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  • Titos Patrikios | L’heure que je ne connais pas



    L’HEURE QUE JE NE CONNAIS PAS




    Mes yeux ne peuvent pas
    se fixer quelque part en permanence
    mes mains ne peuvent pas
    s’empêcher de toucher d’autres corps
    ma bouche ne peut pas
    rester fermée aux mots aux baisers
    moi-même tout entier je ne peux pas
    me tenir sans bouger devant le même paysage.
    On dit que le silence et l’immobilité
    approfondissent la pensée, que dépassant les choses viles
    elle arrive alors à saisir
    jusqu’à l’absolu. Ça se peut.
    Mais par les propos, les mouvements, les plaisirs
    superficiels, banals
    j’essaie de faire durer l’éphémère
    surtout de retarder autant que possible
    la venue de l’heure que je ne connais pas encore.



    Titos Patrikios, « Choix de poèmes et de proses », Revue Phœnix n° 24, Cahiers littéraires internationaux, mars 2017, page 51. Traduction de Myrto Gondicas.






    Phoenix-24





    Τίτος Πατρίκιος


    Titos Patrikios
    Source



    ■ Titos Patrikios
    sur Terres de femmes

    Ma langue



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la revue Phoenix)
    le sommaire du n° 24





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  • Titos Patrikios | Ma langue




    Η ΓΛΩΣΣΑ ΜΟΥ



    Τη γλώσσα μου δεν ήταν εύκολο να τη φυλάξω
    ανάμεσα σε γλώσσες που πήγαιναν να την καταβροχθίσουν
    όμως στη γλώσσα μου συνέχιζα πάντα να μέτράω
    στη γλώσσα μου έφερνα τον χρόνο στα μέτρα του κορμιού
    στη γλώσσα μου πολλαπλασίαζα την ηδονή ως το άπειρο
    μ’αυτή ξανάφερνα στον νου μου ένα παιδί
    με ασπρο σημάδι από πετριά στο κουρεμένο του κεφάλι.
    Πάσχιζα να μη χάσω ούτε μια της λέξη
    γιατί σ’αυτή τη γλώσσα μου μιλούσαν κι οι νεκροί.







    MA LANGUE




    Ma langue ne m’a pas été facile à garder
    au milieu des langues qui allaient la dévorer
    mais c’est dans ma langue que je continuais à compter
    dans ma langue que j’amenais le temps aux mesures du corps
    dans ma langue que je multipliais la volupté jusqu’à l’infini
    en elle que me revenait à l’esprit un enfant
    avec la marque blanche laissée par un caillou jeté sur sa tête rasée.
    Je m’efforçais de ne perdre pas même un de ses mots
    parce que c’est dans cette langue que me parlaient même les morts.



    Titos Patrikios, Sur la barricade du temps, Anthologie bilingue, Le Temps des Cerises, Collection Vivre en poésie, 2015, pp. 204-205. Traduction du grec & choix de poèmes par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis. Préface d’Olivier Delorme.







    Titos Patrikios, Sur la barricade du temps





    Τίτος Πατρίκιος


    Titos Patrikios
    Source




    ■ Titos Patrikios
    sur Terres de femmes

    L’heure que je ne connais pas



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de L’Humanité)
    La Grèce aux pieds gonflés de Titos Patrikios, par Nicolas Dutent (lecture de Sur la barricade du temps)



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