Étiquette : Traduit de l’italien


  • Elisa Biagini | [Les nuits se ferment]




    [MI SI CHIUDONO LE NOTTI]




    Mi si chiudono
    le notti dentro
    il palmo,

    ti tocco
    e sei d’inchiostro.



    Troppe cose gia dette,
    troppo già respirato,

    nel palmo
    solo una pietra risputata,
    piccolo come
    una mandorla

    (il dolce è troppo
    nascosto e troppo
    duro il guscio).

    Contami tra le mandorle.1



    La lingua vola ovunque, rotola,
    gettala via, gettala via,
    e cosí la riavrai
    2 :
    sarà un frullare d’orecchio,
    un’ala che s’apre a misurare il cielo.







    [LES NUITS SE FERMENT]




    Les nuits se ferment
    dans ma
    paume,

    je te touche
    et tu es d’encre.



    Trop de choses déjà dites,
    déjà trop respiré,

    dans la paume
    rien qu’une pierre recrachée,
    petite comme
    une amande

    (le doux est trop
    caché et trop
    dure la coquille).

    Compte-moi parmi les amandes.



    La langue vole un peu partout, roule,
    jette-la, jette-la
    ainsi tu l’auras à nouveau
    :
    ce sera un battement d’oreille,
    une aile qui s’ouvre pour mesurer le ciel.




    __________________
    1. Zähle mich zu den Mandeln
    2. wirf sie weg, wirf sie weg,|dann hast du sie wieder




    Elisa Biagini, « Donner de l’eau à la plante du rêve (dialogue avec Paul Celan) », Depuis une fissure (Da una crepa, Giulio Einaudi editore, Collezione di poesia 421, 2014, pp. 11-13), édition bilingue, éditions Cadastre8zéro, Collection Donc dirigée par Bernard Noël, 80000 Amiens, 2017, pp. 18-23. Traduit de l’italien par Roland Ladrière.






    Elisa Biagini  Depuis une fissure






    ELISA BIAGINI



    Elisa Biagini 2





    ■ Elisa Biagini
    sur Terres de femmes

    Depuis une fissure (note de lecture d’AP)
    Nel bosco | Dans le bois (note de lecture d’AP)
    La gita (poème extrait de Da una crepa)
    Sotto i castagni (extrait du recueil L’ospite) (+ notice bio-bibliographique)
    Elisa Biagini au Centre d’Études Poétiques de l’ENS de Lyon (chronique de Marie-Ange Sebasti)
    Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci (trois poèmes extraits de Nel bosco, avec leur traduction en français par AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Da una crepa
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait d’Elisa Biagini (+ un poème extrait du recueil L’ospite, un poème extrait d’Acqua smossa et un poème extrait de Da una crepa. Traduction inédite d’AP)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des editions Cadastre8zéro)
    la fiche de l’éditeur sur Depuis une fissure d’Elisa Biagini
    → (sur La Cause Littéraire)
    une lecture de Depuis une fissure par Philippe Leuckx
    le site personnel d’Elisa Biagini
    → (sur Lyrikline)
    dix poèmes d’Elisa Biagini dits par Elisa Biagini (+ traduction française)
    → (sur Italies)
    Anthologie bilingue d’Elisa Biagini, par Estelle Ceccarini
    → (sur Italies)
    La poésie d’Elisa Biagini, images de l’intime et démystification du monde, par Estelle Ceccarini
    → (sur Poetry International Web) une
    bio-bibliographie d’Elisa Biagini (+ de nombreux poèmes)
    → (sur Nazione Indiana)
    Domande da una crepa: intervista a Elisa Biagini
    → (sur le site de Chelsea Editions)
    une page sur Elisa Biagini





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  • 29 janvier 1987 | Mort de Carlo Cassola

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 29 janvier 1987 meurt à Montecarlo (région de Lucca) en Toscane, l’écrivain italien Carlo Cassola.


    Né le 17 mars 1917 à Rome, Carlo Cassola meurt à l’âge de 69 ans. Carlo Cassola est l’auteur de nombreux récits et romans. Parmi lesquels Fausto e Anna (Einaudi, 1952), La Coupe de bois (Il taglio del bosco, Fabbri, Milano, 1953), Un cœur aride (Un cuore arido, Einaudi, 1961), Le Chasseur (Il cacciatore, Einaudi, 1964), Anna de Volterra (Paura e tristezza, Einaudi, 1970), …


    Son œuvre la plus connue, La ragazza di Bube (Einaudi, 1960), publiée en français en 1962 (éditions du Seuil) sous le titre La Ragazza, dans une traduction de Philippe Jaccottet, a été récompensée par le prix Strega. Le roman a inspiré à Luigi Comencini le film éponyme (La Ragazza, 1963). Avec Claudia Cardinale dans le rôle de Mara.







