Étiquette : Traduction


  • Sandro Penna | [La vie… c’est se souvenir d’un réveil]





    [LA VITA… È RICORDARSI DI UN RISVEGLIO]





    La vita… è ricordarsi di un risveglio
    triste in un treno all’alba: aver veduto
    fuori la luce incerta: aver sentito
    nel corpo rotto la malinconia
    vergine e aspra dell’aria pungente.

    Ma ricordarsi la liberazione
    improvvisa è più dolce: a me vicino
    un marinaio giovane: l’azzurro
    e il bianco della sua divisa, e fuori
    un mare tutto fresco di colore.




    Sandro Penna, Poesie [1927-1938], in Poesie, Garzanti Editore, Collana Gli Elefanti, febbraio 2000 (settima edizione), p. 3. Prefazione di Cesare Garboli.







    Sandro Penna 2









    [LA VIE… C’EST SE SOUVENIR D’UN RÉVEIL]




    La vie… c’est se souvenir d’un réveil
    triste dans un train à l’aube : avoir vu
    au-dehors la lumière incertaine : avoir ressenti
    dans son corps brisé la mélancolie
    vierge et âpre de l’air piquant.

    Mais se souvenir de la délivrance
    soudaine est plus doux : près de moi
    un jeune marin : le bleu
    et le blanc de son uniforme, et au-dehors
    une mer aux couleurs toutes fraîches.




    Sandro Penna , « Un florilège » in Les Lettres françaises, 14 avril 2016, Nouvelle série, n° 136, page III. Traduction de René de Ceccatty.







    Les Lettres françaises 2






    SANDRO PENNA


    Sandro_Penna 3
    Source




    ■ Sandro Penna
    sur Terres de femmes


    Chroniques de printemps (+ notice bio-bibliographique)
    L’automne me parle déjà
    [Nuit : rêve de fenêtres] (poème extrait de Croix et délice)
    Un’estate




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur italialibri) une
    bio-bibliographie (en italien) sur Sandro Penna
    → (sur Imperfetta Ellisse) une
    note très pertinente (en italien) de Giacomo Cerrai à propos du centenaire de la naissance de Sandro Penna
    → (sur le site des Lettres françaises, n° 136, Nouvelle série, 14 avril 2016)
    d’autres poèmes de Sandro Penna, traduits par René de Ceccatty [PDF]





    Retour au répertoire du numéro d’avril 2016
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • John Taylor | [Vallée cachée sous le glacier]




    CFRubino-02
    Caroline François-Rubino, Boire à la source de John Taylor
    Source









    [VALLÉE CACHÉE SOUS LE GLACIER]




    Vallée cachée sous le glacier ; ruissellement de l’eau : doigts d’une main ;
    l’alpage est d’un vert fertile.
    Plus haut, un aigle s’envole d’une fissure qui est comme un passage secret.



    Entre deux prés de fauche, le chemin creux sur lequel nous avons souvent rencontré, à l’heure où le soleil se couche, le sculpteur sur bois. Face au soleil qui se couche.



    Rouge-queue se posant au pied de la croix du village.



    Un nuage comme une herse dans le ciel ; le lendemain soir,
    à nouveau un nuage-herse ; puis la pluie sans arrêt pendant des jours.



    Des gentianes d’un bleu profond au bord du chemin si haut que la végétation prenait fin et que nous entrions de plus en plus dans la pierraille. Les vitraux de Chartres.





    John Taylor, Boire à la source | Drink from the Source, Éditions Voix d’Encre, 2016, s.f. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Daviet. Aquarelles de Caroline François-Rubino. Préface de Sabine Huynh.







