Étiquette : Salvatore Quasimodo


  • 21 mars | Salvatore Quasimodo, La Terre incomparable

    Éphéméride culturelle à rebours



    Oggi ventuno marzo
    Ph., G.AdC







    OGGI VENTUNO MARZO


    Oggi ventuno marzo entra l’Ariete
    nell’equinozio e picchia la sua
    testa maschia contro alberi e rocce,
    e tu amore stacchi
    ai suoi colpi il vento d’inverno
    dal tuo orecchio inclinato
    sull’ultima mia parola. Galleggia
    la prima schiuma sulle piante, pallida
    quasi verde e non rifiuta
    l’avvertimento. E la notizia corre
    ai gabbiani che s’incontrano
    fra gli arcobaleni: spuntano
    scrosciando il loro linguaggio
    di spruzzi che rintoccano
    nelle grotte. Tu copri il loro grido
    al mio fianco, apri il ponte
    fra noi e le raffiche
    che la natura prepara sottoterra
    in un lampo privo di saggezza,
    oltrepassi la spinta dei germogli.
    Ora la primavera non ci basta.



    Salvatore Quasimodo, La terra impareggiabile [1958] in Tutte le poesie, Oscar Mondadori Editore, Collana Grandi Classici [56], 1995, ristampa 2010, pagina 199. Con uno scritto di Elio Vittorini.








    La poussée des germinations
    Ph., G.AdC






    AUJOURD’HUI VINGT ET UN MARS



    Aujourd’hui vingt et un mars le Bélier
    entre dans l’équinoxe et heurte
    de sa tête de mâle les arbres et les rocs
    et toi, amour, tu retranches
    à ses coups le vent d’hiver
    de ton oreille penchée
    sur ma dernière parole. Il flotte
    sur les plantes une première écume
    pâle et verte
    qui répond à l’appel.
    Et la nouvelle parvient aux mouettes
    se rencontrant parmi les arcs-en-ciel
    et leur langage fond sous le ruissellement
    des vagues qui résonnent dans les grottes.
    À mon côté tu couvres leur cri
    et jettes un pont entre nous et l’ouragan
    que la nature apprête sous la terre
    en un éclair démuni de sagesse,
    tu dépasses la poussée des germinations.
    Désormais le printemps
    ne peut plus nous suffire.



    Salvatore Quasimodo, La Terre incomparable in Poèmes, Mercure de France, 1963, page 92. Poèmes traduits par Pericle Patocchi.






    Salvatore Quasimodo 1963






    SALVATORE QUASIMODO


    Salvatore_quasimodo_nobel_19591_prima_di_2
    Source



    ■ Salvatore Quasimodo
    sur Terres de femmes

    20 août 1901 | Naissance de Salvatore Quasimodo
    Et bientôt c’est le soir
    Isola
    Le silence ne me trompe pas
    22 octobre 1959 | Salvatore Quasimodo, Prix Nobel de littérature



    ■ Voir | écouter ▼


    → (sur YouTube)
    un extrait d’une interview de Salvatore Quasimodo





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  • Salvatore Quasimodo | Le silence ne me trompe pas

    « Poésie d’un jour »
    choisie par Thierry Gillybœuf



    A  Scrivo parole e analogie
    Ph., G.AdC






    IL SILENZIO NON M’INGANNA



    Distorto il battito
    della campana di San Simpliciano
    si raccoglie sui vetri della mia finestra.
    Il suono non ha eco, prende un cerchio
    trasparente, mi ricorda il mio nome.
    Scrivo parole e analogie, tento
    di tracciare un rapporto possibile
    tra vita e morte. Il presente è fuori di me
    e non potrà contenermi che in parte.
    Il silenzio non m’inganna, la formula
    è astratta. Ciò che deve venire è qui,
    e se non fosse per te, amore,
    il futuro avrebbe già quell’eco
    che non voglio ascoltare e che vibra
    sicuro come un insetto della terra.




    Salvatore Quasimodo, Dare e Avere, Mondadori, Milano, 1966 in Salvatore Quasimodo, Tutte le poesie, con uno scritto di Elio Vittorini, Oscar grandi classici, Oscar Mondadori Editore, 1995, pagina 246.








