Étiquette : Tarabuste éditeur


  • Jean-Paul Bota | Bacchus et Ariane




    BACCHUS ET ARIANE




    Bleu d’Ariane faisant ses adieux à Thésée, dessus les flots voguant là-bas et Bacchus, quittant la forêt flanqué de ses disciples, éméchés – ainsi par ex. comme d’usage montré endormi Silène, à voir encore au sol restes déchiquetés d’animaux témoignant de la fête. Ahh, princesse de Crête, promptement quittant son chariot dieu du vin, sous le charme d’elle, suspendu et par là-même créant un mouvement au centre de la toile, jurant à Ariane davantage de fidélité et lui offrant le ciel vers lequel il projette sa couronne, là devenue constellation (d’Ariane)… Ô mythe d’Ovide, de Catulle et Philostrate et cet homme, sa barbe brune, livrant aux serpents combat, ce sont dans ma tête des regards qui s’en viennent qui s’apparente au Laocoon, tout l’œil du dedans tiré vers Pio-Clementino et l’Odyssée et l’Énéide, cet homme agonisant alors qu’il est tué par les serpents ? — grandeur encore qui se joint, gisant des viscères, prolongé vers…, accompagnant l’étoile du sang à moins que jusqu’au-dedans des chairs je me répande, soleils, haleurs de ciels qui me brassent de Vasco Graça Moura : trois mois avant que michel-ange se soit enfui de rome/ fâché avec jules II et se sentant menacé : par bramante, une étrange statue a été déterrée/près des bains de titus, dans un vignoble de l’esquilin (…) voici le laocoon dont parle pline […]
    À inventer le fil tirant la trappe de la mémoire : à la fin de l’hiver à Athènes, la foule au temple de Dionysos, cinq jours durant lesquels se déroulent les Grandes Dionysies. À l’époque romaine, ces fêtes devenues Bacchanales, interdites par le Sénat en l’an 186 av. J.-C.
    Ô battement rouge du sang, un souvenir frappe la surface de l’eau à Versailles : le bassin de Bacchus, rouge pulsation de la mémoire comme au tambour d’eau les mains, Musiques du monde, Cameroun, ces mains, à imprimer le rythme.



    *


    Lancaster Road (perpendiculaire Portobello), terrasse en hauteur, ici d’où le regard enserre les étals, je bois un verre de Mulled wine dessous les radiateurs à gaz et le vent soufflant dedans les bannes et la pluie, une haleine de géraniums aux balcons et les coreopsis tandis que déjà le jour touche à sa fin et l’année presque — les guirlandes là…



    Jean-Paul Bota, La Boussole aux dires de l’éclair, Tarabuste Éditeur, Collection DOUTE b.a.t. Poésie, 2016, pp. 64-65.






    Jean-Paul Bota






    JEAN-PAUL BOTA


    Jean-Paul Bota, portrait 2
    Source




    ■ Jean-Paul Bota
    sur Terres de femmes

    La Boussole aux dires de l’éclair (lecture d’AP)
    [Un cimetière près des forges]
    6 février 2008 | Jean-Paul Bota, D’après Souvenir de Mortefontaine de Jean-Baptiste Corot



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur online.flipbuilder.com)
    des extraits de La Boussole aux dires de l’éclair
    → (sur Recours au Poème)
    une notice bio-bibliographique (+ 6 poèmes)






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  • Antonio Rodriguez, Big Bang Europa

    par Laurence Verrey

    Antonio Rodriguez, Big Bang Europa,
    Tarabuste Éditeur, Collection Doute b.a.t.,
    36170 Saint-Benoît-du-Sault, 2015.



