Étiquette : Quai 2|1


  • Samira Negrouche | [J’aborde la plus haute rive]




    [J’ABORDE LA PLUS HAUTE RIVE]



    J’aborde la plus haute rive
    par le chemin le plus étroit
    une corde nouée
    à l’envers

    j’aborde la vague qui s’éteint
    le port approximatif
    les jambes fléchies

    j’aborde un songe
    une attraction

    je titube
    je titube

    a-t-on jamais su
    marcher dans le jour ?



    j’avance toujours
    sur un fil incertain
    sur une rupture certaine
    et je tends la voix
    comme je tendrais ma joue
    j’allonge le pas
    comme je frôlerais un seuil



    je n’ai pas peur
    du jour qui passe
    ni des êtres qui
    ne passent plus

    je n’ai pas peur du vide
    le vide n’est pas rien
    le vide est sur le fil
    le fil incertain
    le fil invisible
    sur lequel je suspends l’être
    sur lequel me suspend l’être
    là où ça se passe
    là où ça accroche
    là où tu abordes
    le quai



    j’avance à peine
    les pas suspendus
    sur la surface de l’huile

    ou c’est le quai
    qui avance
    qui se détache
    s’éloigne
    sur la peau de cuir
    la peau indomptable
    aux reflets d’argent

    ou c’est mon regard
    qui glisse
    qui se rapproche
    du quai
    qui me rapproche du quai



    je vais nu.e
    dans les champs d’oignons
    et dans la jungle luxuriante
    dans les bas-fonds
    de Mexico
    de Ouagadougou
    et d’Aden
    je vais nu.e
    l’articulation libre
    le dos sûr
    je me balance
    le dos vaste
    le cou léger
    le cou tendu



    le jour s’invite
    dans mes yeux
    précoces

    un fou danse
    dans mes yeux
    fait vaciller
    mes mains
    sur l’air qui vogue
    dans le ciel
    qui se laisse peindre

    un fou danse
    ou c’est moi qui danse
    quand la ronde s’ouvre.





    Samira Negrouche, Quai 2|1, Partition à trois axes, I, éditions Mazette, 2019, pp. 17-22.






    Samira Negrouche  Quai 2 1




    SAMIRA NEGROUCHE


    Samira Negrouche Guidu
    Image, G.AdC




    ■ Samira Negrouche
    sur Terres de femmes

    [Des sillons se creusent](extrait du Jazz des oliviers)
    Six arbres de fortune autour de ma baignoire (lecture d’AP)
    Tes vagues
    [Un doigt réaligne les fils] (extrait de Traces)
    [Tu ne te résignes pas] (extrait de Six arbres de fortune autour de ma baignoire)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Il se peut






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