|
FORÊTS V Hors de la pénombre traversée dans le jour froid et brumeux de janvier j’avançais — comme on marche en rêve — et me revint en mémoire d’abord ce grand champ en jachère — un pré d’herbe sombre au bord de la forêt — ensuite ce bruissement des feuilles et des branches et d’une flaque gelée peut-être crissant sous les pas de l’animal — chevreuil ou cerf — qui s’avançait jusqu’à la lisière — menacé marchant lui aussi comme en rêve. Son regard apeuré et frémissant
comme des lèvres féminines
dans le froid des adieux
je m’en souvins
et me sentis effrayé dans le silence
du jour froid et brumeux de janvier
comme si l’animal du rêve
chevreuil ou cerf
hors de toute forêt
avait été laissé mort
et bien plus réel
au bord de cette route
où je marchais
— seul comme bête.
Sébastien Labrusse, Forêts, in Thαumα, Revue de philosophie et de poésie, n° 12, « La Terre », septembre 2014, pp. 118-119. |
| SÉBASTIEN LABRUSSE
|
Retour au répertoire du numéro de janvier 2015
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes