Pasolini et sa mère se resserrent, qui tiennent le père à l’écart.

    En 1948, Pasolini inaugure sa vie de militant politique. Il entre au parti communiste dont il restera toujours proche, même après son exclusion. Dans le même temps, il rédige Amado mio (Actes impurs), récit romancé de ses amours avec des adolescents. Texte qui ne sera publié qu’après sa mort. En octobre 1949, Pasolini est dénoncé pour corruption de mineurs. Cette dénonciation (qui aboutit à un non-lieu en 1952) lui vaut d’être radié de l’Éducation nationale et exclu du parti communiste. « Pour indignité morale ».

    Le 28 janvier 1950, Pasolini part pour la banlieue romaine avec sa mère.





    A ME FRADI (extrait)


    Ressuretion

    Me fradi muart al ten
    na part di me cun lui
    tal che trist Infinit
    ch’al mi scrussia ogni dì.

    Un sofli al mi divit
    da lui, e un scur misteri ;
    quan ch’a brilin li stelis,
    mi lu figuri dongia.

    I sint il so respir
    tai me ciavej, e il nuja,
    una lus infinida
    a è dut un cu’l so vuli.




    Résurrection

    Mon frère mort me retient
    Une part de moi avec lui
    Dans ce triste infini
    Qui m’angoisse chaque jour.

    Un souffle me sépare
    De lui, et un sombre mystère ;
    Quand brillent les étoiles,
    Je me le figure près de moi.

    Je sens sa respiration
    Dans mes cheveux, et le néant,
    Une lumière infinie
    Ne fait qu’un avec son œil.



    Pier Paolo Pasolini, Poesie in Friulano | Poèmes en Frioulan, 1943-1949, in Pier Paolo Pasolini, Adulte ? Jamais, Poèmes choisis, édition bilingue, Éditions Points, Collection Points Poésie, 2013, pp. 70-71. Poèmes choisis, présentés et traduits de l’italien par René de Ceccatty.







    Pier Paolo Pasolini, Adulte






    PIER PAOLO PASOLINI


    Pasolini
    Source



    ■ Pier Paolo Pasolini
    sur Terres de femmes

    22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
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    Le chant des cloches
    [Ma io parlo… del mondo] (extrait de Poésie en forme de rose)
    Pier Paolo, le poète assassiné
    La Rage (extraits)





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  • Pier Paolo Pasolini | Al principe



    AL PRINCIPE



    Se torna il sole, se discende la sera,

    se la notte ha un sapore di notti future,
    se un pomeriggio di pioggia sembra tornare

    da tempi troppo amati e mai avuti del tutto,
    io non sono più felice, né di goderne né di soffrirne:

    non sento più, davanti a me, tutta la vita…
    Per essere poeti, bisogna avere molto tempo:

    ore e ore di solitudine sono il solo modo
    perché si formi qualcosa, che è forza, abbandono,

    vizio, libertà, per dare stile al caos.
    Io tempo ormai ne ho poco: per colpa della morte

    che viene avanti, al tramonto della gioventù.
    Ma per colpa anche di questo nostro mondo umano,

    che ai poveri toglie il pane, ai poeti la pace.

    1958






    AU PRINCE



    Si le soleil revient, si le soir descend

    si la nuit a un goût de nuits à venir,
    si un après-midi pluvieux semble revenir

    d’époques trop aimées et jamais entièrement obtenues,
    je ne suis plus heureux, ni d’en jouir ni d’en souffrir ;

    je ne sens plus, devant moi, la vie entière…
    Pour être poètes, il faut avoir beaucoup de temps ;

    des heures et des heures de solitude sont la seule
    façon pour que quelque chose se forme, force,

    abandon, vice, liberté, pour donner un style au chaos.
    Moi je n’ai plus guère de temps : à cause de la mort

    qui approche, au crépuscule de la jeunesse.
    Mais à cause aussi de notre monde humain,

    qui vole le pain aux pauvres et la paix aux poètes.

