Étiquette : Sandra Moussempès


  • Sandra Moussempès | Une histoire naturelle



    Quelque chose se brouille 2
    Image angèlepaoli





    UNE HISTOIRE NATURELLE


    Une histoire naturelle avec son muséum d’origine
    Établissement à but non luxuriant, orgueil de la Nation
    objets tremblants remontés après mise en serre

    quelque chose se brouille, la présentatrice balbutie des excuses
    un visage d’homme prend sa place on ne comprend plus

    Comme les larves dans la texture du plafond
    le seul à se dédoubler
    Glissent et survivent en bandes armées
    quand la conséquence du mobile se vide : une bonne action la remplace



    Sandra Moussempès
    Poème inédit (juillet 2010)
    pour Terres de femmes (D.R.)







    SANDRA MOUSSEMPÈS

    Sandra Moussempès
    Image, G.AdC


    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes


    Photogénie des ombres peintes (note de lecture)
    Vestiges de fillette (poème Psaume X [Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »)])
    Penny Prose (un autre poème issu de Vestiges de fillette)


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Libr-critique)
    [Dossier-entretien] Spectrographie de Sandra Moussempès
    → (sur Poezibao)
    un extrait de Photogénie des ombres peintes
    → (sur Sitaudis.fr)
    une recension de Jean-Marc Baillieu (10 janvier 2010) sur Photogénie des ombres peintes
    → (sur le site du cipM) une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    le blog de Sandra Moussempès

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  • Sandra Moussempès, Photogénie des ombres peintes

    Sandra Moussempès, Photogénie des ombres peintes,
    Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2009.




    L’ÉCRITURE POÉTIQUE À L’ÉPREUVE DE LA DÉPOSSESSION




         Les ombres peintes qui peuplent une vie peuvent-elles être photogéniques ? Faut-il rendre aux ombres peintes leur photogénie originelle ? Faut-il au contraire s’en déprendre ? S’en séparer de manière radicale ?

         Dans son dernier ouvrage, Photogénie des ombres peintes, Sandra Moussempès interroge ombres et reflets, mirages du rêve-réel. Rencontres et échanges, fusion amoureuse et détachement, idylles et dérives, ruptures et naissances sont vus dans le flou de « la presqu’île du miroir photographique », au travers de la pellicule distanciée de la parodie et des verres inversés de la caméra optique.






    Lents reflets d-une fiction cosmique
    Ph., G.AdC





         Images captées dans le mouvement cinétique de l’écriture et de ses dérives naturelles, abîmes d’images, les ombres peintes de Sandra Moussempès clignotent/s’éclipsent d’une section à l’autre de son recueil, dans un labyrinthe énigmatique en sept chapitres. Prise entre les jeux et variations de la perception, l’entreprise poétique de Sandra Moussempès semble se situer à la croisée d’un désir soumis « aux lents reflets d’une fiction cosmique » et à sa dispersion en « prototypes d’absence ». Entre ces « bornes d’affrontement » naissent les « pièces détaillées » de ses poèmes, « éclats de film noir imprimés sur les murs ». Et les titres en italique – mais ne s’agit-il pas le plus souvent d’exergues ? –, qui introduisent la plupart de ces pièces, sont autant d’énigmes qui interrogent le lecteur et composent à eux seuls, à les lire à la suite, un autre poème.

         Sans doute faut-il alors, modestement, s’en remettre à l’exergue de Goethe, choisi pour introduire la dernière section du recueil, « Kyoto élégies (9) » : « Je vous en prie, ne cherchez rien derrière les phénomènes. Ils constituent leur propre leçon ».

         Ainsi l’écriture scarifiée de Sandra Moussempès tente-t-elle de capter le réel par de multiples procédés : le recours au vocabulaire technique de la photo, du cinéma, la juxtaposition cinétique d’images cocasses et de syntagmes nominaux déformés par « malentendus », les jokes et la parodie, les inversions de mots et associations d’idées ; tout un ensemble d’expressions qui détonnent, étonnent et détonent par la justesse de leur surgissement inattendu au cœur du discours.






    Flacons de m-moires sutur-es
    Ph., G.AdC




         Observatrice clinique à l’œil froid, détaché, « Méphista dé-charmée », collectionneuse de « flacons de mémoires suturées », découpeuse du réel au scalpel, Sandra Moussempès n’a de cesse que de se libérer du sentiment amoureux ― réduit à un simple phénomène d’attraction-répulsion ―, de sa fragrance trompeuse « eau de ronce », avec un humour acidulé et grinçant.

         Recueil de poèmes dédié à Virgile ― son fils ? ―, Photogénie des ombres peintes évoque pourtant la vie à venir et la création littéraire. Sandra Moussempès ne déclare-t-elle pas dans les deux derniers poèmes de l’ouvrage, dans « Conception » d’abord et dans « Nomenclature » ensuite : « Tout ce que j’attends tient dans mon ventre » et « J’incante à vos vies lexicales » ?