    Lecture de Laurence Verrey




    [« LES LARMES SONT PAUVRES DÉSORMAIS POUR LYRIQUER »]




    Au croisement du politique et de l’intime, un livre d’une noire lucidité immerge le lecteur dans l’air du temps. Big Bang Europa d’Antonio Rodriguez enfonce sa sonde dans la matière à vif d’une époque, d’un continent Europe secoué qui s’épuise, en voie d’effondrement. Sur un rythme scandé, une langue parlée s’enfante à mesure, donne rudement à voir le désenchantement, les menaces, les doutes, le délitement du monde, l’incertitude d’aujourd’hui. Une langue qui est aussi chant d’amour brut, fleuve offert en célébration. D’où venue cette conscience, de quelle angoisse atavique ? D’où parle le poète ? Du fond de l’histoire humaine, dans la mémoire des guerres ? Ou de quelle intuition visionnaire ? En « orphée-plombier » clairvoyant, il s’aventure dans les tuyauteries de la pensée dans ce qu’elle a d’obscur, de lancinant. Il parle en une polyphonie haletante, comme un vivant de ce temps, mêlant sa propre voix à celle d’un père, d’une femme, d’une Europe au tombeau, sur la scène métaphorique d’une poésie charnelle, avec les mots du ventre et l’infini du regard, qui ouvre, indéfiniment.

    Dans ce recueil construit en huit parties distinctes, mais d’un même mouvement de texte avec la seule virgule pour pulsation, chaque page semble avancer selon le mode du « big bang » initial comme un univers en expansion, où contractions et dilatations se disputent la parole. Où des noyaux de pensée éclatent en fission, se bousculent en phrases courtes, rompues, fiévreuses, en incantations pressantes, par saccades, syncopes de pensée. Chaque page comme un buisson qu’un souffle animerait du dedans, quelque chose d’organique, de pulsionnel, de l’ordre physique d’un corps.

    Dès les premières lignes, le lecteur est mis en état d’alerte, entraîné dans l’affolement d’une fuite, une confusion d’haleines, de paroles imbriquées dans un contexte de guerre, un continent entre flammes et cendres, avec ce couple et leurs enfants, fictif et si incarné, dans un sauve-qui-peut tour à tour dans la forêt, dans une cave, sur une chaise pour un interrogatoire, poursuivi par une meute d’hommes qui aboient comme des chiens. Après ce prologue sur fond de panique, trois « périodes d’incertitude » pénètrent tour à tour la réalité amoureuse du couple ; celle des enfants qui ne veulent plus de ce monde et des vieux exaspérés par les enfants ; et celle de l’humain nouveau qui jaillit comme la matière tressaille à chaque mise au monde, aussitôt venu en mammifère, sans autre puissance que la vulnérabilité, il s’émerveille du réel et hume au sein l’odeur vive de l’humanité. Ce dernier volet intitulé « le trou du cœur » fait éclater des réalités brutales qui se frottent et s’entrechoquent, — images superposées du crucifié qui se déchire et d’une femme en accouchement ; la bête et l’homme, la fumée des crématoires — des visions qui se mêlent sans s’exclure.

    « … les larmes sont pauvres désormais pour lyriquer, le trou reste salé, les amours déçues y choient, tu vois notre bouche a le goût des salines, des salines de vie, lèche ce trou avec ta bouche amère, celle d’y avoir cru et de ne plus y croire, asséchées après les saccages, car les hommes se saccagent en s’aimant… »

    Trois autres séquences regroupées sous le titre « l’agneau de l’homme » exposent successivement la déchéance d’un vieil homme en fin de vie à l’hôpital, papy lâché de tous ; le passage à tabac de la poésie, dénigrée et raillée, par le leitmotiv à quoi ça sert martelé par un père à son fils. L’auteur en un autre lieu voyait la poésie comme « des phares d’automobile dans le brouillard, inutiles et aveuglants, avançant quand même, nimbant l’épaisseur de lumière crue ». Ici il riposte à chaque coup porté par des phrases cinglantes, et par l’expression de cette infime source d’émerveillement qui redonne saveur au réel, odeur à l’homme. Enfin, un Salve Regina montre l’Europe en tragédienne qui prophétise du fond de l’abîme, et de son tombeau scrute le mal obstruant le monde. Une lecture attentive permettra de déceler dans cette écriture de subtils glissements entre les différents plans de langage, annulant la frontière entre le monde intime et le collectif :

