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Étiquette : Traduit de l’italien
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Elisa Biagini | [Les nuits se ferment]
» Retour Incipit de Terres de femmes -
29 janvier 1987 | Mort de Carlo CassolaÉphéméride culturelle à rebours
CARLO CASSOLA
la fiche de l’éditeur sur La Ragazza de Carlo Cassola
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Cambourakis)
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Fabio Scotto, “Musée Thyssen Bornemisza Madrid”, Jacob Isaacksz Van Ruisdael
Jacob Isaacksz VAN RUISDAEL,
Chemin à travers champs de blé dans le Zuiderzee, v. 1660-1662
Huile sur toile, 44,8 x 54,6 cm
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid
Tous droits reserves
Source
JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
Camino entre campos de trigo cerca del Zuider Zee, 1660-1662
Due sentieri s’incontrano
nella piana che sale
Sole che filtra
tra le nubi
Lontani
una casa
un mulino
una cattedrale
Mucche al pascolo
un viandante
un cane
Il grigio minaccia l’azzurro
Chissà dov’è
Lo Zuider Zee…
Fabio Scotto, « Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid », Bocca segreta, Poesie 2004-2007, Bagno a Ripoli (Firenze), Passigli Poesia, 2008, p. 48.
JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
Chemin à travers champs de blé dans le Zuiderzee, 1660-1662
Deux sentiers se rejoignent
dans la plaine qui monte
Soleil qui filtre
entre les nuages
Au loin
une maison
un moulin
une cathédrale
Des vaches en pâture
un vagabond
un chien
Le gris menace l’azur
Qui sait où c’est
le Zuiderzee…
Traduction inédite d’Angèle Paoli
pour Terres de femmes (décembre 2008)
JACOB ISAACKSZ VAN RUISDAEL,
Camino atraversando campos de trigo cerca de Zuider Zee, 1660-1662
Deux sentiers se rejoignent
dans la plaine qui monte
Soleil qui filtre
entre les nuages
Lointains
une maison
un moulin
une cathédrale
Vaches en pâturage
un passant
un chien
Le gris menace l’azur
Qui sait où est
le Zuider Zee…
Fabio Scotto, “Musée Thyssen Bornemisza Madrid” in Bouche secrète, Éditions du Noroît, Montréal (Québec), 2016, page 40. Traduit de l’italien par Francis Catalano.
FABIO SCOTTO
Source
■ Fabio Scotto
sur Terres de femmes ▼
→ A riva | Sur cette rive (note de lecture d’AP)
→ Regard sombre (extrait de A riva | Sur cette rive)
→ Je t’embrasse les yeux fermés (poème issu du recueil Le Corps du sable)
→ Le Corps du sable (note de lecture d’AP)
→ Ces paroles échangées (poème issu du recueil L’intoccabile)
→ China sull’acqua… (traductions croisées)
→ Tra le vene del mondo (extrait de La Grecia è morta e altre poesie)
→ La Peau de l’eau (lecture de Sylvie Fabre G.)
→ Venezia — San Giorgio-Angelo (extrait de La Peau de l’eau)
→ Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (onze « poèmes peints » traduits en 2008 par AP)
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur le site de l’écrivain Claude Ber) un dossier Fabio Scotto (dimanche 27 février 2011)
→ (sur Lyrikline) Fabio Scotto disant dix de ses poèmes
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Anna Maria Ortese | « Les Petites Personnes »
ANNA MARIA ORTESE
la fiche de l’éditeur sur Anna Maria Ortese
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur le site des éditions Actes Sud)
→ (sur YouTube) un entretien avec Marguerite Pozzoli, traductrice du livre Les Petites Personnes. En défense des animaux et autres écrits par Anna Maria Ortese. Entretien réalisé par Michele Canonica pour le site L’Italie en direct. Février 2017.
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Attilio Bertolucci | Crépuscule
Ph., G.AdC
CREPUSCOLO
Dolcemente muore
il giorno d’inverno,
migra la luna
sul Parma ai colli che imbrunano.
A quest’ora quando su Antognano
passava s’accendeva la lucerna.
