Étiquette : Préface


  • Marilyne Bertoncini | [Je l’imagine]



    [JE L’IMAGINE]




    Je l’imagine, infime signe noir
    sur la page de l’océan refermée
    sur les naufrages, les blêmes corps des noyés de pleine terre
    arrachés jusqu’à dix kilomètres de la côte,
    flottant entre deux eaux,
    entre les bancs argentés ondulant dans les zébrures sombres
    des courants
    comme pétales au vent,
    écartant la chevelure fluorescente des méduses,
    caressant les rideaux d’algues sur les restes d’étranges épaves
    où rampent des étoiles,
    frôlant d’improbables poissons aux yeux vitreux
    dans les cavernes
    de ciment brisé
    et le flanc de colline des étraves couchées
    où nidifie la pierre arborescente des coraux,
    cerisiers inversés

    à la dérive dans l’eau froide,
    avec l’espoir en fil d’Ariane.




    Marilyne Bertoncini, La Noyée d’Onagawa, Jacques André éditeur, collection Poésie XXI N° 58, 2020, page 30. Préface de Xavier Bordes.






    Marilyne Bertoncini  La Noyée d'Onagawa





    MARILYNE   BERTONCINI


    Marilyne Bertoncini
    Source




    ■ Marilyne Bertoncini
    sur Terres de femmes


    La Noyée d’Onagawa (lecture d’AP)
    À l’ombre du mûrier (extrait de L’Anneau de Chillida)
    La Dernière Œuvre de Phidias (lecture d’AP)
    [Ici… Là] (extrait de La Dernière Œuvre de Phidias)
    Labyrinthe des nuits (lecture d’AP)
    Mémoire vive des replis (lecture de Sophie Brassart)
    [En nageant jusqu’au bout de ton rêve] (extrait de Mémoire vive des replis)
    Sable (extrait)



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    une fiche bio-bibliographique sur Marilyne Bertoncini
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Marilyne Bertoncini
    Minotaur/a, le blog de Marilyne Bertoncini






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  • Marie-Claire Bancquart | Liturgique



    Penone
    Giuseppe Penone, Soffio 6 [Souffle 6], 1978
    Terre cuite, 158 x 75 x 79 cm
    Collection Centre Pompidou, mnam/cci
    © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP
    © Adagp, Paris, 2016
    Source








    LITURGIQUE




    Une jarre la peau
    se penche
    vers coupe d’aube sa jumelle.

    Toutes les deux nous embrassons
    la liturgie fragile des eaux pures.





    Marie-Claire Bancquart, « De biais, dans le miroir, un geste de salut », Dans le feuilletage de la terre, éditions Belfond, 1994 ; Terre énergumène et autres poèmes, Collection Poésie/Gallimard, 2019, page 121. Préface d’Aude Préta-de Beaufort.





    Bancquart montage 2





    MARIE-CLAIRE BANCQUART


    Bancquart Guidu
    Image, G.AdC





    ■ Marie-Claire Bancquart
    sur Terres de femmes


    Intervalle (poème extrait d’Avec la mort, quartier d’orange entre les dents)
    Buis
    Ressac (autre poème extrait de Dans le feuilletage de la terre)
    [Ces gants anciens] (poème extrait de De l’improbable)
    [Habiter l’herbe et le trèfle] (poème extrait de Figures de la Terre)
    Figures de la Terre (lecture d’AP)
    Impostures (lecture d’AP)
    [Comment vivre dans une maison sans jardin] (poème extrait de Qui vient de loin)
    [Qu’avez-vous fait] (poème extrait de Terre énergumène)
    [Il y a du jeu] (poème extrait de Tracé du vivant)
    [Une ville aimée luit et crie] (autre poème extrait de Tracé du vivant)
    [Toi, l’herbe] (poème extrait de Violente vie)
    Violente vie (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    En Angleterre (poème inédit)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    portrait de Marie-Claire Bancquart (+ un poème issu du recueil La Mort, quartier d’orange entre les dents)



    ■ Voir aussi ▼


    le site personnel de Marie-Claire Bancquart
    → (sur Terre à ciel)
    Cahiers d’essai : Marie-Claire Bancquart, « On voudrait sauter la balustrade »





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  • Jean-Marie Barnaud | Le dit d’Olivier de Serres




    LE DIT D’OLIVIER DE SERRES



    Il faudra bien un jour percer ce brouillard
    Sur les choses
    Nous
    Devenus si myopes
    À présent que la hache
    De l’aube
    Ne siffle plus à nos épaules
    Le même éclair tout à fait

    Cependant les heures sont comptées



    On peut bien dire
    En passant
    Les rousseurs de l’automne
    Et regarder l’essaim des feuilles
    Abandonnées
    Une joue contre terre
    Et l’autre
    Exposée à Dieu sait quel souffle
    Glacé qui les anime encore

    Voir en passant
    Au coin de l’œil des vieux
    Cette larme unique
    Non de froid mais de
    Silence
    Entendre leurs voix humides
    Qui trébuchent



