Étiquette : Radeau de la première femme


  • Claude Louis-Combet, Radeau de la première femme, III



    Première femme
    Elizabeth Prouvost, Radeau de la première femme
    in Claude Louis-Combet | Elizabeth Prouvost,
    Dérives, Fata Morgana, 2013, pp. 80-81.
    Source








    RADEAU DE LA PREMIÈRE FEMME, III



    Comme petite monnaie et pacotille
    Tous les mots sont tombés en chemin
    Le souffle a pris le relais de la parole
    L’un après l’autre
    Les gestes se sont rendus

    Dans le regard de l’un comme de l’autre
    Chacun l’amant comme l’amante
    Coule son âme et son désir
    Les mêmes eaux emportent le temps
    L’existence est immersion

    Femme première
    Au cœur de tout instant
    Est celle qui flue sans jamais changer
    Celle qu’étreinte noue à elle-même
    Hors de quoi rien ne serait

    Elle a marché comme une seule troupe
    Elle s’est trainée sur les genoux
    Elle a rampé
    Elle a pris possession de sa faille
    À coups de griffes à coups de poing

    Elle a traversé son enfance femelle
    Et sa jeunesse d’affamée
    Elle a tranché dans ses désirs
    Ni la sainte ni la démone
    Mais l’une et l’autre dans l’amante

    Elle est allée droit au phalle
    Par les chemins qu’elle inventait
    Il n’était pas d’autre amant
    Celui qui venait à sa rencontre
    La suivait depuis toujours

    L’un de l’autre l’un par l’autre
    De la même étreinte ils sont nés
    D’inépuisable amour et d’incessant désir
    Jalons d’un mythe qui les dépasse
    Et qui les fonde

    L’existence est immersion
    Dans cette fluidité sans interstice
    Où la chair épouse la chair qui l’épouse
    La bouche a pris le relais du sexe
    Pour prier à l’adresse du néant

    Amour, que votre volonté soit faite
    Et que rien ne vienne disjoindre
    Ceux que le désir a choisis
    Faites qu’en partage la mort nous soit accordée
    Gisants flottants tels nous viendrons au monde

    INSÉPARÉS



    Claude Louis-Combet, « Radeau de la première femme », III, in Claude Louis-Combet | Elizabeth Prouvost, Dérives, Fata Morgana, 2013, pp. 93-94-95.




    _______________________________
    NOTE : Dérives de Claude Louis-Combet est directement inspiré de photographies d’Elizabeth Prouvost, qui consacre une grande partie de son travail à la composition de puissantes scènes, dramatiques et symboliques, animées dans leur structure comme dans leur désolation, par l’image du Radeau de la Méduse de Géricault. De cette série des Radeaux, Claude Louis-Combet a retenu cinq figurations dont chacune, à la façon d’une vision complètement intériorisée, a suscité un récit où l’horreur épouse le sublime.






    Dérives






    CLAUDE LOUIS-COMBET


    Claude_louiscombet_par_ric_toulot_3
    Eric Toulot, Portrait de Claude Louis-Combet
    Source






    ■ Claude Louis-Combet
    sur Terres de femmes

    Bethsabée à jamais
    Celle par qui la ténèbre arrive
    Depuis le temps que la chair s’épure
    Hiérophanie du sexe de la femme
    Isula, insula
    « J’écris du désir comme du désert »
    Mala Lucina
    Noyau central
    Résurgences
    Suzanne et les Croûtons (note de lecture d’AP)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de Fata Morgana)
    la page de l’éditeur sur Dérives
    → (sur YouTube)
    Les radeaux d’Elizabeth Prouvost
    → (sur lelitteraire.com)
    une recension de Dérives par Jean-Paul Gavard-Perret






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