    1958




    Pier Paolo Pasolini, Umiliato e offeso (1958), in La Persécution, édition bilingue, Inédit, Éditions Points, Collection Points Poésie, 2014, pp. 78-79. Poèmes choisis, présentés et traduits de l’italien par René de Ceccatty.







    Pasolini La Persécution





    PIER PAOLO PASOLINI


    Pasolini
    Source



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  • 22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma
    (Pier Paolo Pasolini)

    Éphéméride culturelle à rebours



    Anna Magnani dans Mamma Roma
    Source







    Le 22 septembre 1962 sort en Italie, au cinéma Quattro Fontane à Rome, Mamma Roma, film réalisé par Pier Paolo Pasolini. Avec Anna Magnani dans le rôle de la prostituée Mamma Roma et Ettore Garofolo dans le rôle d’Ettore.







    RENÉ DE CECCATTY, APRÈS LA PROJECTION DE MAMMA ROMA
    (extrait de Sur Pier Paolo Pasolini)




    Le tournage de Mamma Roma commence au printemps 1962. Pasolini […] s’adresse à Anna Magnani et prend pour acteur principal un serveur dans une trattoria du Trastevere. « Je l’ai découvert l’autre soir et ça a été aussi beau que de trouver le dernier vers, le plus important, d’un poème, que de trouver la rime parfaite. » Le plus étonnant est qu’il fera exercer à son personnage le métier de l’acteur. Il compare, d’ailleurs, cette vision d’Ettore Garofalo [ou Garofolo] avec son plateau à un tableau célèbre de Caravage (Jeune Bacchus). L’intrigue est inspirée d’un fait divers : la mort en prison d’un garçon de dix-huit ans, Marcello Elisei. Pasolini avait prévu de raconter cette histoire dans un roman, abandonné, Il Rio della grana.

    Il devait regretter d’avoir fait appel à Anna Magnani, à laquelle il reprochait son éducation petite-bourgeoise et non prolétaire. Mais Elsa Morante lui écrit à ce propos : « D’après moi, tous autant qu’ils sont avaient décidé dès le départ que Magnani devait être trop parmi les autres personnages, sans avoir le courage de juger à partir des faits mêmes. En fait, d’après moi, Magnani est splendide et son histoire n’aurait pu être mieux réussie, même dans ses rapports avec son fils. » Elsa Morante, elle-même, s’inspirera du personnage d’Ettore pour La Storia et Le Monde sauvé par les gamins.

    En réalité, s’il y a un problème Magnani dans Mamma Roma, ce n’est pas à cause de l’actrice, mais du personnage. Mamma Roma est un personnage symbolique et fantasmatique, ce que n’est pas Ettore. Et Pasolini a eu un certain mal à insérer dans une intrigue « naturaliste » deux personnages dont les fonctions sont aussi différentes à l’intérieur de son système de représentation de la réalité poétique. Il est évident qu’Ettore est le condensé de tous les garçons que Pasolini a aimés lorsqu’il enseignait dans le Frioul, puis quand il s’est installé dans les « borgate ». C’est le personnage qui, avec plus de tragique, annonce en partie celui qui sera son compagnon, Ninetto Davoli (qu’il rencontrera dans moins d’un an, en tournant La Ricotta). Il filme donc poétiquement et tragiquement Ettore : poétiquement quand il le montre errant dans les terrains vagues, tragiquement lorsqu’il le suit de dos (comme il filmera dans deux ans le Christ dans L’Évangile, selon son style indirect libre ou semi-direct) ou encore au moment de sa mort en représentant la « perspective en raccourci » du Christ de Mantegna. Alors qu’il filme beaucoup plus conventionnellement Anna Magnani : il a recours à deux conventions ; la convention populiste, lorsqu’elle est à son stand au marché — c’est ainsi qu’on filmait Sophia Loren à Naples — et une autre convention, elle, si l’on peut dire, beaucoup plus originale, la convention symbolique : les deux plans — séquences travelling — arrière où elle raconte sa vie aux souteneurs et aux clients. Il a été contraint d’inventer ce style qui n’est qu’en partie le sien : il sera réutilisé sur un mode comique, mais avec la même force symbolique, dans Uccellacci e uccellini. Mais il y a, heureusement, la scène d’ouverture, complètement géniale, la « cène de mariage » où il rejoint immédiatement le grand style pasolinien, celui qui s’épanouira dans Porcherie ou dans les Contes.



