Étiquette : Terres de femmes


  • Terres de femmes | Terre di donne : 12 poètes corses

    par Alain Nouvel

    Terres de femmes | Terre di donne
    12 poètes corses,

    anthologie bilingue (français-corse)
    coordonnée par Angèle Paoli,
    Éditions des Lisières, Collection Hêtraie
    (voix poétiques féminines bilingues), 2017.
    Linogravure de Maud Leroy.



    Lecture d’Alain Nouvel



    COULEURS DE FÉMININ(S) ?



    « rien ce soir

    rien au couchant

    rien à l’aube

    rien »

    Marianne Costa,

    « Solstice d’hiver »



    « La femme, ce continent noir », soupirait Freud, et Lacan poursuivait en affirmant : « La femme n’existe pas ». Or, Terres de femmes | Terre di donne nous donne à lire 12 « poètes » au féminin, et non pas 12 « poétesses ». C’est que le féminin n’est pas dans les images stéréotypées de « LA » femme, ou de ce que devrait être une prétendue « poésie féminine ».

    Ce que j’ai entendu, en lisant ces voix de femmes (et l’objet-livre donne à entendre-voir ces « noms de femmes », appelés l’un après l’autre, avant chaque corps de texte), c’est la couleur du féminin, et, pour tout dire, les multiples couleurs des féminins.

    Le titre du recueil, déjà, renseigne. Le pluriel est de mise. Même si ces femmes sont toutes corses (ou apparentées corses), leur île est multiple. D’ailleurs chacune est « isolée » chaque fois des autres par une page blanche, comme par une étendue marine. Avec chaque poète, nous touchons un nouveau rivage, une terre nouvelle, autre.

    « Nul ne sait que je suis étrangère », dit Catherine Getten Medori, mais nul n’ignore que nous le sommes tous, et Danièle Maoudj, dans son poème dédié à Angèle, semble répondre en évoquant les Antilles : « J’atteins la prunelle du volcan » ou encore : « La nuit des mots épice l’insomnie des archipels » […] C’est que « [m]aronne le sens de la vie », et la poésie pourrait bien m’inviter « à traverser l’épreuve de l’étrangère »…

    Que savons-nous de nos prétendues « identités », de nos genres ? Ne sommes-nous pas obscurs à nous-mêmes ? Comme le dit Anne Marguerite Milleliri : « L’enfance tremble jusqu’aux os | dans le corps d’une femme » et si « [t]remble l’absence », alors, il ne reste plus que « le risque du chemin », « ce risque d’amour qu’est l’amour », et Lucia Santucci semble lui faire écho en faisant chanter « le marin qui s’improvise sage-femme » et qui accueille dans ses bras le nouveau-né de « l’africaine, la migrante ».

    Mais c’est Hélène Sanguinetti qui apporte à cette question la réponse la plus radicale et la plus forte :

    « Le mal ? vouloir tout […] Ici, je sais qui je suis : personne. »

    C’est sur une plage que la révélation peut avoir lieu, au moment où se confondent la mer et la nuit, au moment où « deux surfaces se sont éprises, battent ensemble ». Et l’on peut également penser à ce « Personne » que fut Ulysse.

    Nous sommes nos contradictions, nous en vivons, elles nous bâtissent. « Une mère pleure », dit Marianghjula Antonetti-Orsoni déplorant la guerre qui « anéantit les couleurs de l’humanité », et Angèle Paoli évoque, elle, « l’ultime conciliabule » entre une mère et sa fille, ce passage terrible de la vie au trépas de « mamma », ce moment où « ELLE EST » tandis qu’elle n’est plus, où « elle » passe d’ici en ailleurs, où elle devient autre, où elle devient tout.

    Peut-être que l’un des traits les plus caractéristiques du « féminin » serait cette aptitude à la métamorphose, ce « oui » dit au passage, à l’accueil de l’autre, en soi ou avec soi. D’ailleurs, nous lecteurs, glissons sans cesse de la langue corse au français, du français au corse comme pour mieux entendre ce qui se dit entre les mots, ce qui s’élabore à travers eux et leur échappe. La poésie est dans cet écart, dans ce mouvement de l’une à l’autre langue : « mer masculine en notre langue, mer-femme en d’autres langues », dit Lucia Santucci. Et Marie-Ange Sebasti continue en inventant en corse le mot Migrazione, qui n’existe pas encore mais qu’elle fait exister dans son poème. Elle parle de « villes grouillantes » dans la version française de son texte, ce qui est traduit en corse par cità bufunime (mot à mot, « villes bourdonnantes »)… Nous avons besoin des deux, du grouillant et du bourdonnant, pour entendre et voir ces villes.

    Après vous avoir lues, poètes, j’ose vous dire :

    « Je me sens femme comme vous, poète et corse, comme vous. »



    Alain Nouvel
    D.R. Texte Alain Nouvel
    pour Terres de femmes




    ______________________________________
    NOTE : Les auteures :

    Marianghjula Antonetti-Orsoni, Marianne Costa, Patrizia Gattaceca, Annette Luciani, Danièle Maoudj, Catherine Medori, Anne Marguerite Milleliri, Angèle Paoli, Isabelle Pellegrini-Alentour, Hélène Sanguinetti, Lucia Santucci, Marie-Ange Sebasti.





    Terre di donne Z
    ALAIN  NOUVEL


    Alain Nouvel portrait 2
    Ph. D.R.




    ■ Alain Nouvel
    sur Terres de femmes

    une lecture d’Au nom du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest par Angèle Paoli



    ■ Voir aussi ▼

    le site des éditions des Lisières
    → (sur le site des éditions des Lisières)
    la fiche de l’éditeur sur Terres de femmes | Terre di donne, 12 poètes corses
    → (sur Terres de femmes)
    Kallistè, la Corse, ma terre de mémoire





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  • Albertine Benedetto | Baltique



    BALTIQUE





    Stephane Dugast
    Soudain la neige est bleue
    Ph. Stéphane Dugast
    Source






    à Chantal et Gilles



    De la fenêtre le lac
    Immobile mais vivant
    Sous la poussée du vent
    On croirait des troupeaux
    Lâchés sur un miroir
    Nous longeons la folle clairière
    Trois pies remettent le monde
    À l’endroit d’un trait net



    Attendre la saison
    Où les eaux s’ébrouent
    De leur torpeur muette
    Quand la glace craque et se fend
    Dans un chahut d’arêtes où la lumière prend

    Attendre ce remuement
    Des eaux vives qui triomphent du poids
    Par saccades renversements
    Brisures cristallines sous le vent

    Comme une forme d’espoir
    Que quelque chose vient
    Dans le regard de glace
    D’un homme chaviré



    Un rai de jaune à ras de terre
    Des craquements travaillent le lac
    Fouillis d’oiseaux à travers branches

    Une nuit suffit à recouvrir
    Ces éclosions

    Neiges et laines à nouveau le paysage
    Est une partition aveugle
    Jouée toute en blancheur

    Le lac s’absorbe
    Dans le mutisme de ses eaux
    Les chemins estompent leurs traces
    Angles et pointes escamotés

    On marche dans cette étendue
    D’étoupe et d’ouate

    C’est comme un tableau
    Fragmenté
    En bandes et masses compactes

    Ou bien un livre d’images anciennes
    Des contes du grand Nord
    Un lièvre immobile oreilles dressées
    Nous regarde

    Soudain la neige est bleue
    Et c’est le soir


    25 février 2017



    Albertine Benedetto
    D.R. Texte inédit Albertine Benedetto
    pour Terres de femmes






    ALBERTINE BENEDETTO


    Albertine Benedetto.
    Source




    ■ Albertine Benedetto
    sur Terres de femmes

    Glottes (extrait de Glossolalies)
    [Ordinaire] (extrait du Présent des bêtes)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    une notice bio-bibliographique sur Albertine Benedetto





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  • Márcia Marques-Rambourg | de cette césure de cette ligne



    DE CETTE CÉSURE DE CETTE LIGNE






    Capraia-ok
    « la ligne est un arbre
    généralement tu
    — géométrique —
    »
    Ph. G.AdC d’après Alain Nicolas








    la main
    toujours à régler
    les noms :
    la main



    saisir la terre la langue de la pomme

    le sel



    le territoire comme le saut d’une seconde

    d’une seconde à l’autre

    saisir l’ombre des marches ce souffle

    loin

    qui n’est que masque & mémoire

    mes pieds par terre — ces verbes synchronisés

    constituent l’endroit exact

    de mon corps lâché



    écrire

    la ligne microscopique

    l’auscultation du pauvre :

    ces nuages là-bas ces molécules là-bas

    ces chambres décentrées miennes Là-Bas

    écrire



    ce Corps qui parle

    aux jours :



    dire

    derrière les murs

    derrière la fleur l’enfer

    la chose

    la mer

    ce

    qui dérange le langage / la ligne



    moudre

    le ventre de ma ville

    entendre

    concrets : la masse et l’odeur

    de la treille étrangère



    — arrangez-moi cela : l’exil

    alors créer le corps confus

    corpus inscrit dans une petite chose

    microscopique

    mon Pain :



    la langue

    est-elle une Femme ?

    mon corps habite les racines épistolaires

    tombées

    au-dessus des toits ébréchés

    des mains ces mains tenues lourdes



    la ligne est un arbre

    généralement tu

    — géométrique —



    j’ai vu un paysage

    d’arbres hier qui se riait du passant




    d’un Dedans tremblant de mondes.