    Boire à la source






    JOHN TAYLOR


    Johntaylor
    Source




    ■ John Taylor
    sur Terres de femmes

    [Sometimes the island] (poème extrait de Portholes | Hublots)
    [all your life long] (poème extrait du Dernier Cerisier | The Last Cherry Tree)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Voix d’encre)
    la page de l’éditeur sur Boire à la source
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur John Taylor
    → (sur Mediapart)
    Littérature : le sens de la gravité de John Taylor, par Stéphane Vallet
    → (sur lelitteraire.com)
    une lecture de Boire à la source par Jean-Paul Gavard-Perret
    le site de Caroline François-Rubino
    le site de Sabine Huynh





    Retour au répertoire du numéro de mars 2016
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Vincenzo Cardarelli | Autunno

    « Poésie d’un jour

    choisie par Philippe Leuckx




    AUTUNNO



    Autunno. Già lo sentimmo venire
    nel vento d’agosto,
    nelle pioggie di settembre
    torrenziali e piangenti,
    e un brevido percorse la terra
    che ora, nuda e triste,
    accoglie un sole smarrito.
    Ora passa e declina,
    in quest’autunno che incede
    con lentezza indicibile,
    il miglior tempo della nostra vita
    lungamente ci dice addio.



    Vincenzo Cardarelli, Poesie, Arnoldo Mondadori Editore, collana Gli Oscar Mensili, 1966, pagina 23.






    Cardarelli






    AUTOMNE



    Automne. Nous le sentions venir
    dans le vent d’août
    dans les pluies torrentielles
    et plaintives de septembre,
    et un frisson parcourut la terre
    qui, nue et triste à présent,
    accueille un soleil égaré.
    Le temps passe et décline
    en cet automne qui avance
    avec une lenteur indicible,
    le meilleur temps de notre vie
    et longuement on se dit adieu.



    Traduction inédite de Philippe Leuckx







    VINCENZO  CARDARELLI


    Cardarelli
    Source



    ■ Vincenzo Cardarelli
    sur Terres de femmes

    Aprile



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur treccani.it)
    une notice bio-bibliographique (en italien) sur Vincenzo Cardarelli





    Retour au répertoire du numéro de février 2016
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • 23 janvier 1904 | Naissance de Louis Zukofsky

    Éphéméride culturelle à rebours




    Le 23 janvier 1904 naît à New York City le poète américain Louis Zukofsky. Assumant sa double ascendance russe et juive, Louis Zukofsky apprend l’anglais et s’inscrit à l’université de Columbia où il fait de brillantes études. Dès 1926, le jeune intellectuel à l’érudition surprenante publie sa première œuvre poétique importante : Poem Beginning “The” / “Le”, dans laquelle Zukofsky tente de concilier idéal politique et idéal poétique. En 1928, il entreprend la création de “A” , son œuvre maîtresse. Cette « œuvre ouverte » gigantesque, à la fois « épique et historique » (selon les mots du poète), considérée comme hermétique, le tient jusqu’en 1974. Structurées en vingt-quatre parties, les huit cent pages qui composent le poème font entendre, en une partition complexe, les voix multiples du monde contemporain.

    Zukofsky énonce sa méthode dans “A 12” :

    « À propos de ma poétique/musique/discours/Une intégrale/Limite inférieure discours/Limite supérieure musique ».

    Quel sens donner à ce “A” ? Le caractère polysémique du titre permet plusieurs interprétations, lesquelles se combinent et se recoupent. Selon Serge Gavronsky, le “A” désigne en premier lieu l’article indéfini anglais “A” : “Un” . Qu’il est possible de compléter selon Zukofsky par “A poem of a life” ; « Un » poème d’une vie. Mais “A” peut aussi désigner le nom propre du poème, la ligne de métro qui amenait le poète à Brooklyn. Ou encore « le sixième accord de la gamme en do majeur » dans le solfège anglais.






    “A” — 18 (EXTRAIT)




    Exhumer
    est-ce une fois pour toutes
    ma Valentine
    que je dis ça maintenant.
    Je le sais depuis toujours
    me voilà déjà mort
    et si j’en arrive là

    quel chagrin de
    te savoir toute seule.
    Je pense à toi
    privée de moi
    privé d’ans et
    privé d’heures
    ainsi va le temps.
    Égoïste je
    te souhaite vraiment
    de vivre
    assez longtemps

    sans occuper
    tout le temps
    à penser à moi
    ça n’a pas de sens
    car dans ta pensée
    je serai bien mort.
    Ne pleure pas
    je t’en prie
    dans le sens où
    je serai bien incapable
    de penser
    que je suis mort
    car je ne serai
    plus là
    près de toi
    je te dis
    maintenant
    ce que tu pressens
    depuis longtemps.