    René de Ceccatty, Sur Pier Paolo Pasolini, Éditions du Rocher, 2005, pp. 171-172.





    ANNA MAGNANI


    Anna Magnani dans Mamma Roma
    Source



    ■ Anna Magnani
    sur Terres de femmes

    7 mars 1908 | Naissance d’Anna Magnani (lecture de La Langue d’Anna de Bernard Noël, par AP)
    des extraits de La Langue d’Anna de Bernard Noël



    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur YouTube) la séquence Fiore di merda de Mamma Roma :

    Séquence du film Mamma Roma

    → (sur YouTube) la séquence finale de Mamma Roma :

    Séquence finale de Mamma Roma



    ■ Pier Paolo Pasolini
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    Le chant des cloches
    [Ma io parlo… del mondo] (extrait de Poésie en forme de rose)
    Pier Paolo, le poète assassiné (recension de Sur Pier Paolo Pasolini de René de Ceccatty)
    La Rage (extraits)





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  • Sandro Penna | Un’estate

    «  Poésie d’un jour  »





    UN-ESTATE
    Ph., G.AdC






    UN’ESTATE
    (VI,VII, VIII, IX)



    VI


                                              Era maggio, tremavo l’esplosione
                                              dello zufolo sotto la cerniera…


    VII


                                              Era giugno, io spiavo, era la sera
                                              che nascosto portasti una smorfiosa
                                              su da noi : la tua mano scomparsa nelle sete
                                              cercava il nido della capinera.


    VIII


                                              Luglio come un garzone neghittoso
                                              abbandonato sopra il muricciuolo,
                                              e io a spiegarti : vedi, che tra noi…
                                              e tu distratto, ilare assiuolo.


    IX


                                              Notti d’agosto tra costellazioni
                                              di fanciulli, fiurtivi lungo il lido :
                                              io senza astronomia
                                              ti trovo senza errori, stella mia.







    UN ÉTÉ
    (VI, VII, VIII, IX)


    VI


                                              C’était mai, je tremblais l’explosion
                                              du chalumeau sous la fermeture


    VII


                                              C’était juin, j’épiais, c’était le soir
                                              où en cachette tu apportas une charmeuse
                                              chez nous : ta main disparue dans les soies
                                              cherchait le nid de la fauvette.


    VIII


                                              Juillet comme un commis indolent
                                              abandonné sur le muret,
                                              et moi qui t’explique : tu vois, nous deux…
                                              et toi distrait, petit-duc radieux.


    IX


                                              Nuits d’août parmi les constellations
                                              de garçons, furtifs sur le rivage :
                                              moi sans astronomie
                                              je te trouve sans erreurs, mon étoile.



    Sandro Penna, De la gourmandise [poèmes poste restante], édition bilingue, Үpsilon Éditeur, 2009, pp. 22-29. Traduction : Daniele Comberiati/Etienne Dobenesque.




    PASOLINI-PENNA
    Sandro Penna et Pier Paolo Pasolini
    Ph. © copyright Mario Dondero






    LETTRE D’AMELIA ROSSELLI À PIER PAOLO PASOLINI
    (À PROPOS DE LA RÉÉDITION DES ÉCRITS DE SANDRO PENNA)



    31/10/1968

    Lungotevere Sanzio 5
    00153- Roma


    Caro Pier Paolo,


    Ti scrivo riguardo agli scritti di Sandro Penna, che ho conosciuto bene ultimamente, e che come tu saprai, non sta affatto bene credo da parecchio. Anzi ora non può uscire di casa, e addirittura non esce di letto – lo curano per disintossicarlo: e infatti credo che abbia molto abusato di pillole varie e sonniferi, da anni.