    Márcia Marques-Rambourg
    D.R. Texte inédit Márcia Marques-Rambourg
    pour Terres de femmes




    MÁRCIA MARQUES-RAMBOURG





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au Poème)
    huit poèmes choisis de Márcia Marques-Rambourg
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Márcia Marques-Rambourg (dont un entretien avec Clara Regy)





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  • TdF n° 137 ― avril 2016 (Sommaire)



    TDF AVRIL 2016
    Image, G.AdC






    SOMMAIRE DU MOIS D’AVRIL 2016


    Terres de femmes ― N° du mois de mars 2016
    Sylvie Marot, Lisianthus (lecture d’Angèle Paoli)
    Kouam Tawa | Ici Elle parle | Ici Elle chante
    Estelle Fenzy, Rouge vive (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Pier Paolo Pasolini, La Rage (extraits)
    Michaël Glück | [nous sommes venus d’un ciel à l’envers]
    Christine Guinard | De l’autre côté
    Sabine Huynh, Kvar lo (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Federico García Lorca | Croix
    Sabine Huynh | [Au fond de ta gorge]
    Maria Desmée | [No way to sleep this night]
    Nimrod, Sur les berges du Chari (lecture d’Angèle Paoli)
    Lionel Jung-Allégret | [Derrière la porte ouverte]
    15 avril 1945 | Libération du camp de Bergen-Belsen (lecture par AP de Je rêve que je vis ? de Ceija Stojka)
    Barry Wallenstein | Blues again
    Cécile A. Holdban | [Il n’est pas d’autre lieu que celui de l’absent]
    Romain Fustier | [la sensation de flotter sur la lagune]
    Jeanine Baude & David Hébert, Ouessant (lecture d’Angèle Paoli)
    Cécile A. Holdban, Poèmes d’après suivi de La Route de sel (lecture d’Emmanuel Merle)
    Sabine Huynh, Kvar lo (lecture d’Angèle Paoli)
    Sonia Lambertini, Danzeranno gli insetti (textes choisis)
    Marie-Ange Sebasti | [On voudrait partager sans parole]
    Sandro Penna | [La vie… c’est se souvenir d’un réveil]
    Valentino Zeichen | Forum de Nerva
    27 avril 1916 | Marina Tsvetaeva, Poèmes à Blok, 1
    Ivor Gurney | Hospital Pictures n° 1 – The Aberdonian
    Hélène Vidal | [Tout voyageur charrie cet ensoleillement]


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  • Ève de Laudec | De tous ces mots



    Traces éphémères
    Ph., G.AdC







    DE TOUS CES MOTS




    De tous ces mots flanchés
    Flanqués       blancs et cousus
    Des saillies pressenties au cœur du cœur
    Et de mon immanence
    De ces éclats de vivre

    À l’asphyxie des gouffres
    De ces indépendances écartelées
    De mes je       de mes nous
    De mes autres
    Et de l’instant perçu
    Des émois transhumance
    De tous ces petits riens aux traces éphémères

    Fugitive noueuse
    Je me suis engendrée




    Ève de Laudec
    D.R. Texte inédit Ève de Laudec
    pour Terres de femmes






    ÈVE DE LAUDEC


    Eve de Laudec Ph
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    l’emplume et l’écrié (le site personnel d’Ève de Laudec)
    → (sur le site de la revue Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes d’Ève de Laudec





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  • Jean-Louis Giovannoni | Îles circulaires



    ÎLES CIRCULAIRES




    La distance importe peu

    L’ombre se déporte – corps on ne sait où

    Soleil couchant, les formes s’allongent

    Et la nuit les confond




    La rive s’éloigne d’autant

    On aimerait
    — contre elle
    Dans les derniers rayons de soleil




    D’un corps à l’autre
    Nos mains

    Toucher – creuse

    Brûlures
    Insoutenables




    L’eau et la fraîcheur du soir
    Apaisent

    Les draps
    Entre
    Pour seule frontière




    Ta poitrine

    Autour l’air
    Circule




    Ai tourné
    Tourné

    La nuit entière




    T’ai vue t’éloigner
    Dès les premières lueurs




    Océan
    Nos mains ne peuvent



    Jean-Louis Giovannoni, poème inédit, juillet 2014.