    On peut bien en passant
    Sacrifier au feu ce fagot
    De l’autre été
    Sans trop s’inquiéter
    De son âme
    Où veillent invisibles
    Les caresses du vent naguère
    Comme reposent en paix les cils
    Sans un regard
    À l’autre versant du lit



    On peut bien
    En passant
    Célébrer le passage
    Avec des mots qui font signe
    Comme un vol d’oiseaux
    Uniques
    Et confondus

    (sait-on où vont les oiseaux
    et pourquoi ils se dispersent
    comme des flammes
    dans le tremblé d’un cœur
    qui se déchire)



    Or nous autres
    Migrateurs
    Saurons-nous voir
    D’un œil d’oiseau
    La rosée moirer la hampe
    Des simples
    Les pierres patientes
    Leur humilité

    Afin que s’accomplisse
    Dans l’évidence
    Une parole d’Olivier

    La paille des chaumes et éteules
    Restante droite
    Des bleds
    Se meslera avec la terre




    Jean-Marie Barnaud, Sous l’écorce des pierres, Imprimerie de Cheyne, 1983 ; rééd. Cheyne éditeur, 1996 in Jean-Marie Barnaud, Sous l’imperturbable clarté, choix de poèmes 1983-2014, Collection Poésie/Gallimard, 2019, pp. 21-24. Préface d’Alain Freixe.





    Jean-Marie Barnaud





    JEAN-MARIE BARNAUD


    Jean-Marie Barnaud
    Source




    ■ Jean-Marie Barnaud
    sur Terres de femmes


    Passage de l’étranger (poème extrait d’Allant pour aller)
    [Main accordée à l’autre main] (poème extrait de Fragments d’un corps incertain)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Sous l’imperturbable clarté





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  • Luigia Sorrentino | Hypérion, la chute




    IPERIONE, LA CADUTA



    nulla può crescere e nulla
    può così perdutamente dissolversi
    come l’uomo

    (F. HÖLDERLIN, Iperione)




    Coro 1


    tutto stava su di lei
    e lei sosteneva tutto quel peso
    e il peso erano i suoi figli
    creature che non erano ancora
    venute al mondo
    lei stava lì sotto e dentro

    questa pena l’attraversava ancora
    quando venne meno qualcosa

    le acque la accolsero

    e quando si avvicinò alla costa
    della piccola isola, tutti
    portava nel suo grembo




    Coro 2


    c’è una notte arcaica in ognuno di noi
    una notte dalla quale veniamo
    una notte piena di stupore
    quella perduta identità dei feriti
    si popola di volti,
    quell’abbraccio mortale

    in un tempo sospeso tra mente e cuore
    mai la notte fu così stellata

    gettati in mare ingoiarono acqua
    e pietre, e strisciarono sulla sabbia
    e furono in totale discordia
    ebbero passi pesanti
    e sparirono, sottoterra

    il cenno si dissolve
    da sé cade il fragile umano
    frutto effimero, del mortale




    Coro 3


    nella cintura d’acqua
    fluttuava immenso l’indistinto
    inattuato attaccava la nebbia
    melmosa, non era ancora luce ma
    notte continua, durava
    in quello spazio la non luce

    si volse la notte si volse
    bisognosa a noi che aprimmo
    lo sguardo alla forma sollevata

    solo questo gesto che vede
    qualcosa si schiarisce
    illumina e avvicina
    nell’istante posato
    negli occhi che egli chiude




    Coro 4


    si comportava da colosso
    come se dovesse stringersi
    inghiottito dal nero della pietra
    sul confine piantava bastoni inestirpabili

    ci sorpresero le lunghe impronte
    rifugio di mole e di potenza
    fissate
    lastre di pietra

    il volto nostro sovrastò la figura
    altissima,
    negli occhi si schiuse la forma inguainata
    con braccia e gambe saldate contro il corpo

    lo sguardo nostro entrò in quel suo essere
    infinitamente mortale




    Coro 5


    la luce si disperdeva,
    cadeva la massa corporea
    appoggiato alla densità della goccia
    egli era là nel suo confine
    il mutamento fu uno svanire
    arbitrario
    dal fondo del vento sprigionava
    trascinando fuori da sé
    qualcosa che lentamente appare

    così in esso
    ciò che ripetutamente arriva
    entra nel suo sguardo

    nel sollevarsi contro la nebulosa
    divenne la brezza distesa sull’acqua
    a lei si infranse perdutamente
    alla nettezza di lei che si apriva
    davanti a lei si lasciò cadere, infine
    Iperione




    Coro 6


    abbiamo perso tutto
    caduti in un eterno
    frammento
    la prima luce su noi
    infuocata ha bruciato tutto

    la prima creatura di umana
    bellezza è morta, ignota
    a se stessa
    i popoli appartengono alla città
    che li ama
    privi di questo amore ogni stato
    scheletrisce e annera
    la natura imperfetta non sopporta
    il dolore






    IL CONFINE



    Appariva gradualmente scendendo dai ripiani delle scale. Una parte di lei era visibilmente sommersa. La città nuova costruita sulla vecchia dentro l’acqua si rifrangeva, lasciando cadere su di sé l’immagine sfigurata dell’altra. La guardai morente e mutata… se ne andava, ma dove ? Quando mi voltai mi venne di fronte nel suo biancore una divinità decapitata. Dalla roccia il giovane indicava il confine delle’orizzonte terreno, il limite a cui pian piano approdavamo, gonfi di mare.








    HYPÉRION, LA CHUTE


    rien ne peut grandir,
    rien ne peut aussi irrémédiablement disparaître
    comme l’homme

    (F. HÖLDERLIN, Hypérion)




    Chœur 1


    tout reposait sur elle
    et c’est elle qui supportait tout ce poids
    et ce poids c’était ses enfants
    des créatures qui n’étaient pas encore
    venues au monde
    elle se tenait là dessous et dedans

    ce tourment la traversait encore
    quand quelque chose vint à s’évanouir

    les eaux l’accueillirent

    et lorsqu’elle s’approcha du rivage
    de la petite île, elle les portait
    tous dans son giron




    Chœur 2


    en chacun de nous demeure une nuit archaïque
    une nuit d’où nous venons
    une nuit pleine de stupeur
    cette identité perdue des blessés
    se peuple de visages,
    cette étreinte mortelle

    en un temps suspendu entre cœur et esprit
    jamais la nuit ne fut si étoilée

    jetés à la mer ils ingurgitèrent eau
    et pierres, et rampèrent sur la grève
    et furent en totale discorde
    leurs pas étaient lourds
    et ils disparurent, sous terre

    le signe se dissout
    tombe de lui-même le fruit humain
    fragile et éphémère, du mortel




    Chœur 3


    dans la ceinture d’eau
    l’indistinct flottait, immense
    inabouti il se fondait à la brume
    fangeuse, il ne faisait pas encore jour
    mais une nuit inachevée, se prolongeait
    dans cet espace la non-lumière

    se tourna la nuit se tourna
    besogneuse pour nous qui ouvrîmes
    les yeux sur la forme en suspens

    seul ce geste qui voit
    quelque chose se met à briller
    illumine et avoisine
    dans l’instant posé
    dans les yeux qu’il ferme




    Chœur 4


    il se comportait en colosse
    comme s’il eut dû se rapetisser
    englouti par le noir de la pierre
    sur le seuil il plantait des bâtons indéracinables

    nous surprirent les longues empreintes
    refuge de poids et de puissance
    fixées
    dalles de pierre

    la figure dépassa notre visage,
    très haute,
    dans nos yeux s’entrouvrit la forme engainée
    bras et jambes soudés au corps

    notre regard pénétra son être
    infiniment mortel




    Chœur 5


    la lumière se dispersait,
    chutait la masse corporelle
    appuyée à la densité de la goutte
    il se tenait là sur le seuil
    le changement fut un évanouissement
    arbitraire
    du fond du vent se dégageait
    traînant hors de lui
    quelque chose qui lentement apparut

    ainsi en lui
    ce qui ne cesse d’arriver
    entre dans son regard

    en se soulevant contre la nébuleuse
    il devint la brise étendue sur l’eau
    éperdu il se brisa contre elle
    contre la pureté de celle qui s’ouvrait
    devant elle il se laissa tomber, enfin
    Hypérion




    Chœur 6


    tombés dans un éternel
    fragment
    nous avons tout perdu
    la première lumière sur nous
    embrasée a tout brûlé

    la toute première créature à l’humaine
    beauté est morte, sans qu’elle le sût
    elle-même
    les peuples appartiennent à la ville
    qui les aime
    privé de cet amour chacun
    devient noir squelette
    la nature imparfaite ne supporte pas
    la douleur






    LA FRONTIÈRE



    Elle apparaissait descendant pas à pas les marches d’escaliers. Une partie d’elle était visiblement submergée. La ville nouvelle édifiée sur l’ancienne se réfléchissait dans l’eau, laissant tomber sur elle l’image déformée de l’autre. Je la regardai mourante et mouvante… elle s’en allait, mais où ? Quand je me retournai me fit face dans toute sa blancheur une divinité décapitée. Depuis son rocher le jeune homme pointait la ligne d’horizon de la terre, les confins auxquels nous abordions tout doucement, gonflés de mer.




    Luigia Sorrentino, Olympia, éditions Al Manar, 2019, pp. 60-72. Dessins de Giulia Napoleone. Traduit de l’italien par Angèle Paoli. Préface de Milo De Angelis. Postface de Mario Benedetti.






    Olympia





    LUIGIA SORRENTINO


    Luigia Sorrentino
    Source



    Originaire de Naples, Luigia Sorrentino est poète et journaliste. Son métier de journaliste la conduit à réaliser des interviews de personnalités aussi éminentes que les Prix Nobel Orhan Pamuk, Derek Walcott et Seamus Heaney. Productrice de programmes culturels radiophoniques, elle anime sur Rai Radio Uno l’émission Notti d’autore, « viaggio nella vita e nelle opere dei protagonisti del nostro tempo ».

    Poète, elle a publié plusieurs recueils de poésie : C’è un padre (Manni, Lecce, 2003) ; La cattedrale (Il ragazzo innocuo, Milano, 2008) ; L’asse del cuore (in Almanacco dello specchio, Mondadori, Milano, 2008) ; La nascita, solo la nascita (Manni, Lecce, 2009) ; Inizio e Fine, Cahiers de La Collana, Stampa, 2009 ; Varese, 2016 (trad. fr. par Joëlle Gardes, éditions Al Manar, 2018) ; Figure de l’eau | Figura d’acqua, éditions Al Manar, 2017 (traduit en français par Angèle Paoli), Olimpia (Interlinea edizioni, 2013) | Olympia, éditions Al Manar, 2019 (traduit en français par Angèle Paoli).

    En août 2013 a paru aux éditions Interlinea de Novare, le recueil poétique Olimpia (Olympia) préfacé par Milo De Angelis et postfacé par Mario Benedetti. Dans la préface de l’ouvrage, Milo De Angelis souligne l’importance de ce recueil qui touche à l’essentiel, « aborde en profondeur les grandes questions de l’origine et de la mort, de l’humain et du sacré, de notre rencontre avec les millénaires. » De la poète Luigia Sorrentino, il souligne le regard visionnaire : un « regard ample, prospectif, à vol d’aigle ». Mais aussi ses « immersions imprévues dans la flamme du vers ».

    Dans ce parcours initiatique qu’est le « livre orphique » Olympia — de la grotte de la naissance jusqu’à la pleine exposition de soi dans les forces telluriques —, le lecteur est confronté à une perte irrémédiable : celle de la condition humaine. Cette quête conduit à travers un hors-temps et un hors-espace à la recherche « d’époques de notre vie ». La rencontre se fait dans une Grèce — Olympie — démesurée qui, dans les pages du recueil, ressurgit « vivante, intérieure, palpitante ». D’autres rencontres ont aussi lieu : « avec les ombres des corps que nous avons aimés ; puis, parmi les ombres, […] avec nous-mêmes  ». Il importe alors « d’assumer [son] nouveau visage : celui du souffle, de la voix, du vent, des cigales, des rochers, des oliviers ».

    Ainsi, en dépit du fait que tout est désormais accompli, au milieu de notre existence dépouillée, « s’élève un cri d’éternité et d’amour ». Comme le souligne Milo De Angelis, « Olympia parvient à exprimer ce temps absolu, et le fait de manière admirable », avec une grande puissance architectonique mais aussi « avec les éclairs fulgurants de la vraie poésie. Un Temps absolu qui contient chaque temps. » Un recueil qui nous plonge de temps à autre dans diverses périodes de notre vie, comme si nous étions à la fois « des hommes de l’Antiquité et des adolescents, sûrs » de nous et tout à la fois « perdus », et que nous nous immergions « dans ce jour chargé d’attente et de révélation, sans cesse sur le seuil d’une découverte cruciale ».




    ■ Luigia Sorrentino
    sur Terres de femmes

    [tous les jours étaient tombés sur son visage] (extrait de Début et fin | Inizio e fine)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Al Manar)
    la fiche de l’éditeur sur le recueil Olympia
    → (sur le site des éditions Interlinea)
    une page sur le recueil Olimpia
    → (sur Poesia, di Luigia Sorrentino)
    une recension (en italien) d’Olimpia par Alessio Alessandrini
    le blog Poesia de Luigia Sorrentino
    → (sur le blog Poesia de Luigia Sorrentino)
    Luigia Sorrentino lit un extrait du recueil Olimpia : “Giovane monte in mezzo all’ignoto” (+ une note de lecture de Diego Caiazzo)
    → (sur Sulla letteratura | On literature)
    un autre extrait d’Olimpia traduit en anglais par Alfred Corn
    → (sur PostPopuli)
    un entretien de Luigia Sorrentino avec Giovanni Agnoloni
    → (sur Poesia 2.0)
    une recension d’Olimpia par Chiara De Luca
    → (sur le blog du Corriera della sera)
    une recension d’Olimpia par Ottavio Rossani
    → (sur YouTube)
    a creatura perpetua (une vidéopoésie de Chiara De Luca sur un extrait d’Olimpia)





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  • Georges Perros | Ken Avo




    Kenavo
    Source






    KEN AVO
    (extrait)





    Ma motocyclette avait de ces ruades
    Comme parfois en ont les choses
    Elles éclairent violemment, crûment
    Notre piste nerveuse
    Le disque tourne fou
    Et se raye ça fait mal
    C’est un peu comme si j’allais mourir
    Toute une vie d’entre mes vies
    Défilait à toute vitesse
    Sur le réseau de mon angoisse
    Je n’avais plus peur de tomber
    Quelqu’un était en train de mourir en moi
    Quelque part, quelqu’un
    Que j’avais détesté
    Qui m’avait fait beaucoup souffrir
    Mais que je ne voulais ni ne pouvais
    En toute occasion, ne pas reconnaître
    Être un homme est ambigu
    Nul masque au monde ne m’en eût
    Caché la froide présence
    Quelqu’un qui était en train de me dire
    Le pire, le cruel,
    L’inacceptable.
    Le réel,
    C’est l’imagination relayée, vérifiée
    Soulagée
    Remplacée
    Poète celui qui pactisant
    Avec la mort
    Oublie qu’il va mourir.