Oggi, qualche volto che s’illuminava
all’improvvisa fiamma è al buio per sempre.
Come indugia il crepuscolo,
crudele o pietoso?
No, è gennaio al decline
e il giorno s’allunga.
CRÉPUSCULE
Doucement meurt
le jour d’hiver,
la lune migre
sur la Parma vers les collines qui noircissent.
À cette heure, quand elle passait
sur Antognano, on allumait la lanterne.
Aujourd’hui, certains visages qui s’éclairaient
à cette flamme soudaine sont dans le noir à jamais.
Le crépuscule tarde, mais comment,
cruel ou charitable ?
Non, c’est janvier sur son déclin
Et le jour s’allonge.
Attilio Bertolucci, « VI. Poèmes épars » in Voyage d’hiver, Éditions Verdier, Collection « Terra d’altri », 1997, pp. 226-227. Traduit de l’italien par Muriel Gallot. Préface de Bernard Simeone.
ATTILIO BERTOLUCCI
Source
■ Attilio Bertolucci
sur Terres de femmes ▼
→ Piccolo autoritratto (Caffè Greco) [extrait de Voyage d’hiver]
→ 18 novembre 1911 | Naissance d’Attilio Bertolucci (+ un extrait de Verso le sorgenti del Cinghio)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Verdier) une bio-bibliographie écrite par Bernard Simeone
→ (sur YouTube) un hommage (en italien) à Attilio Bertolucci à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du poète, en présence de Giuseppe et de Bernardo Bertolucci (Festivaletteratura di Mantova 2011, INEDITA ENERGIA, Omaggio ad Attilio Bertolucci, sabato 10 settembre 2011 alle 11:00, Palazzo Ducale)
→ (sur Chroniques Italiennes | Université de la Sorbonne nouvelle) Brouillage syntaxique et traduction : La camera da letto d’Attilio Bertolucci
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Antonia Pozzi, La Vie rêvée
par Angèle PaoliAntonia Pozzi, La Vie rêvée,
Journal de poésie 1929-1933,
éditions Arfuyen,
Collection Neige, volume 32, 2016.
Traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf.
Lecture d’Angèle Paoli
Ph., G.AdC
UNE ÂME EN PROIE À L’APPEL DU NAUFRAGE
Née le 13 février 1912, Antonia Pozzi est âgée de dix-sept ans lorsqu’elle se lance dans l’écriture de son Journal de poésie. C’est avec « La mascarade des pêcheurs », un tout petit poème très ramassé mais dense, écrit à Sorrente le 2 avril 1929, qu’elle donne sa tonalité à La Vie rêvée. La vie est déjà perçue, ce jour-là, comme une mascarade – envers du rêve. Éprise d’absolu et de pureté, torturée par le doute et par le sentiment exacerbé d’une « inanité convulsive », la jeune femme est confrontée très tôt à une inquiétude existentielle, à l’angoisse et au déchirement. Et ce, jusqu’à sa mort, onze ans plus tard. Antonia Pozzi choisit en effet de disparaître en mettant fin à ses jours. Le 2 décembre 1938.
Le premier tome de La Vie rêvée couvre cinq années. De 1929 à 1933. Années adolescentes au cours desquelles la jeune fille écrit sa vie au fil des jours sous forme de poèmes. De manière régulière, presque quotidiennement durant l’année 1929, avec des ellipses plus importantes au cours des quatre années suivantes. Chaque poème, précisément daté, fait le plus souvent mention du lieu où il a été écrit. Milan, la ville natale d’Antonia Pozzi, étant le plus représentée. Mais aussi Pasturo, lieu privilégié des vacances familiales dans la Valsassina ; Santa Margherita, Silvaplana, Varese, Campiglio… Palermo, Kingston, Siracusa… Il arrive que le lieu d’écriture diffère du lieu évoqué par le poème. C’est le cas du poème « La petite gare de Torre Annunziata », sise aux pieds du Vésuve, poème sans doute écrit à Milan, au lendemain d’une escapade napolitaine, le 17 avril 1929.