         Peut-être est-ce là – une fois dispersés et dissous, volontairement, tous les égrégores qui encombrent une vie, une fois écarté et défait tout frisson, tout désir – ce qui reste d’essentiel : « le liquide où se délie » son récit.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    PHOTOGENIE DES OMBRES PEINTES S MOUSSEMPES







    SANDRA MOUSSEMPÈS


    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Ph., G.AdC



    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes

    Vestiges de fillette (poème Psaume X [Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »)])
    Penny Prose (un autre poème issu de Vestiges de fillette)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle



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  • Sandra Moussempès | Penny Prose

    «  Poésie d’un jour  »



    Penny a l-air heureuse.
    Ph., G.AdC






    PENNY PROSE


    Elle portait mon manteau
    Mes colliers mes bas et mes chaussures.
    Elle ne s’apercevait de rien.
    Elle regardait sa montre dorée en jouant avec ses cheveux verts.
    Elle passa devant moi sans rien remarquer, en voyant mes chaussures à ses pieds je soupirai.
    La porte était close.
    Il fallait passer par le premier étage, grimper à une échelle.
    La fille qui portait mon manteau commanda une bière.
    Je pensais qu’elle irait vomir dans les toilettes et qu’elle salirait mon manteau mais elle est restée assise toute la journée, les yeux scintillants.

    Je suis devant la cheminée, je me regarde dans le miroir.
    De l’autre côté, Penny me sourit, elle me dit de venir la rejoindre.
    Ses lèvres articulent des mots inaudibles.
    Je dessine sur le miroir un cercle rouge, je pose mes mains sur les siennes.
    Nous glissons toutes les deux le long des parois de verre.

    De la lumière entre dans la chambre, je dois me hâter.
    Penny a l’air heureuse.
    Ses cheveux virevoltent en boucles rousses derrière le tain.
    Elle continue de remuer les lèvres:
    VIENS! TRAVERSE LE MIROIR ET VIENS ME REJOINDRE !
    Elle prend une voix fluette. Elle a besoin de moi.
    Je lui lance un regard, je veux l’embrasser.
    Petite Penny, seule au loin dans ma chambre.
    Je crie de toutes mes forces:
    « ICI LE MONDE EST ENVOÛTÉ ! »
    Le feu dans la cheminée s’éteint, je franchis la frontière.


    Sandra Moussempès, Vestiges de fillette, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 1997, pp. 169-170.




    NOTE d’AP : Biographie des idylles [et non pas Biographie des voix extérieures, comme il est parfois mentionné] de Sandra Moussempès (Éditions de l’Attente, 2008) est disponible chez les libraires depuis l’automne 2008. Richard Blin a consacré une note de lecture à ce recueil dans le N° 97 (octobre 2008) du Matricule des Anges. Le 23 septembre 2009 est paru le septième recueil de Sandra Moussempès : Photogénie des ombres peintes, chez Flammarion/Poésie. Il comprend les deux recueils parus aux Éditions de l’Attente (Le seul jardin japonais à portée de vue [2005] et Biographie des idylles) et de nombreux inédits.






    SANDRA MOUSSEMPÈS


    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Image, G.AdC



    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes

    Vestiges de fillette (poème Psaume X [Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »)] issu du même recueil)
    Photogénie des ombres peintes (note de lecture)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM), une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    → (sur le site du Matricule des anges) un
    article de Xavier Person sur Vestiges de fillette



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  • Sandra Moussempès | Vestiges de fillette

    «  Poésie d’un jour  »



    Le_silence_des_vpres
    Ph., G.AdC





    VESTIGES DE FILLETTE


    Elle écoute la voix de l’homme en elle.
    Elle accomplit le dernier rêve : le silence des vêpres.
    Elle porte une cape de laine brune autour de ses épaules meurtries.
    La peau si fine et désirable, une boucle dans la nuque de lait.
    Elle marche sous la grêle, une âme captive s’ignore.
    Elle respire la saveur de la steppe.
    Fraîcheur du ciel au-dessus des herbes rêches.
    L’homme lui dicte les maux fous du soupir.
    Une alliance indéfinie, jeune fille écartelée, carcan de glaise.
    Son pas rapide confère à ses yeux l’étrangeté du serment.


    Sandra Moussempès, Psaume X, in Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »), Vestiges de fillette, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 1997, page 52.





    NOTES d’AP :

    1. Emily B. (Autour de « Wuthering Heights ») est une série de onze variations (Psaume I à Psaume XI) autour de l’ouvrage Wuthering Heights d’Emily Brontë, « une forme d’infiltration décalée autour du lyrisme de la romancière anglaise » (Sandra Moussempès).
    2. Biographie des idylles [et non pas Biographie des voix extérieures, comme il est parfois mentionné] de Sandra Moussempès (Éditions de l’Attente, 2008) est disponible depuis l’automne 2008 chez les libraires. Richard Blin a consacré une note de lecture à ce recueil dans le N° 97 (octobre 2008) du Matricule des Anges. En septembre 2009 est paru le septième recueil de Sandra Moussempès : Photogénie des ombres peintes, chez Flammarion/Poésie. Il comprend les deux recueils parus aux Éditions de l’Attente (Le seul jardin japonais à portée de vue [2005] et Biographie des idylles) et de nombreux inédits.





    SANDRA MOUSSEMPÈS

    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Ph., G.AdC


    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes


    Penny Prose (un poème issu du même recueil)
    Photogénie des ombres peintes (note de lecture)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM) une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès (une belle occasion de découvrir le nouveau catalogue informatisé de la Bibliothèque du cipM, mis tout récemment en ligne sur le site du cipM)
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    → (sur le site du Matricule des anges) un
    article de Xavier Person sur Vestiges de fillette
    → (dans Le Nouveau Recueil N° 48, septembre-novembre 1998)
    une note de lecture de Philippe Delaveau sur Vestiges de fillette



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