    Claudia Cardinale dans la Ragazza







    Ci-dessous, un extrait de La ragazza di Bube [+ la traduction en français par Philippe Jaccottet]


    [Au lendemain de la Libération, Mara tombe amoureuse du partisan Bube, héros de la Résistance]



    [ANDIAMO?]


    «Andiamo?» disse tendendogli la mano.

    «Dove?»

    «Al torrente. All’affluente» e si mise a ridere. «A lavarci il musino.»

    «Oh, si, ne sento proprio il bisogno di darmi una lavata.»
    Rientrarono a prendere la roba: il sapone, gli spazzolini, il dentifricio: involtarono tutto nell’asciugamano. Bube lo diede a tenere a lei: «Dimenticavo una cosa».

    Mara lo vide che si affannava intorno allo zaino. La rivoltella gli scintillò nelle mani; se la mise nella tasca di dietro. E Mara sentì come un malessere dentro… Ma fu un attimo; e mentre scendevano quasi correndo per il viottolo, non c’era che un sentimento in lei, il piacere di trovarsi in campagna, libera di fare quello che voleva, e l’eccitazione di esser sola col fidanzato.

    Il torrento era come una strada incassata tra due argini alti, sopra cui cresceva rigogliosa la macchia; che in qualche tratto stendeva i suoi rami nel mezzo, fino quasi a coprire la vista del cielo. Un po’ più su c’era una cascatella, e fu lì che si lavarono.

    Bube si sbrigò in un minuto e risalì nel campo, perché lei potesse fare il suo comodo.

    «Bubino. Non guardi mica, eh? Perché sono nuda.»

    Era nuda fino alla cintola, infatti: si lavò il petto e le spalle, quindi si tirò su la maglia di cotone e la sottana, e tornò a infilarsi il reggipetto e la camicetta, che aveva appeso a un ramo.

    Bube era sdraiato ai piedi di un gigantesco ciliegio al cui tronco era abbarbicata una vite, che arrivata all’altezza dei rami ricadeva all’indietro.

    «Bubino, questo ciliegio e questa vite… a che cosa ti fanno pensare?» Egli non capì, e lei : «A me, a due innamorati. Lui è il giovanotto, e lei, la ragazza.»

    «Lui chi?»

    «Lui il ciliegio. Vedi, lei vorrebbe abbracciarlo, e lui la respinge.»

    Bube aveva afferrato l’idea:

    «Si potrebbe anche dire il contrario: lui la abbraccia, e lei gli sfugge.»

    «No, è come dico io. Sono come io e te» aggiunse improvvisamente. «Tu mi respingi sempre, Bubino.»

    «Dici così per via di ieri? Ma c’erano quelli a caricare la ghiaia…»

    «Ora però non c’è nessuno. Perchè non mi abbracci?»

    Bube la guardò, incerto:

    «Ora sto fumando.»

    «Vedi, una scusa la trovi sempre.»



    Carlo Cassola, La ragazza di Bube, Seconda Parte, capitolo III [Einaudi, Torino, 1960], Mondadori Libri, I edizione Oscar Moderni, maggio 2016, Milano, pp. 78-79.






    Carlo Cassola  La ragazza di Bube






    [ON Y VA ?]


    « On y va ?

    — Où ça ?

    — Au torrent. À l’affluent, précisa-t-elle en riant. Nous laver le museau.

    — D’accord. J’en ai rudement besoin. »

    Ils rentrèrent prendre leurs affaires : le savon, les brosses à dents, la pâte dentifrice. Ils enveloppèrent le tout dans l’essuie-main, que Bube passa à Mara :

    « J’oubliais quelque chose. »

    Mara le vit s’affairer autour du sac. Le revolver lui brilla dans les mains : il le glissa dans sa poche de derrière. Mara en éprouva un vague malaise, mais qui ne dura pas. Tandis qu’ils dévalaient en courant le sentier, il n’y avait plus en elle que le plaisir d’être à la campagne, libre de faire ce qu’elle voulait, et l’excitation d’être seule avec son fiancé.

    Le torrent avait l’air d’une route encaissée entre deux hautes berges sur lesquelles poussaient de vigoureuses broussailles ; celles-ci, parfois, formaient au-dessus du cours d’eau une voûte si touffue que le ciel n’était plus visible. L’eau était rare au point qu’elle suffisait tout juste à mouiller la terre jaunâtre. Un peu plus haut, elle formait une petite cascade : ce fut là qu’ils se lavèrent.

    Bube eut terminé presque aussitôt et remonta dans le champ pour que Mara pût faire toilette à son aise.

    « Bubino. Tu ne regardes pas, surtout ! Je suis toute nue. »

    Elle était nue jusqu’à la ceinture. Elle se lava le torse et les épaules ; puis elle remonta sa camisole de coton et son jupon ; enfin, elle remit son soutien-gorge et sa blouse qu’elle avait accrochés à une branche.

    Bube était étendu au pied d’un gros cerisier ; au tronc était accrochée une vigne qui, arrivée à la hauteur des branches, retombait en arrière.