    B  Le silence ne me trompe pas
    Ph., G.AdC






    LE SILENCE NE ME TROMPE PAS



    Déformé le battement
    de la cloche de San Simpliciano
    est recueilli par les vitres de ma fenêtre.
    Le son n’a pas d’écho, il prend un cercle
    transparent, me rappelle mon nom.
    J’écris les mots et les analogies, tente
    de tracer un rapport possible
    entre vie et mort. Le présent est hors de moi
    et ne pourra me contenir qu’en partie.
    Le silence ne me trompe pas, la formule
    est abstraite. Ce qui doit venir est ici,
    et si ce n’était pour toi, mon amour,
    le futur aurait déjà cet écho
    que je ne veux pas écouter et qui vibre
    à l’abri comme un insecte sous terre.




    Traduction inédite de Thierry Gillybœuf
    pour Terres de femmes




    ___________________________________
    Note d’AP : en 2007, Thierry Gillybœuf a fait paraître chez La Nerthe la traduction française de trois des recueils de Salvatore Quasimodo ― Giorno dopo giorno (1947), La vita non è sogno (1949) et Il falso e vero verde (1954) ―, rassemblés sous le titre Ouvrier des songes. La traduction française de La terra impareggiabile [La Terre incomparable] (Mondadori, Milan, 1958) et de Dare e avere [Donner et avoir ] (Mondadori, Milan, 1966) est en attente de publication.






    SALVATORE QUASIMODO


    Quasimodo
    Source



    ■ Salvatore Quasimodo
    sur Terres de femmes

    20 août 1901 | Naissance de Salvatore Quasimodo (+ notice bio-bibliographique)
    Et bientôt c’est le soir
    Isola
    22 octobre 1959 | Salvatore Quasimodo, Prix Nobel de littérature
    21 mars | Salvatore Quasimodo, La Terre incomparable



    ■ Voir | écouter ▼

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    un extrait d’une interview de Salvatore Quasimodo



    ■ Autres traductions de Thierry Gillybœuf
    sur Terres de femmes

    Fabiano Alborghetti | Canto 13
    Eugenio De Signoribus | microelegia
    Seamus Heaney | Bog Queen
    Stanley Kunitz | The Quarrel
    Robert Lowell | Burial
    Marianne Moore | Son bouclier
    Marianne Moore | Extrait de Poésie complète, Licornes et sabliers
    Leonardo Sinisgalli | Nomi e cose
    Derek Walcott | To Norline
    Andrea Zanzotto | Così siamo





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  • 20 août 1901 | Naissance de Salvatore Quasimodo

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 20 août 1901 naît à Modica (Province de Raguse, Sicile) Salvatore Quasimodo.



    Salvatore Quasimodo est, avec Giuseppe Ungaretti, Eugenio Montale, Mario Luzi et Umberto Saba, un des représentants majeurs de la poésie italienne du XXe siècle. Et l’un des chefs de file de l’hermétisme, poésie « pure » (dans l’acception mallarméenne du terme) définie comme « revanche de la parole sur l’action ».





    Quasimodo 23
    Renato Birolli (1905-1959)
    Portrait de Salvatore Quasimodo, 1942
    Huile sur toile, 160 x 60 cm
    Narodna Galerija (National Gallery),
    Ljubljana, Slovénie
    Source






    Issu d’un milieu très modeste, contraint très jeune de gagner sa vie pour aider les siens à surmonter la pauvreté (une pauvreté amplifiée par le tremblement de terre et le raz-de-marée survenus à Messine le 28 décembre 1908), Salvatore Quasimodo ne se détourne nullement de la vocation poétique précoce qui le pousse à entreprendre, seul, l’étude des lyriques grecs. Une passion abondamment nourrie par l’immersion dans les grands mythes ancestraux et le monde hellénique dont est imprégnée l’antique Trinacria.

    Aimanté par cette double postulation poésie/mythes, Salvatore Quasimodo peaufine ses études humanistes. En 1928, à Florence, il est introduit par son beau-frère, Elio Vittorini, dans le cénacle de la jeune revue d’avant-garde Solaria, où paraissent, en 1930, trois de ses poèmes, puis, aux éditions de la même revue, son premier recueil : Acque e terre. Cette publication est bientôt suivie de celle de Òboe sommerso (rivista Circoli, 1932),et d’Erato e Apòllion (1936) (recueils qui seront tous trois rassemblés dans Ed è subito sera, Mondadori, collection Lo specchio, 1942*). En 1938, Salvatore Quasimodo fait ses premiers pas dans l’édition comme secrétaire de Cesare Zavattini, qui l’introduit peu après au sein de la rédaction de l’hebdomadaire Tempo. En 1942 paraît Odore di eucaliptus ed altri versi (1942).