    Je suis ici laissons vivre les jours
    au fil des jours duvet d’oiseau soufflé sur
    les fils d’un grillage griffonné
    qui donnera vie à des pages.
    c’est iob (Job) qui ne veut donner sens aux majuscules
    swift aurait su d’emblée se lamenter à chaque anniversaire
    Yovad yom yahweh médecin major, forte houle
    haute comme le mât d’un navire nippon soleil
    levant sur le drapeau du grand mât
    il vogue après une semaine de mouillage dans
    les tourments d’une brume crépusculaire
    qui se lève à l’est et à l’ouest se couche.
    typee tatoué dans la trame mouillée
    et quand le major opéra une autre blessure il vit
    aussitôt la dictame tatouée SWAN nota plus tard
    après la guérison du marin c’est charmant quel à-propos et
    la balise dérive’ s’écria SWAN ! c’était SASKATCHEWAN
    […]



    Louis Zukovsky, “Aˮ (section 13 à 18), Éditions Virgile, Collection Ulysse Fin de Siècle, 2012, pp. 193-194. Traduction de Serge Gavronsky et François Dominique.







    Zukofsky A





    LOUIS ZUKOFSKY


    Louis Zukofsky
    Ph. : Ann Charters (1970)
    Source




    ■ Louis Zukofsky
    sur Terres de femmes

    « A » 9 (première partie)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    “Aˮ (section 13 à 18) de Louis Zukofsky (lecture de René Noël)
    → (sur le blog de La Quinzaine littéraire)
    Louis Zukofsky, « A » par Yves di Manno
    → (sur le site d’Éric Pesty Éditeur)
    la page consacrée à Louis Zukofsky





    Retour au répertoire du numéro de janvier 2016
    Retour à l’ index de l’éphéméride culturelle
    Retour à l’ index des auteurs


    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Torild Wardenær | Nous avons peut-être traversé la vie en dormant



    VI HAR KANSKJE SOVET OSS GJENNOM LIVET




    Vi har kanskje sovet oss gjennom livet
    flakket søvngjengeraktig omkring fra kjærlighet til kjærlighet
    mumlet oss inn i språkets allmakt
    drømt oss mot virkeligheters utkant
    glidd ut av døgnet, ut av decenniet.

    Kanskje skal vi våkne opp på dødens terskel med asurøyne
    med alle somrenes gulloblater i munnen
    villig gi oss selv tilbake til jorden i gave
    ja, vi vet det med sikkerhet nå: framtiden skal få oss
    de umælende fårene og de varmekjære sikadene skal vitne om det og
    fra offerstedets høyeste punkt
    skal svarttrosten, uten en flekk av synd
    synge og synge.



    Torild Wardenær, Paradiseffekten (« L’effet de paradis »), H. Aschehoug & Co., Oslo, 2004, page 7.






    Wardenaer-Torild-The-Paradise-Effect








    NOUS AVONS PEUT-ÊTRE TRAVERSÉ LA VIE EN DORMANT




    Nous avons peut-être traversé la vie en dormant,
    somnambules errant d’un amour à l’autre,
    bafouillant notre admission dans la toute-puissance du langage,
    nous rêvant nous-mêmes jusqu’aux bords de la réalité,
    glissant hors du cycle des jours, hors de la décennie.

    Nous nous réveillerons peut-être au seuil de la mort avec des yeux d’azur,
    avec dans la bouche les oboles d’or de tous les étés,
    pour docilement nous rendre à la terre, comme un cadeau,
    oui, nous en sommes sûrs maintenant : l’avenir nous prendra,
    en témoigneront les moutons sans paroles, les cigales éprises de chaleur, et
    du plus haut du lieu du sacrifice
    le merle, pur de tout péché
    chantera, chantera.