    Mi ha espresso la sua preoccupazione per il libro « Poesie », che non viene ristampato da Garzanti. Mi ha anche detto che nel passato Citati voleva occuparsi a fondo dei suoi scritti, ma che lui stesso per la sua pigrizia (o angoscia) non l’aiutò minimamente. Vorrebbe una ristampa di « Poesie », senza però dover aggiungere altre poesie, o toglierne alcuna (questo invece era quel che suggeriva Bertolucci). So che il suo contratto è del 1957: Penna crede di ricordare che non vi fosse clausola che si riferisse ad una precisa priorità alle ristampe da parte di Garzanti : comunque non sono riuscita a veder il contratto, e non so, nel caso che invece esista questa priorità, per quanti anni valga (20 anni?) (o dieci?)

    Ho suggerito a Mondadori il fare una « opera omnia » delle prose e poesie di Penna. A Penna ciò interesserebbe, ma per ora non vuole, o sopratutto non può, occuparsene. Si tratterebbe di circa 2 volumi.

    Ma certo andrebbe chiarito se Garzanti intende o no ristampare « Poesie ». Vorrei proprio pregarti (anche a nome di Penna) di informarti 1) della clausola – se esiste o no sul contratto 2) se Garzanti sì o no vuole ristampare il testo. E’, del resto, obbligato a prendere una decisione. Nel caso che non volesse ristampare il testo tale e quale, ho l’impressione che a Mondadori interesserebbe assai. Anzi penso proprio che miri a questo libro, ma non voglia scrivere a Garzanti chiedendo della situazione contrattuale, proprio perché teme che Garzanti allora si precipiti a infatti ristampare.

    Penso che sei tu la persona che meglio può informarsi presso Garzanti (come tu sai io non sono più in buoni rapporti con la sua casa editrice). Quel che conta, trovo, è far si che almeno « Poesie » venga ristampato : fu mal distribuito, ed è ora esaurito – è impossibile trovarne una copia da parecchio tempo.

    Quanto ad un eventuale « opera omnia » (l’idea mi sembra molto buona, ma è chiaro che solo Penna può decidere cosa includervi) è da proporsi per più tardi : Penna mi dice ripetutamente che per ora non sta abbastanza bene. Trovo che in ogni caso il ristampare « Poesie » senza chiedere cangiamenti non graditi a Penna, sia necessariamento – e doveroso.

    Vorrei eventualmente interessarmi all’« opera omnia », quando Penna si rimetterà. Questo nel senso di aiutarlo nelle cose pratiche, nel prendere contatti ecc. Per me è indifferente con quale editore Penna voglia eventualmente pubblicarla (non lavoro per alcun editore come consulente) : suppongo che a Garzanti non interessi. Nel caso però che anche a Garzanti più tardi una impresa simile possa attrarre io però dovrei « dilequarmi » (per i sopramenzionati « cattivi rapporti »…).

    Spero proprio d’aver qualche notizia, oppure che tu possa telefonare a Penna dandogli chiarimenti o buone notizie per « Poesie ».

    Il mio nuovo numero di telefonico è : 5813890
    ti ringrazio –
    con molti auguri


    Amelia Rosselli




    Amelia Rosselli, Lettere a Pasolini 1962-1969, a cura di Stefano Giovannuzzi, Edizioni San Marco dei Giustiniani in Genova, 2008, pp. 57-58-59.






    ■ Sandro Penna
    sur Terres de femmes


    L’automne me parle déjà
    Chroniques de printemps (+ notice bio-bibliographique)
    [Nuit : rêve de fenêtres] (poème extrait de Croix et délice)
    [La vie… c’est se souvenir d’un réveil]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur italialibri) une
    bio-bibliographie (en italien) sur Sandro Penna
    → (sur Imperfetta Ellisse) une
    note très pertinente (en italien) de Giacomo Cerrai à propos du centenaire de la naissance de Sandro Penna
    → (sur Terres de femmes)
    11 février 1996 | Mort d’Amelia Rosselli






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