    « dans son tombeau, elle dit, cette Europe, c’est moi, décomposée et qui repose, elle dit, c’est moi ta mère qui jadis t’ai essuyé au continent, après le solstice c’était la nuit, tu étais nocturne, bleuté, tu es venu à moi, faible si pur, et je t’ai réchauffé au continent, je t’ai frotté à tous ces pays qui forment le continent, soudain tu as eu chaud, tu parlais toutes les langues, et les sages-femmes s’exclamaient en voyant ta bouche pleine de cendres, tu découvrais la brume au matin, le Vieux Continent t’enveloppait dans son drap de plaines encore fumantes, pendant que tes oncles te parlaient de l’histoire des hommes, avec fierté et effroi, et tu déchirais mon placenta comme on déchiffre la Torah, en méditant les généalogies, tandis que le continent t’enveloppait dans son drap de plaines et de cendres »

    Il faut lire d’urgence et à voix haute ce livre de rébellion, ce livre qui « perce et berce » avec la lance des mots, instaure une dimension épique — dont le héros pourrait être la pensée elle-même, qui se débat, œuvre dans la forge, sort de ses gonds, et incarne aussi une force de résistance, un épique au quotidien. Il faut écouter résonner et se heurter toute la complexe beauté de ces harmoniques, se laisser emporter par cet emportement, cette sainte colère, ce délire pris au piège de ses propres hantises et qui s’en défait, frappe en une percussion de métaphores magnifiques :

    « les étoiles parturientes te tiennent la main et t’essuient au firmament » ou : « je suis animal du silence, issu de la meute du silence, avec des violents silencieux, des fragiles silencieux… »

    Quand la menace semble prendre tout le champ de conscience, coucher un lourd aplat de matière noire sur les pages, apparaissent en contre-chant des traces de lumière, des touches de sacré prises dans la matière verbale, furtives comme dieu qui passe, quasi inaperçu, serait-il le cerf de l’apparition de la dernière page, ou celui qui se cachait en buisson et dont nous n’osions articuler le nom. On se surprend à rechercher les petites doses d’espoir ponctuant les pages, ces gestes de femme, ta voix douce de femme, une branche de cerisier ton corps est là, tu me le tends, c’est du printemps qui vient dans ma main. Et le recueil se clôt sur un « happy end » sans ironie, un appel à la tendresse et aux joies simples. Dans la lenteur retrouvée, un matin dans la forêt. Dans une vision de splendeur, un face à face entre le cerf et l’homme, nous nous parlons enfin…

    L’univers créé dans Big Bang Europa ne laisse pas en repos. À qui y pénètre, à ses risques et périls, seront peut être donnés l’excitation, le désir de la lutte, de la confrontation, celui d’exercer la vigilance. De se prendre lui-même au jeu de cette bouche brutale, lyrique, noire, noire couleur noire. D’entrer dans l’arène pour y mener à la suite d’Antonio Rodriguez le dialogue, un combat pour la vie qui permettra, peut-être, de respirer poétiquement sur ce continent.



    Laurence Verrey
    D.R. Texte Laurence Verrey
    pour Terres de femmes







    Antonio Rodriguez






    ANTONIO RODRIGUEZ


    Antonio Rodriguez, portrait
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Cultur@ctif)
    une notice bio-bibliographique sur Antonio Rodriguez
    → (sur le site de l’Unil, Université de Lausanne)
    une fiche sur Antonio Rodriguez





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  • Luce Guilbaud, Mère ou l’autre

    par Angèle Paoli

    Luce Guilbaud, Mère ou l’autre,
    Tarabuste Éditeur, Collection DOUTE B.A.T., 2014.