    Torild Wardenær, in Trois poètes norvégiens, édition bilingue, éditions du Murmure, Collection En dehors dirigée par Yolande Rasle, Dijon, 2011, page 141. Traduction Anne-Marie Soulier.






    Triois poètes norvégiens





    TORILD WARDENÆR


    Torild-warden34rportrett_med_hr
    Source



    “Jeg forsøker å skrive verden frem, intet mindre enn verden.”
    (Mens Higgsbosonet gnager, 2011)
    « J’essaie de faire apparaître le monde en l’écrivant, rien de moins que le monde. »




    Torild Wardenær est née le 30 novembre 1951 à Stavanger, petite ville portuaire du sud de la Norvège, où elle réside encore à ce jour.

    Son entrée en poésie est inaugurée en 1994 avec la publication du recueil I Pionértiden (« Au temps des pionniers »), auquel fait bientôt suite Null komma to lux (« Zéro virgule deux lux », 1995), Houdini til minne (« En mémoire de Houdini », 1997), Døgndrift (« Dérive des jours et des nuits », 1998).

    Non moins riche est la dernière décennie, avec Titanporten (« La Porte du Titan », 2001), Paradiseffekten (« L’Effet de Paradis », 2004), psi (2007), Mens Higgsbosonet gnager (mot à mot « Tandis que ronge le boson de Higgs », janvier 2011), Passord : Kairos (« Mot de passe : Kairos », 2013), tous encore inédits en France, à l’exception de quelques textes parus dans des revues.

    Certains de ses poèmes ont fait partie de diverses performances et expositions de land art. Son œuvre a été couronnée en Scandinavie par plusieurs prix de poésie prestigieux.

    Les titres de ses recueils disent assez le vif intérêt de Torild Wardenær pour l’exploration inlassable des mythologies comme des sciences dites exactes – domaine au demeurant rarement perçu comme « poétique » – voyages dont elle revient riche d’inépuisables tensions entre le monde physique et l’univers métaphysique.

    Sorcière à la chevelure « comme une meule de foin », aux rotules « pleines de sérum et d’argent », elle va et vient dans un temps « entre l’enfance et le royaume de Dieu », reçoit de l’au-delà des recettes de vie drolatiques, avale les étoiles « crues », et fait assez confiance à « la toute-puissance du langage » pour haranguer des foules rétives et écrire en secret à Guillaume Apollinaire.

    Sourcière secourue par sa seule intuition, elle ne s’interdit aucune époque ni aucune géographie, pourvu qu’elle y déniche des eaux vivaces, des oiseaux bavards, des éclosions inédites, de quoi nous convaincre enfin que science et poésie sont également spéculatives, et donc étrangement spéculaires.

    (notice d’Anne-Marie Soulier)





    Retour au répertoire du numéro de novembre 2015
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Ewa Lipska | La mémoire [Pamięć]



    Liska Droga







    PAMIĘĆ



    Droga pani Schubert, nie wiem, dlaczego nie rozpoznła mnie pani we śnie. Musiałem się przedstawiać i wręczałem pani zaszyfrowane wizytówki. Powoływałem się na blizny na produszce i na miasta, przez które biegły nasze telegraficzne struny głosowe. Zdawałem relacje z naszych aromatycznych koncertów. Cynamon. Imbir. Opisywałem znaki szczególne chwil: wszystkich naraz i każdej z osobna. A pani patrzyła na mnie pod światło, które ode mnie uciekało, gasło… I wtedy właśnie obudził mnie kaszel.






