Étiquette : Serge Pey


  • Serge Pey | [Tes mains sont venues]



    [TES MAINS SONT VENUES]


    A Juan Goytisolo



    Tes mains sont venues
    par d’autres mains
    et les abeilles ont rempli ma bouche

    Dans sa maison
    la lumière épaissit les murs

    Les arbres ont des cheveux longs
    et ne veulent pas aller chez le coiffeur

    Les mots sont à l’envers
    et le tableau noir
    se lave à la rivière

    Les ciseaux dans le ciel
    remplacent les hirondelles

    Une rose extraite
    de ton bouquet sur la table
    ouvre le coffre-fort des étoiles
    tu es devenu un gardien maintenant

    Les sauterelles
    remplissent le téléphone
    et ta voiture en carton
    stationne
    au milieu de tes livres fermés

    Les bouteilles sont remplies
    de photos
    où je me reconnais

    Sur les murs
    seules les ficelles sont restées
    car les tableaux sont allés
    rejoindre les mains qui les ont faits

    Tu continues à me voir
    parce que je te lis
    et tu me donnes un coquillage
    pour que je puisse continuer à t’entendre

    Tes yeux restent
    de petits vélos
    de verre



    Serge Pey, « Poèmes » in Phoenix, cahiers littéraires internationaux, n° 29, 2018, pp. 11-12.





    Pey Phoenix 29





    SERGE  PEY


    Serge Pey NB
    Ph. D.R.
    Source





    ■ Serge Pey
    sur Terres de femmes

    Le poème est une oreille (extrait de La Main et le Couteau)




    ■ Voir aussi ▼

    le site officiel de Serge Pey





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  • Serge Pey | Le poème est une oreille



    Celle de la bouche - l-oil
    Ph., G.AdC






    LE POÈME EST UNE OREILLE



    Le poème est une oreille
    et non une bouche
    car l’homme est né
    d’une oreille qui voit
    et toute oreille copie l’enfant
    qui tourne dans le ventre d’une étoile
    qui cherche le ciel qu’elle n’a pas

    Seule la bouche capable de devenir une oreille
    est une vraie bouche

    Je parle
    Tu parles
    comme une étoile
    Nous conjuguons la nuit

    Le poème non né de l’oreille
    n’a pas de mains dans les yeux
    ne marche pas avec les pieds
    arrache les langues
    et bâillonne les bouches
    fermées dans les baisers

    Les cinq façons de marcher
    celle du pied à la bouche
    celle de l’oreille à l’œil
    celle du pied à l’oreille
    celle de la bouche à l’œil
    celle du pied à l’œil
    ne mènent pas toutes
    au ventre de l’étoile

    La gauche et la droite du feu
    se rejoignent
    dans la main épaisse du ciel
    et retournent les oreilles
    qui n’ont pas entendu




    Serge Pey, La Main et le Couteau, 1997, in Arlette Albert-Birot | Serge Pey, La bouche est une oreille qui voit, Jean-Michel Place/Poésie, 2006, pp. 84-85.





    SERGE  PEY


    Serge Pey NB
    Ph. D.R.
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    ■ Serge Pey
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