Étiquette : Régis Lefort


  • Régis Lefort | [Le temps avait passé]



    [LE TEMPS AVAIT PASSÉ]




    Le temps avait passé. La peau aurait pu se friper comme l’azur. Et sans doute l’air était-il pour quelque temps encore comme empreint d’une épaisseur qui l’empêchait de respirer. Mais il était parvenu au lieu d’herbe. Ou plutôt au rocher de l’enfance, là où lui avait poussé la colonne d’air. Là où l’impulsion première, il s’en souvenait, lui avait rendu la liberté. Depuis, l’errance avait été sa loi, ou plutôt comme une nécessité selon laquelle son œil s’attachait à chaque fois à ce qui précédait sa vision. Il était devenu l’aigle de son enfance, l’aigle au collier de perles. Son vol dominait, d’une beauté, d’une majesté sans pareilles, l’espace ouvert d’un désert au-dessous. Le vent sifflait et soufflait sous ses ailes. Il changeait d’altitude selon sa puissance, sa chaleur, le bruit tumultueux ou doux qui le menait toujours plus loin. Ainsi porté par une forme de pureté et d’innocence, il écartait la possibilité d’une elle. Il connaissait maintenant l’ordre des particules, la poussière sous le soleil, le mouvement elliptique de la mémoire et l’incroyable fleuve du temps où jamais plus un corps ne tomberait.



    Régis Lefort, Il, et sa nuit, I, éditions La tête à l’envers, 58330 Crux-la-Ville, 2020, page 23.





    Régis Lefort  Il  et sa nuit





    RÉGIS  LEFORT


    Régis Lefort





    ■ Régis Lefort
    sur Terres de femmes


    [le poème s’en allant]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La tête à l’envers)
    la fiche de l’éditeur sur Il, et sa nuit
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Régis Lefort (dont un entretien avec Cécile Guivarch)






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  • Régis Lefort | [le poème s’en allant]



    [LE POÈME S’EN ALLANT]




    le poème s’en allant
    s’écoulant brûlant sa terre

    trajectoire que prolonge
    indomptable la langue

    où le corps emporte
    avec la verticalité

    une lumière sans mots
    ses particules sa poussière

    comme insectes se débattant
    à l’injonction dernière

    espérant la cime
    et de l’élément

    l’étendue la brûlure le feu
    pour atteindre à la voix



    Régis Lefort, Louve (extrait) in Revue Friches, Cahier de poésie verte, n° 117, janvier 2015, page 34. Poème choisi par Arnaud Beaujeu.





    RÉGIS  LEFORT

    Lefort




    ■ Régis Lefort
    sur Terres de femmes


    [Le temps avait passé] (extrait d’Il, et sa nuit)



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Régis Lefort (dont un entretien avec Cécile Guivarch)
    le site de la revue Friches






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