    LA MÉMOIRE



    Chère madame Schubert, je ne sais pas pourquoi vous ne m’avez pas reconnu en rêve. J’ai dû me présenter et je vous ai remis des cartes de visite codées. J’en ai appelé à mes cicatrices mon oreiller et aux villes à travers lesquelles passaient les fils télégraphiques de nos cordes vocales. J’ai relaté nos concerts aromatiques. Cannelle. Gingembre. J’ai décrit les signes particuliers des instants : pris tous ensemble et chacun à part. Vous me regardiez dans le contrejour qui me fuyait, s’éteignait… Et c’est alors qu’une toux m’a réveillé.



    Ewa Lipska, L’Amour, chère Madame Schubert… [Miłość, droga pani Schubert…, Wydawnictwo Literackie, Cracovie, 2013], Lanskine, “Collection Ailleurs est Aujourd’hui” — Domaine polonais, 2015, pp. 42-43. Édition bilingue. Traduction d’Isabelle Macor.





    Lipska 1





    EWA LIPSKA


    Ewa Lipska Portrait




    ■ Ewa Lipska
    sur Terres de femmes

    Nature morte [Martwa Natura] (extrait de Rumeur [Pogłos])
    Vertige amoureux [Zakochanie] (extrait de Lecteur d’empreintes digitales [Czytnik Linii Papilarnych])



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’Ewa Lipska
    → (sur le site des éditions LansKine)
    la fiche de l’éditeur sur L’Amour, chère Madame Schubert… d’Ewa Lipska
    → (sur Recours au Poème)
    une page sur Ewa Lipska
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Isabelle Macor-Filarska
    le site personnel d’Isabelle Macor-Filarska





    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2015
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Titos Patrikios | Ma langue




    Η ΓΛΩΣΣΑ ΜΟΥ



    Τη γλώσσα μου δεν ήταν εύκολο να τη φυλάξω
    ανάμεσα σε γλώσσες που πήγαιναν να την καταβροχθίσουν
    όμως στη γλώσσα μου συνέχιζα πάντα να μέτράω
    στη γλώσσα μου έφερνα τον χρόνο στα μέτρα του κορμιού
    στη γλώσσα μου πολλαπλασίαζα την ηδονή ως το άπειρο
    μ’αυτή ξανάφερνα στον νου μου ένα παιδί
    με ασπρο σημάδι από πετριά στο κουρεμένο του κεφάλι.
    Πάσχιζα να μη χάσω ούτε μια της λέξη
    γιατί σ’αυτή τη γλώσσα μου μιλούσαν κι οι νεκροί.







    MA LANGUE




    Ma langue ne m’a pas été facile à garder
    au milieu des langues qui allaient la dévorer
    mais c’est dans ma langue que je continuais à compter
    dans ma langue que j’amenais le temps aux mesures du corps
    dans ma langue que je multipliais la volupté jusqu’à l’infini
    en elle que me revenait à l’esprit un enfant
    avec la marque blanche laissée par un caillou jeté sur sa tête rasée.
    Je m’efforçais de ne perdre pas même un de ses mots
    parce que c’est dans cette langue que me parlaient même les morts.



    Titos Patrikios, Sur la barricade du temps, Anthologie bilingue, Le Temps des Cerises, Collection Vivre en poésie, 2015, pp. 204-205. Traduction du grec & choix de poèmes par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis. Préface d’Olivier Delorme.







    Titos Patrikios, Sur la barricade du temps





    Τίτος Πατρίκιος


    Titos Patrikios
    Source




    ■ Titos Patrikios
    sur Terres de femmes

    L’heure que je ne connais pas



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de L’Humanité)
    La Grèce aux pieds gonflés de Titos Patrikios, par Nicolas Dutent (lecture de Sur la barricade du temps)



    Retour au répertoire du numéro d’août 2015
    Retour à l’ index des auteurs


    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Ewa Lipska | Nature morte [Martwa Natura]





    Ewa Lipska








    NATURE MORTE [MARTWA NATURA]




    La nature morte commence à se gâter.
    Les vis des iris rouillent. Des fruits
    de Chardin Courbet Cézanne
    émane une odeur écœurante.
    La toile perd la vue.
    Dans un verre la pierre du vin.
    Noirceur insupportable.

