Étiquette : Pierre Garnier


  • Pierre Garnier | [Dans les fenêtres l’eau tourne]


    [DANS LES FENÊTRES L’EAU TOURNE]




    Dans les fenêtres
    l’eau tourne,

    on voit des mains portées
    au cœur

    pendant que la Vierge monte dans les surfaces.



    Rougeoiement de tes veines
    quand l’hiver parle par le feu
    et que l’herbe
    sous ses trèfles gothiques
    nous souhaite
    bonne chance.



    Dans le ventre
    je fais une étoile
    qui fêle de vitre en vitre
    jusqu’aux yeux.



    Insectes aiguisés
    dans la circulation des poèmes
    (logis des mots insecticides)
    la sauterelle
    s’effare
    pendant que ta robe n’est plus précieuse
    mais profonde.



    L’œil le dernier feu,
    quel trèfle
    nous parle à travers

    Pendant que le gothique
    s’organise
    trouvant son ogive
    dans l’oreille du lièvre.



    Le soleil est toujours au bord de ce géranium :
    il ne le quitte pas — même la nuit.

    L’odeur du géranium me dit
    que l’un ou l’autre va mourir.





    Pierre Garnier, Perpetuum mobile, éditions Gallimard, collection Blanche, 1968 ; rééd. Perpetuum mobile, suivi de Secondes et de Santerre, éditions L’Herbe qui tremble, 64140 Billère, 2020, pp. 40-45.






    Pierre Garnier  Perpetuum mobile  L'Herbe qui tremble




    PIERRE GARNIER


    Pierre Garnier NB
    D.R. Ph. Olivier Engelaere




    ■ Pierre Garnier
    sur Terres de femmes


    [Les soldats sont venus]
    2008 : Année Pierre Garnier




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    Hommage au poète Pierre Garnier
    lecture spectacle Alain Marc lit Pierre Garnier




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  • Hermann Hesse | Ode an Hölderlin




    Hölderlin bis
    Image, G.AdC






    ODE AN HÖLDERLIN




    Freund meiner Jugend, zu dir kehr ich voll Dankbarkeit
    Manchen Abend zurück, wenn im Fliedergebüsch
    Des entschlummerten Gartens
    Nur der rauschende Brunnen noch tönt.


    Keiner kennt dich, o Freund; weit hat die neuere Zeit
    Sich von Griechenlands stillen Zaubern entfernt,
    Ohne Gebet und entgöttert
    Wandelt nüchtern das Volk im Staub.


    Aber der heimlichen Schar innig Versunkener,
    Denen der Gott die Seele mit Sehnsucht schlug,
    Ihr erklingen die Lieder
    Deiner göttlichen Harfe noch heut.


    Sehnlich wenden wir uns, vom Tag Ermüdete,
    Der ambrosischen Nacht deiner Gesänge zu,
    Deren wehender Fittich
    Uns beschattet mit goldenem Traum.


    Ach, und glühender brennt, wenn dein Lied uns entzückt,
    Schmerzlich brennt nach der Vorzeit seligem Land,
    Nach den Tempeln der Griechen
    Unser ewiges Heimweh auf.


    (1911)








    ODE À HÖLDERLIN




    Vers toi, ami de ma jeunesse, je viens souvent le soir,
    Empli de reconnaissance
    Quand, dans les lilas du jardin assoupi,
    Tinte, seul maintenant, le murmure de la fontaine.


    Personne ne te connaît, mon ami ; notre temps
    S’est éloigné du sortilège paisible de la Grèce,
    Notre temps est sans ferveur et sans dieux,
    Un peuple prosaïque erre dans la poussière.


    Mais Dieu a frappé d’une grande ardeur
    La troupe secrète de ceux dont l’âme se languit
    Et aujourd’hui encore
    Ta harpe chante pour elle.


    Nous sommes fatigués du jour et pleins de nostalgie,
    Nous nous tournons vers la nuit qu’emplit
    L’ambroisie de tes chants,
    Leurs ailes qui planent nous ombragent de rêves d’or.


    Hélas ! le mal du pays nous brûle plus encore quand ton lied
    Nous émerveille et nous élève, et plus douloureux encore
    Il nous enflamme vers le pays bienheureux de l’antique histoire,
    Vers les temples de la Grèce, notre mal du pays douloureux, éternel.




    Hermann Hesse, « Ode à Hölderlin », Revue Europe n° 851, mars 2000, page 112. Poème traduit de l’allemand par Pierre Garnier.