    « Bubino, ce cerisier et cette vigne… à quoi te font-ils penser ? »

    Comme il ne comprenait pas, elle poursuivit :

    « Moi, à deux amoureux. Lui c’est le garçon, elle la fille.

    — Lui qui ?

    — Le cerisier. Tu vois, elle voudrait l’étreindre, et lui la repousse ? »

    Bube avait compris l’idée :

    « On pourrait aussi dire le contraire : il l’étreint, et elle se dérobe.

    — Non, c’est comme je te dis. Ils sont comme toi et moi, ajouta-t-elle brusquement. Tu me repousses toujours, Bube.

    — Tu penses à hier ? Mais il y avait ces ouvriers qui chargeaient le gravier…

    — Aujourd’hui il n’y a personne. Pourquoi ne m’embrasses-tu pas ?

    Bube la regarda, hésitant :

    « Je suis en train de fumer.

    — Tu vois, tu trouves toujours des excuses. »



    Carlo Cassola, La Ragazza [éditions du Seuil, 1962], Éditions Cambourakis, Collection Letteratura, 2015, pp. 121,122,123. Traduit de l’Italien par Philippe Jaccottet.






    Carlo Cassola  La Ragazza






    CARLO CASSOLA


    Carlo-cassola 2





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Cambourakis)
    la fiche de l’éditeur sur La Ragazza de Carlo Cassola






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    » Retour Incipit de Terres de femmes

  • Fabio Scotto, “Musée Thyssen Bornemisza Madrid”, Jacob Isaacksz Van Ruisdael




    Ruisdael
    Jacob Isaacksz VAN RUISDAEL,
    Chemin à travers champs de blé dans le Zuiderzee, v. 1660-1662
    Huile sur toile, 44,8 x 54,6 cm
    Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid
    Tous droits reserves
    Source








    JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
    Camino entre campos de trigo cerca del Zuider Zee, 1660-1662





    Due sentieri s’incontrano
    nella piana che sale
    Sole che filtra
    tra le nubi
    Lontani
    una casa
    un mulino
    una cattedrale
    Mucche al pascolo
    un viandante
    un cane
    Il grigio minaccia l’azzurro
    Chissà dov’è
    Lo Zuider Zee…



    Fabio Scotto, « Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid », Bocca segreta, Poesie 2004-2007, Bagno a Ripoli (Firenze), Passigli Poesia, 2008, p. 48.







    JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
    Chemin à travers champs de blé dans le Zuiderzee, 1660-1662





    Deux sentiers se rejoignent
    dans la plaine qui monte
    Soleil qui filtre
    entre les nuages
    Au loin
    une maison
    un moulin
    une cathédrale
    Des vaches en pâture
    un vagabond
    un chien
    Le gris menace l’azur
    Qui sait où c’est
    le Zuiderzee…



    Traduction inédite d’Angèle Paoli
    pour Terres de femmes (décembre 2008)







    JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
    Camino atraversando campos de trigo cerca de Zuider Zee, 1660-1662





    Deux sentiers se rejoignent
    dans la plaine qui monte
    Soleil qui filtre
    entre les nuages
    Lointains
    une maison
    un moulin
    une cathédrale
    Vaches en pâturage
    un passant
    un chien
    Le gris menace l’azur
    Qui sait où est
    le Zuider Zee…



    Fabio Scotto, “Musée Thyssen Bornemisza Madrid” in Bouche secrète, Éditions du Noroît, Montréal (Québec), 2016, page 40. Traduit de l’italien par Francis Catalano.






    Fabio Scotto  Bouche secrète





    FABIO SCOTTO


    Fabio Scotto
    Source




    ■ Fabio Scotto
    sur Terres de femmes


    A riva | Sur cette rive (note de lecture d’AP)
    Regard sombre (extrait de A riva | Sur cette rive)
    Je t’embrasse les yeux fermés (poème issu du recueil Le Corps du sable)
    Le Corps du sable (note de lecture d’AP)
    Ces paroles échangées (poème issu du recueil L’intoccabile)
    China sull’acqua… (traductions croisées)
    Tra le vene del mondo (extrait de La Grecia è morta e altre poesie)
    La Peau de l’eau (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Venezia — San Giorgio-Angelo (extrait de La Peau de l’eau)
    Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (onze « poèmes peints » traduits en 2008 par AP)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site de l’écrivain Claude Ber)
    un dossier Fabio Scotto (dimanche 27 février 2011)
    → (sur Lyrikline)
    Fabio Scotto disant dix de ses poèmes





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Anna Maria Ortese | « Les Petites Personnes »





    « LES PETITES PERSONNES »
    (extrait)





    Mais je reviens au point important. Je considère que les animaux, à cause de leur visage, de leur sensibilité et de leur compréhension évidente, appartiennent à la même famille que celle dont est venu, terriblement armé de la faculté de raisonnement, l’homme : à celle de la vie. Ce que l’animal ne possède pas, c’est uniquement la faculté de raisonner, la férocité de vandale poussée à l’extrême, l’orgueil ridicule de la faculté de raisonner, la capacité de désacraliser et d’exploiter la vie : c’est pourquoi il n’est pas considéré comme un peuple, alors qu’il devrait l’être, ni comme un être différent, une personne appartenant à la vie, mais considéré comme une chose, et traité en tant que telle.