    Visions prophétiques
    des dictateurs de la mode :
    Advient l’époque des éclairs.
    Le cor d’harmonie soufflera
    plantes batraciens terrestres et mammifères.

    Le temps se fera de plus en plus rare.
    De plus en plus court. De moins en moins.

    Alors sors de ton sac notre amour.
    Et dépêche-toi. Le lambeau d’ultramarine
    annonce que nous arriverons juste à temps pour le rire.



    Ewa Lipska, Rumeur [Pogłos, Wydawnictwo Literackie, Kraków, 2010], suivi de Chère Madame Schubert, Éditions LansKine, 2015, page 26. Traduit du polonais par Isabelle Macor.







    Rumeur 2





    EWA LIPSKA


    Ewa Lipska Portrait





    ■ Ewa Lipska
    sur Terres de femmes

    La mémoire [Pamięć] (extrait de L’Amour, chère Madame Schubert… [Miłość, droga pani Schubert…])
    Vertige amoureux [Zakochanie] (extrait de Lecteur d’empreintes digitales [Czytnik Linii Papilarnych])



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’Ewa Lipska
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Isabelle Macor-Filarska
    le site personnel d’Isabelle Macor-Filarska



    Retour au répertoire du numéro de juin 2015
    Retour à l’ index des auteurs


    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Oliver Friggieri | Storja skura



    J’entrerai heureux comme un voleur au port
    Ph., G.AdC








    STORJA SKURA


    Issa li s-sema ccara nhares lura,
    Bil-mod il-mod il-halel qeghdin jorqdu,
    Mill-ocean ma tasal ebda raghda.
    Stennieni nholl il-qlugh u nsib l-imqadef
    Biex nidhol bhal halliel ferhan fil-qala.
    Hawnhekk l-istess cafcifa ddur mad-dghajsa,
    Il-hut iz-zghir jittawwal, jien nittama.
    Minn kull nawfragju tohrog storja skura
    Li hawn fil-moll kulhad irid jismaghha.






    HISTOIRE OBSCURE


    Maintenant que le ciel s’est éclairci, regarde derrière toi,
    lentement les flots sont en train de s’assoupir,
    de l’océan ne parvient aucun bruit.
    Attends-moi pour déployer les voiles et prendre les rames,
    j’entrerai heureux comme un voleur au port.
    Ici le même remous tourne autour de la barque,
    les petits poissons regardent sans peur,
    le môle accueillant est en attente et moi j’espère.
    De chaque naufrage émerge une histoire obscure
    que sur le môle chacun ici veut entendre.



    Oliver Friggieri in Cahiers littéraires internationaux Phoenix, « Voix d’ailleurs », automne 2014, n° 15, pp. 114-115. Traduction d’André Ughetto et Corrado Belluomo, d’après une version italienne de Bruno Rombi.





    OLIVER FRIGGIERI


    Friggieri
    Source



    Docteur en littérature maltaise, chef du département de langue maltaise à l’Université de Malte, Oliver Friggieri, qui écrit en maltais, anglais et italien, compte parmi les grands auteurs de l’archipel.

    Son œuvre est variée, poésie, essais, romans, nouvelles. Traduits en de nombreuses langues, ses poèmes s’attachent à la relation des hommes au divin, à la place de l’histoire dans le destin, aux thèmes nationaux identitaires des Maltais. Oliver Friggieri s’est vu décerner divers prix littéraires internationaux, parmi lesquels le Premio Mediterraneo Internazionale (Palerme, 1988), et le Malta Government Literary Award (1988, 1996, 1997).

    Oliver Friggieri est également membre de l’Association Internationale des Critiques Littéraires de Paris, et membre fondateur de l’Academia Internationala Mihai Eminescu, de Craiova. [Source]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Transcript)
    une notice bio-bibliographque sur Oliver Friggieri
    → (sur en.wikipedia)
    une notice (en anglais) sur Oliver Friggieri






    Retour au répertoire du numéro de janvier 2015
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes