Étiquette : Préface


  • Olivier Vossot, L’Écart qui existe

    par Sabine Dewulf


    Olivier Vossot, L’Écart qui existe,
    éditions Les Carnets du Dessert de Lune, Collection Pleine Lune, 2020.
    Préface d’Albane Gellé.
    Illustration de couverture de Pascaline Boura.



    Lecture de Sabine Dewulf


    « C’était un autre silence, / Un autre temps, l’écart qui existe entre durer et tenir. » Dans ce nouveau livre, le deuxième, Olivier Vossot cherche bien un écart. Penché vers le passé (celui du père et du grand-père), le poète n’est pas en quête de souvenirs, ni même de bribes de vision, mais d’un intervalle de silence, plus dense que les mots impossibles des vivants et le mutisme des morts. Il écrit dans l’interstice qui s’offre entre la durée où s’enroule et s’engouffre la vie, et la résistance à tout ce temps qui passe, la lutte vaine. Par cet apprivoisement du seuil, il parvient à habiter la page à sa manière propre, à laisser s’y épancher sa voix singulière, ouverte sur le monde mais toujours en-deçà, issue d’une intériorité pas à pas explorée.

    De l’aïeul, à qui le poète s’adresse tout au long du livre, nous saurons peu de choses, hormis l’apaisement procuré par sa propre écriture, dont le don s’est transmis (« Il me reste tes poèmes »). Et pour cause : « Tu en dis peu. » Pourtant, ce grand-père semble incarner un vrai repère, garant de l’équilibre actuel : « L’âge ni la chaleur / ne trouble ton pas, ton regard. » Il incarne le socle du poème où l’aveu se hasarde : « On cherche appui. » « J’ai […] senti la rancune sourde ». Si le vertige n’est jamais loin (« On est soi-même / le paysage qui menace / de se répandre »), ce pilier évite de sombrer dans l’« angoisse » héritée du père, présent à la troisième personne du singulier : « À huit ans j’ai su que j’avais peur de lui, de son mal-être. » Un père noyé dans la boisson et le chagrin privé de mots, à travers une « buée d’alcool et de larmes rentrées » : « Sa soif murée dans le mutisme ». Le grand-père, quant à lui, est comme « l’arbre / par la fenêtre » (deux motifs récurrents), qui porte « le nid dans des lacets de branches ». Si le monde paternel est la « chambre », avec ses « cris » et sa douleur, « les mots au bord d’être jetés, vidés », le « bégaiement » et l’enfermement « dans son chagrin », celui du grand-père ressemble plutôt à un « rayon sur le mur », à « la lumière sur les choses » : « Que dis-tu / de revêtir un peu de l’âge que j’ai, que tu avais, / de laisser se perdre la peine, / les papiers de ta main serrés / repliés sur eux-mêmes et d’oublier / de nous deux qui regarde ? »

    Qu’est-ce alors qu’écrire, sinon tisser son existence à celle de l’aïeul, échanger les regards et les âges pour se perdre au fond d’une conscience partagée ? Ce qui transcende le « il » du père, le « tu » du grand-père, le « je » ou le « on » du poète, c’est bien ce « nous » qui fait surface, et à travers lui, peut-être aussi, la belle communauté des poètes, dont la parole est toujours en retrait de la nôtre : « Nous n’avons plus l’un et l’autre / qu’à attendre sans nous voir / que le silence qui couvre tout / sorte de nos bouches. »

    Cet écart de silence se lit dans le blanc des pages parcourues de vers brefs et dans l’intensité d’images audacieuses : « bouches bégayées » ; « Le sol ruisselle » ; « Nous marchons sur des débris de jours » ; « Une poignée de jours couchés / en travers des autres, comme un bûcher » ; « La fenêtre emplit la pièce ». C’est un temps différent que chuchotent les vers ponctués, mélodieux, une durée dont la « peau » se dépose sur une présence absente, étirée dans la nuit, une « attente » de mots qui s’avancent « comme on s’enfonce dans un bois ». Le « je » chemine parmi les ombres et les promesses, puis s’efface pour accueillir l’« odeur » qui « sillonne le temps », la « fraîcheur mêlée de feuilles, de moisissure », la « lumière » qui « goutte avec le soir », « le temps que le bruissement retombe »…

    Dans ce silence qui écarte et amplifie, des constats s’élèvent, des preuves de victoires : « Ta mort s’écarte de nous », « Tu n’es pas perdu. / Tu n’emportes rien, / seulement »… Le temps élargi entrelace le diurne au nocturne (« C’est le jour déjà, la nuit ») et recueille en son filet quelques éclairs métaphysiques : « Qui te dit qu’un seul jour a passé. » C’est un berceau tressé de mots où s’endorment les bruits, où la naissance espère : « Se recroqueviller dans la mémoire, / son feuillage d’ombres » ; « Souvent tu me tiens dans tes bras, / je ne pèse pas lourd de vie » ; « Nous ne cherchons pas à vivre, / seulement à naître de nos jours. » Encore blottie au fond de la mémoire, l’enfance, la vraie, celle qui ne sépare rien, aspire à faire bruisser ses ailes pour contrarier la menace d’un enlisement (« On s’enfonce. ») : « Je m’imaginais enfant survoler la Terre » ; « Sans rien dire le grain des voix / crépite sur le temps / où j’étais enfant, que tu vivais. » Si des regards se détournent, ne captent rien ou sont « aveugles », la vision du poète, elle, s’anime d’un souffle aussi profond que les paupières du grand-père : « comme s’ils respiraient pourtant, tes yeux / se sont ouverts se sont fermés ». Et dans cet être-là, où les générations se fondent,

    « [l]’ombre passe, tout reprend corps

    au milieu du jour,

    dans le ventre de l’air,

    tu es là. »




    Sabine Dewulf
    D.R. Texte Sabine Dewulf
    pour Terres de femmes







    Olivier Vossot  L'Ecart qui existe 4




    OLIVIER VOSSOT


    Olivier-vossot
    Source




    ■ Olivier Vossot
    sur Terres de femmes


    [La pluie s’abat, à la fenêtre] (extrait de L’Écart qui existe)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Les Carnets du Dessert de Lune)
    la page de l’éditeur sur Olivier Vossot
    → (sur le site de Terre à ciel)
    une page sur Olivier Vossot
    → (sur le site de Terre à ciel)
    une lecture de L’Écart qui existe, d’Olivier Vossot par Cécile Guivarch





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  • Olivier Vossot | [La pluie s’abat, à la fenêtre]



    Le paysage qui menace
    Ph., G.AdC





    [LA PLUIE S’ABAT, À LA FENÊTRE]




    La pluie s’abat, à la fenêtre.
    On est soi-même
    le paysage qui menace
    de se répandre.
    Le froid monte.
    Refermer les yeux
    ne colmate plus.
    Arrivé peut-être, fenêtre close
    qui déborde.



    On vit en pièces
    pas très loin derrière son visage,
    des yeux qui se détournent.
    On disparaît comme si dessous avait été
    d’un seul morceau.
    La nuit prend partout, bientôt
    laisse aller
    ce qui voit.



    Les matins glissent,
    l’oubli remonte comme l’eau.
    Tu vois d’en-dessous
    passer les feuilles mortes.
    Les mots pèsent
    du poids d’être dits,
    bouches bégayées.
    Nous remuons chacun d’un côté du rêve,
    là où personne encore ne sait.




    Olivier Vossot, L’Écart qui existe, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, Collection Pleine Lune, 2020, pp. 59-61. Préface d’Albane Gellé. Illustration de couverture de Pascaline Boura.






    Olivier Vossot  L'Ecart qui existe 4




    OLIVIER VOSSOT


    Olivier-vossot
    Source




    ■ Olivier Vossot
    sur Terres de femmes


    L’Écart qui existe (lecture de Sabine Dewulf)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Les Carnets du Dessert de Lune)
    la page de l’éditeur sur Olivier Vossot
    → (sur le site de Terre à ciel)
    une page sur Olivier Vossot
    → (sur le site de Terre à ciel)
    une lecture de L’Écart qui existe, d’Olivier Vossot par Cécile Guivarch






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  • Anne-Emmanuelle Fournier | [Quand s’épuise la lumière]



    Dans les replis de l’heure fantôme. jpg
    Des silhouettes bruissent      dans les replis de l’heure fantôme
    Ph., G.AdC






    [QUAND S’ÉPUISE LA LUMIÈRE]



    Quand s’épuise la lumière
    de lents oiseaux nous traversent
    portés par une marée invisible
    presque silence            presque

    froissement


    L’air du soir est une odeur
    qui s’incline sur les cheveux
    des nuées d’insectes montent      comme en rêve
    à la lisière mouvante
    où l’herbe devient brume


    Des silhouettes bruissent      dans les replis de l’heure fantôme
    multitudes.

    Qui voudrait alors
    d’un autre monde ?




    Anne-Emmanuelle Fournier, « Vers l’estive », La Part d’errance, éditions Unicité, Collection Le Vrai Lieu dirigée par Laurence Bouvet, 2021, page 29. Préface de Jean-Yves Masson. Gravures de Régis Rizzo.