    Parallèlement à sa production poétique, Quasimodo travaille à la traduction des poètes grecs et latins (Lirici greci, ouvrage consacré à Eschyle, Sophocle, Homère mais aussi Catulle, Ovide, Virgile [1940], est reconnu comme son chef-d’œuvre) et, en 1941, il est nommé, « per chiara fama », professeur de littérature italienne au Conservatorio Giuseppe Verdi de Milan.

    Après-guerre, il abandonne l’expérience hermétique pour une poésie plus engagée qui se fait de plus en plus élégiaque : Giorno dopo giorno (1947), La vita non è sogno (1949), Il Falso e Vero Verde (1953) [la traduction française de ces trois recueils a paru sous le titre Ouvrier des songes, Librairie La Nerthe, 2008], La Terra impareggiabile (1958) et Dare e avere (1966).

        En octobre 1959, Salvatore Quasimodo est lauréat du Prix Nobel de Littérature. Il meurt à l’hôpital de Naples le 14 juin 1968 des suites d’un accident vasculaire cérébral survenu à Amalfi.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli



    _____________________________________
    * Traduction française : Et soudain c’est le soir, édition bilingue, Librairie Élisabeth Brunet, 70 rue Canterie, 76000 Rouen, 2005. Traduit de l’italien par Patrick Reumaux.





    ALLE FRONDE DEI SALICI


    Alle fronde dei salici (Aux branches des saules) fait partie du recueil Giorno dopo giorno (1947). Dans les complaintes sourdes qui émaillent ce recueil, le poète dénonce les atrocités infligées à son pays par l’occupant allemand. Le poème hendécasyllabique, Aux branches des saules, est caractéristique de l’écriture d’une époque. Réalisme et symbolisme s’y mêlent, loin de l’hermétisme de certaines de ses œuvres antérieures. Le poète tente d’exprimer l’inexprimable. Restent l’émotion intacte et l’expression d’une douloureuse solidarité qui rejoignent l’universel. Une dimension du mythe que l’on retrouve dans le célèbre ouvrage de son beau-frère, Elio Vittorini : Conversation en Sicile.




    E come potevamo noi cantare
    Con il piede straniero sopra il cuore,
    Fra i morti abbandonati nelle piazze
    Sull’erba dura di ghiaccio, al lamento
    D’agnello dei fanciulli, all’urlo nero
    Della madre che andava incontro al figlio
    Crocifisso sul palo del telegrafo?
    Alle fronde dei salici, per voto,
    Anche le nostre cetre erano appese,
    Oscillavano lievi al triste vento.



    AUX BRANCHES DES SAULES


    Et comment pouvions-nous chanter
    Le pied de l’étranger sur le cœur,
    Parmi les morts abandonnés sur les places,
    Sur l’herbe durcie par le gel, aux plaintes
    D’agneau des enfants, au hurlement noir
    De la mère avançant vers son fils
    Crucifié sur un poteau télégraphique ?
    Aux branches des saules, par vœu,
    Nos cithares aussi étaient pendues,
    Légères oscillaient au triste vent.


    Salvatore Quasimodo, « Aux branches des saules », Giorno dopo giorno in Anthologie de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, pp. 1348-1349.




    AUX BRANCHES DES SAULES


    Et comment pouvions-nous chanter
    avec le pied de l’étranger sur le cœur,
    parmi les morts abandonnés sur les places
    et l’herbe durcie par la glace, avec la plainte
    d’agneau des enfants, avec le hurlement noir
    de la mère avançant vers son fils
    crucifié sur le poteau télégraphique ?
    Aux branches des saules, offrandes votives,
    nos cithares aussi étaient suspendues,
    doucement balancées par le triste vent.


    Salvatore Quasimodo, « Aux branches des saules », Jour après jour in Ouvrier des songes, Librairie La Nerthe, 2008, page 15. Traduction de Thierry Gillybœuf.






    SALVATORE QUASIMODO


    Salvatore_quasimodo_nobel_19591_prima_di_2
    Source



    ■ Salvatore Quasimodo
    sur Terres de femmes

    Et bientôt c’est le soir
    Isola
    Le silence ne me trompe pas
    22 octobre 1959 | Salvatore Quasimodo, Prix Nobel de littérature
    21 mars | Salvatore Quasimodo, La Terre incomparable



    ■ Voir | écouter ▼


    → (sur YouTube)
    un extrait d’une interview de Salvatore Quasimodo





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