    JEAN-LOUIS GIOVANNONI


    Giovannoni
    Ph. © Fabienne Vallin
    Source





    ■ Jean-Louis Giovannoni
    sur Terres de femmes


    [Ne me laisse pas ici parmi les ombres !] (extrait de L’air cicatrise vite)
    Ce que l’immobile tient pour geste (extrait de Pastor, Les Apparitions de la matière)
    Envisager (lecture de Tristan Hordé)
    [Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
    L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
    [Vue imprenable] (extrait de L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare)
    [Il faut si peu de chose]
    Issue de retour (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Issue de retour (lecture d’AP)
    [Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
    Mère
    [Notre voix] (extrait de Ce lieu que les pierres regardent)
    [Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
    [Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
    Sous le seuil (lecture d’AP)
    [Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
    [toujours cette envie de t’ouvrir]
    [Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
    Voyages à Saint-Maur (lecture d’AP)
    [Troisième voyage à Saint-Maur]
    [Huitième voyage à Saint-Maur]
    Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (lecture d’AP)
    Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terres de femmes)
    Sylvie Fabre G., La demande profonde (poème dédié à Jean-Louis Giovannoni)
    → (sur Terres de femmes)
    3 février 1984 | Lettre de Raphaële George à Jean-Louis Giovannoni (+ La Main de Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni)
    → (sur Secousse-08)
    un entretien de Jean-Louis Giovannoni avec Anne Segal & Gérard Cartier (novembre 2012)



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  • Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval

    par Angèle Paoli

    Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval,
    L’Escampette Éditions, 2015.



    Lecture d’Angèle Paoli



    CE ROUGEOIEMENT QUI BRÛLE, C’EST CELA QUI DEMEURE



    Il y a un avant il y a un après. Et l’écriture du poème, en ligne de partage entre le taire et le dire. Entre les mots tenus sous silence, sous le boisseau de la blessure. Sous l’armure. Et les mots venus un jour dans le dire, lâchés loin très loin par-delà l’horizon de l’enfance.

    Le nom de l’adolescent sous sa cuirasse, nom de guerrier et nom de roi, c’est Perceval. Il fait lever avec lui, derrière ses chevauchées solitaires, le souvenir lointain de la quête éperdue d’un chevalier au cœur pur, à travers sentes et forêts ; des paysages, des combats à la lance et à l’épée, paysages abolis dans le réseau incertain de nos mémoires. Avec lui, avec le nom de Perceval, surgissent les souvenirs enfouis du Roi Pêcheur, mystères et secrets d’un roi « méhaigné » ; blessé et impotent, qui attend la délivrance miraculeuse de son mal. Et tout autour — de lacs énigmatiques en joyeuses bonnes chères dans les châteaux, de gués à franchir et de langues à dénouer — une errance infinie à travers vals et ravins, et des défis à relever. Et du sang. Trois gouttes dispersées dans la neige sous le sabot du cheval. « Trois gouttes de sang ». « Trois flocons rouges ». « Trois braises dans la neige ». Autant de « pierres taillées », dressées dans l’à-vif du poème, sur le blanc de la page.

    Trinitaire, le recueil d’Emmanuel Merle : Dernières paroles de Perceval. La traversée du « Chevalier d’Effroi » s’effectue dans un lent continuum à trois temps. « L’homme percé de cris » / « Terre foraine » / « Le regard et la voix ». Trois volets pour dire la quête. Non pas quête de sens, mais quête de « pleine incarnation ». Cheminement — questionnements et doutes —, jalonné de retours sur soi, sur le passé qui heurte la cuirasse ; chute dans le ravin et dans l’inconscience ; acceptation du « lointain veuvage » et presque consentement. Depuis la « terre veuve » — où se tenait « l’enfance ramassée » aux côtés de la mère, terre devenue soudain « stérile » et « gaste », « sans paroles autres que mal prononcées » —, Perceval poursuit son errance et passe en « terre foraine ». À la fois étrangère et familière, autre et semblable, cette « terre nouvelle » le conduit des corniches escarpées des montagnes au consentement final, accordé au regard et à la voix :

    « Dire, oui, c’est diviser, mais quelques paroles,

    ici, célèbrent encore la vie :

    les prononcer comme des prénoms. »

    Consentir n’est pas chose aisée. Cela se fait par étapes. Accepter d’abord que l’errance prenne une autre forme :

    « Errer presque immobile, laisser la présence

    surgir, sauvage, comme un lointain

    qui bondit sur tous les yeux de l’âme. »

    Accepter aussi d’accueillir la parole, dans ses affleurements et ses incomplétudes :

    « Dire cela, des paroles tutoyées,

    des éclats de verbe. »

    [Dernières paroles de Perceval]

    Au terme de cette itinérance, Perceval, en partie réconcilié avec lui-même, énonce, en une double acceptation, la mystique sans christ qui lui est propre :

    « Ce monde est sans réponse,

    peut-être est-il sans question. »

    En ouverture du recueil d’Emmanuel Merle, deux poèmes : « Je m’appelle Perceval » et « La terre veuve ». Poèmes liminaires – un écho, peut-être, du prologue de Chrétien de Troyes — qui posent les pierres enfouies de l’enfance, du nom, de la mère et du silence, et les redresse dans la beauté musicale du poème.

    « Je veux écrire un visage

    sur le blanc du silence. »

    Quel visage ? « Aux plis profonds » ? Visage aimé ? Du père de la mère de l’autre femme ? Pour quel vertige, pour quelle énigme, pour quelle langue secrète ? Comment savoir ?

    « Il ne reste rien du visage d’un être

    lorsque, vraiment, on le regarde, rien

    qu’une prière dans une broussaille. »

    Tout commence avec la quête du nom. « Ma mère ne m’appelait pas par mon nom », confie Perceval. Est-ce à cause de ce taire que le dire s’est si longtemps absenté de Perceval ? Avec la révélation de son nom survient la mort de la mère. Avec sa mort, Perceval découvre, lié à elle, le sentiment de la faute. Désertée de longue date par le veuvage, la mère est cette « terre veuve » à partir de laquelle vont se faire les apprentissages du fils. Jusqu’alors élevé dans le retrait et dans la solitude, par crainte de non-retour. Chevauchées et rencontres.

    « Mais mon nom est venu. Il est venu

    des lèvres de ma mère : c’est le nom

    de son dernier souffle.

    Il a traversé la terre veuve

    et s’est posé sur mes lèvres. »

    Avoir un nom suffit-il pour vivre et pour mourir ? s’interroge Perceval. Chacun semble le croire. Perceval, lui, se tait. « Parole tue ». Tuer et taire. Où est la frontière ? Ses lèvres parlent pour lui. Et sa blessure saigne. Énigmatique blessure. Imaginaire ou réelle ? Entrelacs de l’un avec l’autre.

    « Comment pouvait-on souffrir, étant roi ?

    Je ne comprenais pas, je mangeais

    pour contredire mon silence. Je rêvais

    aussi bien. J’imaginais les lèvres de la plaie

    faiblement remuer, ouvertes, comme cherchant à dire

    la douleur, m’appelant presque, m’enjoignant

    de les refermer. »

    La blessure est ancienne, qui s’ouvre, lèvre à lèvre, et suinte, palpitante de sang. Elle est associée à la « barrière de bois », « au pied du champ ». C’est là que s’ancre le drame qui enclot à jamais l’enfant dans son deuil. Et pour longtemps, dans son mutisme. « Terre gaste » où s’inscrit le manque ouvert par la disparition du père. « Pente dévastée ». Le mystère de Perceval privé de mots gît dans cet espace. À même « le souvenir / de celui que je n’ai pas connu. » « La barrière de mon père », ligne de partage entre un passé antérieur, lié à un avant insaisissable et attaché à un présent qui cherche sa voix dans l’enchevêtrement de l’existence. Perceval ? Une « armure vide qui chevauche ». Exilé de lui-même, au-devant d’une « terre d’enfant disparu ». La barrière, désormais, sépare et « divise le monde ». Elle divise aussi l’enfant, pris entre son « impatience à vivre » et « cette soudaine / imperfection produite par un défaut / de lumière et maintenant. »

    Le long retour sur l’enfance, son seul langage de galops de branches et de lances, dit, dans le poème de « La terre veuve », le lieu du fondement sans remise en question, lieu de parfaite adéquation avec le monde, lieu d’affirmation de l’être dans l’espace qui est le sien :

    « J’avais lieu d’être », se souvient Perceval.

    Pourtant, si le regard posé sur l’univers qui l’entoure est encore celui de l’enfance, il n’en est pas moins nourri de métaphores sombres, avaleuses de rêves, chargées de violence et de désolation.

    « Tout bondit, comme le temps,

    et disparaît dans la gorge de l’horizon. »

    La geste du chevalier, souffle de haut lyrisme qui s’écrit par grandes strophes, est bientôt traversée par le désir d’autre chose.

    « En moi ça demandait,

    mais je me taisais.

    Je me taisais. »

    Mais l’univers que découvre le jeune homme est le sien ; celui-là même qui le constitue, fibres et âme, viscéralement. C’est en lui que réside sa vérité profonde. Et son profond désarroi. Acceptation ? Première pierre dressée pour le consentement ?

    « Mais cette terre veuve c’était moi, ces chemins

    sans définition c’étaient mes bras,

    ces tourbières et ces étangs mon esprit et mes yeux,

    dispersés, désamarrés, sans jointures

    désormais, phrases sans verbe. »

    Dans cet exil à l’autre et à soi-même, le rouge toujours macule le blanc, couleurs dominantes de l’ouvrage. Parfois survient le noir, « mâchefer », « exil », « vols noirs », « vent noir », « poussière noire ». Le noir de la mort rôde. Fidèlement à l’œuvre dans le poème :

    « La voix de l’hiver, sa voix blanche »

    « et le cœur noir

    des morts de la bataille. »

    L’obsession de la mort travaille Perceval au corps. La mort qu’il a donnée à l’autre, celle qui l’atteint dans sa chair, mort du père, mort des frères et de la mère. Audible de lui seul, le cri qu’ils ont poussé a transpercé sa cuirasse. Et la cuirasse saigne. Cris reçus comme coups fatals, qui mettent à mort le vivant.

    « Je suis Perceval, l’homme percé de cris,

    grevé de râles, comme des mains,

    par poignées. »

    Perceval. Son nom draine dans son sillage un envol de vibrantes. « Dévouement » ; « sauvagerie » ; « aveugle » ; « relevée » ; « dévoile » ; « entredévorement ». Disséminées dans les poèmes, les consonnes voisées s’égrènent au fil des vers. Et composent un tableau serti de noir. « Percevoir » ; « dévasté » ; « ravin » ; « veuve » ; « vivre » ; « délaver » ; « dévaler ». Poésie des mots qui essaime les sons au hasard du chemin. Et renvoie en écho aux pierres « phonolites » qui surprennent la lecture et la marche.

    Peut-on jamais revenir en arrière « pour poser la question » que l’on a oublié de poser ?, s’interroge Perceval. Là où le taire s’est imposé gît la réponse « depuis toujours »,

    « dans le ravin, dans ses pierres échouées

    et ses feuilles dénouées de leurs branches ».

    Revenir en arrière ne se peut, remonter le courant vers un avant ne peut avoir lieu. Là se tient l’irréversible. Que faire alors, sinon tenter l’aventure de l’autre côté ? Tenter de rejoindre l’autre lumière ? Passer en « terre foraine », même si « traverser est une énigme ».

    Et si « la terre foraine » n’était qu’un leurre ? L’avers de la terre d’origine ? Son double inversé ? Un paysage semblable à la « terre veuve », borné comme elle des mêmes cairns, nourri des mêmes doutes, nourri des mêmes effrois ? Alimenté par la même perte du langage ?

    Partout ailleurs, en effet, sur l’autre rive, de l’autre côté du gué, surgissent les mêmes fantômes, et se rouvrent les plaies.

    « Guéer un drap immense et blanc

    dans les eaux du passé, pâlir dans l’eau

    du paysage trois taches rouges. »

    Et de l’autre côté, sur l’autre page, en « terre foraine » :

    « Cette terre, sur l’autre rive du gué, étrangère,

    hérissée pourtant d’arbres semblables,

    parées des mêmes nuages de rouge couchant,

    ravagée elle aussi ? »

    À quoi bon alors poursuivre si traverser recèle la même « immense imploration » ? Quelque chose pourtant survient. Qui a à voir avec le rouge. Un rouge qui éblouit.

    « Le rouge. Un halo de rouge, un mal aux yeux. »

    Ainsi, au moment de s’aventurer en « terre foraine », la peinture entre-t-elle dans le paysage mental de Perceval. Ses « pupilles brûlées » « peignent un sol ourlé de sang ». Lumière aveuglante, le rouge impose sa « pleine présence ». Qui modifie la perception. Promesse d’une présence autre, qui s’achève par un alexandrin nervalien :

    « Rouge est pourtant la couleur pour moi

    de cette lumière, parce qu’elle sourd,

    pleine présence, de l’horizon,

    ce peintre qui parfois se repose et m’attend. »

    Promesse de courte durée. Il en est de la peinture comme de la langue et des hommes. Noyés les mots sur les lèvres. Abandonnés les pinceaux et les objets à peindre. Abandonné jusqu’au désir.