    Anne-Emmanuelle Fournier  La Part d'errance 3





    ANNE-EMMANUELLE FOURNIER


    Anne-Emmanuelle-Fournier_3917
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Unicité)
    la page de l’éditeur sur La Part d’errance d’Anne-Emmanuelle Fournier
    → (sur Recours au Poème)
    une notice bio-bibliographique sur Anne-Emmanuelle Fournier





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  • Éric Sarner | Dezir —



    DEZIR —





    Exprimer, par la parole ou par l’écrit.
    Signifier, vouloir dire.
    Ke kyizo dezir, qu’est-ce qu’il a voulu dire ?
    (Faut-il aller jusqu’à demander,
    comme l’auteur du dictionnaire :
    « quel sens caché donne-t-il à ses propos ? » ?)
    Il a dû arriver souvent que la mère
    se retienne de poser une question,
    par crainte d’entrer dans une situation inextricable.
    Por dezir jwego no se kema la boka,
    Ce n’est pas en prononçant le mot feu
    qu’on se brûle la bouche,
    et donc un pronostic d’échec
    n’entraîne pas forcément des choses fâcheuses

    Por no dezir mas,
    on pourrait dire bien davantage.





    Éric Sarner, « Presque un chant d’errance », 80 mots de judéo-espagnol rapportés de voyage, 67, Cœur chronique, Le Castor Astral, 2013, in Sugar et autres poèmes, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard n° 558, 2021, page 261. Préface de Jacques Darras.







    Sarner  Sugar



    ÉRIC SARNER


    Eric sarner
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Sugar et autres poèmes (Poésie/Gallimard)





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  • Corse_3 Étienne Orsini | [Je voudrais pleuvoir]



    Etienne Orsini pluieSource







    [JE VOUDRAIS PLEUVOIR]




    Je voudrais pleuvoir
    Comme la pluie
    Étoiler
    Comme l’étoile
    Ensoleiller
    Comme le soleil

    Le jour se lève
    Je ne fais que
    Me perdre

    Sans savoir où
    Ni si ce lieu existe

    Ah, si seulement me perdre
    Pouvait me donner des ailes
    De perdreau !



    Naufragé d’une terre gaste
    Où tant de paradis
    Avaient fini par dessécher
    Je voyais le monde
    Finir de partout



    Rivé au télescope
    Mon exil est
    Astronomique


    Je cherche une planète
    Où ne pas habiter


    Était-il une fois
    Quand je t’ai connue ?




    La nuit dedans sa bogue
    Je la voudrais dormir
    Une nuit bien ronde
    Et sans lueur

    D’une ombre à décevoir





    Étienne Orsini, Débusquer des soleils, éditions Le Nouvel Athanor, 2021, pp. 24-26. Préface de Corinne Atlan.






    Etienne Orsini  Débusquer des soleils 2




    ÉTIENNE ORSINI


    EtienneOrsini Denim
    Source




    ■ Étienne Orsini
    sur Terres de femmes


    [J’ai laissé filer des rivages] (extrait de Gravure sur braise)
    [J’ai longtemps cru qu’ailleurs était un nom de lieu] (extrait de Répondre aux oiseaux)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème) une notice bio-bibliographique sur Étienne Orsini





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  • Noël 1944 | Anita Pittoni, Journal 1944-1945

    Éphéméride culturelle à rebours


    Noël 1944, sept heures du soir


    La musique de Brahms emplit l’air de la pièce. C’est la Deuxième Symphonie. Je me sens transportée. Par d’autres choses aussi. Si nombreuses. Je ne saurais dire aujourd’hui ce que je sens au fond de moi, une crue me submerge. Je me laisse glisser dans cette solitude accompagnée. J’ai laissé les amis avec lesquels j’ai partagé de si longues heures depuis hier, depuis avant-hier, sans interruption.

    Voilà que déjà tout s’éloigne et devient souvenir. Tout le parfum de ce souvenir m’enveloppe, comme des bras d’une extrême douceur. Mon sens de l’amitié devient toujours plus vaste et plus complexe, il franchit toutes les limites imaginables et me donne véritablement le sentiment de l’amour infini. Et la musique est le souffle de ma respiration.

    J’ai vu ce matin une tête de Shiva de Mascherini, qui m’a fascinée. Cela me rappelle un souhait que j’ai exprimé il y a quelque temps : je voulais me tenir sur le plus haut sommet de la Terre face à la mer et son mouvement perpétuel, et me transformer en pierre. Le sens oriental, profond de la vie, avec son harmonie entre karma et esprit, vit en moi, qui sait par quel étrange hasard. Shiva doit être regardé dans sa sérénité accomplie et il est bel et bien la lumière que j’adore, que je désire ardemment rejoindre et contenir.

    Ce Noël est le premier de ma résurrection. Je revis, accompagnée par le chant de mon âme, il m’arrive la plus grande joie que l’on puisse imaginer. Ma tête est lasse, mes pensées se succèdent à l’infini, l’une à la suite de l’autre, reliées l’une à l’autre. Je les sens ce soir, sans pouvoir les arrêter, je les sens comme une grande richesse que je possède et vraiment je comprends ainsi toute ma vie antérieure, je comprends toute la sagesse de chacun de mes états les plus inhabituels, comme si, à ce point d’arrivée, tout se conciliait.

    Cette joie est toute à moi, pour moi seule, je ne peux la communiquer, même si j’en ai envie, elle reste entière et pour moi seule, même si je ne le souhaite pas, elle m’appartient, je la possède totalement, j’ai enfin l’impression très claire de posséder quelque chose. Voilà pourquoi je n’ai pas pu, pourquoi je n’ai pas voulu posséder quoi que ce soit d’autre.

    Je n’aurais pas eu assez de place au-dedans de moi. Comme je suis heureuse même d’être fatiguée, comme je suis heureuse de me laisser aller et de jouir de ce moi-même qui n’est plus à moi, lui non plus. De moi, il ne reste que la joie de cette richesse qui me fait revivre.

    [Onze heures et quart]

    Joyeux Noël !

    J’espérais faire une promenade « en couple idéal » dans la splendeur de cette matinée de Noël.

    Giani

    « Va, pensée, sur les ailes d’un chant… » *



    Anita Pittoni, Journal 1944-1945 [Diario 1944-1945, Libreria antiquaria Drogheria 28, Trieste, 2012], éditions La Baconnière, 1207 Genève, 2021, pp. 73-75. Préface de Simone Volpato. Postface de Cristina Benussi. Traduit de l’italien par Marie Périer et Valérie Barranger.



    ___________________
    * A. Pittoni, « Il senso della Materia », Lil, 5, 1934, p. 14.







    Anne Pittoni




    ANITA PITTONI


    Anita Pittoni





    ■ Anita Pittoni
    sur Terres de femmes


    8 mai 1982 | Mort à Trieste d’Anita Pittoni (+ une notice biographique)




    ■ Voir aussi ▼


    Samuel Brussell, Alphabet triestin (lecture d’AP)
    → (sur L’Italie à Paris)
    Anita Pittoni, Journal 1944-1945 (lecture de Stefano Palombari)





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  • Stéphane Juranics, Silence du temps


    SILENCE DU TEMPS  guidu
    Ph., G.AdC







    SILENCE DU TEMPS
    (extrait)






    et si l’on se demande parfois
    à quoi cela sert de parler
    lorsqu’innommable
    la violence de l’Histoire
    s’impacte dans les corps
    et dans les âmes
    c’est là justement
    qu’il faut noter
    ce qu’on n’ose prononcer

    la guerre des ombres
    l’exode des visages

    1915 Mouch
    jour après jour
    ces longues files effarées
    un peuple entier
    cherchant dans les montagnes
    une frêle dernière chance
    interminable chemin
    dans le désert
    où se grave son épitaphe

    1944 Céreste
    Roger Bernard gisant
    dans l’ombre d’un mûrier
    tournesol du maquis
    fauché avant l’heure
    coquelicot du Luberon
    enlevé à sa terre
    ses pétales jonchant la route
    gouttes de sang d’un partisan
    tombé pour nous

    1956 Budapest
    les chars faisant taire
    une révolution sans mots d’ordre
    sauf celui pour chacun
    de fourbir sa voix
    milliers d’antithèses
    ardentes à s’écrire
    versant l’acide
    de leur encre rebelle
    sur l’empierrante injonction
    des dogmes

    1991 Bagdad
    une nation interrompue
    par l’inintelligence des bombes
    au nom du prix du pétrole
    civilisation hébétée
    d’un tel contresens
    dunes d’adjectifs
    inhumés vifs
    sous l’impuissance verbale
    de la puissance du feu

    2002 Ramallah
    ce poids de ruines
    sur les paupières
    l’ombre arrachée
    aux forêts d’oliviers
    journalier l’héroïsme des lèvres
    sourdes au fracas des tanks
    qui rend sourd
    entre les barbelés
    perçant les tympans du ciel

    2013 Lampedusa
    l’eau qui se noie
    dans l’œil des réfugiés
    aux rêves échoués
    sur la grève
    aux noms écorchés
    sur les rochers
    leur âme restée au large
    et leurs visages
    flottant à jamais
    en surface de la mémoire

    2015 frontière hongroise
    d’heure en heure l’exil
    à travers champs
    la roue du sort voilée
    par les cahots des prés
    labourés de cohues
    innombrables sillons
    sans autres graines
    que les gouttes de sueur
    ensemençant la plaine

    et partout
    signes perceptibles des guerres
    la brisure des voix
    phrases écrasées
    sous les chenilles de l’Histoire
    les gestes nommant
    sans le dire
    la chair tuméfiée
    la tragédie du sang
    la terre enfouie
    obsidienne fichée
    dans le blanc des yeux

    ça et là
    sur la terre des chemins
    les pierres scintillant
    de rosée au soleil
    comme autant de larmes
    durcies dans l’herbe

    non
    rien de cela
    ne doit être
    passé sous silence

    […]



    Stéphane Juranics, Silence du temps, Poésie, éditions La passe du vent, 2020, pp. 23-28. Préface de Roger Dextre.






