L’HERBE
Sur l’erre des vents, j’ai plaidé pour la verdure :
Seules les vaches savent la reconnaître,
Ou les porcs dont le groin, toujours
Au plus près du sol, ausculte.
Là-bas court un amas de lumière jaune,
Doux apôtres, nos guides. J’aime les éléments,
Je leur voue un culte. Je sais compter avec le labeur
Qui s’attache au pas du paysan. J’en suis le berger.
Quand les dieux, au matin, ruissellent de rosées,
Pour recueillir leurs faveurs, invente-toi
Un langage d’herbier, un vocabulaire
Farci de paille, de verveine.
Nimrod, « L’Herbe, II », in « Deuxième partie de ‘La traversée des jardins’, ‘Scolies’ », En Saison in En Saison, suivi de Pierre, poussière (version nouvelle), poèmes, Éditions Obsidiane, Collection Les Solitudes, 2004, page 22.

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