Étiquette : Remo Fasani


  • Remo Fasani | Il fiume







    Il fiume
    Ph., G.AdC







    IL FIUME



    Il fiume… la mia infanzia n’era tutta
    vinta. Veniva di lontano e andava
    lontano. E mi affacciavo al suo mistero,
    a quel suo mondo che mi rivelava
    la vita accesa istante per istante.

    Una bolla, e la seguo con il fiato
    sospeso, vedo che si frange a un gorgo,
    o ristà, prigioniera, dietro un sasso,
    o si allontana e perde. Poi mi volto,
    ne cerco e seguo un’altra, ancora un’altra.

    Il fiume era le stagioni, l’anno.
    In crescita e turbato da principio,
    poi ricolmo, sospeso a cielo e nuvole,
    poi fondo limpido a se stesso, agli altri,
    infine vetro, anche senza gelo.

    Ma più era le piene, le alluvioni.
    Un giorno o due di furia… Poi la calma,
    il ritorno alla norma e lo stupore
    di non trovarla. Il fiume ora appariva
    un altro, aveva dislocato tutto.

    E qualche cosa andava dislocandosi,
    ora, in chi lo guardava. E non soltanto
    per lo sfacelo: per la trama tenera
    su certe sabbie prima inesistenti.
    La grazia ch’era al fondo della furia.



    Remo Fasani, Qui e ora [1969], Edizioni Pantarei, Lugano, 1971.







    La riviere
    Ph., G.AdC






    LA RIVIÈRE



    La rivière… mon enfance en était
    toute conquise. Elle venait de loin
    et allait loin. Et je me penchais sur
    son mystère, ce monde qui me révélait
    la vie intense instant après instant.

    Une bulle, et je la suis, le souffle
    suspendu, je la vois éclater dans un tourbillon
    ou rester, prisonnière, derrière une pierre
    ou s’éloigner, se perdre. Puis je me retourne
    j’en cherche et suis une autre, une autre encore.

    La rivière était les saisons, l’année.
    Gonflant et troublée au début,
    puis pleine, suspendue au ciel et aux nuages,
    puis fond limpide à elle-même, aux autres,
    et verre enfin, même sans gel.

    Mais elle était surtout les crues et les inondations.
    Un jour ou deux de fureur… Puis le calme,
    le retour à la norme et la stupeur
    de ne pas la trouver. La rivière à présent
    paraissait autre, ayant tout disloqué.

    Et quelque chose allait se disloquant
    à présent en celui qui l’observait. Non tant
    à cause de la ruine : mais de la trame tendre
    sur certains sables inexistants avant.
    La grâce qui dormait au fond de la fureur.



    Remo Fasani, Ici et maintenant [1969], in L’Éternité dans l’instant, Poèmes 1944-1999, Samizdat, Genève, 2008, pp. 28-29. Poèmes choisis et traduits de l’italien par Christian Viredaz. Préface de Philippe Jaccottet.






    Fasaniinstant








    REMO FASANI


    Fasani
    Photo © Yvonne Böhler



    ■ Remo Fasani
    sur Terres de femmes

    [Je vais par un chemin qui monte à peine] (poème extrait de Novenari | Novénaires)[+ une notice bio-bibliographique]



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Lyrikline)
    le poème ci-dessus dit par Remo Fasani
    → (sur Recours au poème)
    une note de lecture de Matthieu Baumier sur Novénaires de Remo Fasani
    → (sur Cultur@ctif)
    une fiche bio-bibliographique sur Remo Fasani
    → (dans le Dictionnaire historique de la Suisse)
    une fiche bio-bibliographique sur Remo Fasani
    → (sur rsi.ch)
    “Silenzio, poesia, silenzio, La parabola di Remo Fasani”, de Mattia Cavadini
    → (sur Poesia, di Luigia Sorrentino)
    Addio a Remo Fasani
    → (sur Rsi Rete due)
    “Dall’idillio alla storia. Incontro con Remo Fasani”, di Massimo Zenari (émission du vendredi 16 octobre 2009)





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  • Remo Fasani | [Je vais par un chemin qui monte à peine]



    [PER UNA VIA CHE SALE LENTA]





    Verde tratturo in mezzo al bosco
    Ph., G.AdC







    Per una via che sale lenta,
    verde tratturo in mezzo al bosco,
    oggi vado. E’ silenzio intorno.
    Anche la brezza che, montana,
    soffia assidua, qui non arriva.
    E me ne vado in compagnia
    solo dell’aria e di me stesso.
    Ma ecco, appena giungo in cima,
    il rumore e il vento del mondo.