    Silence du temps




    STÉPHANE JURANICS


    S. Juranics © O. Alloyan
    Ph. © Olivia Alloyan
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    le blog personnel de Stéphane Juranics
    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche bio-bibliographique de l’éditeur sur Stéphane Juranics
    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche de l’éditeur sur Silence du temps de Stéphane Juranics





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  • Michel Diaz | [de tourbe]



    Olivia Rolde 2
    Olivia Rolde, Road movie underground
    in Michel Diaz, Offrandes Olivia Rolde,
    Thi lùu éditions, 2020, page 24.
    Source








    [DE TOURBE]




    de tourbe
    de cailloux de sable
    de racines d’écorce de sève
    de ronces d’arc-en-ciel de nuages

    de rameaux convulsifs
    de feuilles pourrissantes sous des lunes amères
    et de miroitement d’étangs éblouis de clarté
    de flexion d’âme d’agonie glaciaire

    de lichen de vase d’eaux sales
    de noces indécises et d’oiseaux de glaise
    de soleil blanc d’étoiles mortes
    de plaintes telluriques
    et de pierres vives

    de chemins traversés
    de vent et de vols de ramiers
    d’éclairs calligraphiques et de songes furtifs
    de moellons muets et de remparts aveugles

    d’échos de mer
    d’algues visqueuses
    de stridences de sauterelles
    de chants barbares et de cris d’exil

    d’appels de fond d’entrailles
    d’yeux coulés dans la chaux
    de nerfs de sang et d’os

    — être devant
    et être tout ce qui est


    comme un pauvre parmi les pauvres
    dans l’offrande du jour immense

    comme une branche est dans le feu



    Michel Diaz, « écrire, peindre », Offrandes Olivia Rolde, Thi lùu éditions, 37540 Saint-Cyr-sur-Loire, 2020, page 25. Préface de Daniel Leuwers.





    Michel Diaz Offrandes




    MICHEL DIAZ


    Michel Diaz
    Source




    ■ Michel Diaz
    sur Terres de femmes


    Comme un chemin qui s’ouvre (lecture d’AP)
    Ce qui gouverne le silence (extrait de Comme un chemin qui s’ouvre)
    clair-obscur (extrait de Lignes de crête)
    Le Verger abandonné (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Michel Diaz
    le site d’Olivia Rolde




    ■ Notes de lecture de Michel Diaz
    sur Terres de femmes


    Jeanne Bastide, La nuit déborde
    Alain Freixe, Contre le désert
    Françoise Oriot, À un jour de la source





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  • Alda Merini, La Folle de la porte à côté

    par Angèle Paoli

    Alda Merini, La Folle de la porte à côté
    (La pazza della porta accanto, Bompiani, 1995),
    suivi de La poussière qui fait voler,
    conversation avec Alda Merini,
    éditions Arfuyen, Collection « Les Vies imaginaires », 2020.
    Traduit de l’italien par Monique Baccelli. Préface de Gérard Pfister.



    Lecture d’Angèle Paoli


    Alda Merini  portrait Guidu
    Image, G.AdC







    « LA GRANDE OBSESSION DES MOTS »





    « J’ai toujours écrit dans un état somnambulique », affirme Alda Merini dans La Folle de la porte à côté. Entre éveil et sommeil ? Sous l’emprise des drogues ? Ou de la douleur ? Sans doute. Mais peut-être aussi sous l’emprise d’un état inné d’exaltation permanent. La parole d’Alda Merini, ombrée par les volutes de fumée de ses cigarettes Marlboro, est celle d’une pythie.