Tous ces points confortent le lecteur dans l’idée que l’ouvrage est bel et bien un « journal ». Quand bien même Eugenio Montale, dans un article rédigé en 1945, a refusé de voir dans cette œuvre un « journal de l’âme ». Montale proposant dans ce même article de lire le recueil comme un « livre de poésie », « témoignage des œuvres de notre temps ». Dans sa préface à La Vie rêvée, Thierry Gillyboeuf, traducteur de cette œuvre imposante, foisonnante et bouleversante, définit (subtilement) l’écriture d’Antonia Pozzi comme une « sorte de poésie diariste ». Se fondant, pour le choix de cette expression, sur le sous-titre — Diario di poesia — sous lequel l’éditeur Mondadori avait publié Parole en 1943.
Certains poèmes ont un ou une dédicataire. Par exemple, les initiales L. B. sont celles de Lucia Bozzi, l’amie de cœur, la grande confidente d’Antonia Pozzi. Mais on trouve le plus souvent l’adresse Ad A.M.C. Ainsi le poème « Offrande à une tombe », dédié à Antonio Maria Cervi, professeur de latin-grec du lycée Manzoni. La tombe étant celle du frère de Cervi, tué pendant la Première Guerre mondiale. Fascinée par l’érudition de son professeur (de seize ans son aîné), par sa culture, par le raffinement de ses goûts, par sa passion à enseigner, la jeune fille tombe amoureuse. Avec le renoncement à cette idylle, contrariée par un veto paternel, prend fin « la vie rêvée », en 1933.
« Oh ! pour t’avoir rêvée,ma chère vie,je bénis les jours qui restent —la branche morte de tous les jours qui restent,qui serventà te pleurer. »
(25 septembre 1933)
Quels que soient l’époque ou les lieux évoqués, une même ligne de force traverse le paysage mental d’Antonia Pozzi et l’ensemble du livre. La mort y est omniprésente. Elle se manifeste sous des formes ou métaphores diverses — « lierre noir », « chrysanthèmes », « cimetière » de rochers… — une mort que la jeune femme semble désirer. Ou, du moins, appelle de ses vœux.
Ainsi dans « Alpage » :
«… qu’il serait bonde se fracasser sur un rocher,et la mort seraitvie lumineuse et certaine, à défaut d’espritqui dit qu’ici Dieu n’est pas loin. »
(Pasturo, 28 août 1929, p. 89)
Le poème le plus impressionnant est sans nul doute « Chant sauvage », écrit un mois plus tôt. Il préfigure la mort réelle de la poète, non pas qu’il l’annonce mais parce qu’il en suggère par anticipation la trame. La poète, exaltée par la joie que lui a procurée son excursion en montagne, évoque la vision idéalisée de sa propre mort :
« Au loin, dans un triangle de vert,le soleil s’attardait. J’aurais voulubondir, d’un seul élan vers cette lumière ;m’allonger au soleil et me dénuder,pour que le dieu mourant s’abreuvede mon sang. Et puis rester, la nuit,étendue dans le pré, les veines vides :les étoiles — lapidant folles de ragema chair desséchée, morte. »
(Pasturo le 17 juillet 1929, p. 71)
Antonia Pozzi mettra en scène sa mort le 2 décembre 1938, dans la belle nature de l’abbaye cistercienne de Chiaravalle où elle a coutume de se rendre. « Là elle avale plusieurs comprimés de barbituriques et s’allonge dans un pré voisin en attendant la mort. » (Préface de Thierry Gillybœuf ). Là, peut-être, pour la première fois, rêve et réalité se rejoignent-ils pour former un visage unique.
Chez la jeune poète, la pensée de la mort s’accompagne de visions de pureté, de nudité, de virginité. Visions non dénuées d’érotisme, qu’elle synthétise dans les derniers vers de « Chant de ma nudité » :
« Aujourd’hui, je me cambre nue, dans la puretédu bain blanc et je me cambrerai nuedemain sur un lit, si quelqu’unme prend. Et un jour nue, seule,je serai étendue sur le dos sous un trop plein de terre,quand la mort aura appelé. »
(Palerme, 20 juillet 1929, p. 77)
La mort semble être l’aboutissement ultime et recherché de l’exaltation qui habite Antonia Pozzi. Exaltation liée à l’ascension. Réelle en montagne et requérant l’effort, l’ascension fait partie intégrante du rêve. Elle s’accentue à la tombée du jour avec le battement des cloches — « inexorables les cloches » — et culmine avec les images de mort.
« Les cloches scandent pour moi le rythmed’une ascension ce soir.[…]Mes pas ne quittent pas le rythmedes cloches, ce soir :cloches aussi graves, pénibles et lentesque mon ascension.Soudain, au loinune clocherésonne plusieurs fois.Je suis au terme de mon ascension ;je me dépêche, j’arrive sur la cime la plus haute.Cela tonne. C’est la tempête sur les sommets.[…]Au matin on nous retrouvera morts.Morts parmi les rhododendrons.Morts parmi les rochersaux visages des tombes.Morts par une nuit de tempête.Morts d’amour. »
(Pasturo, 23 juillet 1930, pp. 103-105)
Mourir d’aimer. Un rêve inatteignable pour Antonia Pozzi. Le plus souvent exalté par la solitude, par une mélancolie de l’âme que rien ne parvient à calmer, l’amour l’est aussi par un désir exacerbé qui transparaît dans les poèmes. Dans « Bénédiction », poème aux accents de prière et de sensualité, la poète confie à Lucia Bozzi la fièvre qui s’empare d’elle. Au point qu’il est difficile de savoir de qui parle vraiment Antonia Pozzi :
« Tempe contre tempese transfusentnos fièvres[…]Loin,une grande voix d’eauéclate en paroles incompriseset te bénit peut-être,douce sœur,au nom de mon amour et de ta tristesse,toi, aile blanchede mon existence. »
(Pasturo, 7 septembre 1929, p. 91)
La fièvre qu’éprouve la jeune femme s’accompagne aussi d’images d’impureté qui viennent contrarier l’aspiration à la blancheur et à la légèreté de l’aile.
Pour calmer les ardeurs de son âme incandescente et contradictoire, Antonia Pozzi échafaude un plan de fuite avec Antonio Maria Cervi. Ainsi évoque-t-elle dans « Fuite » les différentes étapes de ce plan, bâtissant au futur les gestes en partage avec son amant : « nous foulerons la couche molle/des aiguilles » ; « nous trébucherons/sur les racines »/« nous nous collerons/aux troncs » ; « et nous fuirons »…
Le poème se clôt sur une distribution des rôles et sur l’aveu d’un rêve idyllique :
« Et toi, tu serasdans la pinède, le soir, l’ombre penchéequi veille : et moi, rien que pour toi,sur la route douce et sans but,une âme accrochée à son amour ».
(Madonna di Campiglio, 11 août 1929, p. 81)
Ailleurs, dans le poème intitulé « Paix », antérieur de quelques jours, la poète invite son amant à jouir avec elle de la douceur et de la sérénité qu’elle veut lui offrir en partage.
« Donne-moi la main : je sais combien ta maina souffert sous mes baisers. Donne-la-moi.Ce soir mes lèvres ne me brûlent pas.Marchons ainsi : la route est longue.[…]Mais viens : marchons ; même l’inconnune m’effraie pas, si je puis être près de toi.Tu me rends bonne et blanche comme un enfantqui dit ses prières et s’endort. »
(Carnisio, 3 juillet 1929)
Chez Antonia Pozzi, la paix de l’âme est éphémère. Son esprit enfiévré veille, qui la met au bord de l’abîme. La folie guette, obsession liée au désir et à l’appel de la chair. Ainsi dans « Solitude », poème adressé à Antonio Maria Cervi, la poète énumère-t-elle une suite de désirs – « je voudrais attraper…/me ruer…/lutter…sombrer…/me replier…/dormir ». Et rejoint-elle, dans les derniers vers, une forme de délire pathologique :
« J’ai les bras douloureux et alanguispar un désir inepte d’étreindrequelque chose de vivant, que je sensplus petit que moi […]
Non : je suis seule. Seule je me pelotonnesur mon maigre corps. Je ne me rends pas comptequ’au lieu d’un visage endolori,j’embrasse comme une démentela peau tendue de mes genoux. »
(Milan, 4 juin 1929)
« Recopiés sur un cahier d’école », les « poémicules » (poesucciole) d’Antonia Pozzi portent la marque permanente d’une « âme » en proie à l’appel du naufrage. La tonalité souvent élégiaque de ses poèmes rend compte de la mélancolie qui habite la jeune femme. Mais le regard aigu qu’Antonia Pozzi porte sur elle-même et sur l’existence lui permet d’éviter l’écueil d’une spontanéité qui la conduirait inéluctablement vers un excès de lyrisme. Et même si des accents autres que les siens l’habitent par moments — les poètes Gozzano, Pascoli, Rilke, Dickinson… —, la voix qui sourd d’un poème à l’autre est légère et fluide, portée par une traduction qui l’est tout pareillement. La poésie d’Antonia Pozzi est riche de promesses auxquelles une mort précoce a mis un terme. Mais traverser la vie de la poète au rythme lent de la lecture du diario de La Vie rêvée est une aventure tendre et émouvante. Rendons hommage à Thierry Gillybœuf de s’être attelé à ce travail de tout premier ordre, et à Cécile de le lui avoir inspiré (Pour Cécile à qui ce livre doit tout). Qu’ils en soient l’un et l’autre chaleureusement remerciés.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
ANTONIA POZZI
Paura | Incantesimi
■ Antonia Pozzi
sur Terres de femmes ▼
→
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Arfuyen) la fiche de l’éditeur sur La Vie rêvée
→ le site (en italien) consacré à Antonia Pozzi
→ (sur books.google.fr) Antonia Pozzi ou la nuit du cœur, par Hélène Leroy
→ (sur wikipedia.it) l’article (en italien) consacré à Antonia Pozzi
→ (sur Chroniques italiennes | Université de la Sorbonne nouvelle) Antonia Pozzi, une biographie intellectuelle, par Hélène Leroy
→ (sur Nel mondo di Krilu) une note sur Antonia Pozzi (+ de nombreuses photographies)
→ (sur YouTube) un court extrait du film-documentaire de Marina Spada présenté hors-concours au Festival de Venise 2009
→ (sur YouTube) un extrait du livre-CD Antonia Pozzi: …verso l’ultimo sogno di sole
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Martino Baldi | [Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard]
Image, G.AdC
[D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]
D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
È stato necessario qualche giorno
per notare l’assenza e interrogarsi
sulla questione, trovare le risposte,
stendere il regesto, denunciare il fatto.
Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
Il colpo era premeditato nei particolari.
Restava da decidere il momento giusto.
L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
morti. Tutti prima che generasse me.
E a cosa serve un uomo se non può
esercitare il suo diritto a uccidere?
Così ho deciso: prima o poi
sarebbe morto da solo, tanto valeva
farlo con le mie mani,
per innestare in una vita grigia
almeno un mito. Quello del parricida.
[JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
Il m’a fallu quelques jours
pour remarquer l’absence et m’interroger
sur la question, trouver des réponses,
dérouler le regeste, dénoncer le fait.
Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
Le coup était prémédité dans tous ses détails.
Il restait à choisir le bon moment.
Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
d’autre à assassiner : morts, ses pères,
ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
À quoi sert un homme s’il ne peut
exercer son droit de tuer ?
J’ai donc décidé : tôt ou tard
il serait mort de lui-même, alors autant
le faire de mes mains,
pour au moins greffer un mythe
dans le gris d’une vie. Celui du parricide.
Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.
MARTINO BALDI
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur enjambées fauves) Scripta volant ~ Martino Baldi (un autre extrait de Chapitres de la comédie de Martino Baldi)
→ (sur le site de la Revue Phœnix) une fiche bio-bibliographique sur Martino Baldi
→ (sur le site de la Revue Phœnix) la page consacrée au Prix Léon-Gabriel Gros
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