    Georges Perros, « Ken Avo » (extrait), Poèmes bleus (Éditions Gallimard, 1962), Collection Poésie/Gallimard n° 545, 2019, pp. 24-25. Préface de Bernard Noël.







    Georges Perros  Poèmes bleus




    GEORGES PERROS


    Georges Perros portrait
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Poèmes bleus de Georges Perros





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  • 8 mai 1982 | Mort à Trieste d’Anita Pittoni

    Éphéméride culturelle à rebours



    Personnage mythique et talentueux du monde artistique et littéraire italien de l’après-guerre, la triestine Anita Pittoni s’éteint le 8 mai 1982, à l’âge de quatre-vingt-un ans, à l’hôpital Santa Margherita de Trieste.

    « On pourrait […] définir [Anna Pittoni] comme une sorte d’hybride triestin de Margherita Sarfatti et de Peggy Guggenheim, capable, contre vents et marées, d’insuffler à [Trieste] une respiration littéraire, comme on jette une pierre dans un étang. Cette pierre, ce fut une maison d’édition, Lo Zibaldone, salon où les intellectuels venaient parler et manger » (ainsi s’exprime Simone Volpato, éminent libraire de la Libreria antiquaria Drogheria 28 de Trieste).

    Anita Pittoni est notamment l’auteure de proses poétiques aujourd’hui rassemblées par les éditions genevoises La Baconnière sous le titre Confession téméraire [parution le 10 mai 2019].





    CONFESSION TÉMÉRAIRE
    (extrait)




    Je suis une femme dénuée de toute raison, incapable de sentiments. Je ne sais pas nourrir de vrais sentiments, qui plus est, j’ai d’autres défauts. Il suffit que je veuille bien me voir telle que je suis, que j’aie le courage de reconnaître clairement le jugement que l’on porte sur moi et sur mes mouvements pour me sentir toute chamboulée. Franchement, je ne sais pas comment j’ai eu la force de me supporter. Je compile les mauvaises actions : la moindre de mes respirations, mon plus fugitif coup d’œil, la plus douce et bonne parole qui sort d’entre mes lèvres, tout n’est que mauvaise action. Et jamais, au grand jamais, ces mauvaises actions ne sont dirigées contre moi-même. Elles sont réservées aux êtres qui me sont les plus chers. Personne, jamais, ne devrait me croire, quoi que je fasse, et mon geste le plus amoureux, mon geste le plus enchanteur et désintéressé, je vous déconseille d’y croire.

    Je m’active, je m’agite, je me démène et me cache derrière des sentiments sublimes. Mais la vérité, c’est que je ne suis rien. Je n’existe pas. Je n’ai aucune consistance. Je ne suis que le centre d’un mouvement, un centre vital sans loi, sans morale, sans éducation, capable seulement de mystifier. Même si je mourais de douleur, ce serait une mystification. En moi, rien n’est vrai, rien ne part d’un sentiment profond, tout provient d’un désir obscur, contraignant, impérieux de mouvement. À chacun son mouvement, et si, pour y parvenir, il faut que j’aie des sentiments, j’en ai, j’ai les sentiments qui sont nécessaires, et si, pour imprimer ce mouvement, je devais mourir, je mourrais, j’irais jusqu’à mourir de douleur.

    Je ne suis pas un être, je suis simplement une force qui s’est incarnée, qui s’est concrétisée dans un corps. D’ailleurs, je ne sens pas mon corps physique, ou plutôt je le sens comme un accident du moment. Donc, tout ce qui en dérive est aussi un accident du moment. Voilà ce qu’est ma vie, dans cet accident qu’est la vie que je subis à présent. Les songes aussi peuvent s’emparer de moi, maintenant que je suis dans cette vie, mais quelle que soit la profondeur avec laquelle je ressens les choses, tout reste superficiel, comme ma vie elle-même. Tel est mon tourment.

    Il n’y a qu’une mystification dont je n’ai pas été capable : demander pardon, c’est là mon point faible, la preuve que je ne suis pas un être mais une force. Ah ! si seulement j’éprouvais le besoin de demander pardon ! Alors là, oui, je serais moi aussi un être mortel et je pourrais espérer le repos de la mort.




    Anita Pittoni, Confession téméraire, suivi de Cher Saba et La Cité de Bobi, éditions la Baconnière, 1207 Genève, 2019, pp. 75-76. Préface de Simone Volpato. Traduit de l’italien par Marie Périer et Valérie Barranger.






    Anita Pittoni  Confession téméraire





    ANITA PITTONI


    Anita Pittoni





    Née à Trieste le 6 avril 1901, Anita Pittoni est la fille de Francesco Tosoni Pittoni (1876-1917), ingénieur, et d’Angela Marcolin Bosco (1880-1940), couturière brodeuse.