    Nous croyons tout savoir sur les élevages, les abattoirs et la chasse, les expériences et les jeux, qui ont pour cible, depuis un temps immémorial, les Petites Personnes. Nous ne savons rien. Et si nous savions vraiment, nous mourrions de douleur et de honte, et nous frapperions irrémédiablement les cœurs humains qui existent pourtant, parmi nous. C’est donc une entreprise que je ne tenterai pas. Mais gare, a-t-on envie de dire, gare à l’homme qui accepte et pratique ces choses-là, et gare aux pays qui n’ont jamais eu scrupule à les faire, gare à tous ces garnements qui s’en lavent les mains et qui répètent stupidement : cela a toujours existé et cela doit continuer à exister. Au fond, ce ne sont que des animaux. Seul l’homme est important.

    Quel homme ! aurais-je envie de répondre. Sans fraternité, il n’y a pas d’hommes, mais des contenants de viscères, et un peuple constitué de contenants n’existe pas, ce n’est pas un peuple. L’homme est fait de fraternité, qui dit « homme » dit essentiellement « fraternité ». Et un homme — ou un peuple — qui se place au centre de la vie en disant « Moi », en frappant fort sa poitrine, n’est qu’un singe dégradé (alors que le singe ne l’est pas).

    J’écris tout cela sans ordre. C’est que mon caractère est méchant, il n’est pas bon, il n’est pas tendre, et dès que je rencontre de la présomption et de la lâcheté, qui entrent en maîtres dans le territoire de l’innocence et de la faiblesse, je voudrais prendre les armes, m’emparer d’un sabre, et faire tomber des têtes infectées. Mais je me transformerais alors en l’une d’elles, et donc, chassons ce désir.

    C’est juste une manière de dire. À partir du jour où j’ai commencé à comprendre certaines choses (et c’est un jour d’il y a longtemps, il appartient à ma première jeunesse), je n’ai plus aimé l’homme sincèrement, ou je l’ai aimé avec tristesse.

    Je dirais que je me suis efforcée de l’aimer, j’ai été émue par lui et j’ai tenté de comprendre l’origine de sa dégradation, d’être humain en maître. Ce serait trop long à raconter, et je ne peux pas le faire ici. Mais j’ai compris que plus l’homme (et la femme) ignore les Petites Personnes, plus il est indigne de s’appeler « homme », et que son autorité, lorsqu’il l’a gagnée, est mortelle pour les hommes.



    Anna Maria Ortese, « Les Petites Personnes » in « Frères différents » in Les Petites Personnes, En défense des animaux et autres écrits [Le Piccole Persone, Adelphi edizioni, Milano, 2016], Actes Sud, Collection « un endroit où aller », 2017, pp. 148-149-150. Traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli.






    Anna Maria Ortese  Les Petites Personnes  Actes Sud





    ANNA MARIA ORTESE


    Anna Maria Ortese





    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Actes Sud)
    la fiche de l’éditeur sur Anna Maria Ortese
    → (sur YouTube)
    un entretien avec Marguerite Pozzoli, traductrice du livre Les Petites Personnes. En défense des animaux et autres écrits par Anna Maria Ortese. Entretien réalisé par Michele Canonica pour le site L’Italie en direct. Février 2017.





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  • Bartolo Cattafi, Mars et ses ides (extraits)



    CHI TI SQUADRÒ LA PIETRA



    Chi ti squadrò la pietra
    l’eresse
    l’imbiancò di calce
    alla porta ti mise
    un cane catenario
    alla finestra una fitta
    pianta di basilico
    ora fuori ti scaccia
    su tante strade ti manda
    le spalle ti percuote
    perché tu esca dal buio e dal vuoto
    della casa del cane della pianta.




    MARZO E LE SUE IDI



    Di tutto diffido
    del pugnale di bruto
    della tenera carne di cesare
    dello stesso destino
    che passi presto il tempo
    vengano alfine marzo e le sue idi.




    FALSE ACACIE



    Un blocco di false acacie
    diritte all’apparenza
    d’anima invece obliqua
    pescano in un mare d’ombra
    producono un verde di sott’acqua
    supporti d’usignoli e di silenzio
    tendono forti braccia
    diffondono qualcosa
    chiuso orto infinito
    bel serbatoio di ciò che non appare.



    Bartolo Cattafi, Marzo e le sue idi, 1972-1973, Arnoldo Mondadori editore, Collana Lo Specchio. I poeti del nostro tempo, 1977.