    [JE VAIS PAR UN CHEMIN QUI MONTE À PEINE]



    Je vais par un chemin qui monte à peine,
    draille de verdure dans la forêt.
    Le silence m’entoure.
    Même la brise, qui souffle sans cesse
    en montagne, ne parvient pas ici.
    Je vais avec pour toute compagnie
    l’air et moi-même.
    Mais au sommet, voici
    la rumeur et le vent du monde.




    Remo Fasani, Novenari | Novénaires, Éditions de la revue Conférence, 2011, page 40. Édition bilingue. Version française de Christophe Carraud. Illustrations de Pierre-Yves Gabioud.







    NOVENAIRES01








        Né le 31 mars 1922 à Mesocco, dans la vallée italophone des Grisons, Remo Fasani, professeur (puis professeur honoraire) de l’Université de Neuchâtel où il a occupé la chaire de langue et littérature italiennes, est mort à Grono de Mesocco dans la nuit du 26 au 27 septembre 2011.
        Spécialiste de Dante, traducteur de Baudelaire, de Mallarmé et d’Éluard, Remo Fasani a aussi publié une vingtaine de recueils de poésie. En 2006, Limmat Verlag a publié une anthologie bilingue de ses poèmes (Der Reine Blick auf die Dinge) avec une étude de Georges Güntert, et, en 2008, les éditions Samizdat ont publié un choix de ses poèmes traduits par Christian Viredaz sous le titre : L’Éternité dans l’instant, avec une préface de Philippe Jaccottet.

        « … enfin commence, mais commence seulement, la réparation d’une négligence scandaleuse, qui a laissé presque totalement dans l’ombre l’œuvre d’un poète de la Suisse italienne […]. Honte à nous tous, critiques et poètes d’ici. Mais passons. Et puissent très bientôt d’autres poèmes de Remo Fasani être traduits, avant tout les plus accomplis peut-être, ces Novénaires écrits par un poète déjà presque octogénaire. […] 
        […] ce grand connaisseur de Dante et grand lecteur de Hölderlin, a compris très tôt que la poésie serait pour lui la tâche à la fois la plus haute et la plus humble. Aussi est-il resté étranger au tapage des avant-gardes comme aux proclamations trop souvent simplificatrices des poètes dits “engagés”. Ce fils de paysan a peut-être appris l’essentiel, dès l’enfance, en maniant le grand râteau de bois dans l’herbe des alpages, compagnon des bêtes et des plantes, soumis aux saisons, lié en profondeur à l’indéchiffrable univers. Poète, il n’a pas cessé de vouloir dire ce monde, donc d’abord se taire, être inépuisablement attentif ; se taire pour pouvoir dire la pluie, la neige, les crépuscules, la brume, dans le grave enclos des montagnes ; et recueillir tous ces moments de halte et de silence, parfois angoissés, afin que s’en élève le chant le plus vrai. » (Philippe Jaccottet, op. cit. supra, pp. 7-8-9)





    REMO FASANI


    Fasani
    Photo © Yvonne Böhler



    ■ Remo Fasani
    sur Terres de femmes

    Il fiume (poème extrait de Qui e ora)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site d’Andrea Paganini)
    une étude (en italien) des Novenari
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes de Remo Fasani dits par Remo Fasani
    → (sur Recours au poème)
    une note de lecture de Matthieu Baumier sur Novénaires
    → (sur Fine Stagione)
    un autre poème (traduit en français) extrait des Novenari
    → (sur Cultur@ctif)
    une fiche bio-bibliographique sur Remo Fasani
    → (dans le Dictionnaire historique de la Suisse)
    une fiche bio-bibliographique sur Remo Fasani
    → (sur rsi.ch)
    “Silenzio, poesia, silenzio, La parabola di Remo Fasani”, de Mattia Cavadini
    → (sur Poesia, di Luigia Sorrentino)
    Addio a Remo Fasani
    → (sur Rsi Rete due)
    “Dall’idillio alla storia. Incontro con Remo Fasani”, di Massimo Zenari (émission du vendredi 16 octobre 2009)





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