Étiquette : Rougier V. éd.


  • Patricia Castex Menier | [Ithaque]




    Tine Abrac
    Gravure de Tine Abrac
    in Soleil sonore de Patricia Castex Menier
    (page 39)







    Ithaque.
    Nous savons bien
    qu’il en est d’innombrables.

    Mais nous n’écouterons
    que l’olivier,

    vieil aède
    au tronc perclus,

    qui murmure encore le chant ancien.





    L’île aux hirondelles.

    À l’angle du toit,
    quatre becs ouverts
    attendent au bord du nid.

    L’île et l’hirondelle,
    deux figures du retour.





    Clameur.

    Avec le zénith
    les couleurs ont repris les armes.

    On se retire à l’ombre,
    en spectateurs.

    Face à face
    le bouclier saphir, les flèches safran.



    Patricia Castex Menier, Soleil sonore (Trois îles) poèmes, Rougier V. éd., Collection Plis urgents, 44, 2017, pp. 34-36-41. Gravures de Tine Abrac.






    Patricia Castex Menier  Soleil sonore






    PATRICIA  CASTEX MENIER


    Patricia Castex Menier 3





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Vincent Rougier)
    la fiche de l’éditeur sur Soleil sonore de Patricia Castex Menier
    → (sur le site des éditions L’Amourier)
    une fiche bio-bibliographique sur Patricia Castex Menier





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  • Thomas Vinau | Les gouttes

    Thomas Vinau, Collection de sombreros ?,
    Collection Poésie & Peinture, Rougier V. éd., 2017.
    Préface de Martin Page. Illustrations de Vincent Rougier.



    LES GOUTTES



    Depuis le début du mois, l’air est trop collant pour sortir. À la maison, elle garde les volets fermés afin de ne pas faire entrer la chaleur de sorte que son appartement est en permanence teinté de la lumière rose pâle qui parvient à filtrer dans les deux fentes des fenêtres mal fermées. Le ciel est moite et le sol humide. Elle n’a pas de ventilateur à cause de la pénurie, mais le carrelage frais provoque parfois des frissons de plaisir. Elle ne veut plus sortir de la maison, car c’est sa seule semaine de congés. Du coup elle ne s’habille plus. Elle attache ses cheveux en boule sur le haut de sa tête, laissant apercevoir des gouttes de sueur sur sa nuque et ses épaules. Lorsqu’elle les attache elle lève ses deux bras au-dessus de sa tête, ce qui oblige les gouttes à dévaler les épaules et à se précipiter dans le creux du dos, jusqu’aux hanches pour les plus grosses. Il adore regarder la course des gouttes, surtout l’arrivée du petit bolide liquide contre l’élastique de son string, lorsque la goutte s’étend contre la peau et va disparaître dans les arabesques du tissu noir.



    Thomas Vinau, Collection de sombreros ?, Collection Poésie & Peinture, Rougier V. éd., 2017, page 30. Préface de Martin Page. Illustrations de Vincent Rougier.






    Thomas Vinau, Collection de sombreros






    THOMAS VINAU


    Thomas Vinau
    Source



    ■ Thomas Vinau
    sur Terres de femmes

    [Des ombres sur un tapis d’aiguilles de pin] (extrait de Notes de bois)
    [Le sommeil est une mer paisible] (extrait de La Part des nuages)



    ■ Voir aussi ▼

    etc-iste, le blog de Thomas Vinau






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  • 21 novembre 1870 | Jacques Brémond, Lettre perdue

    Éphéméride culturelle à rebours



    21 novembre 1870



    Très mince très fine missive expédiée de Paris vers Londres par la voie des airs… En pleine guerre franco-prussienne. En 1870. De Paris assiégé par les armées teutoniques. Lettre mince fine légère de cinq ou sept grammes sur une seule page de papier pelure. Obligatoire vu le moyen d’acheminement imposé par les événements, Avant l’aviation ! Avant la poste aérienne ! Paris assiégé et les montgolfières devinrent postales pour quelques milliers de lettres. L’astuce des hommes ! La compagnie des Aérostiers de Nadar et ses amis se chargèrent à merveille de cette mission. Presque tous les ballons accompagnés ou non arrivèrent à passer par-dessus les lignes ennemies et à se poser en un quelconque coin de France. Parfois un peu plus loin, en Belgique, en Finlande. Les missives alors distribuées naturellement par la Poste. Quelques-uns de ces ballons furent attaqués et descendus par les armées allemandes, d’autres se perdirent en mer. Comme celui qui transporta la lettre d’Adèle, la mère, à Claude, la fille, expédiée de Paris le 24 novembre 1870, bureau de poste Place de la Madeleine, adressée à Mademoiselle Claude, chez une amie, Madame Goupil résidant alors au Royaume-Uni. Arrivée le 12 décembre de la même année après un séjour dans les eaux glacées de la Mer du Nord, aérostat dénommé Ville d’Orléans. Tous baptisés pour marquer l’intégrité du territoire sous les bombes assaillantes. Du séjour en eaux noires et nordiques, peu de traces, simplement la disparition du timbre-poste dans le coin supérieur droit. L’employé parisien avait pourtant bien apposé le cachet de port payé PD en rouge, petit cadre rectangulaire. La lettre n’est taxée qu’à son arrivée en terre anglaise. L’administration sans doute avertie agit avec une mansuétude bien rare à cette époque. Malgré les aléas de ce transport houleux et périlleux, la Demoiselle Claude obtient des bonnes nouvelles de sa famille restée en France occupée. Ses parents lui écrivirent tous les jours par le même moyen aérien. Ils sont bien à plaindre, ils attendent « le grand coup qui les délivrera » lui écrit sa « vieille petite mère Adèle » qui lui recommande d’être « tranquille et bien raisonnable » et lui dit le bien-être de ses oncle et tante… etc… etc. Léger babillage même en temps de guerre ! Il faut bien passer le temps quand on est prisonnier des prussiens ! Petite bourgeoisie qui sait lire et écrire, qui poste son courrier vers la fille protégée mise à l’abri à Londres, peut-être…



    Jacques Brémond, Lettres perdues, Courriers accidentés, Rougier V. éd., Collection Plis urgents, n° 41, complément de la revue ficelle, 2016, pp. 7-8-9.






    Jacques Brémond, Lettres perdues





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Vincent Rougier)
    la fiche de l’éditeur sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur le site de la revue Traversées)
    une note de lecture de Xavier Bordes sur Lettres perdues de Jacques Brémond
    → (sur lelitteraire.com)
    une note de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret sur Lettres perdues de Jacques Brémond





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