    Bartolo Cattafi, Marzo e le sue idi








    QUI T’ÉQUARRIT LA PIERRE



    Qui t’équarrit la pierre
    la dressa
    la passa à la chaux
    mit un chien enchaîné
    à ta porte
    sur ta fenêtre une plante
    touffue de basilic
    maintenant te chasse dehors
    t’envoie sur tant de routes
    frappe tes épaules
    afin que tu sortes de l’obscurité et du vide
    de la maison du chien de la plante.




    MARS ET SES IDES



    Je me méfie de tout
    du poignard de brutus
    de la chair tendre de césar
    du destin lui-même
    que passe vite le temps
    que viennent à la fin mars et ses ides.




    FAUX ACACIAS



    Un bloc de faux acacias
    droits en apparence
    d’âme au contraire oblique
    pêchent dans une mer d’ombre
    produisent un vert de sous l’eau
    des supports de rossignols et de silence
    tendent des bras solides
    défendent quelque chose
    potager clos infini
    beau réservoir de ce qui point n’apparaît.



    Bartolo Cattafi, Mars et ses ides, 1972-1973, éditions Héros-Limite, Genève, 2014, pages 10, 60, 115. Traduit de l’italien et postfacé par Philippe Di Meo.






    Bartolo Cattafi, Mars et ses ides





    BARTOLO  CATTAFI


    Bartolo cattafi (2)



    ■ Bartolo Cattafi
    sur Terres de femmes

    L’Alouette d’octobre (extraits)



    ■ Voir aussi ▼

    le site officiel de Bartolo Cattafi
    → (sur le site de Bartolo Cattafi)
    de nombreux poèmes extraits de Mars et ses ides (éditions Héros-Limite, 2014), traduits en français par Philippe Di Meo (+ la postface de Philippe Di Meo)[PDF]
    → (sur le site des éditions Héros-Limite)
    la fiche de l’éditeur sur Mars et ses ides
    → (sur Imperfetta Ellisse de Giacomo Cerrai)
    d’autres poèmes de Bartolo Cattafi
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    un article (en italien) de Giuseppe Panella : « I viaggi nella poesia di Bartolo Cattafi »
    (+ une notice bio-bibliographique)

    → (sur revestito.it)
    de nombreux poèmes de Bartolo Cattafi
    → (sur The Drunken Boat)
    une page sur Bartolo Cattafi (en anglais)





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  • Attilio Bertolucci | Crépuscule




    CREPUSCOLO
    Ph., G.AdC






    CREPUSCOLO



    Dolcemente muore
    il giorno d’inverno,
    migra la luna
    sul Parma ai colli che imbrunano.

    A quest’ora quando su Antognano
    passava s’accendeva la lucerna.
    Oggi, qualche volto che s’illuminava
    all’improvvisa fiamma è al buio per sempre.

    Come indugia il crepuscolo,
    crudele o pietoso?
    No, è gennaio al decline
    e il giorno s’allunga.






    CRÉPUSCULE



    Doucement meurt
    le jour d’hiver,
    la lune migre
    sur la Parma vers les collines qui noircissent.

    À cette heure, quand elle passait
    sur Antognano, on allumait la lanterne.
    Aujourd’hui, certains visages qui s’éclairaient
    à cette flamme soudaine sont dans le noir à jamais.

    Le crépuscule tarde, mais comment,
    cruel ou charitable ?
    Non, c’est janvier sur son déclin
    Et le jour s’allonge.



    Attilio Bertolucci, « VI. Poèmes épars » in Voyage d’hiver, Éditions Verdier, Collection « Terra d’altri », 1997, pp. 226-227. Traduit de l’italien par Muriel Gallot. Préface de Bernard Simeone.

    Attilio Bertolucci, Voyage d'hiver






    ATTILIO BERTOLUCCI


    Attilio Bertolucci
    Source




    ■ Attilio Bertolucci
    sur Terres de femmes


    Piccolo autoritratto (Caffè Greco) [extrait de Voyage d’hiver]
    18 novembre 1911 | Naissance d’Attilio Bertolucci (+ un extrait de Verso le sorgenti del Cinghio)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Verdier)
    une bio-bibliographie écrite par Bernard Simeone
    → (sur YouTube)
    un hommage (en italien) à Attilio Bertolucci à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du poète, en présence de Giuseppe et de Bernardo Bertolucci (Festivaletteratura di Mantova 2011, INEDITA ENERGIA, Omaggio ad Attilio Bertolucci, sabato 10 settembre 2011 alle 11:00, Palazzo Ducale)
    → (sur Chroniques Italiennes | Université de la Sorbonne nouvelle)
    Brouillage syntaxique et traduction : La camera da letto d’Attilio Bertolucci





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  • Antonia Pozzi, La Vie rêvée

    par Angèle Paoli

    Antonia Pozzi, La Vie rêvée,
    Journal de poésie 1929-1933,

    éditions Arfuyen,
    Collection Neige, volume 32, 2016.
    Traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf.