    Foncièrement rebelle, contradictoire, survoltée, oscillant entre l’appel de la vie conventuelle et les fulgurances amoureuses, la poète milanaise proclame haut et fort ce qui lui tient à cœur et ce qu’elle pense. Cruelle, violente, passionnée, l’infatigable Alda Merini s’insurge. Contre la misère, contre la folie, la sienne et celle des autres, contre les convenances et les paillettes imposées par une société qui refuse les antagonismes, qui impose à chacun des voies uniques, des surfaces lisses et planes. Des itinéraires dont la Merini n’a que faire et auxquels elle ne se plie pas. Dans le récit intime qu’elle livre en 1995 — La pazza della porta accanto, Bompiani, Milan (La Folle de la porte à côté) — l’effrontée de soixante-quatre ans présente d’elle un portrait lucide, authentique, dérangeant. Émouvant et drôle. Plein d’humour et d’invectives ! Celui d’une femme débordante. Au physique et au moral. Une femme hors norme. Alda Merini est insaisissable. Insaisissable le personnage qui s’émeut, se défend, accuse, s’insurge. Insaisissable aussi l’écriture, qui demeure souvent énigmatique et échappe à une classification immédiate. Ainsi la poète se tient-elle à l’écart de toute tentative d’enfermement. « Je ne suis pas une femme domesticable », écrit-elle dans Aphorismes et magies. Il est certes possible de tracer à la volée quelques traits dominants. Innombrables et tourmentées, les amours d’Alda Merini firent couler beaucoup d’encre ; la naissance des quatre filles, suivie de l’expérience douloureuse de l’arrachement des deux dernières, Barbara et Simona ; la folie et les séjours répétés en hôpital psychiatrique. La torture de l’internement, électrochocs et hystérectomie. La douleur. De cette expérience « infernale, humaine et déshumanisante » naîtront les quarante poèmes de La Terra Santa, œuvre majeure d’Alda Merini, publiée chez Scheiwiller en 1984. Ainsi la poète écrit-elle, dans le poème qui donne son titre au recueil, ces vers terribles et tellement puissants [Ho conosciuto Gerico]&nbsp:

    « J’ai connu Jéricho,

    j’ai eu moi aussi ma Palestine,

    les murs de l’hôpital psychiatrique

    étaient les murs de Jéricho

    et une mare d’eau infectée

    nous a tous baptisés.

    Là-dedans nous étions Hébreux

    et les Pharisiens étaient tout en haut

    et il y avait aussi le Messie

    perdu au milieu de la foule :

    un fou qui hurlait au Ciel

    tout son amour en Dieu. » *

    Et pourtant, paradoxalement, Alda Merini affirme que « la folie est l’une des choses les plus sacrées qui existent sur terre. » Un paradoxe qui prend tout son sens à la lumière de l’explication qu’elle donne.

    « C’est un parcours de souffrance purificatrice, une souffrance comme quintessence de la logique. »

    La Folle de la porte à côté se déploie sur quatre chapitres d’une prose éblouissante : L’amour/La séquestration/La famille/La douleur. Chacun de ces chapitres est introduit par un poème en lien étroit avec la thématique abordée. À quoi vient s’ajouter une « Conversation avec Alda Merini », « La poussière qui fait voler ». C’est sur cette image inattendue, si belle et si émouvante, que se clôt la confession non impudique et magnifique de la poète :

    « Je ne sais pas si le papillon a des ailes, mais c’est la poussière qui le fait voler.

    Tout homme a les petites poussières de son passé, qu’il doit sentir sur lui et qu’il ne doit pas perdre. Elles sont son chemin. »

    Cigarette à la bouche, bouteilles de Coca-Cola à portée de main, Alda Merini préside. Dans son appartement milanais du Naviglio Grande où règne un désordre indescriptible et où s’amoncellent en piles instables livres et documents, elle reçoit. Journalistes, éditeurs, amis, poètes. Couverte de bijoux et colifichets, colliers de perles en sautoir, bagues énormes aux doigts et ongles peints, œil pétillant et langue acérée, elle reçoit. Pose nue, poitrine abondante et ventre rebondi, elle reçoit et se livre. Odalisque au regard de braise. Provocatrice et tendre. Elle évoque, intarissable, ses deux maris, celui de sa jeunesse, Ettore Carniti, père de ses filles et boulanger de son état ; celui de sa maturité, Michele Pierri, médecin et poète de Tarente qu’elle épouse en 1984. Elle évoque ses chers amants, tous plus beaux et plus fous les uns que les autres. L’étrange Titano, clochard vagabond, « grand personnage du Naviglio » qui suivait la poète dans ses « longues et complexes pérégrinations mentales ». Le père Richard, « impérieux, jeune, agressif et superbe », qu’Alda Merini aime d’un amour absolu. Alberto Casiraghi, éditeur des Aforismi (« Aphorismes ») de Merini ; et le grand-prêtre de la nouvelle avant-garde Giorgio Manganelli. Pour ne citer que quelques noms. Évoquant sa relation avec Manganelli, Alda Merini écrit :

    « Tous deux spécialistes du Trecento, et tous deux ardents dans la passion comme dans l’existence, nous avons toujours poussé à l’extrême notre amitié. Jusqu’à la faire devenir comme le chant de la neige. Un élément d’une élection visionnaire qui aurait fait envie à Gabriele D’Annunzio. »

    Ardente, Alda Merini l’est en toutes circonstances et dans tous les domaines. Y compris dans celui de sa folie. Elle est du côté des extrêmes. Troubles bipolaires ? Schizophrénie ? Alda Merini se définit comme telle. Ainsi explique-t-elle sa double personnalité antithétique :

    « Il y a en moi l’âme de la putain et de la sainte.

    Parce que je peux changer quand je veux et, comme une schizophrène, je peux aller me promener, dormir, faire mes courses comme si tout était normal. Il m’est facile de tromper mon prochain.

    Le fait d’être une histrionne est aussi un élément positif, car, derrière le masque aux mille apparences, il y a un inconnu qui ne veut pas être reconnu. »

    Troubles de la personnalité et dédoublements ? Alda Merini semble être à elle-même son propre bourreau comme en témoignent ces lignes extraites d’une lettre qu’elle adresse à l’éditeur Armando Curcio :

    « La fièvre. J’ai eu de très fortes températures que je n’ai jamais prises, mais c’était davantage une grande rébellion, et avant tout une conspiration contre moi seule, très ardente, contre l’unique barreau du souvenir. J’ai beaucoup aimé ce barreau, tu sais, et il m’a semblé la puissante tige d’une fleur. »

    Dans la même lettre, elle se dit prisonnière « de la folle de la porte à côté. » Est-ce d’elle qu’elle parle ? Est-ce d’une voisine ? D’une autre ? Le fou est toujours l’autre. Mais pour les autres, pour les habitants du Naviglio, pour ceux qui la croisent dans la rue, l’observent, la lisent, l’écoutent, la folle, c’est bien elle. Il lui arrive de lancer à ceux qui la reconnaissent :

    « Alda Merini, ce n’est pas moi, je suis son sosie ».

    Ailleurs, elle se défend en se définissant comme « normale ». La clochardise était un choix de Titano. Le sien était la folie. La folie est son piège, sa cage, son labyrinthe cerné de murs. Et c’est du Naviglio, ce quartier de Milan hanté par la drogue, où Alda Merini a choisi de « poser » ses « ailes fatiguées », qu’émane la « calomnie » de sa folie.

    La Folle de la porte à côté est son double métaphorique, comme l’est aussi le concierge de son immeuble qui lui cause « d’effroyables insomnies ». Personnage inquiétant mais bien réel, il a pris une signification secrète dans l’esprit d’Alda Merini.

    « C’était moi, mon moi le plus obscur. Une figure magique, jamais identifiable parce qu’elle était la peur même. La peur de l’injustice, de l’hôpital psychiatrique, de la misère. »

    Dans cette narration qui tient de la confession – publique/privée —, le flux de la parole se libère. Chaque page rend compte de cet état de transe permanent.

    Ainsi de ce paragraphe emprunté à la section « Séquestration » :

    « Je commence à comprendre qu’il y a eu un malentendu ; je n’étais pas poète, j’ai dû être un grand fakir, un sage. J’ai supporté des choses ignobles sans piper, en cherchant les raisons du mal. J’ai compris que le mal n’existe pas, comme le bien n’existe pas. C’est alors que je suis devenue nihiliste : le matin je prends ma tension, je me tâte le pouls et je me demande combien il me reste d’heures avant de monter sur cet échafaud qu’est la vie. J’offre ma tête à mes éditeurs pour qu’ils me laissent tranquille encore une fois.»

    Et l’écriture ? Et la poésie ? Elles ont à voir avec la passion amoureuse. Ainsi de sa passion amoureuse pour le père Richard (« un prêtre qui avait touché les cordes de [s]on âme »), Alda Merini confie-t-elle :

    « C’était l’une de ces passions qui déchirent, avec la peau écorchée qui vous tombe du corps, mais des passions qui font écrire. »

    La passion de l’écriture et des poèmes a elle-même très tôt commencé pour Alda Merini. La violence de son père, Nemo Merini, envers sa fille, déchirant sous ses yeux la critique élogieuse du critique Spagnoletti, aurait pu briser dans l’œuf l’élan créatif de la jeune fille. Le père a sans doute été un premier obstacle. Qu’Alda Merini a surmonté, mettant le geste paternel sur le compte du bon sens. Il y eut sans doute beaucoup d’autres obstacles. Devant lesquels elle ne recula pas. Car « pour le poète les obstacles sont inévitables, cette grande obsession des mots est devenue un chemin. » Comme l’amour et comme la folie :

    « Tu ne sais pas combien de fois je baise les grilles de ma maison qui ne s’ouvrent que si j’appelle à l’interphone la folle de la porte à côté. Et elle me laisse dehors comme une mendiante. Mais moi je sers sa nudité, son avarice et son évangile assassin. » (Incipit de La Folle de la porte à côté).