    Lecture d’Angèle Paoli



    MÈRE À L’ENFANT



    Elle est poète et elle peint. Elle peint et elle aime les arbres. Elle aime aussi les contes qui nourrissent l’enfance. Reine des Neiges et Poucet. À qui dire les histoires et en transmettre le mystère sinon à « l’Infant » si ardemment désiré si patiemment attendu si patiemment aimé ? Luce Guilbaud tisse avec ses mots de poète — tendresse et angoisse — l’histoire complexe qui la relie à l’enfant. Mère ou l’autre, tel est le titre du recueil qu’elle consacre à l’expérience toute particulière de sa maternité. Pas une maternité comme les autres, non ; mais une maternité de l’attente de l’enfant nouvellement arrivé par adoption. Maternité et administration. Maternité et questionnements. Maternité et reconnaissance. Maternité et amour.

    « on nous a prévenus il y a deux jours

    que nous devions venir chercher notre enfant

    “notre enfant” ? »

    Première difficulté, premiers questionnements, liés à l’identité et à l’appartenance. De l’un à l’autre de l’autre à l’un :

    « fils

    mon fils

    mon — possessif impossible

    est-il à moi ?

    qui est à qui ?    (acquis)

    à lui d’abord

    puisque trouvé/ se trouver/ se rencontrer/ s’accepter

    avec l’obsession du danger                   de passer à côté. »

    L’attente de cet enfant ― un fils ― se fait avec son « éboulis » d’images cavalcantes. « Putto dodu joufflu fessu » et « anges à trompettes ». Mais pour l’arbre. Lequel choisir ? C’est le vent qui décidera et la poète cèdera. « J’écouterai les indices du vent » ; « j’écarterai l’écorce de mes ongles […] et mon fils viendra ».

    La poète-peintre se prépare au devenir mère ; se projette en rêve-mère-à-l’enfant-du-Quattrocento ; travail de longue haleine sur les mots et sur les gestes à venir ; gestation qui se fait dans le presque recueillement, et dans la crainte.

    « celle qui a reçu l’annonce ne parle plus

    traverse le mystère avec la lumière

    elle prépare ses portraits

    sa pose de femme assise

    en représentation du geste de maternité

    avec enfant simulacre sur les genoux

    ses bras presque ouverts

    pourraient lâcher

    laisser tomber… »

    La venue de l’enfant n’est pas simple. Elle s’accompagne d’un lot de sentiments contradictoires — angoisse et joie — extrêmes ; perplexité et innocence, inquiétude et délices. Surviennent aussi les interrogations infinies qui agitent l’âme et déconcertent. Sans réponse. Énigmes impossibles à résoudre. La mère et le fils. Le fils et le père. La mère et l’autre. L’enfant et l’autre mère. Il faut attendre. Prendre patience.

    « que dit-on à un enfant que l’on n’a jamais vu et qui est votre enfant ? »

    « d’où viens-tu dit le père ?                           qui es-tu ? »

    (et lui continue à te regarder de ce regard qui dit tellement

    qu’il se demande ce que tu lui veux).

    Qui est la mère ? La vraie ? La mère originelle ou l’autre ? Celle qui a nourri l’enfant dans son ventre puis l’a abandonné ? Ou celle qui ne l’a pas porté mais l’accueille, gestes menus de la tendresse quotidienne, de l’amour par décision d’amour ; enfant livré dès sa naissance à l’impossible de sa venue au monde et qu’il faut consoler, aider à grandir :

    « qui met au monde ?

    quelle mère ? »

    L’histoire de l’enfant et de sa mère, de ce qui les sépare et les unit, se précise au fil des pages, dans la lenteur, poème après poème. Une histoire bouleversante et une poésie troublante. Faite de mots simples, et d’observation de soi et de l’autre. Souci de comprendre, de partager, d’aimer. La mère adoptive s’ancre dans son rôle de tisseuse inlassable. Travail patient des jours autour du tout-petit, de ses apprentissages, de ses pleurs, de ses jeux. C’est elle qui donne, ses mots et ses regards ; qui cultive pour lui les gestes de l’amour. Elle est mère par décision, décision de transformer la vie de l’enfant, de rendre cette vie plus douce :

    « il est entré seul dans sa vie à travers sang et larmes

    « je serai cette mère pour lui donner à vivre. »

    Et pourtant quelque chose manque, qui fait obstacle et que l’enfant cherche, obscurément ; un manque que la mère ne parvient pas à combler :

    « parce qu’elle a creusé en toi ce manque inguérissable

    elle sera toujours là comme un fantôme te tirant vers le noir

    quel amour faudra-t-il pour te guérir de l’absence originelle ? »

    Attentive au moindre « froissement de ses doigts de ses paupières », la mère doit apprendre, apprendre et accepter cette souffrance ; ce déchirement intime :

    « j’apprends dans ses voix intérieures

    qu’il n’aura jamais assez de noms de mère. »

    L’arbre grandit, nourri par la sève de racines profondes. L’enfant grandit aussi autour du « Nom » qui lui a été donné. Un nom qui le fait naître à sa famille, greffe d’enfant sur tronc solide, à « ligaturer doucement ».

    L’attente se poursuit ; persiste. Au-delà des jours, éducation et croissance. Liée à l’enfant dans son histoire avec sa mère :

    « une mélodie clématite

    s’enroule autour de lui          l’habille

    un baiser sur la joue

    d’où vient-il

    pour devenir mon enfant ?

    c’est le vivant de mon attente. »

    Liée aussi à la recherche du père, tout aussi complexe et douloureuse :

    « recherche de père en lentes remontées de rivières séminales

    chemins en creux en vide raturés

    quel père hissé haut tel fanion

    celui qui revendique l’enfant ?

    celui qui ignore son spasme ?

    quel Père       quel Fils ? »

    Pas après pas, patiemment, dans l’écoute de la mère et de l’enfant, au travers de leurs voix et de leurs échanges, se noue le vrai lien. Celui qui met au monde la mère.

    « il chercha pendant neuf mois

    pour accomplir ma naissance

    […]

    maintenant je suis mère à cœur entier. »

    C’est sur cet aveu de bonheur que se clôt Mère ou l’autre. Une poésie toute de retenue et de tendresse pour une « Mère à l’enfant » bouleversante.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Luce Guilbaud, Mère ou l'autre





    LUCE GUILBAUD


    Luce guilbaud





    ■ Luce Guilbaud
    sur Terres de femmes


    [L’ombre amoureuse] (extrait de Débordé pourpre)
    [Le haut le bas l’envers l’endroit] (extrait de Demain l’instant du large)
    [il y a eu des pluies] (extrait de Nuit l’habitable)
    [Mon enfance] (extrait d’Où la chambre d’enfant)
    [les ombres envahissent] (extrait de Pas encore et déjà)
    [mon père m’offre des animaux] (extrait de Vent de leur nom)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (note de lecture d’AP)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (extrait)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud [Dis-moi plutôt ce qui nous réunit](autre extrait d’Iris)
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime (chronique de Marie-Hélène Prouteau)
    Luce Guilbaud | Amandine Marembert | Renouée (extraits de Renouées)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Le corps penche




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Luce Guilbaud
    → (sur le site de la Maison des écrivains)
    une fiche bio-bibliographique sur Luce Guibaud
    → (sur YouTube)
    Rencontre avec Luce Guilbaud, peintre et poète de Saint-Benoist-sur-Mer



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  • Serge Ritman | [j’ai tout pris et tu es venue…]




    [J’AI TOUT PRIS ET TU ES VENUE…]



    j’ai tout
    pris et
    tu es venue
    devenue
    mon
    impossible

    vivre votre forme que seule je
    désire dit Pétrarque à l’orée

    et encore encore
    jamais ma vitesse
    ne gagne
    la tienne je tente
    l’impossible c’est toi
    en rêve


    *


    chance immense que de pouvoir te avec toutes ces rimes parler plus vite crains plus difficile toujours cette peur que ce sera me prend le ventre et tremble oui ta robe qui vole vivre et bonheur me dis d’avoir écrit la dédicace mais déjà au futur antérieur te referai entièrement disait plus que les mots ne pensent depuis peu qu’à tout à tout ce que je fais et ne fais pas rêve te dédicacer je te mélange si vrai en dehors de toute question direction dans ton mouvement je m’accroche à ton soulier de satin


    *


    foudre mon plein jour ma neige
    écriture dans le cœur oui avec
    tu sais ta main fleur à prendre feu

    je vais boire ton soleil tous ses
    rayons nous ferons coquelicot
    d’écrire vivre c’est hier demain

    je trouverai quand t’enverrai
    dans l’attente tous les rêves
    de rencontre sont mille et un




    Serge Ritman, Tu pars, je vacille, Tarabuste Éditeur, Collection Doute b.a.t., 2015, pp. 44-45.





    Ritman






    SERGE RITMAN


    Serge Ritman - 11 mars 2015
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le blog de Serge Ritman | Serge Martin)
    une présentation de Je pars, je vacille
    → (sur lelitteraire.com)
    une lecture de Je pars, je vacille, par Jean-Paul Gavard-Perret





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  • Lionel-Édouard Martin | Le flamboyant



    Crépitement de maracas ... dans l’alizé d’hivernage ...
    Ph., G.AdC






    LE FLAMBOYANT



         Ta gousse ajoute au ciel, flamboyant, sa lune, au bout de ta maturité, boomerang, décrocheur, en haut des sèves, des vieux morts clignotant dans la nuit.


         Crépitement de maracas : la brise attise une samba de morts, ô que j’entends, ma chasse galopine, les morts remontent, et c’est à la cime un bruit de crécelle,


         Un parler de riz mâché, que l’air hésite à avaler ― celui qui meurt de faim garde aussi le manger longuement dans sa bouche, tâchant de tromper son ventre ―,


         Ta gousse, flamboyant, samba de morts, dans l’alizé d’hivernage, et c’est cela qui laisse aux morts une parole qui dodine ― pompant la sève, mes morts, derrick de branches et de feuilles.


         Et je vous reconnais, mes morts, la vieille langue en bouche, de Saintonge et Poitou, riz de rire, mes morts, qui libres de rivière et d’océan venez jusqu’ici me parler,


         Parole de mes vieux, mes morts, dans la gousse agitée du flamboyant, venus jusqu’à la cime de cet arbre où des oiseaux parleurs contrefont votre parlure,


                               (Gallery torne, torne,
                               Emporté par sen sort,
                               Aquenit, triste et morne,
                               Gle demonde la mort)


         Je leur entends parler la vieille langue, mon poitevin d’enfance et tous mes morts avec, menant la sarabande, et tout ce qui sur l’île


         Bruit d’un rythme sec, escorte cette quête du vieux dire habité de brande, et vous mes morts, parleurs de dialectes sonores, et la clochette au cou des chèvres :


         Leur pis balance entre les haies d’épines, des crins retenus aux buissons la mésange au redoux trame un chant d’existence.




    Lionel-Édouard Martin, Avènement des ponts, Tarabuste Éditeur, Collection Doute B.A.T., 2012, pp. 30-31.



    NOTE d’AP : le texte “Le Flamboyant” a déjà paru dans le n° 2 de la revue DiptYque (été 2011).





    LIONEL-ÉDOUARD MARTIN


    Lionel-Édouard Martin
    Source



    ■ Lionel-Édouard Martin
    sur Terres de femmes

    Froufrou des voiles (texte extrait de Litanie des bulles)
    Martinique (extraits)
    Ulysse au seuil des îles (extraits)
    La Vieille au buisson de roses (note de lecture d’AP)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur De Litteris)
    une note de lecture sur Avènement des ponts
    → (sur enjambées fauves)
    un autre extrait d’Avènement des ponts
    → (sur le site de Marc Villemain)
    un entretien de Lionel-Édouard Martin avec Marc Villemain (paru dans Le Magazine des Livres n° 34, février/avril 2012)
    → (sur Exigence : Littérature)
    une bibliographie de Lionel-Édouard Martin
    le blog de Lionel-Édouard Martin





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