    Lecture d’Angèle Paoli


    Chant de ma nudité
    Ph., G.AdC





    UNE ÂME EN PROIE À L’APPEL DU NAUFRAGE




    Née le 13 février 1912, Antonia Pozzi est âgée de dix-sept ans lorsqu’elle se lance dans l’écriture de son Journal de poésie. C’est avec « La mascarade des pêcheurs », un tout petit poème très ramassé mais dense, écrit à Sorrente le 2 avril 1929, qu’elle donne sa tonalité à La Vie rêvée. La vie est déjà perçue, ce jour-là, comme une mascarade – envers du rêve. Éprise d’absolu et de pureté, torturée par le doute et par le sentiment exacerbé d’une « inanité convulsive », la jeune femme est confrontée très tôt à une inquiétude existentielle, à l’angoisse et au déchirement. Et ce, jusqu’à sa mort, onze ans plus tard. Antonia Pozzi choisit en effet de disparaître en mettant fin à ses jours. Le 2 décembre 1938.

    Le premier tome de La Vie rêvée couvre cinq années. De 1929 à 1933. Années adolescentes au cours desquelles la jeune fille écrit sa vie au fil des jours sous forme de poèmes. De manière régulière, presque quotidiennement durant l’année 1929, avec des ellipses plus importantes au cours des quatre années suivantes. Chaque poème, précisément daté, fait le plus souvent mention du lieu où il a été écrit. Milan, la ville natale d’Antonia Pozzi, étant le plus représentée. Mais aussi Pasturo, lieu privilégié des vacances familiales dans la Valsassina ; Santa Margherita, Silvaplana, Varese, Campiglio… Palermo, Kingston, Siracusa… Il arrive que le lieu d’écriture diffère du lieu évoqué par le poème. C’est le cas du poème « La petite gare de Torre Annunziata », sise aux pieds du Vésuve, poème sans doute écrit à Milan, au lendemain d’une escapade napolitaine, le 17 avril 1929.

    Tous ces points confortent le lecteur dans l’idée que l’ouvrage est bel et bien un « journal ». Quand bien même Eugenio Montale, dans un article rédigé en 1945, a refusé de voir dans cette œuvre un « journal de l’âme ». Montale proposant dans ce même article de lire le recueil comme un « livre de poésie », « témoignage des œuvres de notre temps ». Dans sa préface à La Vie rêvée, Thierry Gillyboeuf, traducteur de cette œuvre imposante, foisonnante et bouleversante, définit (subtilement) l’écriture d’Antonia Pozzi comme une « sorte de poésie diariste ». Se fondant, pour le choix de cette expression, sur le sous-titre — Diario di poesia — sous lequel l’éditeur Mondadori avait publié Parole en 1943.

    Certains poèmes ont un ou une dédicataire. Par exemple, les initiales L. B. sont celles de Lucia Bozzi, l’amie de cœur, la grande confidente d’Antonia Pozzi. Mais on trouve le plus souvent l’adresse Ad A.M.C. Ainsi le poème « Offrande à une tombe », dédié à Antonio Maria Cervi, professeur de latin-grec du lycée Manzoni. La tombe étant celle du frère de Cervi, tué pendant la Première Guerre mondiale. Fascinée par l’érudition de son professeur (de seize ans son aîné), par sa culture, par le raffinement de ses goûts, par sa passion à enseigner, la jeune fille tombe amoureuse. Avec le renoncement à cette idylle, contrariée par un veto paternel, prend fin « la vie rêvée », en 1933.

    « Oh ! pour t’avoir rêvée,

    ma chère vie,

    je bénis les jours qui restent —

    la branche morte de tous les jours qui restent,

    qui servent

    à te pleurer. »

    (25 septembre 1933)

    Quels que soient l’époque ou les lieux évoqués, une même ligne de force traverse le paysage mental d’Antonia Pozzi et l’ensemble du livre. La mort y est omniprésente. Elle se manifeste sous des formes ou métaphores diverses — « lierre noir », « chrysanthèmes », « cimetière » de rochers… — une mort que la jeune femme semble désirer. Ou, du moins, appelle de ses vœux.

    Ainsi dans « Alpage » :

    «… qu’il serait bon

    de se fracasser sur un rocher,

    et la mort serait

    vie lumineuse et certaine, à défaut d’esprit

    qui dit qu’ici Dieu n’est pas loin. »

    (Pasturo, 28 août 1929, p. 89)

    Le poème le plus impressionnant est sans nul doute « Chant sauvage », écrit un mois plus tôt. Il préfigure la mort réelle de la poète, non pas qu’il l’annonce mais parce qu’il en suggère par anticipation la trame. La poète, exaltée par la joie que lui a procurée son excursion en montagne, évoque la vision idéalisée de sa propre mort :

    « Au loin, dans un triangle de vert,

    le soleil s’attardait. J’aurais voulu

    bondir, d’un seul élan vers cette lumière ;

    m’allonger au soleil et me dénuder,

    pour que le dieu mourant s’abreuve

    de mon sang. Et puis rester, la nuit,

    étendue dans le pré, les veines vides :

    les étoiles — lapidant folles de rage

    ma chair desséchée, morte. »

    (Pasturo le 17 juillet 1929, p. 71)

    Antonia Pozzi mettra en scène sa mort le 2 décembre 1938, dans la belle nature de l’abbaye cistercienne de Chiaravalle où elle a coutume de se rendre. « Là elle avale plusieurs comprimés de barbituriques et s’allonge dans un pré voisin en attendant la mort. » (Préface de Thierry Gillybœuf ). Là, peut-être, pour la première fois, rêve et réalité se rejoignent-ils pour former un visage unique.

