Étiquette : Traduction


  • Marie-Christine Masset | Dans la blancheur de l’horizon


    IN THE WHITENESS OF THE HORIZON




    Those who strike
    the grasses at night
    with their long sticks
    say the waters
    never sleep.

    The words they utter
    are like a trickle
    of red blood.

    Clothing their eyelids,
    they stun the rivers
    and make dreams drift
    in a broken lifeline.

    Under the flesh,
    a landscape comes alive
    in the darkness, neither double,
    nor path. Insane
    the one who then hears
    child’s laugher resonate
    and in the trembling
    of dawn writes it
    on the ground.







    DANS LA BLANCHEUR DE L’HORIZON




    Ceux qui frappent
    les herbes la nuit
    de leurs longs bâtons
    disent que les eaux
    ne dorment jamais.

    Les mots qu’ils prononcent
    ressemblent à un fil
    de sang rouge.

    En fermant les paupières,
    ils étourdissent les rivières
    et font dériver les rêves
    dans une ligne de vie brisée.

    Sous la chair,
    s’anime un paysage
    dans ombre, ni double,
    ni chemin. Fou
    celui qui entend alors résonner
    un rire d’enfant
    et dans le tremblé
    de l’aube l’écrit
    sur la terre.




    Marie-Christine Masset, L’Oiseau Rouge | The Red Bird, Oxybia Éditions, 06520 Magagnosc, 2020, pp. 152-155. Traduction d’Andrea Moorhead.






    Marie-Christine Masset  L'oiseau rouge




    MARIE-CHRISTINE MASSET


    Masset





    ■ Marie-Christine Masset
    sur Terres de femmes


    [Le chemin ne changera rien]
    Visage natal
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Rêve




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’Agence régionale du Livre | Provence-Alpes-Côte-d’Azur)
    une fiche sur L’Oiseau Rouge | The Red Bird





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  • Emily Dickinson | [As imperceptibly as Grief]


    [AS IMPERCEPTIBLY AS GRIEF]




    As imperceptibly as Grief
    The summer lapsed away —
    Too imperceptible at last
    To seem like Perfidy —

    A Quietness distilled
    As Twilight long begun,
    Or Nature spending with herself
    Sequestered Afternoon —

    The Dusk drew earlier in —
    The Morning foreign shone —
    A courteous, yet harrowing Grace,
    As Guest, that would be gone —

    And thus, without a Wing,
    Or service of a Keel
    Our Summer made her light escape
    Into the Beautiful.







    [EN IMPERCEPTIBLE CHAGRIN]




    En imperceptible Chagrin
    L’Été s’est évanoui —
    Trop imperceptible, à la fin,
    Pour sembler Perfidie —

    Une Tranquillité s’est distillée
    Comme si commençait un long Demi-Jour,
    Ou si la Nature passait avec elle-même
    Une après-midi cloîtrée —

    Le Soir tombait plus tôt —
    Le Matin scintillait en étranger —
    Une Grâce courtoise, et pourtant tourmentée,
    Comme un Invité en partance —

    Et donc, sans une Aile
    Ni l’aide d’une Quille
    Notre Été s’est doucement échappé
    Au cœur de la Beauté.




    Emily Dickinson, Revue Traversées n° 82, « Traduire », décembre 2016, pp. 17-18. Traduction de Zéno Bianu, avec la complicité d’Anne Walker.






    Traversées 82



    EMILY DICKINSON


    Emily Dickinson Guidu
    Image, G.AdC





    ■ Emily Dickinson
    sur Terres de femmes


    10 décembre 1830 | Naissance d’Emily Dickinson
    15 mai 1886 | Mort d’Emily Dickinson
    [Je compte]
    Quatrains
    [We learned the Whole of Love](poème extrait de Nous ne jouons pas sur les tombes)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Emily Dickinson (+ Lettre à Thomas W. Higginson)




    ■ Voir aussi ▼


    le site de la revue Traversées [=> Autre adresse]
    → (sur Terres de femmes)
    Christian Bobin, La Dame blanche (lecture d’AP)





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Francis Coffinet | [Si tu hésites entre deux chemins]


    [АКО СЕ ВЪЛНУВАШ МЕЖДУ ДВЕ ПОСОКИ]




    Aко се вълнуваш между две посоки
    не избирай паметта
    а с изъхващия лист
    цтигни до корена


    недей се доверява на жаравата
    не слушай центъра на муэиката
    эащити скалата си, дъжда си.






    [SI TU HÉSITES ENTRE DEUX CHEMINS]




    Si tu hésites entre deux chemins
    ne choisis pas celui de la mémoire
    mais celui de la feuille creuse
    et gagne la racine


    ne te fie qu’à la méditation des braises
    n’écoute que le centre de la musique
    protège ton roc, ta bruine.



    Francis Coffinet, « La terre et la tempe », 12, in Je suis de la maison du songe, poèmes, éditions Unicité, Collection Le Vrai Lieu, dirigée par Laurence Bouvet, 2020, pp. 120-121. Préface d’Alain Borer. Traduction en langue bulgare par Nikolaï Kantchev.





    Francis Coffinet  Je suis de la maison du songe 2



    FRANCIS COFFINET


    Francis Coffinet  portrait
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Francis Coffinet
    → (sur le site des éditions Unicité)
    la fiche de l’éditeur sur Je suis dans la maison du songe





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Peter Gizzi | Scratch Ticket



    SCRATCH TICKET




    Confetti in April
    Confetti in May

    This was the last party
    the animal sun asleep

    O stymie dewy surprising thing
    Leaf, you have arrived again

    The web is on the vine
    and the cricket clicks

    If the blue toned arc
    inside the vender’s luck

    If time itself doubled back
    and unwound the string

    How is it this afternoon
    being wide be also crystal —

    the total vista bright
    Let this and that begin

    O wind remember the tune
    Bird, enough of your trill





    Peter Gizzi, The Outernationale, Wesleyan University Press, Middletown, CT 06459, 2007, pp. 17-18.







    Gizzi couv








    AU GRATTAGE




    Confetti en avril
    Confetti en mai

    C’était la dernière fête
    le sommeil du soleil animal

    Ô chose mouillée trouée surprise
    Feuille, te revoilà

    La toile est sur la vigne
    et le criquet clique

    Si l’arc aux tons bleus
    dans la chance du vendeur

    Si le temps lui-même faisant demi-tour
    et déroulant sa corde

    Comment se fait-il que cet après-midi
    bien qu’immense soit aussi cristallin —

    la perspective totale et lumineuse
    Que ceci et cela commencent

    Ô vent souviens-toi de la musique
    Oiseau, ça suffit tes trilles





    Peter Gizzi, L’Externationale, Éditions Corti, Série américaine, 2013, pp. 25-26. Traduction de Stéphane Bouquet.






    Peter Gizzi  L'Externationale




    PETER GIZZI


    Peter Gizzi_NewBioImage_Credit-ElizabethWillis
    Ph. D.R. Elizabeth Willis
    Source





    ■ Peter Gizzi
    sur Terres de femmes


    Bolshevescent (autre poème extrait de The Outernationale)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur poets.org)
    une notice bio-bibliographique sur Peter Gizzi
    → (sur YouTube)
    une lecture par Peter Gizzi de huit poèmes extraits de The Outernationale et leur traduction en français (sauf le dernier) par Stéphane Bouquet (“Une panique qui peut encore me tomber dessus”, 1.2.3.4.5 + “Spectre sans titre d’Amherst” + “Un jardin occidental” + “L’Externationale”) [gale­rie éof, 15, rue Saint-Fiacre – 75002 Paris | 29 mai 2012]






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  • Milo De Angelis | “T.S.”, II





    “T.S.”, II*





    E poi avrete sentito, almeno una volta
    quando il liquido, delicatissimo,
    esce dalla bocca, scorre giallo nel lavandino
    e la sonda e le sirene sempre più lontane.
    il respiro si appanna, finisce, riprende
    quanta pace nella spiaggia gelata dal temporale:
    una canoa va verso l’isola corallina
    e sotto l’oceano si accoppiano le cellule sessuali
    non ci sono eventi irreparabili
    ma solo le spugne cicliche, gli insetti
    che hanno coperto l’aria:
    ecco un colore di madreperla, una roccia nella sabbia,
    i passi, ecco la mamma,
    l’accapatoio che toglie con un solo gesto
    solennità della luce, la meraviglia, la prima
    e la femmina del pellicano
    chiama la nidiata sparsa nella tempesta
    e forse vede qualcosa, tra gli scogli,
    qualcosa che si muove
    domani correrà con i suoi bambini
    mescolata, per respirare
    nel turchese profondo della marea
    che sale in superficie, sta rinascendo adesso
    e trova una terra diversa, un’altra voce.





    Milo De Angelis, ˝I. L’ascolto (1974-1975) ”, Somiglianze (Guanda, I Quaderni della Fenice di Guanda, Milano, 1976 ; nouvelle édition revue par l’auteur, Guanda, 1990), in Milo De Angelis, Tutte le poesie, 1969-2015, Mondadori, Collezione Lo Specchio, 2017, pp. 11-12.




    ________________________
    NOTE d’AP : *“T.S.” (Tentato Suicidio)






    Somiglianze








    “T.S.”, II





    Et puis vous avez dû connaître, au moins une fois
    cet instant où le liquide, très délicat,
    passe les lèvres, s’écoule jaune au creux du lavabo,
    sonde et sirènes perdues au loin.
    La respiration faiblit, s’interrompt, reprend,
    quelle paix sur la rive gelée de l’orage :
    un canoë glisse vers l’île coralline
    et les cellules sexuelles s’accouplent dans l’océan,
    il n’y a pas de faits irréparables,
    rien que les éponges cycliques, les insectes
    qui recouvrent l’air :
    voici une couleur de nacre, un rocher dans le sable,
    le peignoir qu’elle enlève d’un geste,
    la solennité de la lumière, la merveille initiale.
    La femelle du pélican
    appelle sa nichée éparse dans la tempête
    et peut-être voit-elle quelque chose, parmi les récifs,
    quelque chose qui bouge,
    demain elle courra au milieu
    de ses petits, pour respirer
    dans le bleu profond de la marée
    qui monte à la surface, renaît maintenant
    et trouve une terre différente, une autre voix.





    Milo De Angelis, Ressemblances in Lingua, La jeune poésie italienne, anthologie bilingue publiée sous la direction de Bernard Simeone, éditions Le temps qu’il fait, 1995, page 153. Traduction de Jean-Baptiste Para.







    Lingua






    MILO DE ANGELIS


    Milo VivianaSource





    ■ Milo De Angelis
    sur Terres de femmes


    6 juin 1951 | Naissance de Milo De Angelis
    Mercoledì (poème extrait de Linea intera, linea spezzata)
    Il morso che ti spezza (autre poème extrait de Linea intera, linea spezzata)
    Sala Venezia (autre poème extrait de Linea intera, linea spezzata)
    [Inquadratura](poème extrait d’Incontri e agguati)
    Milano lì davanti (poème extrait de « L’oceano intorno a Milano » in Biografia sommaria, 1999)
    L’oceano lì davanti (poème extrait de L’Océan autour de Milan)
    [A volte, sull’orlo della notte] (poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP)
    [Era buio] (un autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite de Sylvie Fabre G.)
    [Nessuno riposa] (autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP) [Anthologie poétique TdF | Milo De Angelis, 1]
    [Mi attendono nascosti] (un autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP)[Anthologie poétique TdF | Milo De Angelis, 2]
    [È qui] (un autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP) [Anthologie poétique TdF | Milo De Angelis, 3]
    [Ecco l’acrobata della notte] (un autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP) [Anthologie poétique TdF | Milo De Angelis, 4]
    [Ho saputo, amica mia…] (un autre poème extrait de Quell’andarsene nel buio dei cortili + traduction inédite d’AP) [Anthologie poétique TdF | Milo De Angelis, 5]
    Thème de l’adieu (traduction d’extraits par AP ― février 2009 + notice de Martin Rueff)
    Tutto era già in cammino (extraits du Thème de l’adieu, éditions NOUS, 2010)
    Thème de l’adieu (lecture de Tristan Hordé)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Poesia, di Luigia Sorrentino)
    Luigia Sorrentino disant “T.S.” de Milo De Angelis
    → (sur Lyrikline)
    Milo De Angelis disant plusieurs poèmes extraits de Tema dell’addio
    → (sur YouTube)
    un portrait vidéo de Milo De Angelis par Viviana Nicodemo





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Corsica. Chants de tradition orale. Chants et poésies recueillis par Felix Quilici.

    par Angèle Paoli

    Corsica. Chants de tradition orale | Canti di tradizione orale,
    Chants et poésies recueillis par Felix Quilici.
    Transcription et traduction par Gghjuvanteramu Rocchi.
    Éditions Alain Piazzola, 20000 Ajaccio, 2018.



    Lecture d’Angèle Paoli




    Quilici enregistrement
    Felix Quilici enregistre une tribbiera exécutée par Stefanu Salvatori
    au col de San Cesariu (1962)








    Felix Quilici (1909-1980). Voilà plus de trente ans qu’il hante ma discothèque. Sa réputation en tant que musicien, altiste à l’Orchestre national de la Radiodiffusion française, m’est depuis longtemps connue, mais surtout celle de l’ethnomusicologue de la première heure. Un Corse attaché à sa terre, à ses hommes et à ses traditions, passionné par un idéal qui l’a poussé à sans cesse parcourir l’île du Nord au Sud, son enregistreur Nagra à l’épaule, pour y collecter les chants insulaires traditionnels, dans la continuité de l’entreprise de Béla Bartók et de Zoltán Kodály, pionniers de l’ethnomusicologie. La magie de l’enregistrement en direct (à la source), c’est elle qui a permis à Felix Quilici de recueillir de la manière la plus authentique des chants d’autrefois interprétés a cappella par des voix corses reconnaissables tant par leurs intonations rugueuses et âpres, que par l’originalité de leur timbre, à la fois rauque et sonore. Ceci au cours d’improvisations captées sur le vif et dans leur poésie naturelle. L’ensemble de cette collecte (quête et enquête) — qui s’est poursuivie de 1958 à 1979 — a fait l’objet d’enregistrements précieux, conservés aujourd’hui dans le département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France (ancienne Phonothèque Nationale) et à la phonothèque du Musée de la Corse de Corte. Le coffret que je possède (anthologie sonore intitulée Musique corse de tradition orale) renferme trois disques microsillons 33t. Un achat qui remonte aux années 1980. 1982 précisément, date de publication par la Bibliothèque nationale de cette magistrale anthologie sonore. Peu après la mort accidentelle de Felix Quilici.






    Quilici 1982






    Qui aurait imaginé que 37 ans plus tard, dans mon propre village, Élizabeth Scaglia, petite-fille de Felix Quilici, m’offrirait une nouvelle anthologie de chants et de poèmes récoltés par son aïeul ? Élizabeth (nous habitons le même village) m’ayant de longue date confié son projet, je n’ai donc pas été vraiment surprise lorsqu’elle m’a remis cet ouvrage longuement mûri et dont elle est la conceptrice et la coordinatrice éditoriale. J’en espérais moi-même la publication depuis longtemps. Cette nouvelle anthologie, incluant 3 CD, soit 73 documents d’archives sonores, vient tout juste de voir le jour aux éditions Alain Piazzola, avec le concours de la Collectivité de Corse.

    Une belle opportunité pour moi de remercier et féliciter Élizabeth Scaglia et de lui dire et redire mon admiration, car je sais quelle ténacité et force de conviction sont nécessaires pour lancer et réaliser pareille entreprise. Bien sûr, Élisabeth Scaglia n’est pas partie de rien. Et elle a su s’entourer d’amis enthousiastes et s’appuyer sur eux pour finaliser la forme éditoriale d’un tel projet. Mais surtout, elle avait déjà entre les mains la première précieuse anthologie sonore de son grand-père, primée en 1983 par le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. Une œuvre devenue mythique tant elle a joué un rôle déterminant dans le renouveau du chant corse. Élizabeth Scaglia, poursuivant ainsi le projet initié par son aïeul, lui donne aujourd’hui un très bénéfique second souffle.

    Intitulée CORSICA, Chants de tradition orale / Canti di tradizione orale, la nouvelle anthologie rassemble, accolés à la reliure du livre, trois CD de chants et poésies recueillis par Felix Quilici au début des années 1960. Ces chants se répartissent ainsi : « Musa cutidiana » (CD1) ; « Lamenti & Voceri » (CD2) ; « Canti in paghjella, Canti sacri » (CD3).

    L’ouvrage comporte également un grand nombre de photographies en noir et blanc (et des textes d’introduction et de présentation signés Bernardu Pazzoni, Pascal Cordereix et Felix Quilici), la photographie qui illustre la première de couverture appartenant à la collection Felix Quilici : on y remarque, au premier plan, Felix Quilici assis en tailleur en pleine séance d’enregistrement d’une tribbiera, un chant de travail agro-pastoral mené ici par Stefanu Salvatori. La scène se déroulant en 1962 sur l’aire de battage du blé (aghja) du col de San Cesariu, en Balagne.

    L’organisation du livre respecte la répartition des chants. Celui-ci rassemble la version écrite de ces chants (langue corse sur la page de gauche, langue française en page de droite).

    Élizabeth Scaglia a confié au poète Ghjuvan’Teramu Rocchi, un homme qu’elle tient en haute estime (originaire de la Casinca, le poète corse s’est éteint en mars 2018), le travail de transcription et de traduction. Lui rendant hommage, elle écrit à son sujet : « Érudit, il aimait que la poésie emprunte le chemin de l’oralité, et il aimait que ce chemin soit populaire ».

    Pour chacune des thématiques, l’éditeur Alain Piazzola a pris le parti de privilégier « le plaisir de l’écoute avec pour objectif la mise en valeur des œuvres. » Ainsi « l’ordre des chants a [-t-il] été pensé en fonction du rythme, de la tonalité, de la musicalité ».

    Quant au poète Ghjuvan’Teramu Rocchi, il a opté pour une traduction « littérale » qui restitue « le sens du texte sans artifices. »

    Sans artifices ? Rien n’est plus juste en effet. Mais c’est peut-être là, à mon sens, que se situent les limites d’une telle entreprise de traduction. Car si le texte corse, accompagné du chant dont il est inséparable parce que porté par lui, peut toucher au vif pour toutes les qualités que j’ai évoquées plus haut, la version française du texte ne présente pas, à mes yeux, de qualité poétique singulière. Rien toutefois qui me surprenne vraiment. Car si la langue corse a des affinités réelles avec la langue italienne, sa cousine germaine, elle n’en présente hélas pas avec la langue française. De sorte que, si je dois évoquer la poésie de ces chants traditionnels, je préfère me référer prioritairement au texte en langue corse, chanté en vers (filari) rimés, la poésie corse ayant une prosodie qui lui est spécifique. Cette réserve étant formulée, cette dernière n’ôte rien à la qualité du travail auquel s’est adonné ici le poète traducteur. Et qu’il se soit abstenu de faire rimer les vers ne peut en aucun cas constituer un reproche.

    Les chants, de longueur variable, sont tous versifiés. Ils sont pour la plupart composés de strophes de six vers. Des sizains donc. Les strophes pouvant toutefois être des quatrains. Mais il arrive aussi que l’on rencontre une alternance de sizains et de quatrains. Comme dans « U lamentu di u castagnu » (in « Lamenti & Voceri », CD2) :

    « Ma chì l’avaraghju fattu

    À lu Corsu cusì ingratu

    Chì m’hà lettu la sintenza

    À morte m’hà cundannatu

    Cù li falzi tistimoni

    Senza cunsultà giuratu

    Passemu una sirinata

    In tondu à lu nostru fucone

    Cù tutta la famigliola

    Cantava lu lazarone »

    Mais que lui ai-je donc fait

    Au Corse si ingrat

    Qui a lu ma sentence

    M’a condamné à mort

    Avec de faux témoins

    Sans consulter le jury

    Nous passons une soirée

    Autour de notre âtre

    Avec toute notre petite famille

    Chantant la misère…

    Le vers le plus couramment usité dans ces poèmes chantés reste cependant l’octosyllabe, comme c’est le cas dans ce lamentu du châtaignier. Ce qui donne à ces mélodies sa rythmique chantée régulière que renforce encore le travail sur les rimes. Ainsi, dans le chant intitulé « Mi vogliu decide in rima », composé de trois sizains, le retour de syllabes identiques se fait à partir de huit rimes différentes, les unes alternées, les autres suivies : abcbab /ddeddd/fghgig. Pour chacune des strophes, on observe une rime majoritaire, hors l’une d’entre elles, à trois rimes différentes, lesquelles introduisent un écart par rapport à la syllabe dominante.

    Ces différentes combinatoires permettent d’accentuer les formes incantatoires du chant, que l’on retrouve notamment dans le genre de la berceuse ou du lamentu.

    Si j’insiste sur ces points de prosodie, c’est que la « poésie » corse, une poésie orale par excellence, est prioritairement une poésie chantée. Jusqu’à tout récemment, il n’existait pas sur l’île d’autre forme poétique corse que celle qui se transmet par le chant. Grâce à quoi elle a acquis ses lettres de noblesse : la grande popularité de ces chants.

    La littérature chantée de Corse est avant tout une littérature lyrique. Ses thématiques favorites sont celles de l’amour et de la mort. Avec toutes les nuances et variations de sentiments, et la palette d’émotions que ces deux thématiques universelles proposent : imprécations, injonctions, apostrophes, plaintes et complaintes. La tonalité dominante est le plus souvent celle de l’élégie lorsque la plainte exprimée confine au désespoir. Le « je » qui est mis en scène est omniprésent, qui prend souvent à témoin les proches. Sans doute parce que ce qui ne peut être formulé à haute voix à l’entourage peut l’être sous la forme chantée : « In puesia tuttu si dice ! », énonce le poète Carulu Parigi lors d’une joute oratoire. « En poésie, on peut tout dire ! ». Ainsi cette autre joute oratoire, improvisée en présence de Felix Quilici et du public, un « chjam’è rispondi » à trois voix où les trois protagonistes se distribuent les rôles, fixent la répartition des voix, se cherchent, s’invectivent, chacun argumentant à sa manière en s’appuyant sur le vers précédent prononcé par « l’adversaire » et le reprenant à sa manière. Parfois une voix dans le public intervient, qui relance la joute. La joute peut durer un long moment. Elle se poursuit jusqu’à ce que l’un des intervenants décide d’y mettre fin. Ci-après, cette ultime strophe lancée par Francesco Casaromani à Mariu Mattei :

    « Avale scansemu tuttu

    Què ghjè l’urtima ch’o facciu

    Ci aimu pane è prisuttu

    È dò fine à lu cuntrastu

    Hè fatta senza difetti

    Ùn mi parla più di pezzi »

    Maintenant arrêtons tout cela

    C’est la dernière tirade que je fais

    Nous avons du pain et du jambon

    Et je mets fin à la joute

    Ceci de façon honnête

    Ne me parle plus de dispute.

    Les chants de cette nouvelle anthologie sont répartis par thèmes. Les « Chants du quotidien » / Musa cutidiana rassemblent des chants qui ont trait à la vie paysanne. A tribbiera (voir ci-dessus) ; a tundera, la tonte des moutons ; la transhumance ; mais en relation aussi avec les fêtes villageoises, qui sont de belles occasions de retrouvailles dans la liesse et la bonne humeur. Les enfants sont aussi présents qui chantent des sortes de ritournelles – en hexasyllabes (six syllabes) où les jeux de mots et la fantaisie l’emportent sur le signifié.

    La vie de famille, elle, est dominée par les berceuses. Souvent improvisées, ces mélopées mettent l’accent sur le rôle intime et précieux des grands-mères à qui est confié le destin du petit-enfant. Par ses imprécations et ses prières, l’aïeule cherche à attirer la bienfaisance divine… et songe déjà au futur trousseau de sa petite-fille et à son fiancé. Un berger très probablement. Quant aux sérénades, elles sont réservées aux amants, tout comme les chants d’amour, souvent douloureux. Soit parce que la jeune fille demeure de glace et est inaccessible, soit parce que l’amant ne tient pas ses promesses ou engagements, soit enfin parce que les jeunes gens sont séparés en raison de la guerre.

    Nombre de chants narrent en effet l’appel sous les drapeaux, la mobilisation, l’exil et les combats de la Grande Guerre ; d’autres chants de révolte se lèvent contre le gouvernement français, toujours prompt à prélever son tribut, lorsque résonne le bruit du canon, et peu enclin à se pencher sur le sort du peuple corse lorsque celui-ci énonce la misère dans laquelle il est maintenu. Parmi ces chants se singularise un chant de révolte appelant le peuple à s’insurger contre le projet d’expérimentation nucléaire sur le massif de l’Argentella (près de Calvi). C’était en 1960.

    « Ritti o Corsi chì ghjè ora

    D’andà à difende la razza

    Chì l’hanu messa in dimora

    Li dirigenti di Francia

    Un s’agisce d’una fola

    Terribule hè la minaccia… »

    Corses debout le temps est venu

    D’aller défendre la communauté

    Car les dirigeants français

    L’ont mise en demeure

    Il ne s’agit pas d’un conte

    La menace est terrible.

    On note enfin les chants composés lors des élections municipales. Ou celui, assez drôle, de la visite d’un père chez le notaire pour faire enregistrer son legs. Un chant qui se déroule sur un mode peu sérieux où domine le grotesque. Mais, à quelques exceptions près, quel que soit le thème abordé, la structure de la strophe reste la même ; identique aussi, le système de prosodie.

    Une des caractéristiques fondamentales du travail de Felix Quilici est d’avoir enregistré ces chants dans leur environnement naturel. De sorte que le chant s’inscrit dans le « paysage sonore » qui est le sien. Ainsi, les chants en rapport avec la vie paysanne sont-ils enregistrés en extérieur et avec eux, en arrière-plan sonore, ce sont les voix des villageois que l’on entend, leurs exclamations et interpellations, leurs onomatopées et leurs rires. Le témoignage le plus émouvant est celui du chant de la tribbiera. L’auditeur a vraiment le sentiment d’être en plein cœur de la population, partageant avec elle ces moments de vie en plein air et de travaux des champs, en tout début d’été. Les sérénades et les processions sont saisies elles aussi sur le vif, en extérieur. Tandis que les chants plus intimes le sont au coin de la cheminée (autour du fucone), et les chants liturgiques, dans les églises.

    Ce serait une erreur de penser que le chant traditionnel est un chant spécifiquement masculin. Les femmes elles aussi détenaient leur part de savoir dans l’interprétation et la maîtrise des improvisations. Mais le domaine privilégié des femmes est celui des lamenti et des voceri. Aux veillées funèbres, ce sont elles qui improvisent des voceri, complaintes funéraires qui s’élèvent au-dessus de la dépouille du défunt.

    Ainsi de ces deux voceri : le premier, « Voceru », étant improvisé par une jeune fille au chevet de sa camarade de quinze ans ; le second, « Voceru à Nucetu », une déploration qui s’achève sur ces vers désespérés :

    « Chì sentìnu lu mio pientu

    O li mio quattru fratelli

    sò tutti in un tempu »

    Qu’on entende mes pleurs

    Ô mes quatre frères

    Morts tous en même temps.

    Après l’inhumation du défunt, c’est aux femmes de poursuivre le deuil en chantant des lamenti. À propos du lamentu, Felix Quilici écrit d’ailleurs dans ses notes personnelles :

    « Le défunt ne quittait sa demeure qu’après avoir reçu l’hommage d’une plainte funéraire. Point de région qui n’eût sa ou ses pleureuses qu’un don inné de l’improvisation désignait comme une prêtresse de cette sorte de culte profane.[…] Il arrive qu’une parente ou amie du mort retrouve spontanément sous l’emprise de l’émotion les accents ancestraux pour exprimer sa douleur en présence d’un être cher qui va quitter pour toujours sa demeure. »

    Une approche qui réveille dans nos mémoires le souvenir de la figure des pleureuses de l’Antiquité.

    Il arrive cependant que le lamentu ou le voceru chante une tout autre mort que celle d’un homme. C’est le cas du célèbre lamentu improvisé et chanté par Ghjuvan Ghjiseppu Grimaldi, profondément attristé pour la mort de Filicone, son chien de chasse. Le chanteur invoque la muse qui lui inspire sa lamentation :

    « N’era sempre in reunione

    Avà ghje finitu tuttu

    Chì ghje mortu Filicone »

    J’étais toujours avec lui

    Maintenant tout est fini

    Car Filicone est mort.

    De même le « Lamentu di Fasgianu », chanté par Petru Grimaldi au lendemain de la mort de son mulet.

    Le dernier CD ainsi que le troisième chapitre du livre sont consacrés aux Canti in paghjella et Canti sacri/Chants en paghjella/Chants sacrés.






    Paghjella
    Trois chanteurs de paghjella du village de Tagliu :
    Ghjuliu Bernardini, Santu Bernardini et Andria Ciavaldini
    Photo: Felix Quilici (page 146)






    Exclusivement chantée par les hommes, la paghjella (inscrite en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO) est le chant polyphonique corse par excellence. Elle se chante à trois voix : bassu/seconda/terza. Les chanteurs, amis ou parents, se connaissent. Ils ont coutume de chanter ensemble en plein air, en famille ou dans les cafés. Ils chantent pour le plaisir, la main à l’oreille et formant presque un seul et même corps. Dans ces chants, dont la forme — variable — n’est plus le sizain, le chant importe davantage que les paroles. Les sujets abordés par les paghjelle sont variés, chants de marins et d’amour, chants de piété. Les plus beaux de ces chants sont souvent d’inspiration sacrée. « Kyrie », « Stabat Mater », « Gloria », « Lezzioni di i Morti ». Mais les plus bouleversants sont, à mon sens, ceux qui accompagnent les célébrations de la Semaine sainte. En particulier, le « Perdono mio Dio », chanté tout au long de la procession du Vendredi Saint (Catenacciu), tandis que la foule recueillie reprend en chemin la lente imploration :

    « Perdono mio Dio

    Perdono pietà ».

    (Pardon mon Dieu

    Pardon et pitié).


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Corsica



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  • John Taylor | [all your life long]




    Caroline 1
    Aquarelle de Caroline François-Rubino
    in John Taylor, Le Dernier Cerisier






    [ALL YOUR LIFE LONG]




    all your life long
    you have glimpsed

    but rarely

    what opens out
    behind the cherry tree

    so many etchings
    on the trunk

    the cherry tree has witnessed
    everything everyone

    whatever whoever
    you now remember

    leave behind those names
    stroll away from the playground
    the backyard
    that has become a field
    a less intimate garden

    a vast empty field
    a few cherries
    still dangle from the dark boughs

    those cherries were also yours

    farewell

    let the cherry tree fade
    let the earth fade

    over which you walked
    weighed down with names
    with secret gardens backyards
    you left behind
    and a cherry tree

    you were weighed down
    but the ladder under your arm
    was weightless








    [TOUTE TA VIE]




    toute ta vie
    tu as entrevu

    mais peu souvent

    ce qui s’ouvre
    derrière le cerisier

    tant de signes gravés
    sur son tronc

    le cerisier a été témoin
    de tout de tous

    de quoi de qui que ce soit
    tu t’en souviens maintenant

    laisse ces noms derrière toi
    éloigne-toi du terrain de jeu
    de la pelouse derrière la maison
    qui est devenue un champ
    un jardin moins intime

    un grand champ vide
    quelques cerises
    sont toujours suspendues aux branches sombres

    ces cerises étaient aussi les tiennes

    adieu

    laisse le cerisier s’effacer
    laisse la terre s’effacer

    sur laquelle tu as marché
    alourdi de noms
    de pelouses de jardins secrets
    que tu as laissés derrière toi
    et d’un cerisier

    tu as été alourdi
    mais l’échelle sous ton bras
    ne pesait rien




    John Taylor, Le Dernier Cerisier | The Last Cherry Tree, éditions Voix d’Encre, 2019, s.f. Traduction de Françoise Daviet-Taylor. Aquarelles de Caroline François-Rubino.





    John Taylor  Le Dernier cerisier






    JOHN TAYLOR


    Johntaylor
    Source




    ■ John Taylor
    sur Terres de femmes


    [Sometimes the island] (poème extrait de Portholes | Hublots)
    [Vallée cachée sous le glacier] (poème extrait de Boire à la source)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Voix d’encre)
    la page de l’éditeur sur Le Dernier Cerisier
    → (sur le blog De l’art helvétique contemporain)
    un article de Jean-Paul Gavard-Perret sur Le Dernier Cerisier
    → (sur Mediapart)
    Littérature : le sens de la gravité de John Taylor, par Stéphane Vallet
    le site personnel de Caroline François-Rubino
    le site personnel de John Taylor





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  • Ida Vitale [Prix Cervantes 2018] | Nieve




    NIEVE



    Minimos puntos – aguanieve,
    cristales – blancos bajan.
    Este harapiento mundo
    pone per un momento
    suave decoro de algodones
    en su fábula fea.

    Deslumbra una escama de liquen
    verdegris en lo blanco.
    Deslumbra una rama sin hojas,
    una hoja sin rama.
    Hacer bello le otro
    es gloria de la nieve.

    La alegría dello perro sabe
    juegos que el hombre olvida
    y natural usa la fiesta
    nueva que se le da.
    Callan altros los pájaros
    como el hombre suspensos.





    NEIGE



    D’infimes points – grésil,
    cristaux – blancs descendent.
    Ce monde en haillons
    met pour un moment
    un doux décor de cotons
    sur sa vilaine fable.

    Miroite une écaille de lichen
    vert-gris dans le blanc.
    Miroite une branche sans feuilles,
    Une feuille sans branche.
    Donner la beauté ailleurs
    est gloire de la neige.

    La joie du chien connaît
    des jeux que l’homme oublie
    et simplement il fait usage de la fête
    nouvelle qu’on lui offre.
    Les hauts oiseaux se taisent
    en suspens comme l’homme.



    Ida Vitale [Prix Reina Sofía 2015, Prix Cervantes 2018], Pauvre règne [Parvo Reina, 1984] in anthologie Ni plus ni moins, édition bilingue, Éditions du Seuil, « La Librairie du XXIe siècle », 2016, pp. 90-91. Traduction de l’espagnol (Uruguay) par Silvia Baron Supervielle. Ouvrage publié avec le soutien de la Maison de l’Amérique latine.






    Ida Vitale, Ni plus ni moins




    _________________________________
    NOTE DE L’ÉDITEUR : « Après avoir traduit la poésie d’Alvaro Mutis puis celle de César Vallejo, François Maspero avait entrepris de traduire Ida Vitale. La mort l’a surpris au cœur de ce travail. Silvia Baron Supervielle a pris le relais. Elle a choisi et traduit la plupart des poèmes qui composent cette anthologie. »




    IDA VITALE


    Ida Vitale
    Source




    ■ Ida Vitale
    sur Terres de femmes

    La palabra infinito (extrait de Procura de lo imposible)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur El País,‎ 15 novembre 2018)
    Ida Vitale, premio Cervantes 2018
    → (sur le site du magazine Le Point‎)
    Ida Vitale, l’alchimiste des lettres uruguayennes
    → (sur A media voz)
    une notice bio-bibliographique sur Ida Vitale (+ plusieurs poèmes)
    → (sur le site des Cahiers Max Jacob‎)
    une recension de Ni plus ni moins d’Ida Vitale, par Ingrid Tempel [PDF]





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  • Sandro Penna | [Nuit : rêve de fenêtres]




    Nuit - rêve de fenêtres
    Image, G.AdC





    [NOTTE : SOGNO DI SPARSE]



    Notte : sogno di sparse
    finestre illuminate.
    sentir la chiara voce
    dal mare. Da un amato
    libro veder parole
    sparire… ‒ Oh stelle in corsa
    l’amore della vita !






    [NUIT : RÊVE DE FENÊTRES]



    Nuit : rêve de fenêtres
    éparses illuminées.
    entendre la voix claire
    venue de la mer. D’un livre
    aimé voir des mots
    disparaître… ‒ Oh étoiles en fuite
    l’amour de la vie !




    Sandro Penna, « Poèmes, Poesie, 1927-1957 » in Croix et délice et autres poèmes [Croce e delizia, Mondadori Libri, Milano], Ypςilon, éditeur, 2018, pp. 100-101. Traduction de Bernard Simeone.






    Sandro Penna  Croix et délice






    SANDRO PENNA


    Sandro_Penna 3
    Source




    ■ Sandro Penna
    sur Terres de femmes


    L’automne me parle déjà
    Chroniques de printemps (+ notice bio-bibliographique)
    [La vie… c’est se souvenir d’un réveil]
    Un’estate




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur italialibri)
    une bio-bibliographie (en italien) sur Sandro Penna
    → (sur le site des Lettres françaises, n° 136, Nouvelle série, 14 avril 2016)
    d’autres poèmes de Sandro Penna, traduits par René de Ceccatty [PDF]





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  • Carine Adolfini-Bianconi | Je t’aime pour tes silences



    [JE T’AIME POUR TES SILENCES]



    Je t’aime pour tes silences tes rêves et ta patience
    pour notre alliance muette que l’infini reflète
    pour tes craintes, tes batailles, tes cognées tes entailles
    nos glissées dans l’aurore, ce que j’ignore encore
    pour tout ce qui m’échappe et loin de moi t’attire
    et pour les rares éclairs qui te font revenir.







    [TI TENGU CARU PÀ I TO SILENZII]



    Ti tengu caru pà i to silenzii sonnia è pacenzia
    pa’ a noscia allianza muta chi l’infinitu speria
    par ciò chì tu temi, I to bataglii piulati è trippi
    i nosci affaccati in l’albori, ciò ch’ùn cunnoscu ancu
    par tuttu ciò chì mi scappa è t’attira à longa di mè
    è pà l’arcìnditi rari chì ti fàcini vultà.




    Carine Adolfini-Bianconi, Ma béance ta demeure | A me spaccatura a to dimora, A Fior di Carta Éditions, 2018, pp. 84-85. Préface et traduction (français-corse) de Stefanu Cesari.






    Ma Béance 2





    CARINE ADOLFINI-BIANCONI


    Carine Bianconi
    Ph. D.R.




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Isularama)
    une recension de Ma béance ta demeure par Xavier Casanova
    → (sur le site des éditions A Fior di Carta)
    la fiche de l’éditeur sur Carine Adolfini-Bianconi





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