    Anita Pittoni grandit au sein des milieux artistiques de sa ville natale et se passionne très tôt pour l’art textile, tant dans le domaine de la mode que dans celui de l’ameublement. Après avoir créé son propre atelier de stylisme, Anita Pittoni confectionne vêtements et accessoires, tissus d’ameublement, tapisseries et tapis, faisant usage d’une grande variété de matériaux, simples ou précieux, qu’elle prend plaisir à assembler. Elle privilégie des produits naturels comme le chanvre ou le lin, mais aussi des fibres synthétiques (notamment la rayonne), ou des fibres d’origine végétale (tel le genêt). Les techniques qu’elle a acquises auprès de sa mère et sur les bancs d’école se conjuguent à un talent artistique personnel et original qu’elle bonifie grâce aux nombreuses personnalités de l’avant-garde artistique qu’elle côtoie. À Trieste tout d’abord, puis à Milan, et enfin dans toute la péninsule italienne. On lui doit, entre autres créations, celle des costumes de l’adaptation italienne (sous le titre La veglia dei lestofanti) de L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht (Milan, 1930, mise en scène d’Anton Giulio Bragaglia) ; ainsi que les tissus et panneaux d’ameublement du paquebot transatlantique Conte di Savoia…

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, délaissant sa première passion, Anita Pittoni se lance dans l’édition. En 1949, elle fonde avec Giani Stuparich (son futur époux) la maison d’édition Lo Zibaldone. « Rédigé comme un manifeste littéraire », le programme éditorial du Zibaldone se fixe pour objectif de délimiter « les contours complexes de Trieste et de sa région » par la production (dans une collection au format à la fois léger et maniable) d’œuvres originales et universelles qui, grâce à la diversité des sujets abordés, puissent dresser « un tableau objectif de la physionomie de la contrée julienne, si peu et si mal connue », et être ainsi « un fidèle miroir de Trieste, porte de l’Italie ouverte à l’Europe ». Parmi ses auteurs les plus connus du grand public figurent notamment Umberto Saba, Benedetto Croce, Virgilio Giotti, Giani Stuparich, Italo Svevo et Tullio Kezich…

    Anita Pittoni mettra fin au cours des années 1970 à cette aventure littéraire ardemment menée.




    ■ Anita Pittoni
    sur Terres de femmes


    Noël 1944 | Anita Pittoni, Journal 1944-1945




    ■ Voir aussi ▼


    Samuel Brussell, Alphabet triestin (lecture d’AP)





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  • Philippe Leuckx, Le Mendiant sans tain (extraits)


    LE MENDIANT SANS TAIN
    (extraits)




    I


    On m’afflige de solitude
    Aux heures les plus froides
    Ne me protège que la peau
    Encore qu’il faille s’entendre sur ce mot
    Qui me blesse le cuir
    D’être si tannée
    Ma peau n’est qu’un poème déserté
    Qui m’inflige patience



    II


    On dit que les trottoirs
    Sont de vrais miroirs
    De nos vies
    Nous vivons
    Dans la plus pure des transparences
    Mendiants sans tain
    Qu’on suit d’un œil policier
    Comme peuvent le faire les chiens
    Aux heures les plus sombres



    […]



    IV


    Il pleut il neige il gèle
    Combien de saisons rabattues sur mes os
    Comme si je n’en avais pas assez
    De les cadenasser sous moi
    Dans l’abondance des papiers des cartons
    Qui se mouillent s’échardent feignent
    De me protéger



    […]



    XXX


    Il passerait sous les gouttes
    S’il n’avait ce teint d’hiver
    Le mendiant qui peine
    À trouver une sébile
    Pour y poser son âme
    Qu’il a brève
    Puisqu’il pense la perdre
    Tous les soirs
    Dans l’ivresse un peu vaine
    De l’attente





    Philippe Leuckx, Le Mendiant sans tain, Éditions Le Coudrier, 2019, pp. 9, 10, 12, 38. Illustrations de Joëlle Aubevert. Préface de Jean-Michel Aubevert.






    Philippe Leuckx  Le Mendiant sans tain





    PHILIPPE LEUCKX


    Philippe Leuckx
    Ph. Christelle Dossche




    ■ Philippe Leuckx
    sur Terres de femmes

    [Le soir](poème extrait de Ce long sillage du cœur)
    Ce long sillage du cœur (lecture d’AP)
    D’obscures rumeurs (lecture d’AP)
    [Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance](poème extrait de D’obscures rumeurs)
    [Laisse la nuit s’éclairer sous tes yeux](poème extrait de Doigts tachés d’ombre)
    [On ose à peine la lumière](poème extrait de L’Effeuillement des choses vers les confins)
    [On a vécu sous le verre] (poème extrait de L’imparfait nous mène)
    [J’assume mes greniers d’enfance](poème extrait de Maisons habitées)
    Nuit close (extraits)
    Poèmes du chagrin (lecture d’AP)
    [Tu marches dans ta ville] (poème extrait de Poèmes du chagrin)
    Piéton de Rome, 13 (poème extrait de Rome rumeurs nomades)
    [Parfois il est bon de s’égarer](poème extrait des Ruelles montent vers la nuit)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Coudrier)
    la fiche de l’éditeur sur Le Mendiant sans tain de Philippe Leuckx





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  • Martine-Gabrielle Konorski, Bethani

    par Angèle Paoli

    Martine-Gabrielle Konorski, Bethani,
    suivi du Bouillon de la langue,
    Le Nouvel Athanor, 2019.
    Préface d’Emmanuel Moses.



    Lecture d’Angèle Paoli




    DIRE EN BETHANI LE POSSIBLE RECOMMENCEMENT





    Dire Bethani, chanter Bethani, nommer Bethani. Errer vers Bethani. Attendue, espérée de longue date, la ville au loin guide le peuple en marche. Pareille à une étoile fidèle, visible de tous, tout à la fois accessible et inaccessible. Le murmure de son nom attise le désir. Attise aussi la douleur. Bethani, rejoindre la ville et retrouver la maison. L’unique. La seule possible. BETH-ANI. La Maison de l’Affliction.

    En un long poème inspiré, la poète Martine-Gabrielle Konorski est ici celle qui nomme. Son dit porte le nom de Bethani. Le poème se fait ainsi psaume. Suit un second poème, intitulé Le Bouillon de la langue.

    Par sa parole et par son chant, Martine Konorski s’institue chantre de l’histoire. L’histoire d’un peuple en marche. Une longue marche, une anabase réelle ou rêvée, archétype de toutes les marches, résonne en nos mémoires oublieuses et absentes. Une marche dans le désert, qui s’étire dans le hors-temps de l’Histoire et qui dit l’humanité en quête de son lieu d’être. Comment nommer Bethani ? Comment inscrire le nom de Bethani dans les circonvolutions de la mémoire ? Seule la poésie, portée par le souffle et le sel qui la fécondent, peut faire jaillir sur la page, en une suite de poèmes que rythme leur musicalité propre, les traces effacées par le vent des sables. Les strophes se succèdent, brèves, économes de mots mais non d’images. Souvent isolés, les mots s’inscrivent en retrait dans les vers les plus longs.

    La chronique de cet exode est prise in medias res, alors même que le peuple — innommé, sinon par le pronom indéfini « eux » ou par le nom de « caravane » — est en marche. Au commencement est la route, au commencement est son sillon de poussière, la traînée de cailloux déplacés, les crissements d’essieux et les grincements de roues, les obstacles. Un futur imaginaire dessine les promesses de portes entrouvertes pour l’accueil. Ivresses et larmes conjuguent tout ensemble leur présence. Le paysage est celui d’une terre aride d’où émergent les frondaisons des oasis. Pays du soleil implacable et de la soif. Pays des transhumances et des migrations nomades, qui avancent tout en lenteur, de puits en citernes, sur les croûtes brûlantes de la terre. Avec un rêve. Rejoindre Bethani.

    En lisant le récit de cet exode, je songe à la peinture murale de Delacroix — La Lutte avec l’Ange —, à cet arrière-plan où se vit la longue remontée de la tribu de Jacob à la rencontre d’Esaü, son frère, cheminement hasardeux à travers les trouées de lumière, où se bousculent chevaux et chameaux, « petit et gros bétail ».

    « Dans la fournaise

    les hommes du vent

    font confiance aux chameaux

    Tous avancent somnolents

    aimantés

    par l’horizon

    des jours qui passent ».

    Le nom de Bethani scande le rythme de la marche. Il revient en leitmotiv, sous-jacent à d’autres mots qui dessinent avec lui une frise — frise géographique, frise historique, frise poétique. Main, sable, larmes, frontières, exil, désert, trace, empreintes, chagrin… Pourtant, malgré ces stèles qui ancrent le poème dans un espace tout autant connu que désiré, le paysage échappe. Même si au passage le lecteur croise la vigne et l’olivier, le shofar, le Temple et les noms de David et de Salomon. Quelques vers plus loin, avec l’allusion explicite aux « Esclaves d’hier » et à la fuite hors d’Égypte ne subsiste plus de doute. Le peuple en route vers Bethani est bien le peuple hébreu.

    Deux vers, peut-être, pourraient à eux seuls nommer cette double quête, celle du peuple nomade comme celle de la poète :

    « Intraduisible rêve

    cette route de Bethani. »

    Intraduisible sans doute, parce que le rêve recèle en lui sa part de souffrance et de misère. Mais aussi sa part de violence et de sidération. Rejoindre Bethani est une entreprise douloureuse, semée d’embuches et de luttes. Qui dit le déchirement, la perte d’identité, l’errance, et jusqu’à l’éradication :

    « Bethani

    Survivre à l’effacement. »

    D’où l’importance, toute biblique, de nommer. Comme dans ces versets de la Genèse, où « Celui » qui heurta la hanche de Jacob dit à ce dernier :

    « Quel est ton nom ? » — « Jacob », répondit-il. Il reprit : « On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté. »

    Minée par le doute et par l’« inespérance », la caravane qui progresse conduit avec le ciel un « dialogue d’éther », d’incandescence, de feu et de larmes. Au bout de la nuit survient un nouveau souffle. Une lueur d’espoir annonciatrice de la reconstruction. Une parole bienfaitrice qui renaîtra de ses blessures. Bethani surgit au lendemain d’intenses traversées.

    Une lumière s’accorde pour dire en Bethani le possible recommencement.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Martine Konorski  Bethani 2





    MARTINE – GABRIELLE KONORSKI


    Martine Konorski Portrait
    Ph. D.R. Pascal Therme
    Source





    ■ Martine – Gabrielle Konorski
    sur Terres de femmes


    [Les mots cognent] (extrait de Bethani)
    Instant de Terres (lecture de Marie-Hélène Prouteau)
    « Un point ouvert » (extrait d’Instant de Terres)
    un autre poème extrait d’« Un point ouvert » (Instant de Terres)
    [Au versant de la pierre-écritoire] (extrait de Je te vois pâle… au loin)
    Verticale (extrait d’Une lumière s’accorde)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Vissée à la plante des pieds]





    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Martine Konorski
    le site de Martine Konorski





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  • Martine – Gabrielle Konorski | [Les mots cognent]




    [LES MOTS COGNENT]




    Les mots cognent

    la tête
    déchirent les rêves

    d’un refuge

    Les murs restent si hauts
    Là-bas

    Toujours s’éloigne
    Bethani        BETH    ANI
    Le vent souffle

    Inlassable
    sur ces lettres de feu

    Cet été sera-t-il

    le dernier
    sans revoir la maison ?





    Retrouver Bethani
    Une
    course au goût de sel
    Sur les rives éloignées des dunes

    trébucher seulement
    Sous le cri des chameaux
    le poids des corps

    se dépose

    flaques d’ombres
    brisées à chaque
    pas

    Les larmes sont de joie

    en lames à nos chevilles.





    Nommer Bethani

    dans le chant
    Écho d’un son

    qui s’égare

    Point de fuite

    disparu
    dans les traces

    ensablées

    Errance

    Des milliers de visages

    consolés
    par les feux

    du désert

    Avançons
    les joues blanchies

    de lune.




    Martine-Gabrielle Konorski, Bethani, suivi de Le Bouillon de la langue, Le Nouvel Athanor, 2019, pp. 26-28. Préface d’Emmanuel Moses.






    Martine Konorski  Bethani 2





    MARTINE – GABRIELLE KONORSKI


    Martine Konorski Portrait
    Ph. D.R. Pascal Therme
    Source





    ■ Martine – Gabrielle Konorski
    sur Terres de femmes


    Bethani (lecture d’AP)
    Instant de Terres (lecture de Marie-Hélène Prouteau)
    « Un point ouvert » (extrait d’Instant de Terres)
    un autre poème extrait d’« Un point ouvert » (Instant de Terres)
    [Au versant de la pierre-écritoire] (extrait de Je te vois pâle… au loin)
    Verticale (extrait d’Une lumière s’accorde)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Vissée à la plante des pieds]




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Martine Konorski
    le site de Martine Konorski





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  • Jean-Paul Michel, Meditatio italica




    MEDITATIO ITALICA
    (extrait)








    [4]



    Peut-être est-ce la mer
    sous nos yeux, là — comme hier
    pour un égal probable
    dans un espace équivalent — qui
    à ce point donne sentiment
    de vie égale et de proximité —
    participer d’une rumeur commune
    tourner les yeux vers des points proches
    — dans le dos de la montagne — ici les mêmes o
    rangers — devant les mêmes
    eaux — me souvenant de l’impression
    de gaieté non personnelle qui me vint
    à marcher dans la Vieille Ville
    croisant des visages contemporains
    de tous les Orients comme
    de tous les âges
    avec ce seul sentiment
    d’une existence en cela seulement réelle
    que de la pluie ruisselait
    sur ce même front réellement






    [5]



    Devant moi quelques bris de poterie pi
    eusement recueillis à Paestum — dans
    ma poche encore je trouvai l’un
    de ces fragments tout-à-l’heure cherchant
    de quoi payer le café au bar — admirant
    des lézards éternels — d’un vert inconnu,
    pour moi grecs— tandis qu’entre les temples
    d’Héra un homme affairé ramasse
    des dents de lion sans le moindre trouble
    historique



    et

    mes sandales — sans plus couleur ni forme
    usées aux pavements des chaussées antiques
    — ironiques présences, pour cela chères — dans
    l’élégie





    Jean-Paul Michel, Meditatio italica [4], [5] [Retour de Pompéï, Naples, 1991], Le plus réel est ce hasard, et ce feu, éditions Flammarion, 1997, in « Défends-toi, Beauté violente ! », éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2019, pp. 142-143. Préface de Richard Blin.






    Jean-Paul Michel






    JEAN-PAUL MICHEL


    Jean-Paul Michel
    Source




    ■ Jean-Paul Michel
    sur Terres de femmes

    « Quand on vient d’un monde d’Idées, la surprise est énorme », par Matthieu Gosztola




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur « Défends-toi, Beauté violente ! »





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