Étiquette : Revue Phœnix


  • Titos Patrikios | L’heure que je ne connais pas



    L’HEURE QUE JE NE CONNAIS PAS




    Mes yeux ne peuvent pas
    se fixer quelque part en permanence
    mes mains ne peuvent pas
    s’empêcher de toucher d’autres corps
    ma bouche ne peut pas
    rester fermée aux mots aux baisers
    moi-même tout entier je ne peux pas
    me tenir sans bouger devant le même paysage.
    On dit que le silence et l’immobilité
    approfondissent la pensée, que dépassant les choses viles
    elle arrive alors à saisir
    jusqu’à l’absolu. Ça se peut.
    Mais par les propos, les mouvements, les plaisirs
    superficiels, banals
    j’essaie de faire durer l’éphémère
    surtout de retarder autant que possible
    la venue de l’heure que je ne connais pas encore.



    Titos Patrikios, « Choix de poèmes et de proses », Revue Phœnix n° 24, Cahiers littéraires internationaux, mars 2017, page 51. Traduction de Myrto Gondicas.






    Phoenix-24





    Τίτος Πατρίκιος


    Titos Patrikios
    Source



    ■ Titos Patrikios
    sur Terres de femmes

    Ma langue



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la revue Phoenix)
    le sommaire du n° 24





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  • Andrea Moorhead | Les survivants



    LES SURVIVANTS



    un mouvement vers l’eau
    un pas, une hésitation soudaine,
    quelque chose bouge au fond des eaux
    un feu glacé qui continue
    malgré les éboulements sur la terre
    et la proclamation des incendies
    aux quatre coins du globe
    menaçant l’équilibre des forêts
    et la douceur des étoiles clignotantes.

    l’enfant ramasse tout
    ne sachant sous quelle catégorie
    mettre les papillons écrasés
    ou les étoiles en papier rose
    accident de route,
    leçon d’histoire avortée.



    Andrea Moorhead, Poèmes inédits in « dossier Andrea Moorhead, coordonné par Marie-Christine Masset et André Ughetto », Revue Phœnix, Cahiers littéraires internationaux, numéro 23, automne 2016, pp. 13-14.






    Phoenix Moorhead 2







    ANDREA MOORHEAD


    Andrea Moorhead
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Andrea Moorhead (dont une notice bio-bibliographique)





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  • Marie-Christine Masset | Visage natal




    Limon
    “je ferai glisser pour toi le sable
    et ses dessins-mondes”
    Source







    [VISAGE NATAL]



    Ocre pour ocre
    Fleuve pour fleuve
    je ferai glisser pour toi le sable
    et ses dessins-mondes.
    Tu entendras ce passage
    de la nuit vers le jour
    quand le visage des ancêtres
    plonge dans l’eau avec fracas
    et vole comme un poisson bariolé
    dans le ciel des rêves.
    Ce qui ne se voit pas
    t’apprendra à parler.
    Tu n’auras plus à toi
    que la langue des autres
    et ses soleils pour se mouvoir
    comme un petit serpent amoureux.
    Ocre pour ocre
    Fleuve pour fleuve,
    quand tu seras au loin,
    le limon et ton visage natal
    vivront la même histoire.



    Marie-Christine Masset, De l’autre côté du monde in revue Phœnix Cahiers littéraires internationaux, « Partage des voix », Printemps 2016 – Numéro 21, pp. 88-89.





    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Marie-Christine Masset




    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes


    [Le chemin ne changera rien]
    Dans la blancheur de l’horizon (extrait de L’Oiseau Rouge | The Red Bird)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Rêve







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  • Alain Fabre-Catalan | Le silence des pierres




    LE SILENCE DES PIERRES


    À Gabrielle Althen



    Que cherches-tu sous la lumière franche
    sinon ce ruisseau d’ombre qui s’anime
    entre les branches comme un bouquet de voix
    venues de l’arrière-pays de l’enfance ?

    Radieuses, les feuilles persistantes ont leur secret
    qui monte des racines avant de se changer en cette frêle clarté
    tremblante au bout des tiges. Dès lors le mystère grandit
    où s’abandonne le jour avec ses multiples visages.
    Ainsi viennent les mots que l’inquiétude assemble
    quand la nuit que tu croyais immobile
    au chevet des ombres fugitives, inonde les sillons
    où se presse le silence des pierres.

    À peine une syllabe pour allumer le feu
    qui mûrit sous la cendre, gardienne du sommeil,
    accordant son éclat au gravier des rivières.

    Rien ne s’offre qui n’ait gagné le large
    avec le premier mot lancé dans le bruit du ressac
    où s’égrène en secret, d’une voix libre,
    la promesse de l’inconnu qui prend la forme
    d’une pierre qu’on tourne entre ses doigts.



    Alain Fabre-Catalan in revue Phœnix, cahiers littéraires internationaux, Printemps 2015, n° 17, page 79.





    ALAIN FABRE-CATALAN


    Alain Fabre-Catalan




    ■ Alain Fabre-Catalan
    sur Terres de femmes

    [À l’orée des branches basses]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au poème)
    une page consacrée à Alain Fabre-Catalan (notice bio-bibliographique + 5 poèmes)
    Demeure nomade, le blog d’Alain-Fabre-Catalan
    le site de la Revue Alsacienne de Littérature, créé par Alain Fabre-Catalan



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  • Eliza Macadan | [je rêve de nouveau qu’il neige]



    Hiver taché de sang
    Aquatinte numérique, G.AdC







    [JE RÊVE DE NOUVEAU QU’IL NEIGE]



    je rêve de nouveau qu’il neige
    je perce jusqu’au bout
    blessée je regarde dessous
    je perds toutes les batailles avec le sommeil
    j’embrasse les mains du père
    quand il se meurt doucement
    une minute par jour
    et me laisse la vigne
    sa raison d’être
    l’hiver taché de sang
    arrive comme un coup de poing
    dans l’estomac vide
    j’écoute mes vers à la radio
    les pleurs ont un sens



    Eliza Macadan, Au nord de la parole, Revue Phœnix, n° 16, page 51. Postface de Karim De Broucker. Prix de poésie Léon-Gabriel Gros 2014.






    ELIZA  MACADAN


    Eliza-MACADAN
    Source




    ■ Eliza Macadan
    sur Terres de femmes


    [Je tire ici les fils du mot] (extrait de Lettre de Bucarest)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la revue Phœnix)
    une notice bio-bibliographique consacrée à Eliza Macadan




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  • Martino Baldi | [Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard]




    JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
    Image, G.AdC








    [D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]




    D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
    È stato necessario qualche giorno
    per notare l’assenza e interrogarsi
    sulla questione, trovare le risposte,
    stendere il regesto, denunciare il fatto.
    Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
    Il colpo era premeditato nei particolari.
    Restava da decidere il momento giusto.
    L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
    nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
    i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
    morti. Tutti prima che generasse me.
    E a cosa serve un uomo se non può
    esercitare il suo diritto a uccidere?
    Così ho deciso: prima o poi
    sarebbe morto da solo, tanto valeva
    farlo con le mie mani,
    per innestare in una vita grigia
    almeno un mito. Quello del parricida.







    [JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]




    Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
    Il m’a fallu quelques jours
    pour remarquer l’absence et m’interroger
    sur la question, trouver des réponses,
    dérouler le regeste, dénoncer le fait.
    Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
    Le coup était prémédité dans tous ses détails.
    Il restait à choisir le bon moment.
    Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
    d’autre à assassiner : morts, ses pères,
    ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
    morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
    À quoi sert un homme s’il ne peut
    exercer son droit de tuer ?
    J’ai donc décidé : tôt ou tard
    il serait mort de lui-même, alors autant
    le faire de mes mains,
    pour au moins greffer un mythe
    dans le gris d’une vie. Celui du parricide.




    Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
    Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.







    Couv-phoenix12 1







    MARTINO BALDI


    Martino Baldi
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur enjambées fauves)
    Scripta volant ~ Martino Baldi (un autre extrait de Chapitres de la comédie de Martino Baldi)
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    une fiche bio-bibliographique sur Martino Baldi
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    la page consacrée au Prix Léon-Gabriel Gros





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  • Jean Métellus | Voix du passé



    Couleur prune ou importune
    Source






    VOIX DU PASSÉ



    Plus ne me suffit ma voix
    Ni dans le rêve
    Ni dans la vie
    D’autres voix s’imposent
    D’autres paroles marronnes sonnent
    Sonnent pour affirmer l’éternité
    Où tremble la solitude


    Couleur prune ou importune
    Dans la nuit
    Sur des lettres décolorées
    Sur des mots nus et des sons éclatés
    Aux liquides rares et discrètes
    Sur un tambour sans prétention
    Aux allures militaires
    Traitant les notes allègrement
    S’en va la voix, s’efface le crayon
    Ne reste plus que l’imprononçable
    Voix témoin de l’aventure d’un peuple
    D’une pensée prune ou importune
    D’une pensée fantôme
    D’une pensée d’homme




    Jean Métellus in « Dossier Jean Métellus », revue Phœnix, cahiers littéraires internationaux, juin 2012 ― n° 6, page 16.





    NOTE d’AP : la deuxième livraison des cahiers littéraires internationaux Phœnix (juin 2012 – n° 6) s’articule autour d’un dossier consacré à Jean Métellus. L’élaboration de ce dossier a été confiée à Jeanine Baude : celui-ci comprend notamment une introduction à la poétique de Jean Métellus : « Braises de la mémoire » et un entretien avec Jean Métellus (outre des articles de Claude Mouchard, de Ginette Adamson, de Patrizia Oppici, de Joëlle Gardes et d’Haun Sassy, et une « Lettre à Jean Métellus » de Bruno Doucey).





    JEAN MÉTELLUS


    Jean Métellus
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Jean Métellus
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Jean Métellus





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  • Henry Bauchau | Passage d’Antigone



    PASSAGE D’ANTIGONE



    La vive transparence
    écriture de l’éveil
    frôlant presque de son aile
    le poème en bleu de chauffe
    le ventre de l’hirondelle




    Henry Bauchau, poème inédit, in Dossier Henry Bauchau, Revue de poésie et de littérature Phœnix, cahiers littéraires internationaux, avril 2011 ― N°2, page 21.






    Phoenix






    HENRY BAUCHAU


    Bauchau
    Source



    ■ Henry Bauchau
    sur Terres de femmes

    Diotime
    Le sel (poème extrait de Blason de décembre)
    22 janvier 1913 | Naissance de Henry Bauchau
    30 juillet 1989 | Henry Bauchau, Jour après jour



    ■ Voir aussi ▼

    le site du Fonds Henry Bauchau





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