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli



    _________________
    * Alda Merini, La Terra Santa, Oxybia éditions, 2013, page 91. Traduction française de Patricia Dao.






    Alda Merini  La Folle de la porte à côté




    ALDA MERINI


    Alda Merini portrait 1 couleur
    Source





    ■ Alda Merini
    sur Terres de femmes


    [È un petalo la tua memoria] (extrait de La Folle de la porte à côté)
    Après tout même toi | Dopo tutto anche tu
    Ma poésie est vive comme le feu
    Mare
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Il mio primo trafugamento di madre




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    la fiche de l’éditeur sur La Folle de la porte à côté d’Alda Merini
    le site officiel Alda Merini, créé par les quatre filles d’Alda Merini
    → (sur Fine Stagione)
    plusieurs poèmes d’Alda Merini (avec leur traduction en français)





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  • Claudine Bohi | [La raison sort toujours de l’irrationnel]


    [LA RAISON SORT TOUJOURS DE L’IRRATIONNEL]




    La raison sort toujours de l’irrationnel.
    Elle en a besoin.
    Elle s’en nourrit pour trouver la force de s’en détacher.

    Cyril* rêvant exact.

    Le cœur est si puissant !


    en nous se livrent
    des combats
    que nous ne savons pas

    qui nous sont étrangers

    que nous menons tout au creux
    de nos chairs

    et féroce l’issue

    avec nos mains ardentes
    qui voulaient autre chose


    lever les yeux vers le ciel

    en ramener tout le bleu

    sans rien toucher
    que sa propre main

    sa propre voix

    la traversée est infinie


    ce qui fut bougé
    ce qui fut tenté

    et le grand nœud quelque part
    fut noué


    nous venons de si loin

    l’espace par petits bouts
    nous l’avons découpé

    en nous labile
    il est devenu mobile

    nous ouvrons tant de portes


    ce qui fut noué
    la chair avec le verbe

    nous parlons pour nous réconcilier

    traversés çà et là
    par ce qui nous fait plus grands
    que ce que nous sommes


    Petit robot se déplace de quelques dizaines de mètres par jour.
    Il perce dans les roches.

    À ce jour 16 échantillons ont été analysés.

    On a détecté des argiles.
    On peut aller chercher des analogues terrestres.
    Les étudier.

    Beaucoup s’en chargent.

    D’internationales équipes de chercheurs.

    On a bien mis en évidence des matières organiques sur Mars,
    mais ce qu’on a analysé c’est des produits de réaction.

    Petit robot travaille, travaille.
    Petit robot travaille pour nous.

    Petit robot cherche pour nous.

    La science travaille. La science avance.

    Que cherchons-nous dans le monde ?
    Que cherchons-nous dans l’espace ?



    Où est notre demeure ?





    Claudine Bohi, Rêver réel, éditions La tête à l’envers, 58330 Crux-la-Ville, 2020, pp. 74-79. Préface et peintures de Germain Roesz.



    ___________________________
    * Le recueil Rêver réel est dédié à Cyril Szopa, astrochimiste et exobiologiste, enseignant chercheur au LATMOS, Université de Versailles-Saint-Quentin-en -Yvelines et Sorbonne Université.






    Claudine Bohi  Rever réel




    CLAUDINE BOHI


    Claudine Bohi 2
    Source





    ■ Claudine Bohi
    sur Terres de femmes


    Naître c’est longtemps (lecture d’AP)
    Naître c’est longtemps (lecture de Philippe Leuckx)
    Corps levé (poème extrait de Naître c’est longtemps)
    [brouillard n’est pas absence] (poème extrait d’Éloge du brouillard)
    Et cette fièvre qui demeure
    Secret de la neige (poème extrait de L’Enfant de neige)
    [Duels de lumière] (poème extrait de La plus mendiante)
    [je laisse tomber le mot maman] (poème extrait de Mère la seule)
    Le funambule sans son fil (poème extrait de Même pas)
    Mère la seule (lecture d’Isabelle Lévesque)
    L’invisible (poème extrait de Mettre au monde)
    [L’eau son puits étrange] (poème extrait d’On serre les mots)
    [à force de mots sur la peau] (poème extrait de Parler c’est caresser un corps)
    Une lumière de terre (poème extrait d’Une saison de neige avec thé)
    Claudine Bohi | Philippe Bouret, Cet enfant sans mot qui te commence (lecture d’AP)
    Claudine Bohi | Olivier Gouéry [Voici donc le matin]
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    si ce n’est pas trembler




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Claudine Bohi
    → (sur le site des éditions La tête à l’envers)
    la fiche de l’éditeur sur Rêver réel de Claudine Bohi





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