    Holderlin Europe





    HERMANN HESSE


    AVT_Hermann-Hesse_9978
    Source



    ■ Hermann Hesse
    sur Terres de femmes

    14 novembre 1946 | Herman Hesse, Prix Nobel de Littérature



    ■ Friedrich Hölderlin
    sur Terres de femmes

    L’Aigle
    La bonne croyance
    Diotima
    Tinian





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  • Pierre Garnier | [Les soldats sont venus]


    Kazimir-Malevich-A-Soldier-Of-The-Guards-Oil-Painting
    Kazimir Severinovitch Malevitch,
    A Soldier Of The Guards, 1913
    Huile sur toile, 57 x 66,5 cm
    Amsterdam, Stedelijk Museum






    [LES SOLDATS SONT VENUS]



    Les soldats sont venus
    parfois par les prairies
    parfois par les sentiers

    ils sont arrivés dans les villes
    ils y amènent la campagne
    puis ils partent au front
    il faut s’habituer à leur mort géante


    les soldats chantent avec les oiseaux
    ils reviennent d’anciens printemps

    puis arrive la splendeur,
    les résistants parmi les arbres, avec les arbres,
    ce sont des hommes
    dont les mains sont couvertes de bourgeons


    on passe des tracts sous les portes
    c’est le passage de la nuit étoilée

    la grand’mère reste immobile devant son bol de lait
    elle dit « c’est un beau paysage »

    puis elle tisonne le feu
    on entend les crépitements

    elle dit « la mort est blanche »

    à la fin elle rêve ; elle allume sa bougie
    « C’est pour éclairer la barque »


    dans les poèmes il y a des vallées
    où lapins et perdreaux se cachent

    parfois la charrue s’arrête
    — alors le paysan détèle son cheval blanc
    et ils s’en vont tous deux dans le poème

    […]



    Pierre Garnier, L’Immaculée Conception (Litanie), édition bilingue français/allemand, collection « Sources », Éditions En forêt/Verlag im Wald, 2001, pp. 60-62.




    PIERRE GARNIER


    Pierre Garnier NB
    D.R. Ph. Olivier Engelaere




    ■ Pierre Garnier
    sur Terres de femmes


    [île, poème de la mer]
    [Dans les fenêtres l’eau tourne] (extrait de Perpetuum mobile)
    2008 : Année Pierre Garnier




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    Hommage au poète Pierre Garnier
    lecture spectacle Alain Marc lit Pierre Garnier





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  • 2008 : Année Pierre Garnier



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    2008, ANNÉE PIERRE GARNIER



        Les 80 ans de Pierre Garnier (né le 9 janvier 1928 à Amiens) continuent de faire l’objet d’un très grand nombre de manifestations commémoratives, comme celle annoncée sur l’affiche ci-dessus (lectures publiques et publications promues pour la plupart d’entre elles par le Conseil régional de Picardie). Occasion est donnée de balayer quelques idées reçues qui continuent de courir sur le poète Pierre Garnier et de replacer au devant de la scène littéraire son épouse, la « poète spatialiste » Ilse Garnier (née en 1927).

        À trop vouloir définir Pierre Garnier comme « poète spatialiste » et « initiateur du spatialisme », on en arrive le plus souvent à faire l’impasse sur la dernière période (tenue par Alain Marc pour « la plus haute, belle et forte ») de la création du poète. Une période représentée par une « poésie linéaire épurée » qui contrebalance et parachève la « poésie visuelle » des périodes antérieures. Ce dont rend déjà compte, et ce dès 1968, l’ouvrage Perpetuum mobile, publié aux éditions Gallimard.

        L’autre remarque porte sur Ilse Garnier. Accoler systématiquement le nom d’Ilse Garnier à celui de Pierre Garnier, c’est oublier qu’Ilse Garnier est une poète à part entière et que, depuis 1979 (date de publication du premier recueil signé du seul nom d’Ilse Garnier, Blason du corps féminin), Ilse Garnier a publié une vingtaine de recueils poétiques sous son nom.

        À signaler enfin tout particulièrement, en cette année Pierre Garnier 2008, la publication, en mai 2008, de l’ouvrage 1916, La Bataille de la Somme, poème de Pierre Garnier illustré par l’artiste irakienne expatriée Sausen Mustafova (=>diaporama).




    PIERRE GARNIER


    Pierre Garnier NB
    D.R. Ph. Olivier Engelaere




    ■ Pierre Garnier
    sur Terres de femmes

    [île, poème de la mer]
    [Dans les fenêtres l’eau tourne] (extrait de Perpetuum mobile)
    [Les soldats sont venus]




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    le site Présentation lectures d’Alain Marc (vidéo d’Alain Marc lisant Pierre Garnier)





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