    « Quel est ce lieu où tout se retrouve

    mais délavé, comme un écho ? Où tout

    semble être le pinceau abandonné

    par le désir du peintre ? »

    ou encore :

    « Qu’a fait le peintre de sa charrette

    enfoncée dans ce chemin ? »

    Ailleurs, dans « Le regard et la voix », Perceval se prend à rêver d’une autre dimension. Peut-être a-t-il croisé, dans une autre vie, le Chef-d’œuvre inconnu ?

    « Cette femme a le visage de la neige,

    et peut-être des peintres ont-ils laissé

    leurs pinceaux pour seulement dessiner

    leur fièvre sur cette toile, des traits

    épars, des commissures, des cils,

    des désespoirs. »

    La quête se poursuit longtemps encore. Et la « terre étrangère » est le miroir délavé de la terre jadis connue. Étrange ressemblance qui fait que le nouveau à l’ancien répond. Jusqu’aux sentiers qui se croisent :

    « Lequel de ces deux sentiers

    est-il l’écho de l’autre ? »

    Jusqu’aux paysages qui se superposent, « ligne de partage des yeux ». Paysages couleurs visages âmes des morts. Tout semble délavé. Pâle reflet de ce qui fut. Et lui-même qui est-il ?

    « J’ai tant voulu un nom. Ne suis-je,

    en terre foraine, qu’une autre ombre,

    qu’un habile coup de pinceau ? »

    Dans le « tableau renversé » qui s’offre à lui, Perceval ne perçoit qu’« un présent inutile », qui lui renvoie son incapacité à vivre et à aimer. Ou simplement à dire cette attente :

    « Dire l’autre, c’est difficile. Un rebord,

    et l’espoir fou d’une main sur la poitrine,

    qui retiendrait. »

    C’est dans un exil de roches dispersées dans le pierrier des montagnes, dans un horizon vertical résonnant de phonolites, dans le « ciel de pierres » vers lequel il grimpe, que Perceval poursuit désormais sa quête. « L’ancienne langue / sauvage et ivre » continue de vibrer en lui. Les « anciennes paroles / prononcées par une aube enfantine » poursuivent en lui leur conciliabule. Mais les mots ne demandent qu’à trouver des lèvres accueillantes. Le poète tâtonne, cherche leur complicité bienveillante et créatrice. Son désir se fait jour qui s’énonce au travers du regard et de la voix.

    « Le regard et la voix, embrasures du corps,

    je voudrais leur connivence,

    que ce que je vois rougoie

    dans la braise des mots. »

    Le regard et la voix, « pierres dans le vide » ?

    Assurément non. Longtemps après que Perceval nous eut quittés, longtemps après que le chevalier errant eut laissé tomber sous le sabot de son cheval les dernières paroles, survient :

    « une lumière intime, comme deux couleurs

    côte à côte, et c’est l’air

    qui commence à vibrer. »

    Que dire d’autre ? Sinon que cet enchevêtrement des motifs de Perceval et du poète est d’une infinie et bouleversante beauté. Et que cette quête des signes est aussi la nôtre. Ne garder des mots que leur fièvre. Ce rougeoiement qui brûle, c’est cela qui demeure.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval







    EMMANUEL  MERLE


    Vignette Emmanuel Merle




    ■ Emmanuel Merle
    sur Terres de femmes

    Dernières paroles de Perceval (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [Le rouge] (extrait de Dernières paroles de Perceval)
    Amère Indienne
    [Cape Cod]
    Le Chien de Goya (lecture d’AP)
    Cet ancien lieu (poème extrait de Démembrements)
    Démembrements (lecture d’AP)
    Ici en exil (lecture de Sylvie Fabre G.)
    ils attendent ce qui (extraits du Grand Rassemblement)
    [Je me discerne davantage dans le miroir de la couleur](extrait des Mots du peintre)
    [Ramper sur la glace](extrait de Nord, seul point cardinal)
    [Tout est matière, sauf ma décision] (extrait de Olan)
    Tourbe (lecture d’AP)
    [Il n’y a plus d’arbres] (extrait de Tourbe)
    [Une promesse, dis-tu]
    Emmanuel Merle & Thierry Renard | La Chance d’un autre jour, Conversation (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Emmanuel Merle & Thierry Renard | [Jour de pluie ici aussi]



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terres de femmes)
    Sylvie Fabre G. | Une terre commune, deux voyages
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Emmanuel Merle





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  • TdF n° 124 ― mars 2015 (Sommaire)



    TDF MARS 2015
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    SOMMAIRE DU MOIS DE MARS 2015


    Terres de femmes ― N° du mois de février 2015
    Emmanuel Merle | [Le rouge]
    M. Baumier et G. Garnier-Duguy, Poème Ultime Recours (lecture de Marie-Christine Masset)
    Bernard Vargaftig | [Mon chant mon bonheur]
    4 mars 2004 | Mort de Claude Nougaro
    5 mars 1922 | Naissance de Pier Paolo Pasolini
    Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval (lecture d’Angèle Paoli)
    Jean Malrieu | [Depuis que le désert est arrivé devant ma porte]
    À l’ombre de Cavafis [Cavafy], par Nikos Lybéris
    Constantin Cavafy | Si seulement
    Blandine Longre, Clarities (lecture de Sabine Huynh)
    14 mars 1682 | Mort de Jacob Van Ruysdael
    Alessandro Brusa | [Ti ho visto cercare per ore]
    Paol Keineg, Mauvaises langues (lecture de Gérard Cartier)
    17 mars 2015 : Ouverture de l’exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie » au musée d’Orsay
    Béatrice Douvre | Le vin, le soir
    Antoine Carrot | Le fil du chemin
    Joëlle Gardes, Louise Colet Du sang, de la bile, de l’encre et du malheur (lecture d’Angèle Paoli)
    Serge Ritman | [j’ai tout pris et tu es venue…]
    Marilyne Bertoncini, Labyrinthe des nuits (lecture d’Angèle Paoli)
    Isabelle Lévesque | [Oh, ce désordre de disparaître !]
    Herberto Helder | O Amor em Visita
    27 mars 1770 | Mort de Jean-Baptiste Tiepolo
    Claude Ber | In memoriam
    Terres de femmes ― N° du mois d’avril 2015


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  • TdF n° 123 ― février 2015 (Sommaire + TdF ACTU)



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    SOMMAIRE DU MOIS DE FÉVRIER 2015


    Terres de femmes ― N° du mois de janvier 2015
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan (lecture de Marie-Hélène Prouteau)
    Armand Gatti | [À combien d’exemplaires]
    Michèle Finck | [Chostakovitch, Tsvetaïeva, Akhmatova]
    Aksinia Mihaylova | Quand je suis prise de doutes
    Joël Bastard, Chasseur de primes (lecture de Paul de Brancion)
    6 février 2008 | Jean-Paul Bota, D’après Souvenir de Mortefontaine de Jean-Baptiste Corot
    Maxime N’Debeka | Récidive
    Laurine Rousselet | [la débâcle vient du réel]
    Michèle Finck, La Troisième Main (lecture d’Isabelle Raviolo)
    Anne Malaprade | Au conditionnel, dans la ferveur, quoique lente
    Amina Saïd | Du Vieillard de la mer et de la Source de vie
    Régis Lefort | [le poème s’en allant]
    Franco Buffoni | [Veniva, e come lo splendido mare… ]
    Jean-Pierre Thuillat | [Alors le temps s’étiole]
    Sabine Huynh, Avec vous ce jour-là / Lettre au poète Allen Ginsberg (lecture d’Angèle Paoli)
    John Taylor | [Sometimes the island]
    Paol Keineg | [Je ne me suis jamais baigné deux fois dans le même fleuve]
    Sanda Voïca | La rose inerme
    Anne Malaprade, Lettres au corps (lecture d’Angèle Paoli)
    Tennessee Williams | The island is memorable to us
    Hubert Haddad | [Je cueille l’énigme au miroir]
    Bernard Desportes | La pierre la nuit (extrait)
    Ludovic Degroote | Am Timan, Tchad
    27 février 1954 | Naissance de Thierry Bouchard (article d’Alain Paire)





    TdF | ACTU


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    Jusqu’au 28 février 2025 :: exposition Philippe Jaccottet, une transaction secrète (Librairie Quartiers Latins, Bruxelles)
    Jusqu’au 28 février 2015 :: Exposition Jesus Rafael Soto | Chronochrome (Paris)
    Jusqu’au 1er mars 2015 :: Exposition la Chine des Han, les fondations d’une civilisation, au musée Guimet
    9 avril-19 juillet 2015 :: exposition Michelangelo Antonioni (Cinémathèque française, Paris)
    Jusqu’au 17 mai 2015 :: Exposition Van Gogh au Borinage, la naissance d’un artiste (Mons)
    25 mars 2015 – 13 juillet 2015 :: Exposition Velázquez au Grand-Palais
    27 mars-20 juillet 2015 :: Exposition « De Giotto à Caravage » (musée Jacquemart-André, Paris)
    17 avril-19 juillet 2015 :: Rétrospective Markus Lüpertz au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris



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  • Terres de femmes n° 123 ― février 2015






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