    Chez la jeune poète, la pensée de la mort s’accompagne de visions de pureté, de nudité, de virginité. Visions non dénuées d’érotisme, qu’elle synthétise dans les derniers vers de « Chant de ma nudité » :

    « Aujourd’hui, je me cambre nue, dans la pureté

    du bain blanc et je me cambrerai nue

    demain sur un lit, si quelqu’un

    me prend. Et un jour nue, seule,

    je serai étendue sur le dos sous un trop plein de terre,

    quand la mort aura appelé. »

    (Palerme, 20 juillet 1929, p. 77)

    La mort semble être l’aboutissement ultime et recherché de l’exaltation qui habite Antonia Pozzi. Exaltation liée à l’ascension. Réelle en montagne et requérant l’effort, l’ascension fait partie intégrante du rêve. Elle s’accentue à la tombée du jour avec le battement des cloches — « inexorables les cloches » — et culmine avec les images de mort.

    « Les cloches scandent pour moi le rythme

    d’une ascension ce soir.

    […]

    Mes pas ne quittent pas le rythme

    des cloches, ce soir :

    cloches aussi graves, pénibles et lentes

    que mon ascension.

    Soudain, au loin

    une cloche

    résonne plusieurs fois.

    Je suis au terme de mon ascension ;

    je me dépêche, j’arrive sur la cime la plus haute.

    Cela tonne. C’est la tempête sur les sommets.

    […]

    Au matin on nous retrouvera morts.

    Morts parmi les rhododendrons.

    Morts parmi les rochers

    aux visages des tombes.

    Morts par une nuit de tempête.

    Morts d’amour. »

    (Pasturo, 23 juillet 1930, pp. 103-105)

    Mourir d’aimer. Un rêve inatteignable pour Antonia Pozzi. Le plus souvent exalté par la solitude, par une mélancolie de l’âme que rien ne parvient à calmer, l’amour l’est aussi par un désir exacerbé qui transparaît dans les poèmes. Dans « Bénédiction », poème aux accents de prière et de sensualité, la poète confie à Lucia Bozzi la fièvre qui s’empare d’elle. Au point qu’il est difficile de savoir de qui parle vraiment Antonia Pozzi :

    « Tempe contre tempe

    se transfusent

    nos fièvres

    […]

    Loin,

    une grande voix d’eau

    éclate en paroles incomprises

    et te bénit peut-être,

    douce sœur,

    au nom de mon amour et de ta tristesse,

    toi, aile blanche

    de mon existence. »

    (Pasturo, 7 septembre 1929, p. 91)

    La fièvre qu’éprouve la jeune femme s’accompagne aussi d’images d’impureté qui viennent contrarier l’aspiration à la blancheur et à la légèreté de l’aile.

    Pour calmer les ardeurs de son âme incandescente et contradictoire, Antonia Pozzi échafaude un plan de fuite avec Antonio Maria Cervi. Ainsi évoque-t-elle dans « Fuite » les différentes étapes de ce plan, bâtissant au futur les gestes en partage avec son amant : « nous foulerons la couche molle/des aiguilles » ; « nous trébucherons/sur les racines »/« nous nous collerons/aux troncs » ; « et nous fuirons »…

    Le poème se clôt sur une distribution des rôles et sur l’aveu d’un rêve idyllique :

    « Et toi, tu seras

    dans la pinède, le soir, l’ombre penchée

    qui veille : et moi, rien que pour toi,

    sur la route douce et sans but,

    une âme accrochée à son amour ».

    (Madonna di Campiglio, 11 août 1929, p. 81)

    Ailleurs, dans le poème intitulé « Paix », antérieur de quelques jours, la poète invite son amant à jouir avec elle de la douceur et de la sérénité qu’elle veut lui offrir en partage.

    « Donne-moi la main : je sais combien ta main

    a souffert sous mes baisers. Donne-la-moi.

    Ce soir mes lèvres ne me brûlent pas.

    Marchons ainsi : la route est longue.

    […]

    Mais viens : marchons ; même l’inconnu

    ne m’effraie pas, si je puis être près de toi.

    Tu me rends bonne et blanche comme un enfant

    qui dit ses prières et s’endort. »

    (Carnisio, 3 juillet 1929)

    Chez Antonia Pozzi, la paix de l’âme est éphémère. Son esprit enfiévré veille, qui la met au bord de l’abîme. La folie guette, obsession liée au désir et à l’appel de la chair. Ainsi dans « Solitude », poème adressé à Antonio Maria Cervi, la poète énumère-t-elle une suite de désirs – « je voudrais attraper…/me ruer…/lutter…sombrer…/me replier…/dormir ». Et rejoint-elle, dans les derniers vers, une forme de délire pathologique :

    « J’ai les bras douloureux et alanguis

    par un désir inepte d’étreindre

    quelque chose de vivant, que je sens

    plus petit que moi […]

    Non : je suis seule. Seule je me pelotonne

    sur mon maigre corps. Je ne me rends pas compte

    qu’au lieu d’un visage endolori,

    j’embrasse comme une démente

    la peau tendue de mes genoux. »

    (Milan, 4 juin 1929)

    « Recopiés sur un cahier d’école », les « poémicules » (poesucciole) d’Antonia Pozzi portent la marque permanente d’une « âme » en proie à l’appel du naufrage. La tonalité souvent élégiaque de ses poèmes rend compte de la mélancolie qui habite la jeune femme. Mais le regard aigu qu’Antonia Pozzi porte sur elle-même et sur l’existence lui permet d’éviter l’écueil d’une spontanéité qui la conduirait inéluctablement vers un excès de lyrisme. Et même si des accents autres que les siens l’habitent par moments — les poètes Gozzano, Pascoli, Rilke, Dickinson… —, la voix qui sourd d’un poème à l’autre est légère et fluide, portée par une traduction qui l’est tout pareillement. La poésie d’Antonia Pozzi est riche de promesses auxquelles une mort précoce a mis un terme. Mais traverser la vie de la poète au rythme lent de la lecture du diario de La Vie rêvée est une aventure tendre et émouvante. Rendons hommage à Thierry Gillybœuf de s’être attelé à ce travail de tout premier ordre, et à Cécile de le lui avoir inspiré (Pour Cécile à qui ce livre doit tout). Qu’ils en soient l’un et l’autre chaleureusement remerciés.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Antonia Pozzi, La Vie rêvée





    ANTONIA POZZI


    Antonia Pozzi.5




    ■ Antonia Pozzi
    sur Terres de femmes

    Paura | Incantesimi



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    la fiche de l’éditeur sur La Vie rêvée
    le site (en italien) consacré à Antonia Pozzi
    → (sur books.google.fr)
    Antonia Pozzi ou la nuit du cœur, par Hélène Leroy
    → (sur wikipedia.it)
    l’article (en italien) consacré à Antonia Pozzi
    → (sur Chroniques italiennes | Université de la Sorbonne nouvelle)
    Antonia Pozzi, une biographie intellectuelle, par Hélène Leroy
    → (sur Nel mondo di Krilu)
    une note sur Antonia Pozzi (+ de nombreuses photographies)
    → (sur YouTube)
    un court extrait du film-documentaire de Marina Spada présenté hors-concours au Festival de Venise 2009
    → (sur YouTube)
    un extrait du livre-CD Antonia Pozzi: …verso l’ultimo sogno di sole





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  • Martino Baldi | [Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard]




    JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
    Image, G.AdC








    [D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]




    D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
    È stato necessario qualche giorno
    per notare l’assenza e interrogarsi
    sulla questione, trovare le risposte,
    stendere il regesto, denunciare il fatto.
    Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
    Il colpo era premeditato nei particolari.
    Restava da decidere il momento giusto.
    L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
    nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
    i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
    morti. Tutti prima che generasse me.
    E a cosa serve un uomo se non può
    esercitare il suo diritto a uccidere?
    Così ho deciso: prima o poi
    sarebbe morto da solo, tanto valeva
    farlo con le mie mani,
    per innestare in una vita grigia
    almeno un mito. Quello del parricida.







    [JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]




    Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
    Il m’a fallu quelques jours
    pour remarquer l’absence et m’interroger
    sur la question, trouver des réponses,
    dérouler le regeste, dénoncer le fait.
    Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
    Le coup était prémédité dans tous ses détails.
    Il restait à choisir le bon moment.
    Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
    d’autre à assassiner : morts, ses pères,
    ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
    morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
    À quoi sert un homme s’il ne peut
    exercer son droit de tuer ?
    J’ai donc décidé : tôt ou tard
    il serait mort de lui-même, alors autant
    le faire de mes mains,
    pour au moins greffer un mythe
    dans le gris d’une vie. Celui du parricide.




    Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
    Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.







    Couv-phoenix12 1







    MARTINO BALDI


    Martino Baldi
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur enjambées fauves)
    Scripta volant ~ Martino Baldi (un autre extrait de Chapitres de la comédie de Martino Baldi)
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    une fiche bio-bibliographique sur Martino Baldi
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    la page consacrée au Prix Léon-Gabriel Gros





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